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Etfi, de mes confeils, fa malice fe jouë,
Ma bonté l'abandonne & je la defavouë.
Adieu, je fais ferment d'adopter pour neveu
Celui qui fe rendra digne de notre aveu.

Les noeuds de la vertu qui tous deux nous attachent,

Surpaffent ceux du fang qui fouvent fe relâchent. L'honneur, la probité, les moeurs, les sentimens, Sont mes premiers amis & mes plus chers parens.

Fin du troifiéme Alte.

ACTE

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avantage,

Je viens preffer l'inftant de votre mariage. L'époux qui vous recherche, & dont je tais le

nom,

Brûle de voir former cette heureuse union. Votre tante eft, de tout, fecrettement inftruite, Et nous avons choisi le Château qu'elle habite Pour celebrer un noeud qui doit vous enrichir, Le filence eft un point important à remplir.

ISABELL E.

LISIDOR

Il fuffit. Je tiendrai la chofe très-fecrette. 19981715 Nous la divulguerons quand elle fera faite. D'une nôce publique, un Vieillard craint l'éclat. Votre Amant, pour la fienne eft d'ailleurs délicat: Il veut qu'avec le goût, le myftere l'apprête,

E

Et n'avoir pour témoins d'une fi douce fête,
Que des amis de choix, non un tas de cousins,
Convives affamés, auffi fots que malins.
ISABELLE.

Mais ne pourrai-je pas en inftruire mon frere?
LISIDOR.

Vous pouvez l'en prier, mais qu'il fonge à fe taire,

Et ne méne fur tout nulle fuite avec lui.
On craint également la cenfure & l'ennui.
Je vais fans différer prier la compagnie
Qui doit être ce foir de la ceremonie;

Puis je reviens vous prendre, & conduire vos

pas,

Où vous attend un fort digne de vos appas.

U

SCENE IL

ISABELLE feule.

Du Marquis, pour le coup, les vives rail

leries,

En douces verités fe trouvent converties;
Du riche Lifidor je triomphe aujourd'hui ;
Ma beauté fait ma gloire, & devient mon àppui.
Cet époux anonyme, & dont l'amour extrême
Veut me combler de biens, n'eft autre que

même

lui

L'âge, la reffemblance ont trop dû me frapper; Ses yeux me l'ont mieux dit: je ne puis m'y trom

per.

Tout me porte à conclure une fi grande affaire
J'affûre ma fortune & le bonheur d'un frere.
Il doit fe rendre ici. J'attens... Mais je le voi.

SCENE III.

ISABELLE LE BARON

LE BARON.

MA foeur, qu'avez-vous fait ? Parlez. Inf

truifez-moi.

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Calmez un peu vos fens. Vous voilà hors d'haleine.

LE BARON.

Non, plus j'attens, & plus je respire avec peine, Pour mon foulagement, de grace, expliquez

vous,

Puis-je enfin de Lucile efperer d'être époux? ISABELLE.

Oui, vous pouvez, mon frere, & vous devez l'attendre.

LE BARON. Croirai-je, juste Ciel! ce que je viens d'enten

...

dre?

Ne me trompez-vous pas?

ISABELLE.

Non, je puis, en ce jour, Aux yeux de vos rivaux, couronner votre amour,

Eft-il bien vrai?

LE BARON.

ISABELLE.

J'en fuis la maîtreffe abfoluë! LE BARON.

Ma joie en ce moment ne peut être renduë; J'implore vos bontés, ma foeur, ma chere fœur, Puifqu'il dépend de vous, faites donc mon bon heur!

ISABELLE.

Quelque effort qu'il en coûte à mes fens qui com

battent

Je les vaincrai pour vous.

LE BARON.

Ces fentimens me flattent.

Mais parlez clairement, je ne vous entens pas ISABELLE.

Il faut vous l'avouer, malgré mon embarras Puifque c'eft un fecret qui vous eft neceffaire. Lifidor.....

LE BARON.

Eh bien ?

ISABELLE.

M'aime.

LE BARON.

Il vous aime!

ISABELLE.

Oui, mon frere.

LE BARON.

Mais, où cet amour là, conduira-t'il le mien? Voilà ce qu'entre-nous mon oeil ne voit pas bien. ISABELLE.

Il est peu pénétrant dans cette conjoncture;

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