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Le Maître du Château. Quel excès de rigueur! Eft forcé de baiser la main de fon vainqueur. ISABELLE.

Monfieur, en vérité.........

SCENE V I.

LE MARQUIS, ISABELLE, LE CHEVALIER, LUCILE.

LE MARQUIS à Ifabelle.

Venez, Mademoifelle,

Venez féliciter la charmante Ifabelle.

De quoi ?

LUCILE.

LE MARQUIS.

D'une conquête.

LUCILE.

Eft-ce la vôtre ?

Non.

LE MARQUIS.

Celle dont il s'agit eft, fans comparaison,

D'un ordre bien plus rare, & d'un goût plus fu

blime;

Le frivole, vraiment, n'obtient point fon eftime.

Je le crois.

LUCILE.

ISABELLE.

Mais, Monsieur, je ne vous comprends pas.

D

LE MARQUIS.

Je ne dirai plus rien. Je vois votre embarras;
Et ma difcrétion m'ordonne le filence.
ISABELLE.

Votre difcrétion, Monfieur. Elle m'offenfe?
On croiroit qu'un mystére eft caché là dessous.
LE MARQUIS.

Et c'en eft un vraiment ; mais glorieux pour vous.
ISABELLE.

Expliquez-vous, Monfieur, parlez. Qui vous arrête?

LUCILE.

Ifabelle a raifon. Qu'elle eft cette conquête ?
LE CHEVALIER.

Votre bouche, Marquis, a tort également
D'avoir parlé d'abord, de fe taire à préfent.
LE MARQUIS.

Je ne balance plus, puifqu'on m'en fait un crime,
Lifidor eft celui dont elle obtient l'eftime.

ISABELLE.

Ne croyez pas Monfieur qui prétend s'égayer. LE MARQUIS.

Non; ce triomphe est vrai, quoiqu'il soit singulier.

LE CHEVALIER. Pour avancer, Monfieur, un difcours de la forte; Quelle preuve avez-vous? Parlez.

LE MARQUIS.

Une très-forte: Mais pour le demander de cet air empreffé, Il faut que votre coeur y foit intéreffé.

LE CHEVALIER.

Oui, je prens interêt à la caufe des Dames.

Nous devons refpecter le fecret de leurs ames, Et leur fauver en tout l'embarras de rougir. LE MARQUIS.

Que mon oncle eft galant! L'amour le fait agir,

Et pour le coup tout haut fes fentimens éclatent!

(S'adreffant à Lucile. )

Mademoiselle en veut aux oncles qui la flattent.
Pour avoir leur hommage, elle n'épargne rien;
C'eft peu de plaire au vôtre, elle charme le mien,
Et fa beauté, pour peu que le fort la feconde
Va bientôt enflammer tous les oncles du monde.
ISABELLE.

Comme il a le talent de tout empoisonner!
LE CHEVALIER.

Vous abufez, Monfieur, du droit de badiner.
LUCILE.

Oui, vous pouffez, Marquis, trop loin la raillerie.

LE MARQUIS.

Madame, ce n'est point du tout plaifanterie:
Je dis ce que j'ai vû, vû de mes propres yeux,
Tout à l'heure, à l'instant, & dans ces mêmes

lieux.

ISABELLE.

Quoi? Qu'avez-vous donc vû ?

LE MARQUIS.

Je n'ai fait que furprendre

Lifidor près de vous dans l'attitude tendre.
D'un amant.... Votre front fe couvre de rougeur;
Et je dois ménager cette aimable pudeur.

ISABELLE.

La chose est toute fimple.

LE MARQUIS.

Oui, toute naturelle

De baifer une main, fur tout quand elle est belle.
ISABELLE.

D'affaire férieuse il étoit queftion;
Je parlois pour mon frere.

LE MARQUIS.

Oh! Je change de ton:

Vraiment ceci pour moi n'est plus matiére à rire.

SCENE VII.

LE MARQUIS, ISABELLE LE CHEVALIER, LUCILE, FINETTE.

Pardon,

FINETTE à Lucile.

Ardon, en ce moment votre pere defire
De vous entretenir, & marche fur mes pas.
LUCILE au Marquis.

Le Chevalier & moi ne vous confeillons pas
De pourfuivre ce ton, Monfieur, en fa présence;
Vous ne trouveriez pas en lui notre indulgence.
LE MARQUIS.

Je ne l'ai jamais vû.

LE CHEVALIER.

Nous allons vous quitter.

LE MARQUIS au Chevalier.

Avant que nous fortions, daignez me préfenter.

Il me tarde d'avoir l'honneur de le connoître.
LE CHEVALIER.

Marquis, avançons-nous, car je le vois paroître.
Venez.

SCENE VIII.

LE MARQUIS, ISABELLE, LE CHEVALIER, LUCILE, FINETTE, CLEON.

LE CHEVALIER à Cléon.

Monfieur, voilà le Marquis, mon neveu,

Que j'ofe....

LE MARQUIS.

Ah! Ciel!

CLEON à part.

Mes yeux fe trompent! Non, parbleu.

C'est ce jeune étourdi....

LE MARQUIS à

part.

C'est ce vieux Militaire.

CLEON à part.

A qui j'appris à vivre.

LE MARQUIS.

Avec qui j'eus à faire.

LE CHEVALIER.

Vous reculez tous deux ?

CLEON.

C'eft lui, je le remets

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