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Province

de Ho-nan.

par la tour que le fameux Tcheou-kong y éleva pour observer les aftres on y voit encore un inftrument dont il se fervoit pour prendre l'ombre du midi, afin de connoître l'élévation du pôle. Cet Astronome vivoit plus de mille ans avant J. C. & les Chinois prétendent qu'il a été l'inventeur de la bouffole.

Nan-yang-fou & Yu-ning-fou ont fous leur dépendance, l'une deux villes du fecond ordre & fix du troisieme, & l'autre deux du fecond & douze du troifieme ordre. On

affure que dans la premiere les vivres font en fi grande abondance, que des armées nombreuses y ont demeuré un temps confidérable, fans que fes habitans s'apperçuffent

de la moindre difette. Les terres de la feconde ne font guere moins fertiles; c'eft tout ce qu'on peut en dire de particulier.

Province

de Chan-tong.

ARTICLE VIII.

CHAN-TONG

Province de Chan-tong.

HAN-TONG eft bornée à l'ouest par la province de Pe-tcheli & par une partie de celle de Ho-nan, au midi par celle de Kiang-nan, à l'orient par la mer orientale, & au nord par cette même mer & par une partie de la province de Pe-tcheli. On la divife en fix contrées, qui renferment fix villes du premier ordre, & cent quatorze du fecond & du troifieme. On y trouve de plus quinze ou feize forts bâtis le long des côtes, plusieurs bourgades confidérables par leur commerce, & un grand nombre de petites ifles, dont la plupart ont des hayres fort commodes pour

les fommes Chinoises, qui de là passent aisément en Corée ou dans le Leao-tong.

Outre le grand canal Impérial qui traverfe cette province,

on y
voit quantité de lacs, de ruisseaux & de rivieres qui ne
contribuent pas moins à l'embelliffement qu'à la fécondité
de fes campagnes; cependant elle a beaucoup à craindre de
la féchereffe, parce qu'il y pleut rarement. Les fauterelles
y caufent auffi quelquefois de très-grands ravages. Il n'est
peut-être point de contrée ou le gibier foit plus commun,
ni où les faifans, les perdrix & les cailles fe donnent à
meilleur marché ; il eft vrai que les habitans de cette pro-
vince paffent pour les plus déterminés Chaffeurs de tout
l'Empire.

La riviere d'Yun, qu'on nomme autrement le canal Impérial, augmente beaucoup les richeffes de cette province. C'est par ce canal que doivent néceffairement paffer passer toutes les barques du midi de la Chine, destinées pour Pe-king. Leur abord eft fi confidérable, & elles tranfportent une telle quantité de marchandises & de denrées de toute efpece, que les feuls droits acquittés fur ce canal, montent chaque année à plus de dix millions. Toutes ces barques passent du fleuve Jaune dans le canal Impérial à So-tfien, d'où elles vont à Tci-ngin & de là à Lin-tcin, où elles entrent dans là riviere Oei. Le défaut d'une quantité suffifante d'eau pour les groffes barques a néceffité la conftruction d'un grand nombre d'éclufes, qu'on rencontre dans le cours de cette navigation. Les obftacles que la Nature oppofoit à l'exécution de ce fuperbe canal, les fortes & longues digues qui le contiennent, fes rives décorées & fouvent revêtues de pierres de taille, le mécanifme ingénieux

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de Chan-tong.

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Province

de Chan-tong.

de fes éclufes, tout en fait un objet d'étonnement pour les Voyageurs Européens ; ils y admirent le même génie qui a présidé à l'exécution de notre célebre canal de Languedoc.

Outre les vers à foie ordinaires, on trouve encore dans cette province une autre espece d'infecte, affez semblables à nos chenilles, qui donnent à la vérité une foie plus groffiere, mais dont on fabrique des étoffes beaucoup plus fermes. Comme celles-ci font plus de durée, il s'en fait un grand débit dans toute la Chine.

C'est dans cette province qu'est né l'immortel Kong-futfé ou Confucius, le plus éclairé, le plus fage & peut-être celui des Philofophes qui ait le mieux mérité ce nom.

Tfi-nan-fou, capitale du Chan-tong, eft fituée au midi de la riviere de Tfing - ho ou Tfi. Cette ville est grande & bien peuplée; mais ce qui la rend refpectable aux Chinois, c'est qu'elle a été la réfidence d'une longue fuite de Rois, dont les tombeaux, élevés fur les montagnes voisines, forment un très-bel aspect.

