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Pour élire un époux, fi mon cœur eft flotant, Sur le choix d'une amie, il eft encor plus lent.

SCENE IV.

LE CHEVALIER, LUCILE, FINETTE.

FINETTE.

Grande, grande vifite!

LUCILE.
Eh, qui?

FINETT È.

Mademoiselle

C'eft, Monfieur le Baron & fa foeur Ifabelle.

LUCILE.

Ils ufent bien fouvent du droit d'être voifins.
FINETTE.

Sans doute, dans ce jour ils ont de grands deffeins.

Le frere eft radieux, & la foeur eft brillante.
L'un arrive en vainqueur, & l'autre en conqué-

rante

LE CHEVALIER.

La foeur eft très-aimable.

FINETT E.

Elle le fait vraiment,

Et s'eftime beaucoup, quoique modeftement:
Mais le frere eft orné d'un nouveau ridicule,
Il faute aux yeux d'abord, quoiqu'il le diffimule.

Avec l'habit qu'il porte, il faut fur-tout le voir; De peur de le gâter, il n'oferoit s'affeoir:

On voit au foin qu'il prend,à l'air dont il s'écoute, Qu'il regrette en fecret tout l'argent qu'il lui coûte.

Sur fon front trifte & fier, par un plaifant conflit, L'avarice fe plaint, & l'orgueil s'applaudit. LUCILE.

Comme de leur préfence ils m'honorent fans ceffe,
Je pourrai les quitter fans nulle impoliteffe.
FINETTE.

Ils fouperont ici... Mais les voici tous deux.
LE CHEVALIER.

Je fors, Mademoiselle, & vous laisse avec eux,

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Il vous fied.

LUCILE.

ISABELLE.

Mais chacun me l'a dit aujourd'huž
LUCILE au Baron.

Le vôtre, je le vois, vous a coûté cher?
LE BARON.

Qüi.

L'argent.... Mais c'est à quoi je ne prends jamais

garde,

Et briller, pour vous plaire, eft ce que je regarde. Quoiqu'on fe pare en vain pour vous faire fa

cour.

Le brillant de vos yeux ternit tout en ce jour. De l'univers entier, ils feroient la conquête, Et l'on ne vit jamais une fi belle tête.

FINETTE à part.

Mais il doit l'adorer. En perles, en brillans Elle eft riche aujourd'hui de deux cens mille francs.

ISABELLE qui l'entend.

C'est par un autre éclat qu'elle charme mon frere:

LEBARON.

Celui de la perfonne a feul droit de me plaire. LUCILE.

Vous me flattez, Monfieur.

LE BARON.

Je le jure, d'honneur.

Le tems eft précieux, fouffrez que mon ardeur; Saififfe ce moment où mes rivaux....

LUCILE

Avertiffez mon oncle.

Finette,

LUCILE.

LE BARON.

Attendez. Je fouhaite....

LUCILE.

Dites-lui promptement que Monfieur vient le

voir.

LE BARON.

Non, je viens pour vous feule, & mon premier

devoir..

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Ue je vous entretienne;

LUCILE.

Repofez-vous tous deux,attendant qu'il revienne. LE BARON.

Un amant fuppliant doit s'expliquer debout, Et l'on eft trop gêné dans un fauteuil fur-tout. ISABELLE.

De grace, devenez ma belle-foeur bien vite.

B

LUCILE.

Vous me faites honneur plus que je ne mérite. LE BARON.

Nos biens font tous voisins : j'ai deux Fiefs des plus beaux,

Cent mille écus de rente avec quatre Châteaux.

SCENE VII.

LUCILE, LE BARON, ISABELLE,

Ν

FINETTE.

FINETTE à Lucile.

UN Laquais vous demande, & la réponse

preffe.

LUCILE.

Pardon, fi pour la faire, un moment je vous laisse.

(Elle rentre.)

SCENE VIII.

LE BARON, ISABELLE;

A

FINETTE.

LE BARON à Finette.

Rrête. Un mot.... Voilà pour engager ton

cœur

Ma chère, à prévenir Lucile en ma faveur.

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