Et cet ornement-là manque à la Capitale. LUCILE. Un pere me retient. LE MARQUIS. Nous en viendrons à bout; Il est prompt, emporté : mais bonhomme après tout. LUCILE. Il est vrai, s'il confent à notre mariage. LE MARQUIS. Il me bat un peu froid. Mais je ferai ma paix. LUCILE. Oui, mon efprit le croit, LE MARQUIS. Quitte pour effuïer de fa part un reproche; SCENE VII. LUCILE, LE MARQUIS, FINETTE, CLEON, LE CHEVALIER. LE MARQUIS à Cleon. JE viens en fuppliant me prefenter à vous; Je fuis fâché d'avoir caufé votre courroux. C'eft peu d'ofer, Monfieur, vous demander ma grace; Mon efpoir va plus loin, & je porte l'audace jufqu'à folliciter la plus haute faveur Daignez, de votre choix, honorer mon ardeur Mon fort dépend de vous, je brûle de l'apprendre, J'attache mon bonheur au nom de votre gendre. CLEON. Monfieur, dans un moment mon frere va venir; Il veut, avec ma fille, ici m'entretenir: Il eft bon qu'il s'explique, avant que je prononce. Il entre. Devant lui vous fçaurez ma réponse. SCENE VIII. LUCILE, LE MARQUIS, FINETTE; CLEON, LE CHEVALIER, LISIDOR. LISIDOR. Pour vous tirer d'erreur, vous me voïez ici. Remettez-vous mon frere, & vous maniéce auffi, D'une allarme fi fauffe & qui me fait injure.l L'Hymen qui l'a caufée, & qu'on vient de conclure, N'eft point du tout le mien, mais celui de Da mon; Il ne fe cache plus, je puis dire fon nom, Et j'avois emprunté tes Diamans pour elle. Je refpire! FINETTE. CLEON. Damon eft cet époux ! LISIDOR. Il faut qu'après avoir marié mon ami, C'eft lui; Je couronne ce jour par l'Hymen de ma niéce, Et qu'une riche dot lui prouve ma rendresse: Je lui veux affurer tous mes biens après moi. (à Lucile.) Eh bien, as-tu trouvé quelqu'un digne de toi ? D'un attachement vrai, t'a t'on donné la preuve? Ton malheur prétendu t'a dû fervir d'épreuve; Parle. Pour terminer, je n'attens que cela. LUCILE. Oui, mon oncle, je viens d'avoir ce bonheur-là; Mon cœur feul m'a guidé, j'ai suivi son effor; Oui, c'est un bien Marquis que je dois à vous mê me, Je goûte, à vous le dire, une douceur extrême. LE MARQUIS. Par cet aveu public vous comblez mon bonheur. LUCILE. Mon pere, & vous mon oncle, aïez moins de fraïeur, Le cœur que Monfieur vient de me faire connoître, Eft Eft vrai, noble, fincere autant qu'on le peut être Et je veux vous forcer de convenir tous deux, Qu'autant que votre eftime, il mérite mes voeux; Ce coeur brûle pour moi d'une ardeur véritable, Et j'en ai par écrit la preuve incontestable; La voici. Vous allez fur elle CLEON. Voïons donc ce Billet? prononcer. LE MARQUIS à part. Je ne fçai que penfer LISIDOR. Ma niéce, hâte-toi d'en faire la lecture. Ceci pour le Marquis n'eft pas d'un bon augures Votre état me jette dans un trouble que je n'ai jamais fenti. J'avois crû jusqu'ici n'avoir pour vous qu'une eftime parfaite, votre malheur me désabuse : il m'apprend qué je vous adore. Pardonnez-moi ce mot, la force de la dou leur me l'arrache. Je ne puis fans mourir vous voir un feul jour malheureufe. Je vous offre ma fortune, je n'ofe dire ma main. Belle Lucil, acceptez la premiere, ma vis en dépend. Voilà ce LISIDOR. ce qui s'appelle aimer parfaitement ? Qui peut l'avoir écrit ? CLEON. Pour lui je me déclare. Quel que foit cet amant. LISIDOR. Et pour lui je prononce. G LUCILE. (au Chevalier lui donnant sa main.) Marquis, je vous dois trop. Vous, voilà, ma réponse. LISIDOR avec joie. Le Chevalier! LE MARQUIS avec furprise. LE CHEVALIER à Lucile. Ah! Mes fens font ravis! LUCILE au Chevalier. Vos nobles procedés font dignes de ce prix. Rien ne peut jamais l'être. LE MARQUIS. Eft-ce une raillerie? LISIDOR. Je le voudrois, ma joïe en feroit infinie, S'il eft vrai dans ce jour que je m'y fois livrée, Pour le coup j'applaudis. Bonne plaifanterie! Ton efprit, ta raison, ton choix comblent mes vœux, Les oncles aujourd'hui valent bien les neveux. |