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Nous y avons auffi remarqué un Autel portatif de bois creux, couvert de lames d'argent, repréfentant par-deflus Jefus-Chrift & les quatre Vertus cardinales, & aux côtés les douze Apôtres. L'Autel n'a pas plus d'un bon pied de long, & huit ou neuf pouces de large. Le marbre qui eft fur l'Autel du côté qu'on faifoit la confécration, eft un jafpe bleu veiné, long d'environ trois doigts, & large d'un pouce & demi. Au-dedans de cet Autel, on voit les fandales dont Saint Sixte fe fervoit à l'Autel. Elles font d'une étofte précieuse de foye, ouvragée en rouge & bleu ; mais ces embéliffemens font modernes, & ajoutés aux anciennes fandales.

Les Chartreux de Rhetel furent dabord établis fur un ruiffeau nommé Marienflos, à l'orient de la ville de Sierk, où il y avoit anciennement un Monaftere de Filles de l'ordre de Cîteaux. Ce Monaftere étant dans une décadence déplorable, Charles II. Duc de Lorraine, excité par les inftances de la pieufe Marguerite de Baviere, fon époufe, follicita vivement le Chapitre-général de Cîteaux de transférer l'Abbeffe & les Religieufes de Marienflos dans l'Abbaye de Freiftroff proche Bouzonville; ce qui fut accordé & exécuté en 1414 & au commencement de 1415. En même tems le Duc pria le R. P. Jean de Griffomont, Général des Chartreux, de recevoir le Monaftere de Marienflos, de l'incorporer à fon Ordre, & de lui accorder quelques Religieux Chartreux tirés du Monaftere de St. Alban près la ville de Tréves, pour venir habiter la nouvelle maison de Marienflos. Ils y arriverent fur la fin de 1414, & au commencement de 1415 ils commencerent à y faire

l'Office.

Le premier Supérieur de la nouvelle Chartreufe de Marienfios fut le Pere Adolphe de Affendit, Prieur tiré de la Chartreufe de Tréves, qui eut pour Succeffeur le Pere Dominique, Pruffien de nation, tous deux Profès de Saint Alban de Tréves. Le Duc Charles II. avoit deflein de doter ce nouvel établiffement pour douze Religieux - Prêtres, non compris le Prieur & les Freres-convers; mais le malheur des Guerres, & la mort du Prince arrivée le 4. Septembre 1430, empêcherent l'exécution de ce projet.

La pieufe Marguerite de Baviere Ducheffe de Lorraine, avant fa mort arrivée le 27 Août 1434, procura aux Chartreux de Marienflos un établissement plus folide dans l'Abbaye de Rhetel. Ce Monaftere, fous l'Abbé Pierre de Bettemberg en 1431, étoit tombé dans une telle indigence, les Biens étant en partie aliénés, & engagés aux Créanciers, tous les Edifices prefque ruinés, que les Religieux réduits au nombre de trois, l'Abbé lui-même

lié par les cenfures éccléfiaftiques, ne trouverent point de moyen plus propre pour éviter une ruine entiére, que de céder l'Abbaye aux Chartreux de Marienflos, avec l'agrément de l'Archevêque de Tréves & le confentement du Duc de Lorraine. On s'adrefla, pour l'exécution de ce projet, au Cardinal Julien, qui étoit alors Légat en Allemagne, & qui donna commiffion au R. P. Jean de Rode, Abbé de Saint Mathias de Trêves de mettre la chose à exécution. Ce qu'il fit en transférant les Chartreux de Marienflos à Rethel. Cette tranflation fut confirmée par le Pape Eugene IV, le Concile de Bâle, & par le Chapitre général des Chartreux en 1433. La même année le Duc René I. & Ifabelle de Lorraine, fon époufe, confirmerent cette tranflation. On affigna des penfions honnêtes à l'Abbé Pierre de Bettemberg, & aux Religieux de Rhetel.

Depuis quelques années cette Chartreufe aété rebátie prefque de fond en comble, & conftruite à la manière des Chartreux ; ces Peres en ont recouvré les Biens, &y entretiennent une nombreuse Communauté. REVIGNI, ou RUVIGNI-AUX-VACHES. REVIGNI, Bourg du Diocèse de Toul, anciennement Ruvigni, à droite de l'Ornain, trois licues au deffous de Bar, & à une de la riviere de Chez, aux frontières de la Champagne; les Héritiers de Madame la Princeffe d'Epinois en font Seigneurs Hauts, Moyens & Bas Jufticiers. La Juftice y eft exercée par leur Juge Garde. Recette & Bailliage de Bar, Préfidial de Châlons, Parlement de Paris. La dixie le partage en onze portions. La Paroifle a pour Patron Saint Pierre, le Chapitre de Ligni nomme à la Cure. Il y a dans l'Eglife Paroiffiale deux Chapelles, l'une fous l'invocation de St. . . . & l'autre fous celle de St...

