TABLE DES MATIÈRES DU TOME XXI ARTICLES DE FONDS CAMPION (Abbé). Saint Servatius, évêque de Tongres, patron de CUILLANDRE (J.). Un « Loup-de-mer » poète, p. 375. DELARUE (Paul). Cahier de la ville d'Antrain, p. 292. DUBREUIL (L.). Le district de Redon (1er juillet 1790-18 ventôse an IV) - Les fêtes révolutionnaires en Ille-et-Vilaine (1792-1799), p. 391. DUINE. Histoire du livre à Dol du XV au XVIIIe siècle, p. 411. ERNAULT (E.). Notes d'étymologie bretonne (suite), p. 111. LE BRAZ (A.). Cognomerus et sainte Tréfine (suite et fin), p. 54, 208, LE LAY (F.). La fête du 14 Juillet 1790 à Pontivy, p. 166. LETACONNOUX (J.). Le régime de la corvée en Bretagne au LETACONNOUX (J.) et MUSSET (R.). Excursion géographique inter- Textes bretons inédits du XVIIIe siècle, p. 285. MUSSET (R.). Voir LETACONNOUX (J.). QUILGARS (H.). Une procédure de changement de prénom au SÉE (Henri). Les classes rurales en Bretagne, du XVIe siècle à la TANGUY (E.). L'émigration dans l'Ille-et-Vilaine et la vente des biens BELLIER-DUMAINE (Ch.). Alexandre Duval et son œuvre dramatique; Notes et documents sur Alexandre Duval (G. Allais), p. 124. BERTHAUT (L.). Le pilote n° 10 (G. Allais), p. 572. Bibliographie bretonne dressée sous la direction de M. A. Lesort, BRENN. Yves Madec, professeur de collège (G. Allais), p. 129. BRIÈRE et CARON. Répertoire méthodique de l'histoire moderne et contemporaine de la France (H. Sée), p. 319. CAHEN (L.) et MATHIEZ (A.). Les lois françaises de 1815 à nos jours, accompagnées des documents politiques les plus importants Cartes industrielles et économiques, dressées par les soins de la Société d'enquête « La Loire navigable », p. 564. CHOLEAU (Jean). Le journalier agricole du pays de Vitré (H. Sée), Chronique d'histoire et de littérature de la Bretagne, p. 133, 245, DAGNET (A.) et MATHURIN (J.). Le parler ou le langage populaire DELARUE (P.). Le clergé et le culte catholique en Bretagne pendant la Révolution, District de Dol, Commune de Dol (H. Sée), p. 130. HAMON (A.). Socialisme et anarchisme (H. Sée), p. 348. HÉMON (P.). Audrein, évêque constitutionnel du Finistère, p. 551. LE BRAZ (A.). Vieilles histoires du pays breton (G. D.), p. 566. Contes du soleil et de la brume, p. 567. LIONEL DE LA LAURENCIE. L'Académie de musique et le concert de Nantes à l'hôtel de la Bourse (H. Sée), p. 565. MARÉCHAL (C.). Lamennais et Victor-Hugo (G. Allais), p. 567. MASSON (E.). Pages choisies de Carlyle (G. Allais), p. 128. MAULION (A.). Le tribunal d'appel et la Cour de Rennes (G. Dottin), ROGER (M.). L'enseignement des lettres classiques, d'Ausone à SAMARAN (Ch.) et MOLLAT (G.). La fiscalité pontificale en France au LES CLASSES RURALES EN BRETAGNE DU XVI SIÈCLE A LA RÉVOLUTION PRÉFACE Si, dans une certaine mesure, il est dès maintenant possible d'écrire, comme je l'ai tenté récemment, l'histoire des classes rurales en France au Moyen-Age, il est évident que, pour les temps modernes, une pareille synthèse serait encore tout à fait prématurée; elle ne pourra être entreprise avec un réel profit pour la science que le jour où de bonnes monographies régionales auront, pour la plupart des provinces, décrit avec précision la condition des paysans dans les derniers siècles de l'Ancien Régime. L'histoire des classes rurales en Bretagne du XVIe siècle à la Révolution m'a paru mériter tout particulièrement une étude approfondie. C'est qu'en effet la Bretagne, même aux XVII et XVIIIe siècles, a conservé un caractère original. Réunie tardivement au royaume, elle n'a subi que lentement l'influence des institutions françaises. Elle a gardé jusqu'en 1789 une constitution particulière; ses Etats, où prédomine l'aristocratie foncière, exercent encore une autorité considérable, essentiellement favorable au maintien des privilèges seigneuriaux. Condamnée par la nature à un faible développement économique, elle n'a jamais eu qu'une très médiocre activité industrielle; la vie urbaine y a été toujours très peu intense; en un mot, c'est un pays plus exclusivement rural que la plupart des autres régions de la France. Considérons aussi qu'on