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miers livres qui sortirent des presses de Rome des l'an 1474; elle fut imprimée à Venise en 1484. Ce n'est que dans les éditions de Lyon qu'on commença à douter que la troisième partie de la Somme fût de lui; mais il est aisé de reconnaître sa méthode et son style qui sont absolument les mêmes.

Au reste, Thomas ne fit que recueillir les opinions de son temps, et nous avons bien d'autres preuves que les laïques avaient le droit de s'entendre en confession les uns les autres; témoin le fameux passage de Joinville, dans lequel il rapporte qu'il confessa le connétable de Chypre. Un jésuite du moins devrait savoir ce que le jésuite Tolet a dit dans son livre de l'Instruction sacerdotale, livre Ier, chapitre XVI: Ni femme ni laïque ne peut absoudre sans privilége. Nec fæmina nec laïcus absolvere possunt sine privilegio. Le pape peut donc mettre aux filles de confesser les hommes.,

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Il faut instruire ici Nonotte de cette ancienne coutume de se confesser mutuellement. I sera bien étonné quand ilapprendra qu'elle vient dela Syric; il saura que les Juifs mêmes se confessaient les uns aux autres, dans les grandes occasions, et se donnaient mutuellement trente-neuf coups de fouet sur le derrière en récitant un verset du psaume LXXVII.

Il serait bon que Nonotte se confessât ainsi de toutes les petites calomnies dont il est coupable. On pourrait faire plus de cent remarques pareilles; mais il faut se borner.

Si tu n'avais été qu'un ignorant, nous aurions eu de la charité pour toi, mais tu as été un satirique insolent, nous t'avons puni.

ADDITIONS AUX OBSERVATIONS

SUR LE LIBELLE INTITULÉ: les erreurs DE M. DE VOLTAIRE; PAR M. DAMILA VILLE.

L'AUTEUR de l'Essai sur les Moeurs a daigné réfu ter les bévues du libelle concernant l'Essai sur les Mœurs, et a négligé ce qui lui est personnel. L'amitié et l'équité m'engagent à suppléer à ce que M. de Voltaire a dédaigné de dire.

L'auteur de ce libelle, pages 20, 21 et 22, de son discours préliminaire, dénonce quatre contradictions, dans lesquelles, dit-il, M. de Voltaire a donné, sans compter une infinité d'autres qu'il ne désigne point.

Sans doute que celles qu'il a citées sont les 'mieux constatées, sans doute que l'illustre folliculaire qui a tant applaudi à cette critique, s'est assuré qu'elle était judicieuse ; qu'il a vérifié les passages dans le texte, et qu'il a reconnu qu'en effet ils contenaient les contradictions indiquées par l'auteur dont il est l'apologiste. C'est ce que nous allons voir.

La première de ces contradictions a rapport à l'établissement du christianisme, la seconde aux différentes espèces d'hommes qui se trouvent sur la terre, la troisième à Michel Servet, et enfin la quatrième à Cromwell.

Tâchons de faire connaître la bonne foi, la sagacité et l'honnêteté de ces messieurs.

DE L'ÉTABLISSEMENT DU CHRISTIANISME.

Première fausseté du libelliste: absurdité de ses raisonne ments.

« Ir. est véritablement étonnant, dit-il, page 19 » de son Discours préliminaire, que M. de Voltaire, » avec l'étendue de son génie, sa prodigieuse mé» moire, sa vaste érudition, ait donné dans des con>> tradictions si visibles. Dans son Essai sur les » Mœurs, il nous dit, chapitre V, que ce ne fut ja>> mais l'esprit du sénat romain ni des empereurs » de persécuter personne pour cause de religion; quel'Église chrétienne fut assez libre dès les com» mencements, qu'elle eut la facilité de s'étendre, >> et qu'elle fut protégée ouvertement par plusieurs >> empereurs.