On compte dans Revigny environ quatre cens habitans, & une Mailon-forte appartenant à M. de Marne, Confeiller au Bailliage de Bar: fur le Ban l'Hermitage de St. Viviant; deux Censes-fiefs, nommées l'une des Chardons, l'autre de Grand-Cour, & une autre appellée Ainville.

Le fameux Jacques de Ravennes, célébre Jurifconfulte, qui a beaucoup écrit fur le Droit, étoit de Ruvigny, & fon nom cft Jacques de Ruvigny. Il fut Evêque de Verdun depuis 1290 jufqu'en 1296. Nous avons donné fa vie dans la Bibliotheque des HomesIlluftres de Lorraine.

M. Baugier dans les Mémoires fur le Comté de Champagne, Tome 2. pag. 67. parle du Prieuré de Ruvigni, Ordre de St. Benoît, qui a été uni à l'Abbaye de Saint Nicaise de Rheims, mais ce Prieuré n'a aucun rapport à notre Ruvigni en Barrois, & M. Marlot, dans Τε

Archives de

fon Hiftoire de la Métropole de Rheims, Tome 2. pag. 251, prouve fort bien que ce n'eft point Ruvigni, mais le Prieuré du Rumigni, Ruminiacum, qui fut uni à Saint Nicaife de Rheims en 1112.

Il paroît que la Terre de Revigni étoit auLorr. Layette trefois très-confidérable. En 1400, Robert, cottée Bar, Chambre des Duc de Bar, donna au Chapitre de S. Pierre Comptes de de Bar les Fours - Bannaux de Revigny. Le Revigny. 21 Février 1441, Damoiselle Agnès, veuve de Gérard Maffardel, Bourgeois de Bar, renonce, en faveur de la Reine de Sicile, à la moitié de la Tour & Forte-Maifon de Revigny, fofsés, halle, balle-cour, & autres appartenances, qu'elle difoit lui appartenir de feu François de la Malmaison, fon pere, en reconnoiflance de ce que la Reine de Sicile lui a accordé, qu'elle, fes fuccefleurs & Cenfiers, puiffent à toujours tenir en fon Gagnage de Revigny, une charrue de quatre bêtes franches d'affife de bled. Le Duc An. toine donna la Terre & Seigneurie de Revigny-aux-Vaches à Madame Renée de Bourbon, fon épouse, pour fa vie durant. L'acte de cette donation eft du fix Mars 1538. Il eft fait mention d'une donation faite par Thibaut, Comte de Bar, à Simon fon Fauconnier, en récompenfe de les fervices, d'une Maison à Revigny, avec fes appartenances, du Four de Travers, & de deux muids de Bled fur le Four de Revigny. Simonin de Mognéville, Écuyer, fils de Jacques de Languedone, Chevalier, vend au même Thibaut, Comte de Bar, les fiefs qu'il avoit à Revigny & à Veel, qu'il avoit acquis de Madame Lanchais, veuve de Thomas de Neufville, Chevalier. L'acte eft du Mardi après la Micarême 1286. En 1363, Robert, Duc de Bar, cede à Yolande de Flandres, Dame de Caffel, les fiefs que poffedoit Jean Liétaut, Chevalier de Revigny, pour lui revenir après

fa mort.

En 1396, Bertrand de Landres, Ecuyer, vendit à Robert, Duc de Bar, ce qu'il avoit en la Maison-Forte de Revigny, qu'il avoit acquis de Jean Liétaut, Chevalier. Alix, four de Jean Colart de Revigny, Chevalier, vendit au même Duc la part qu'elle avoit en la même Forte Maison de Revigny. Le Contrat eft du neuf Novembre 1376. Thomas de Bouvigny, Ècuyer, reprend du même Duc Robert dix livres de petits Tournois, qu'il prenoit fur le Tonlieu de la Ville de Revigny, & huit muids de bled, froment & avoine, fur les affifes du même lieu, à caufe de Damoiselle Comteffe de Crenez, fa femme, le premier Mai 1 396. En 1342, Henri, Comte de Bar, affigna trente livres de rente à prendre fur le même Tonlieu, à Perfenal de Net

tancourt, en confidération des fervices que ledit Nettancourt avoit rendus à Edouard,

Comte de Bar, fon pere.

