Que leur bonheur enfante ; Du fracas, Et des éclats Qui naiffent de leurs débats. Mais quelle nuit profonde Amants, voila la destinée Du feu qui vous féduit. Eclate, fait grand bruit. Mais cette ardeur empreffée, Hélas! eft bien-tôt paffee. GERONTE à Lucinde. DE quelle mélodie infolente ; Ma fille, faites-vous retentir ma maison? Vous étes bien impertinente D'aller contre mon ordre & contre la raifon. La furprise & la peur ont glacé tous mes fens. Je n'avois pas prévu ce contretemps funeste. GERONTEà Léandre. Comment donc ? Vous venez céans Pratiquer l'art maudit d'un Chant que je détefte? Vous venez pervertir le goût de mes enfans Monfieur... LEANDRE. GERONTE. Vous me jouez ce tour des plus fanglans, Vous, que je regardois comme un ami fincére, Et comme un des grands partifans De la bonne Mufique, elle qui m'est si chére! Daignez... LEANDRE. GERONTE. Vous que j'aimois comme mon fils enfin Mais ayez donc, Monfieur, la bonté de m'en tendre? GERONTE. Vous, que je prétendois faire au plûtôt mon gendre? O Ciel ! Quel étoit mon deffein! Par un aveuglement étrange autant que trifte, J'allois chez moi, j'allois mettre un Anti-Lulliste, C'est-à-dire, placer un ferpent dans mon fein! LEANDRE. Monfieur, calmez vos fens, & m'écoutez, de grace. Du bon chemin rien ne peut m'écarter. GERONTE. Quoi! Le morceau qu'ici... LEANDRE. C'est pour l'en dégoûter, Que je viens de l'exécuter: Pour lui faire fentir le ridicule extrême Du goût Italien qu'elle aime. GERONTE. Seroit-il bien poffible! LEANDRE. Qui, pour n'en plus douter; Un moment daignez écouter. (il chante le morceau de la Gerbe foudroyante, & le sharge beaucoup.) (à Lucinde, après avoir chanté. ) Hem! Vous fentez, Mademoiselle, Combien cette Mufique eft perfide & cruelle. LUCINDE. Elle a de l'harmonie. LEANDRE. Ah! Ce n'eft qu'un vain bruit. GERONTE. C'est un charivari, rien n'eft plus miférable. C'eft un cahos de fons, dont le grand nombre accable; Il étourdit les fens, fans rien peindre à l'efprit. . GERONTE. Oui, ce difcours eft véritable. LEANDRE. Préfentement, Monfieur, jugez fi ces accens, Doivent vous alarmer, & font faits pour féduire. Non, j'avois pris le change, & n'ai plus rien à dire. Pardonnez, je vous prie, à ma vivacité. Mon zéle ardent pour le Chant que j'admire. C'est à moi maintenant de vous remercier. Pour corriger ma fille, on ne peut mieux s'y prendre. |