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» Et dans son Siècle de Louis XIV, continue le » libelliste, chapitre du Calvinisme, il dit que cette » même Église, dès les commencements, bravait >> 'l'autorité des empereurs, tenant, malgré les dé>> fenses, des assemblées secrètes dans des grottes » et dans des caves souterraines, jusqu'à ce que » Constantin la tirât de dessous terre pour la met>tre à côté du trône. »

Il serait aussi étonnant que M. de Voltaire se fût exprimé ainsi, qu'il l'est de voir tant d'ignorance jointe à tant de mauvaise foi.

Est-ce pour offenser davantage M. de Voltaire que l'auteur lui prête son style? Heureusement personne ne s'y méprendra, et l'on reconnaîtra la fausseté de ses citations à la seule inspection.

M. de Voltaire n'a jamais dit que l'Église chré

tienne fut assez libre dès les commencements; on sait que ce n'est pas ainsi qu'il écrit. Voici le premier passage défiguré par le libelliste, tel qu'il est dans le texte :

« Jamais il ne vint dans l'idée d'aucun césar, ni » d'aucun proconsul, ni du sénat romain, d'empê» cher les Juifs de croire à leur loi. Cette seule rai» son sert à faire connaître quelle liberté eut le >> christianisme de s'étendre en secret. »

Indépendamment des changements que le libelliste a jugé à propos de faire dans ce passage, on voit qu'il en a supprimé le mot en secret, qui ne favorisait point le sens contraire et forcé qu'il a tâché de lui donner par les expressions fausses et plates qu'il a substituées aux véritables; première preuve de la fidélité de cet honnête compilateur.

Il en est de même par rapport au second passage. Ce n'est qu'à lui qu'il est permis de dire dans des caves souterraines. M. de Voltaire sait bien qu'il n'a pas besoin d'apprendre à ses lecteurs que les caves

sont souterraines.

Mais en supposant même ces deux passages tels qu'il les a cités, où cet homme admirable a-t-il pris les contradictions qu'il y trouve, et que son apologiste applaudit?

N'est-il pas certain, monsieur l'ex-jésuite, qu'avant Domitien, le christianisme ne fut point persécuté? Ne conviendrez-vous point que malgré cela une religion naissante, qui contrarie toutes les autres, n'en renverse pas tout à coup les autels, et ne se professe pas d'abord publiquement?

La crainte, la prudence même obligèrent donc

les premiers chrétiens à s'assembler secrètement, ils n'étaient point persécutés, ni même rigoureusement recherchés; mais il existait des lois qui défendaient ces assemblées; donc ils bravaient l'autorité de ces lois..

Les calvinistes en France, où la sagesse du gouvernement commence enfin à les tolérer, ne s'ex posent-ils pas à la sévérité des lois qui proscrivent leurs assemblées?

M. de Voltaire, en recherchant comment une reli gion de paix et de charité avait seule produit la furcur des guerres de religion qu'aucune autre n'avait occasionnées, adone eu raison de dire dans son Siècle de Louis XIV: « Ne pourrait-on pas trouver

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l'origine de cette peste quia ravagé la terre, dans >> l'esprit républicain qui anima les premières Égli»ses, les assemblées secrètes qui bravaient, d'abord » dans des grottes et dans des caves, l'autorité des >> empereurs romains? »

Et cela ne contrarie point ce qu'il dit ailleurs,. chapitre V de son Essai sur les Mours, que le christianisme eut la liberté de s'étendre en secret sous les empereurs romains qui ont précédé Domitien: l'expression seule en secret établit un juste rapport. entre les deux passages, et en éloigne toute apparence de contradiction, parce qu'en effet, quoique les chrétiens fussent tolérés, et qu'ils eussent la liberté de pratiquer en secret leur culte et de l'étendre, ils n'en contrevenaient pas moins aux lois qui leur défendaient de s'assembler; par conséquent ils les bravaient même sous les empereurs qui les. protégeaient, et jusqu'à ce que l'entière abolition

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