Thibaut de Bourmont, Clerc & Confeiller Archivesde de Robert, Duc de Bar, échange avec ce Lorr. ibid. Prince la moitié des Moulins de Revigny contre la Taille Saint-Remi, à Bar. L'acte en fut paffe le neuf Décembre 1359. René de Crenel, Chevalier, en 1338, reconnoît qu'il eft Homme-lige de Henry, Comte de Bar, après Henri d'Apremont, Evêque de Verdun, de vingt livrées de Terre, à prendre fur les revenus de la Halle & Rentes de Revigny. On trouve encore d'autres dénombremens donnés aux Ducs de Bar des fiefs que plufieurs Gentils-hommes poffèdoient au même lieu de Revigny; ce qui montre que c'étoit autrefois un lieu très-considérable.

Il y a à Revigny un Hôpital avec fon Eglife, & un Prêtre pour la deffervir. Il est fait mention, de cet Hôpital, dans le contrat d'échange de la moitié des Moulins de Revigny contre la Taille Saint-Remi de Bar, entre Robert, Duc de Bar, & Thibaut de Bourmont, en 1359, où il eft dit que la Maifon - Dieu de Revigny prend onze muids de froment fur les Moulins dudit lieu: item, dans un accord fait le dix Février 1433 › entre Jean d'Eftrepy, Abbé de Trois-Fontaines, & le Prieur de Dieu-en-fouvienne, au fujet des Moulins de Revigny, où il eft dit que le Chapelain de la Chapelle de Revigny y aura huit septiers, & la Maison-Dieu douze feptiers.

RICHEMONT fur Mofelle.

RICHEMONT, Bourg des Pays-bas, dans le Duché de Luxembourg. Il cft fitué fur la riviere d'Orne, près de l'embouchure de cette riviere dans la Mofelle, au-deflus & au midi de Thionville. Il y a dans ce lieu un ancien Château.

En 1484, les Troupes combinées de Metz, de Luxembourg & du Barrois, ou de Lorraine, attaquerent le Comte de Varnenberg, qui avoit une troupe de Bandits dans Richemont & dans Rodemach, autre Village de Luxembourg, qui défoloient tout le Pays, courant indiftinctement fur les Meffins, les Luxembourgeois & les Lorrains. On fit toutà-la-fois le fiége de ces deux lieux. On les força, & on fit périr ces Brigands. La Cronique de Metz, en Vers, dit que Richemont s'appelloit auffi Ornelles allerent affiéger Ornelle, qu'on dit Richemont -fur - Mofelle. Le nom d'Ornelle lui vient fans doute de fa fituation fur l'Orne, riviere de Luxembourg. On connoît auffi d'autres villes de Richemont, en France & en Angleterre, qui ne regardent point notre fujet.

Bertholet,

A l'égard de la guerre, dont on vient de parler, contre les villes de Rodemach & de Hist. de Lux. Richemont, l'Hiftoire de Luxembourg cn

T. Vill. pag.

9. & Surv.

année 1482.

parle plus au long. L'Archiduc Maximilien
justement irrité contre les Seigneurs de ces
lieux révoltés contre lui, forma une ligue,
dans laquelle les principaux Seigneurs de Lu-
xembourg s'engagerent, & foutenus des
Troupes de Lorraine, du Barrois non-mou-
vant, & de ceux de Metz, allerent mettre
le fiége devant ces deux Fortereflès de Ri-
chemont & de Rodemach.

