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LE MARQUÉS.

Vous me défefperez par cette cruauté.
De grace accordez-moi le temps de vous inftruire.
Il faut que je vous parle enfin, ou que j'expire.
EMILI E.

Mais comprenez-vous bien ce que vous demandez ?
LE MARQUIS.

Oui, Madame, je meurs, fi vous ne m'entendez,
Vous m'avez vû mourant, vous en étiez la caufe;
Et pour peu qu'à mes voeux vôtre ame encor s'oppose,
Dans mon premier état je m'en vais retomber.
Tous mes fens affoiblis font prêts à fuccomber.

à part.

EMILI E..

baut.

Il m'allarme. Ah! Marquis, calmez la violence.....

LE MARQUIS.

Ma vie ici dépend de votre complaifance.

Souffrez qu'à vos genoux....

EMILIE l'arrêtant.

Affeyez-vous plutôt,

Vous en avez befoin. Vous êtes......

LB MARQUIS.

EMILIE.

Non: il faut....

Vous n'êtes pas, Marquis, en état de m'apprendre....

LE MARQUIS.

Pardonnez-moi. Sur vous j'ai le droit le plus tendre, Sçachez qu'un noeud fecret que j'avoue en trem

blant.....

EM ILI E.

Il faut que malgré moi je vous laiffe un inftant,
LE MARQUIS.

Pour ne pas m'écouter, Ah! c'est une défaite,
Et vous voulez ma mort.

Que vous viviez.

EMILI E.

Non, Marquis, je fouhaite.

LE MARQUIS.

Madame, ayez donc...

EM III B troubléc.

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On verra...

Quand vous ferez plus calme, on vous écoutera..... Votre trouble eft trop grand ; & le mien eft extrême. Adieu. à part, en s'en allant. Je ne fçai plus ce que je dis moi-même.

SCENE III.

LE MARQUIS feul.

J'Etouffe, je me meurs, je fuis au désespoir;

Et mon état préfent ne peut fe concevoir.
J'ai frémi de parler; j'expire de me taire.
Cet aveu fi terrible, & que je n'ai pû faire,
Eft un poids accablant qui fait gémir mon cœur :
Mais un jufte courroux fe mêle à ma douleur.
C'eft la Fleur aujourd'hui, ce brouillon, cet infame,
Qui des ordres d'ur. Pere a feul inftruit ma femme.
Il me tarde déja qu'il ne s'offre à mes yeux.
Rien ne peut le fouftraire au transport furieux
Dont je fuis justement.... Mais je le vois paroître.

SCENE I V.

LE MARQUIS, LA FLEUR.

TEV

LE MARQUIS.

E voilà donc, Maraut ? je te tiens, double traitre Ne crois pas m'échapper.

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D'où vient donc ce courroux?

Ah! Monfieur, arrêtez. J'embraffe vos genoux.

Que vous ai-je donc fait ?

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LA FLEUR à Belfort•

AH! je touche à mes derniers instants ;

Monfieur, vîte au fecours; ne perdez pas de tems; Mon Maître pour le coup eft dans la frénéfie : 1 Arrêtez fa fureur, ou c'eft fait de ma vie.

BELFORT arrêtant le Marquis.

Quel est donc ton deffein ? Qui caufe ces transports?

LE MARQUIS.

Un trop juste sujet. Laiffe, au travers du corps,
Laiffe que je lui paffe à l'inftant mon épée.
L A FLEUR.

Dans le noir vertigo dont fa tête eft frappée,
Il est homme à le faire, & fans ménager rien.
LE MARQUIS à Belfort.

N'arrête plus mon bras.

LA FLE Ú R.

Monfieur, tenez-le bien.

BELFOR T.

Di-moi donc le fujet du courroux qui t'anime.
LE MARQUIS.

Après l'avoir puni, je t'apprendrai fon crime.
LA FLEU R.

Ah! c'eft contre les loix.

BEL FOR T.

Il a raison, Marquis.

Informe-nous du moins de ce qu'il a commis.

LE

MARQUIS.

Par les foins généreux, ma femme vient d'apprendre

Qu'on veut me marier; & fans vouloir entendre
Ce malheureux fecret qui nous péfe à tous deux
Elle m'ordonne, Ami, d'abandonner ces lieux.

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Monfieur, en conscience, eh, pouvois-je la croire ?

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