Tfi-nan a fous fa dépendance quatre villes du second rang, & vingt-fix du troifieme. Ces villes n'ont rien de particulier, excepté Yen-tching, où il se fait une espece de verre fidélicat & fi fragile, qu'il fe rompt lorsqu'on l'expose aux moindres injures de l'air.

Yen-tcheou-fou, qui eft la feconde ville de la province, eft fituée entre deux rivieres; l'air y eft doux & tempéré, & le féjour en eft extrêmement agréable.

Le reffort de cette cité est très-étendu; elle a fous fa jurisdiction quatre villes du second ordre, & vingt-trois du troisieme. Une de ces villes, nommée Tçi-ning-tcheou, n'eft inférieure à fa métropole, ni par fa grandeur, ni par

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la multitude de ses habitans, ni par la richesse de fon
commerce. Sa fituation fur le bord du grand canal y attire
une foule de Négocians étrangers. Une autre non moins
célebre, eft Kio-feou, qui a donné naiffance à Confucius :
on y
voit encore plusieurs monumens élevés en l'honneur
de ce grand homme.

On affure que dans les environs d'une troifieme, on ramafsoit autrefois beaucoup d'or, & c'est peut-être ce qui lui a fait donner le nom de Kin-kiang ou terre dorée.

Tong-tchang-fou a dans fon reffort trois villes du fecond ordre, & quinze du troisieme. Lin-tçin-tcheou, fituée sur le grand canal, eft la plus remarquable de ces cités; elle est l'abord de tous les vaiffeaux, &, pour ainfi dire, le magasin général de toutes les marchandifes qu'on peut défirer. Parmi les édifices qu'on y admire, eft une tour octogone partagée en huit étages, dont les dehors, revêtus de porcelaine, font chargés de diverses figures artistement travaillées; au dedans, les murs font incruftés de marbres de différentes couleurs : on a pratiqué dans l'épaiffeur du mur un escalier par lequel on monte à tous les étages, d'où l'on paffe dans de fuperbes galeries ornées de baluftres dorés. Toutes les corniches & les faillies de la tour font garnies de clochettes, qui, agitées par le vent, forment une harmonie affez agréable; le dernier étage renferme une idole à laquelle la tour eft confacrée ; cette ftatue est de cuivre doré. Près de cette tour, font quelques temples d'idoles d'une affez belle architecture.

La ville de Ffin-tcheou-fou n'eft ni moins étendue, ni moins riche que la précédente. La principale branche de fon commerce eft le poiffon; on y en pêche en fi grande

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de Chan-tong.

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de Chan-tong.

quantité, qu'on affure que le feul profit qu'on tire des peaux
eft confidérable.

Les Auteurs de Relations rapportent qu'il s'engendré au
ventre des vaches du pays, une pierre jaune, que les Chinois
appellent pour cette raison nieou-hoang; elle est grosse
comme un œuf d'oie, & auffi fragile que le plus tendre
crayon. Les Médecins, qui en font très-grand cas, pré-
tendent qu'elle guérit les catarres & les fluxions les plus
invétérées. Cette ville a dans son reffort une ville du fecond
ordre & treize du troifieme.

Ten-tcheou-fou & Lai-tcheou-fou, qui font les deux dernieres villes du premier ordre, ne font remarquables que par leur fituation; elles ont chacune un havre fort commode, une garnison nombreuse, & plufieurs vaiffeaux armés qui défendent leurs côtes. Une ville du second ordre & fept du troisieme relevent de la premiere; la feconde n'en compte que sept dans fa jurifdiction, dont deux font du fecond ordre.

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Province

de Chan-fi.

ARTICLE I X.

Province de Chan-fi.

LA province de Chan-fi, qui eft une des plus petites
de l'Empire, eft bornée au levant par celle de Pe-tcheli,
au fud
par le Ho-nan, au couchant par le Chen-fi, & au
nord la grande muraille. Les Chinois difent
par
que c'eft
dans cette province que les premiers habitans de la Chine
fixerent leur féjour. Le climat en est sain & agréable; la
eft fertile; on y trouve du mufc en abondance;

terre y

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