même Empereur Maximilien & Philippe fon fils aîné, porterent contre lui une Sentence le 15 Novembre 1492, par laquelle ils décla rent les Biens de Gérard, Seigneur de Rodemach, tombés au pouvoir du Souverain, & que, par grace spéciale, ils auroient bien voulu les rendre à Vincent, Comte de la Marck, Tuteur de Bernard, fils unique de Gérard de Rodemach, afin d'être poffedé par cet enfant & par fes héritiers à perpétuité ; mais que ce jeune Seigneur, à l'exemple de fon pere, fe feroit fecrétement retiré en France, & auroit fortement follicité l'élargiffement de Charles d'Egmont, pour-lors prifonnier, & que, pour l'obtenir, il s'étoit lui-même conftitué fon ôtage & fa caution. Que Vincent de la Mark, fon Tuteur, avoit introduit à main armée le prifonnier élargi dans le Duché de Gueldres & dans le Comté de Zutphen, où il avoit excité une révolte, & dépoffedé les deux Princes de la jouïflance de plufieurs de leurs Terres; que, pour cette caufe, Maximilien avoit confifqué toutes les Seigneuries du Seigneur de la Mark, & les avoit données à Chriftophe, Marquis de Bade & de Sponhem, Gouverneur Général du Duché de Luxembourg & du Comté de Chiny. Il nomme en particulier les Terres & Châteaux de Rodemach, de Bolchen, de Richemont, d'Hefpérange & d'Hufeldange. On peut voir la Cronique manuscrite de Philippe de Vigneulle, tom. iij. pag. 510 & fuiv. où cette guerre eft racontée au long. ;

Hift. de Lux.
Nous avons vu un acte figné de plufieurs
T. III. pag. Seigneurs, qui avoient entrepris les fiéges
cxxvij. Preu de ces deux places Rodemach & Richemont,
ves. Archives pour emprunter une fomme de deux mille
de Lorraine, florins à vingt fols l'un, pour fubvenir aux
frais de cette guerre. Ces Seigneurs font,
Claude de Neuf-châtel, Seigneur du Fey &
de Grancy, Gouverneur des Pays de Luxem-
bourg & de Chiny; Frideric, Comte des
Deux-ponts, Seigneur de Bitche: Bernard
d'Orley, Seigneur de Zinfter, Chevalier &
Jufticier des Nobles dudit Pays de Luxem-
bourg: André de Haraucourt, Seigneur de
Brandembourg: Gafpard de Raville, Seigneur
de Sept-fontaines, Chevalier : Gérard, Sei-
gneur de Wiltz Richard de Mérode, Sei-
gneur de Hoffalize: Gérard de Pallant, Sei-
gneur de Reulland: Théodore d'Autel, Sei-
gneur de Hollenfelz: Bernard, Seigneur de
Bourscheid: Jean de Ville, Seigneur de Mont-
quintin, Chevalier : Louis de Chinery, Sei-
gneur de la Grange: Bernard, Seigneur de
Wiltz Jean de Dommarien, Seigneur de
Blangi, Capitaine de la Bourgeoilie de Lu-
xembourg Gerard, Seigneur d'Otrange
Jean, Seigneur de Villemont: Jean de Pu
telange; Jean, Bernard & Gilles de Hond-
lange, tous trois freres: Henri de Valberg
le jeune: Henri de Glaba; Cunon de Schvar-
zembourg: Jean de Viller: Giles de Buftei-
den, tous deux Confeillers, & Henri Hoklin,
Secrétaire du Duc de Luxembourg.

Il eft remarquable que, dans cet acte,
on ne nomme aucun Seigneur Lorrain, ni
Barrifien, ni Meffin, quoiqu'on y recon-
noiffe que les fiéges de Ville en queftion,
étoient entrepris par ceux de Lorraine, du
Barrois, & de Metz. C'eft qu'apparemment
ceux-ci ne furent pas obligés à recourir à
T'emprunt, ou plutôt qu'ils firent leur affaire
par des Actes diftincts & féparés. En effet
on a ces Actes à part.

Après la prife de Rodemach, le Seigneur de cette Place ayant obtenu le pardon de la felonie, l'Empereur Maximilien, à la follicitation des perfonnes puiffantes, lui avoit rendu fa Seigneurie ; mais ayant de nouveau violé fes fermens, en s'alliant avec la France, & s'emparant des Fortereffes de Georges de Virnembourg, & nommément de Neverbourg, de Richemont & d'Hefpérange, le

RIÉVAL, Abbaye, Ordre de Prémontré.

RIEVAL, en Latin, Regia Vallis, Abbaye de l'Ordre de Prémontré, fituée dans un vallon aflez étroit, fur la grande-route de Paris à Nancy & à Strasbourg, éloignée de Commercy d'environ deux lieuës, & du Bourg de Void d'une demie lieue, eft dans le Barrois, Seigneurie de Commercy, du Diocèfe de Toul, Bailliage de Commercy, Communauté de la Neuville-au-rupt.

