Font murmurer l'ignorant fpectateur, Et tiennent en fufpens les oreilles favantes L'EPINE. L'Auteur eft fort heureux de n'être LEANDRE. pas tombé. Il a tout réuni dans fes Fêtes d'Hebé; Et le Savant s'y marie à l'aimable. Il étoit fort, hardi, profond, harmonieux. Dans ce dernier Balet il devient agréable; Il est tendre, amufant, doux, leger, gracieux; Mais, que dis-je? Il eft plus, il eft voluptueux. Il remplit mes efprits d'une yvresse nouvelle, Et je me fens plonger dans des ravissemens... Il eft, quand je me les rappelle, Certains momens, Dieux ! Quels momens ! Où fuis-je ? & qu'est-ce que j'entens ? Ah! C'est un Dieu qui chante. Ecoutons, il m'enflamme. Jufqu'où vont les éclats de fon gozier flateur? De la voûte des Cieux ils percent la hauteur! Sur l'aile de fes fons je fens voler mon ame; Eft tantôt un Zéphir qui vole dans la plaine, Tout Paris avec vous.est son admirateur : Je fuis, jusqu'à la mort, ferviteur de Lully. Je ne vois rien de si joli. Bon,la chanfon eft du temps d'Henri quatre, En ce cas-là, tant pis pour lui; Je fuis obligé d'en rabattre. LEANDRE. Tu n'es qu'un ignorant, tais-toi. L'EPINE. Beaucoup d'honnêtes gens s'y trompent comme moi. LEANDRE. Mais Géronte est long-temps. Ses trois filles, j'en tremble, Peuvent ici fe rendre enfemble. Un pareil contre temps me déconcerteroit. Dans le Palais Royal, où je m'en vais déscendre. Tandis que je ferai d'un répas ennuyeux, Je dois voir Lucinde à trois heures. Quand elle aura pris les mesures De l'instant, où je puis feule l'entretenir. L'EPINE. Il fuffit. Mais voilà Géronte qui s'avance. SCENE I I. LEANDRE, GERONTE, L'EPINE. GERONTE. Eandre, pardonnez ; partons en diligence. LEANDRE. Je craindrois de vous arrêter. GERONTE. Je veux que vous voyiez Lucinde & Mélanie. Pour mon maître, quel embarras! Je fuis forcé, quoique je fois leur pere, De convenir qu'elles ont des appas, Et des talens fur-tout, dont je fais plus de cas. LEANDRE. Votre fang eft formé pour plaire. Mais, Monfieur, pour les voir, je prendrai mieux mon temps. GERONTE. Non, elles ont dîné; & quand même, Monsieur... LEANDRE. C'est un manque d'égard que je ne puis com mettre. GERONTE. Mais, étant avec moi, pourquoi cette fraïeur? LEANDRE. C'est un bien que je dois remettre, GERONTE à part. Ce jeune homme a pour moi des façons qui m'entraînent! Voilà ce qui s'appelle un véritable ami! Ce ne font point mes filles qui l'améñent, Je serois trop heureux d'avoir un pareil gendre, D |