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Province de Koei-tcheou.

fortent que pour détruire les ouvrages des Chinois, ou

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On ne fabrique dans cette contrée, ni étoffes de soie, ni toiles de coton; mais il y croît une certaine herbe qui reffemble affez à notre chanvre, & dont on fait des habits d'été. On y trouve auffi des mines d'or, d'argent, de mercure & de cuivre, & c'est de ce dernier métal qu'on fait la petite monnoie qui a cours dans l'Empire.

Cette province contient dix villes du premier rang, dont Koei-yang eft la capitale, & trente-huit du second & du troisieme. On prétend que Koei-yang étoit jadis la demeure d'anciens Rois : on y voit encore des restes de temples & de palais qui annoncent fon ancienne fplendeur; mais on néglige ces monumens, qui tombent & fe détruisent infenfiblement.

Les Chinois de cette province, plus occupés du soin de se défendre des entreprises des montagnards, que de conserver des débris, femblent ne faire aucun cas de ces précieuses ruines. Leurs maisons font bâties de terre & de briques, & la plupart de leurs villes ne font, pour ainsi dire, des tas de chaumieres mal diftribuées; les neuf autres cités font Se-tcheou, Se-nan, Tchin-yuen, Che-tfien, Tong-gin, Ngan-chan, Tou-yun, Ping-yuen, & Ouei-ning.

que

Quelques-unes de ces villes font fituées fur le bord de rivieres agréables, & dans des vallées fertiles: on trouveroit même dans cette province une grande quantité de terres dont le produit feroit confidérable, fi elles étoient vivifiées par la culture; mais la crainte qu'inspirent les montagnards, retient les Chinois dans le voisinage des fortereffes. Le Koeitcheou fournit les meilleurs chevaux de la Chine; on y éleve

d'immenfes

d'immenfes troupeaux de vaches & de cochons, & l'on y trouve par-tout des poules fauvages dont le goût eft exquis.

En donnant la description des quinze provinces de la Chine, nous nous fommes contentés d'indiquer les principales villes qu'elles renferment. L'Auteur d'Yu le Grand & Confucius en a donné le nombre total, d'après le relevé qu'un habile Mandarin, dit-il, en a fait imprimer pour l'ufage du Gouvernement. Quoique nous ne garantiffions pas l'exactitude de cette notice des villes & principaux monumens de la Chine, nous croyons cependant qu'elle peut ici trouver fa place.

On compte quatre mille quatre cent deux villes murées, qui fe divifent en deux claffes, les civiles & les militaires. La claffe des civiles en contient deux mille quarante-cinq, & celle des militaires deux mille trois cent cinquante-sept. Les civiles font encore divifées en trois ordres; favoir, cent foixante-quinze du premier rang, que les Chinois appellent fou, deux cent foixante-dix du second rang, qu'on nomme tcheou, & cent foixante du troisieme, qui portent le titre d'hien.

Province

de Koei-tcheou.

Les villes militaires font diftinguées en fept claffes; on en compte fix cent vingt-neuf de la premiere, cinq cent foixante de la feconde, trois cent onze de la troifieme, trois cents de la quatrieme, cent cinquante de la cinquieme, cent de la fixieme, & trois cents de la feptieme. Quelques-unes de ces villes militaires fervent à loger les foldats, auxquels on affigne dans le voisinage une certaine quantité de terres pour leur entretien. Les frontieres & les côtes font défendues par quatre cent trente-neuf châteaux, tenus en bon état & très-bien fortifiés. On compte en outre, le long de ces

M

Province

de Koci-tcheou.

mêmes côtes, deux mille neuf cent vingt bourgs, dont un grand nombre égale en grandeur & en population plufieurs villes murées. Quant aux bourgs & aux villages répandus dans l'intérieur des terres, on affure qu'ils font innombrables, la plupart riches, commerçans, & bien peuplés.