Cette Abbaye, quoique d'un revenu assez modique, & d'une ftructure peu apparente, est toutefois Mere de plufieurs Abbayes, qui font beaucoup plus puiffantes que leur Mere, comme font, Sainte-Marie-aux-Bois, aujourd'hui dans la Ville de Pont-à-Mouffon, Jandure au Duché de Bar, Jovillier, Rangeval, Saint Etienne, qui eft le principal Monaftere de Prémontré en Hongrie, au Diocèfe de Varafdin, Sainte-Croix au Diocèfe de Vacia, & Grabe au Diocèfe de Strigonie. Riéval avoit autrefois dans fa dépendance un Monastere de Religieufes du même Ordre de Prémontré, mais qui n'a fubfifté longpas tems.

Annales Ordin. Præmonftrat. T. 2.

Riéval reconnoît pour fon Fondateur Renaud I. du nom, Comte de Bar, avec Gifelle de Vaudémont, fa femme, du confentement d'Etiennette, fille de la Comteffe de Commercy, qui céda le Vallon où cette Abbaye eft bâtie, avec l'approbation d'Etienne de Bar, Evêque de Metz, frere du Comte Renaud, Fondateur. On fixe ordinairement cette fondation à l'an 1140 ou 1141. Onne trouve plus la Chartre de fondation; l'Auteur des Annales de l'Ordre de Prémontré, conjecture que Riéval devoit fubfifter dès l'an 1124. Il fonde fa conjecture fur les Colonies qui font forties de ce Monaftere, qui devoit être nombreux & puissant, pour fournir des Religieux à trois ou quatre Monafteres de Lorraine, & à-peu-près autant dans la Hongrie.

Mais pour fixer la fondation de l'Abbaye de Rieval à l'an 1124, il faudroit fçavoir l'époque des Colonies qu'elle envoya en divers autres Monafteres, & le tenips de la conversion & de la mort de Herbert, premier Abbé de Riéval, qui vivoit en 1148, puif qu'en cette année il obtint un Privilége du Pape Eugene III, en 1141.

су,

Henri, Evêque de Toul, donna, en 1141, à Herbert ou Hubert, Premier Abbé de Rićval, l'Autel du lieu de Jovillier. Cette Abbaye avoit pour Abbé, en 1165, un nommé Drogo; en 1178 & 1183, Gautier ou Vautier, fous Pierre, Evêque de Toul. En 1381, Archives de Regnier, Abbé de Riéval, donna quittance Lorr. Layette à la Comteffe de Naffau, Dame de CommerCommercy, 1. de dix frans d'or, qui avoient été légués à fa Maifon par Jean, Comte de Sarrebruche, Bouteillier de France, pour faire fon anniversaire, qui furent employés à réparer le Moulin de Riévaux, c'est à dire, Riéval. Cette Abbaye embrafla la Réforme en 1664. Les Abbés de Riéval ont prétendu que l'Abbaye de Rengéval étoit de leur filiation: ceux de Prémontré ont foutenu au contraire qu'elle leur étoit foumife immédiatement; & le Chapitre Général de l'Ordre a décidé en faveur de ces derniers. L'Abbaye de Jovillier eft fille de Riéval.

Quant au Monaftere des Religieufes fondé par Herbert, Premier Abbé de Riéval, il étoit fitué dans le Bourg de Void, à une demie lieuë de Riéval, ou au voisinage; il fubfiftoit

encore en 1160.

On peut voir la lifte des Abbés de Riéval à la tête du dernier Tome de l'Hiftoire de Lorraine.

RIGNY-LA-SALLE.

RIGNY-LA-SALLE, Riniacus ad Aulam Regiam. Ce lieu cft célébre par l'Affembléc

des Empereurs d'Allemagne & des Rois de France, qui y ont eu fouvent des entrevûes, comme ès années 1212, 1224, 1238 & 1299. Voyez l'article, Vaucouleurs. Ce lieu eft fitué fur la riviere de Meufe. L'Eglife a pour Patron, Notre-Dame en fa Nativité. Collateur, l'Abbé de S. Manfui. Décimateurs, le même Abbé pour les deux tiers dans la groffe & menue dixme, & le Curé pour l'autre tiers & les novales. Ce lieu eft du Bailliage de Chaumont.

