Vous augmentez fon embarras. Monfieur s'explique affez, ce difcours doit fuffire; Il paroît très-clair à mes yeux, Ma chere, & vous devez l'entendre encore mieux. Je vois à vos regards què la chose est obscure, Il n'eft pas mal qu'il regne un peu d'obscurité. Non, je dois m'affranchir d'une gêne fi dure; Eh! Qu'ai-je à craindre, en cette conjoncture, Votre amour à préfent n'a plus rien de fufpect. Et que vous defirez que mon fecours l'appuïe, Comteffe, épargnez-moi, vous me faites rougir. LA COMTESSE. A quoi bon ce détour, quand je veux vous fervir? CIDALISE. Il eft dans fon génie. Aifèment je l'excufe. LA COMTESSE. Je ne fçai pas, Monfieur, ce que vous voulez dire. Je vous laiffe, Marquis, avec Mademoiselke ; Non, ayez la bonté de refter en ces lieux. SCENE I V. ९ LES ACTEURS PRECEDENS, D1 LEANDRE. LE MARQUIS. I moi, je t'en ferai tout-à-fait obligé Qu'as-tu fait du Billet dont je t'avois chargé ? LEANDRE bas. Ce n'eft ni le lieu ni le tems. LE MARQUIS. C'est le tems & le lieu de rompre le filence, Tantôt. LEANDRE. LE MARQUIS. Non. A préfent. Mauvaise politique. Tu t'en repentiras, fi tu me fais parler. LE MARQUIS. Je ne puis concevoir ton procedé bifarre! CIDALIS E. Mais, puifqu'il veut, Léandre Que vous éclairciffiez la chofe devant nous, A fon defir vous devez condescendre; C'est un fecret, pour moi, que je brûle d'apprendre, LEANDRE. J'ai tort de n'avoir pas rendu fon Billet doux. ? LE MARQUIS. Pourquoi ne pas le rendre? LEANDRE. C Appaife ton courroux. CIDALISE. C'est un foin que jamais un bon ami, n'oublie. LEANDRE. Mademoiselle, excufez, je vous prie, Je vous l'aurois rendu, puifqu'il étoit pour vous Mais j'ai cru franchement que vous étiez partie. Ah! Quelle trahifon! Je reste confondu. CIDALIS E. Pour l'oubli d'une Lettre, il paroît éperdu ! Et des façons d'agir toutes particulieres. Le Billet vous fera fidélement rendu; Madame, encore un coup, votre efprit est déçû: Adieu, Marquis. Vous voilà convaincu, CIDALIS E. (Elle s'en va.) A ce tendre Billet que je dois recevoir Je pars demain, je vous l'annonce; Et vous rifquez, Marquis, de ne plus me revoir. (Ellefuit la Comtesst.) SCENE V. LE MARQUIS, LEANDRE. LE MARQUIS. DEs la pointe du jour, ab' Fuffes-tu partie Pour ne plus te montrer à mes yeux, de ta vie! Tu m'y forces toûjouts toi-même; C'est un acharnement qui me fait trop LE MARQUIS. fouffrir. Mais enfin, à ta fœur, par quel caprice extrême Ne pas rendre ma Lettre? Oh! C'eft ta faute à toi, D'avoir voulu m'en charger malgré moi. Mais, loin de m'écouter, tu m'as fait violence, Dans la neceffité de tromper ton ardeur. LE MARQUIS. Mais Léandre, d'où vient, à me fervir près d'elle |