Les établissemens publics répondent à la grandeur & à l'étendue de l'Empire: on compte onze cent quarantecinq hofpices Royaux, ou lieux de logement, deftinés à l'usage des Mandarins, des Préfets des provincés, des Officiers de la Cour, des Courriers, & de tous ceux qui voyagent aux dépens de l'Empereur. Les tours, les arcs de triomphe, & les autres monumens publics élevés à la gloire des bons Rois & à celle des Hommes illuftres," font au nombre de onze cent cinquante-neuf. Les vertus des femmes, comme celles des hommes ont droit à la Chine aux honneurs publics; on y voit deux cent huit monumens confacrés à la mémoire d'un certain nombre d'entre elles, qui, par leur modestie, leur pudeur, & leur attachement aux devoirs de leur fexe, ont mérité l'eftime & la vénération de leurs concitoyens. Deux cent soixantedouze bibliotheques célebres font continuellement ouvertes. aux Savans & aux Lettrés; les gymnafes ou colléges, établis par Confucius, & ceux qu'on a fondés en fon honneur, font auffi multipliés que les cités & les bourgs..

LIVRE SECON D.

DE LA TARTARIE CHINOISE.

LA Tartarie Chinoise est bornée au nord par la Sibérie ; au levant par le golfe de Kamtchatka, & par la mer orientale; au midi par la Chine; & au couchant par les Tartares Kalmouks, établis entre la mer Caspienne & Casghar. Les différens peuples qui l'habitent aujourd'hui, étoient autrefois compris fous le nom général de Tartares Moungales ou Moungous, nation terrible & belliqueuse, qui, d'une part, conquit l'Indoftan, sous la conduite du fameux Zinghiskan, & de l'autre, foumit la Chine. Ce fut au treizieme fiecle que les Moungales s'emparerent de ce dernier Empire ;. mais après y avoir régné pendant cent ans, ils en furent chaffés par les Chinois en 1368. Les fugitifs prirent différentes routes; les uns allerent s'établir vers la mer orientale, entre la Chine & la riviere Saghalien; les autres tournerent au couchant vers leur premier pays, qù s'étant mêlés aux Moungales qui y étoient reftés, ils reprirent bientôt la même maniere de vivre que leurs anciens compatriotes. Ceux qui s'établirent à l'orient, ayant trouvé le pays presque défert & fans habitans, y conferverent les mêmes mœurs qu'ils avoient apportées de la Chine. Ainfi ces deux nations Moungales different aujourd'hui par le langage, par leur gouvernement, leur Religion, & leurs ufages. Ceux de l'occident ont retenu leur ancien nom de Tartares Moungales ou Moungous; les autres font connus fous le nom de

Mantcheoux ou Tartares Orientaux. La Tartarie Chinoife fe divife donc en deux partics, l'orientale & l'occidentale.

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ARTICLE PREMI E R.

Tartarie Chinoife orientale.

CETTE partie s'étend, du midi au feptentrion, depuis le 41° degré de latitude feptentrionale, jufque vers le 55° degré; & de l'occident à l'orient, environ depuis le 137° degré de longitude, jufqu'à la mer orientale. Elle est bornée au nord par la Sibérie; au midi, par le golfe de Leao-tong & la Corée; à l'orient, par la mer orientale; & à l'occident, par le pays des Moungous.

Les Tartares qui s'y retirerent après leur expulfion de la Chine en 1368, fe mirent d'abord à bâtir des villes, des bourgs, des villages, & à cultiver les terres, à l'exemple des Chinois parmi lefquels ils avoient vécu : ainfi la plupart ont des demeures fixes, & font beaucoup plus civilifés que le refte de la nation Moungale. Ils furent d'abord gouvernés par des Kans particuliers, indépendans les uns des autres; mais depuis que celui de Ningouta, qui étoit le plus puiffant d'entre eux, s'eft emparé de la Chine, vers le milieu du fiecle dernier, l'Empereur, qui eft encore un de fes defcendans, a foumis à fa domination tous les autres Kans de cette partie de la Tartarie. Ce Prince la gouverne immédiatement par lui-même, & y envoie des Préfets & des Officiers comme dans les autres provinces de l'Empire. Le pays des Tartares Mantcheoux fe divife en trois grands départemens, que nous allons faire connoître.

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