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ce qui étoit écrit de la sagesse (qu'elle venoit de Dieu, comme il est porté en cent endroits, et entre autres très-expressément dans l'épître de saint Jacques) devoit étre appliqué à la foi (1). Qui donc ne sent pas, dans cette prière d'Origène, qu'on demande à Dieu la foi, la chasteté, la justice et toutes les vertus, et cela, non-seulement dans le pouvoir, mais encore réellement dans l'effet, ne sent rien. Mais il faut encore aller à de plus évidentes démonstrations dans les livres contre Celse.

CHAPITRE XXVIII.

Autres prières d'Origène, et sa doctrine sur l'efficace de la grâce dans le livre contre Celse.

QUOIQUE je n'y trouve pas des prières aussi expresses pour demander tous les effets de la grâce que celles qu'on vient d'er ter dre, j'y en trouve qui nous découvrent le même fond, surtout en y ajoutant le reste de la doctrine de ce grand ouvrage ; par exemple, lorsqu'il y dit, après avoir achevé le quatrième livre (2) : « Je prie Dieu qu'il nous donne >> par son Fils, qui est sa parole, sa sagesse, sa vé» rité et sa justice, que le cinquième (livre) ait un >> bon commencement et une bonne fin pour l'uti» lité du lecteur, par la descente de son Verbe » dans notre ame»; et dans le commencement du huitième livre (3): « Je prie Dieu et son Verbe de » venir à mon secours dans le dessein que je me

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(2) Lib. xv. in fin. p. 230.—(3) Lib. ví. p. 380.

>> propose de réfuter puissamment les mensonges de » Celse je le prie donc, encore un coup, de me » donner un puissant et véritable discours, et son » Verbe puissant et fort dans la guerre contre la >> malice ». C'est ainsi C'est ainsi que devoit prier un homme qui écrivoit pour la défense de la religion persécutée. Jésus-Christ a promis à ceux qui parleroient pour elle, une bouche et une sagesse à laquelle leurs ennemis ne résisteront pas. C'est cette force que demandoit Origène. C'est Dieu qui envoie du ciel les bonnes pensées dont on compose un bon livre; mais elles viennent inutilement si l'on n'en fait un bon choix, et si l'on ne choisit encore des expressions convenables. Qu'y a-t-il qu'on fasse plus par son libre arbitre, que ce choix des sentimens et des expressions? et toutefois c'est ce qu'Origène demandoit à Dieu, lorsqu'il demandoit la grâce de faire un bon livre, un livre utile et puissant pour convaincre l'erreur. Il demandoit l'application et l'attention nécessaires pour cet ouvrage, quoiqu'il n'y ait rien qui dépende plus du libre arbitre que cela; et dans de semblables ouvrages qu'il se proposoit encore, il se promettoit de ne rien dire que ce que lui suggéreroit le Père de la vérité (1).

Il ne faut pas toujours répéter que c'est l'effet qu'on demande, en demandant de telles grâces. Les paroles d'Origène le montrent assez ; et c'est pourquoi, en général, il prouve la grâce qui donne l'effet par la conversion actuelle du monde, si soudainement changé par la prédication de l'Evangile, encore qu'elle ne fût soutenue ni par l'art de la (1) Lib. v111. in fine.

rhétorique, ni par la dialectique, ni par aucun artifice de la Grèce (1). Il infère d'un si grand effet, qu'il y avoit dans la parole de Jésus-Christ et des apôtres, une puissance cachée, une divinité, une vertu, qui opéroit dans les cœurs un si merveilleux et si soudain assujettissement à la vérité : ce qui, dit-il, est l'effet de cette promesse de Jésus-Christ : Je vous ferai des pécheurs d'hommes (2), et il n'a pu l'accomplir que par une puissance divine, à laquelle il rapporte aussi cet oracle de David : Dieu donnera la parole à ceux qui évangélisent avec beaucoup de vertu (3).

Et pour montrer l'efficace invincible de la parole et de la grâce qui l'accompagnoit, il dit qu'elle est de nature à n'être pas empêchée; et c'est pourquoi, continue-t-il, elle a tout vaincu, malgré la résistance universelle des puissances, dans les villes et dans les bourgs, parce qu'elle est plus forte que tous ses adversaires.