y trouve des modes de tenures particulièrement curieux le domaine congéable, la quevaise, le complant. Au premier abord, l'étude que j'entreprends semble présenter moins d'intérêt pour les temps modernes que pour le Moyen-Age. L'évolution si remarquable, qui a transformé l'esclavage en servage et qui du serf a fait un vilain franc, personnellement libre, est presque complètement achevée avant la fin du Moyen-Age. Déjà, vers le milieu du XIV° siècle, la condition des paysans paraît fixée, dans ses traits essentiels, telle qu'elle subsistera jusqu'à la fin de l'Ancien Régime. Et c'est à ce même moment que l'on commence à percevoir la décadence du régime domanial ou seigneurial, à voir les premiers effets de la naissante fiscalité royale, qui va peser de plus en plus lourdement sur les classes rurales. Mais, d'autre part, on trouvera dans cette étude la solution d'un problème certainement intéressant: la Bretagne est, sans aucun doute, l'un des pays où le servage a disparu le plus tôt, où la personne du paysan semble avoir été le plus rapidement émancipée; la question se pose donc de savoir si, à l'époque moderne, les classes rurales de la Bretagne ont conservé leur avance, ou si, au contraire, elles sont soumises à une exploitation aussi dure que les paysans des autres régions de la France. Puis, et voilà ce qui donne vraiment tout leur prix à des recherches de ce genre, c'est seulement aux XVIo, XVII et XVIIIe siècles qu'apparaissent en pleine lumière l'organisation de la propriété foncière, le caractère du régime seigneurial, les divers modes de location des terres, la condition des diverses classes de cultivateurs, la nature de l'exploitation agricole, la vie matérielle et morale des paysans. Au Moyen-Age, on ne peut guère discerner que les principales étapes de l'évolution des classes rurales; à l'époque moderne, au contraire, on peut se représenter d'une façon réelle et concrète l'existence des populations agricoles. C'est qu'en effet les sources auxquelles il nous est possible de puiser sont infiniment plus nombreuses et plus instructives que pour la période du Moyen-Age. On n'en est plus réduit aux données souvent très maigres et très sèches des chartes. Les fonds seigneuriaux sont très riches en documents de toutes sortes: aveux des vassaux, aveux généraux des seigneuries; comptes seigneuriaux, souvent très détaillés; correspondances d'affaires; procès; registres des justices seigneuriales, etc. (1). Non moins importants sont les documents administratifs, très abondants surtout pour le XVIIIe siècle : ce sont essentiellement les actes du pouvoir central (ordonnances, édits, déclarations, lettres patentes, etc.), les mémoires et les enquêtes des intendants, leur correspondance avec les ministres, les rapports des subdélégués, les rôles d'impositions (vingtièmes et capitation surtout). Une source précieuse aussi, ce sont les cahiers de paroisses de la Bretagne, encore inédits pour la plupart, qui ont le mérite d'exprimer les véritables doléances des paysans, de dénoncer, d'une façon très précise, les abus du régime seigneurial(2). Les papiers du Comité féodal de la Constituante complètent très heureusement à ce point de vue les cahiers de paroisses : les dossiers des départements bretons sont particulièrement abondants en pétitions et en requêtes, tout à fait instructives. Il convient encore de ne pas négliger l'étude des Coutumes de Bretagne, des Usements, des commentaires des juristes bretóns les œuvres de Noël du Fail, Hévin, Poullain-Duparc, Girard et d'autres encore contiennent un grand nombre d'arrêts judiciaires et nous renseignent parfois avec précision sur les pratiques de l'administration seigneuriale. Sur presque toutes les questions de mon sujet, il m'a fallu travailler de première main, et presque tous les documents (1) A cette catégorie de documents, il convient de joindre les titres domaniaux du roi (Arch. Nat., série Q) et les terriers du domaine royal (série P). (2) Cf. mon étude, Les cahiers de paroisses de la Bretagne en 1789 (La Révolution française, juin et juillet 1904). |