LE CHEVALIER. Uoi? De tous fes Amans, la Troupe eft dif Q parue? FINETTE. Oui. Lucile, Monfieur, ne craint plus la cohuë, Comment! elle est donc feule ? FINETTE. Oui, feule exactement; Elle attend pour partir, que fon pere revienne, Quel fort! Le Marquis feul eût pû le rétablir; pere Et rit de mes confeils comme de leurs malheurs. FINETTE. Cette façon d'agir n'eft pas bien réguliere: Mais on s'oublie un peu quand on eft für de plaire, Je rentre. LE CHEVALIER. Attendez-là. Pour écrire un billet, Dont je vais vous charger, j'entre en ce Cabinet, FINETT E. Cela fuffit, Monfieur. (Le Chevalier entre dans le Cabinet.) SCENE I I. FINETTE feule, LE fort de ma Maîtreffe Me remplit d'une jufte & profonde trifteffe. Oui nous quittons ces lieux dans une heure au plus tard, Et j'attens cet inftant avec impatience. Il m'afflige pour vous; j'en foûpire d'avance; Ils dévoilent le coeur de mes amans avares? FINETTE. Les vrais amans font rares. LUCILE. Une fille fans bien, d'ailleurs riche en vertu, Et dont l'amour d'un pere eft le guide abfolu, Eft cent fois plus heureufe en fa noble indigence, Que ne l'eft dans le fein d'une haute opulence, Une femme liée au deftin d'un mari, Dont l'argent qu'elle apporte eft l'objet favori, Et qui donnant au bien tout fon foin mercenaire, Eft bien moins fon époux que fon homme d'affaire. L'Hymen eft, à mes yeux, le comble du malheur; S'il n'eft fait par l'eftime, & lié par le cœur. FINETTE. Mais le Marquis vous refte, il eft le plus aimable. LUCILE. Finette, à mes regards il est le plus coupable; Je n'ai, pour fes rivaux, qu'un tranquille mépris, Mais il a juftement foulevé mes efprits. Qu'on m'ôte tous les biens dont on m'avoit flattée, Je me tais, & j'en fuis foiblement agitée: Mais il veut m'enlever l'amour de mes parens, FINETTE. Vous vous radoucirez, c'eft moi, qui le maintiens. LUCILE. Moi, Finette, jamais & je fuis trop piquée. FINETTE. S'il vous étoit moins cher, vous feriez moins choquée. LUCILE. Non, il ne me l'eft point. FINETTE. Mais s'il eft repentant, S'il vous offre fa main avec un fort brillant? LUCILE. Je le fouhaiterois pour me faire connoître. Oui, je le fçai; dabord vous lui ferez paroître M'abaiffer jufques-là ! Je me ferois affront. Son oncle.... FINETTE. LUCILE. Ma vengeance eft fage, eft équitable, Et pour la condamner, il eft trop raisonnable. FINETTE. A propos, j'oubliois qu'il écrit là-dedans, Mais le voilà qui fort dans ces mêmes inftans. |