Pour prouver la même efficace, il enseigne que Dieu a ouvert dans les hommes, non les oreilles sensibles; mais, dit-il (4), ces excellentes oreilles, τα κρείττονα ὦτα, que le Sage appelle des oreilles écoutantes, que Dieu donne à qui il lui plaît: Aurem audientem DOMINUS FECIT (5), ces oreilles, dit Origène, où est reçue cette voix qui n'est ouïe que

de ceux que Dieu veut qui l'entendent.

Cette voix, continue-t-il (6), est si efficace, que par elle Jésus-Christ a surmonté tous les obstacles qu'on opposoit à sa doctrine, ce qu'il faisoit pen

(1) Lib. 11. p. 48, 49.— (2) Matth. IV. 19. · (3) Ps. LXVII. 12. — (4) Lib. 11. p. 105.— (5) Prov. xx. 12. — (6) Orig. ibid. p. 110.

dant sa vie, et ce qu'il fait encore à présent, parce qu'il est la puissance et la sagesse de Dieu. Et pour montrer qu'il ne faut attribuer qu'à une grâce toute-puissante ces effets de la prédication, il compare à Jésus-Christ un Simon et un Dosithée (1), qui sont demeurés sans suite, et à qui dans toute la terre il n'est resté aucun disciple, encore qu'on ne fut pas obligé de soutenir la mort pour maintenir leur doctrine: au lieu que les disciples de JésusChrist, exposés pour soutenir son Evangile aux dernières extrémités, sont demeurés fermes, et sa grâce a surmonté tous les obstacles.

Il faut toujours se souvenir que ces obstacles à la doctrine de Jésus-Christ, étoient dans le libre arbitre de l'homme, dont il falloit par conséquent qu'il se rendît maître par la puissance de sa grâce, et aussi à cause qu'il a voulu que la loi cessât, et que l'Evangile fût établi : « La loi a été ôtée entière>>ment les chrétiens, malgré tous les obstacles, » se sont accrus jusqu'à une si prodigieuse multi»tude il leur a donné la confiance de parler sans » crainte appaiav: et parce qu'il plaisoit à Dieu que >> les gentils profitassent de la prédication, tous les » desseins des hommes qui lui résistoient sont de» meurés inutiles, et plus les rois se sont efforcés à » opprimer les fidèles, plus le nombre s'en est aug» menté de jour en jour ».

(1) Lib. vi. p. 282.

CHAPITRE XXIX.

Dieu fait ce qu'il veut dans les bons et dans les mauvais : beau passage d'Origène, pour montrer que Dieu tenoit en bride les persécuteurs. ·

La puissance de Dieu à régir et à conduire où il veut le libre arbitre de l'homme, s'est montrée si grande dans la prédication de l'Evangile, qu'elle agissoit non-seulement sur les chrétiens, mais encore sur les infidèles : « Dieu, dit-il (1), tient en » bride dans les temps qu'il faut, les persécuteurs » du nom chrétien : quand il veut, ils ne font mou» rir qu'un petit nombre de chrétiens, Dieu ne leur >> permettant pas d'exterminer entièrement la race » fidèle. Car il falloit qu'elle subsistât et qu'elle remplit tout l'univers; et pour donner aux fidèles plus infirmes le temps de respirer, il a dissipé tous 2 les conseils de leurs ennemis; en sorte que ni les >> rois, ni les gouverneurs des provinces, ni les peu

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ples n'ont pu s'emporter contre eux au-delà de >> ce que Dieu leur permettoit. C'est pourquoi, » ajoute Origène (2), toutes les fois que le tentateur » reçoit, par la permission de Dieu, la puissance » de nous persécuter, nous sommes persécutés, et >> toutes les fois que Dieu ne veut pas que nous >> souffrions de tels maux, par une merveille sur» prenante, nous vivons en paix au milieu du monde » ennemi, et nous mettons notre confiance en celui » qui dit : Ayez COURAGE, J'AI VAINCU LE MONDE ». (1) Lib. 111. p. 116. — (2) Lib. v111. p. 424.

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