Noble Jean Brunel, Bourgeois de Toul, & Damoifelle Françoife Fleury, fon époufe, donnerent, par contrat du 22 Décembre 1649, aux Peres Prêcheurs de la ville de Toul, une maison qu'ils avoient à Rignyla-Salle, avec les jardins & les dépendances, pour y établir un Vicariat de leur Ordre dépendant de la Maison de Toul. Les Fondateurs y ajouterent quelques héritages chargés de Mefles annuelles. Ces Religieux y ont eu un établissement pendant quelques années; mais le Roi de France n'ayant pas jugé à propos de confirmer cet établillement, les Religieux fe retirérent à Toul, où ils s'acquittent des charges de la fondation. La Confrairie du Rofaire fut érigée dans leur Chapelle de Rigny, par les libéralités de François de Malpierre & de Claude des Salles, Seigneurs de Rorté & de Malpierre, & d'Anne de Malpierre, épouse dudit Claude des Salles.

Il y avoit autrefois à Rigny un Prieuré de l'Ordre de St. Benoît, dependant de l'Abbaye de S. Manfui de Toul ; mais il n'en refte aujourd'hui que quelques veftiges.

Le Château de Malpierre appartient à préfent à la Maison de Rorté.

Rigny-Saint-Martin étoit autrefois la MereEglite de Rigny-la-Salle; mais il n'en reste plus que l'Eglife avec le Ban, dont les Décimateurs font les mêmes qu'à Rigny-la-Salle, & en pareille quotité.

Dépend le Ban de Quatre-vaux, fur lequel eft fituée l'Eglife de Saint Fiacre; mêmes Décimateurs qu'à Rigny.

RIGOL.

y a

RIGOL, en Latin, Rigodulum, Village fur la gauche de la Mofelle, environ à un mille d'Allemagne au-deffous de Tréves. Ce Village appartient à l'Abbaye de S. Maximin de Tréves, à laquelle il a été donné il très-long-tems par le Roi Dagobert. Il y a beaucoup d'apparence que c'est l'ancien Rogodulum dans Ammien Marcellin, L. 16. c. 4. ou felon d'autres Exemplaires, Rigomagus. Tacite nous donne lieu de croire que Rigodulum étoit près de la ville de Tréves. Tacit.

Hist. lib. 4. c. 71. puifqu'il dit que Céréalis,
après avoir pris Rigodulum, fe rendit le len-
demain à Tréves. On peut voir le Diction-
naire Géographique de la Martiniere fous le
mot Rigodulum, où il tâche de concilier Am-
mien Marcellin avec Tacite, qui ne s'accor-
dent pas dans la pofition de Rigodulum & de
Ridomagus.

RINEL, on RÈNNEL,& BENOITE-VAUX,

Abbaye de Citeaux.

RINEL en Baffigny, entre Benoite-vaux
& Saint-Blin, à-peu-près à diftance égale de
la Meufe à l'Orient, & de la Marne au Cou-
chant, frontiere de l'Evêché de Langres. On

croit que lc pere de fainte Salaberge & de
Bodon-Leudin, Evêque de Toul, en étoit
Seigneur. Ce qui eft certain, c'eft que les
Seigneurs de ce lieu, dans la fuite, fe faifoient
honneur d'être parens de cette Saintc.

Jean de Joinville, fils aîné de Simon de
Joinville, époufa en fecondes nôces Alix de
Rinel, dont il eut Anfelme de Joinville, qui
eut pour femme Marguerite de Vaudémont,
fœur & héritiere de Henri V, Comte de
Vaudémont. Elle époufa en troifiémës nôces
Ferry de Lorraine, fils puîné du Duc Jean
1, & frere du Duc Charles II. Ils vivoient
encore ensemble en 1402. En voilà affez
pour prouver l'illuftration de la Maison de
Rinel. Voyez la Généalogie de cette Maifon
dans l'Hiftoire des Evêques de Toul, p. 111.
Pierre de Brixey, qui fuccéda en l'Evêché
de Toul en 1167, à Henri de Lorraine, étoit
de la Maifon de Rinel par fa mere Mathilde
de Rinel, femme de Pierre de Brixcy. Ce
Hiftoire de Prélat, à la priere de Viard de Rinel, fonda
Lorr. T. 2. dans ce lieu, en 1185, ou confirma la fon-
pag. 549. dation d'une Collégiale de treize Chanoines,
auxquels il affigna des fonds fuffifans pour
leur fubfiftance, & fe réserva la nomination
aux Canonicats, à lui & à fes fucccfleurs, à
perpétuité.

Il dit, dans le titre de fondation, que les
Chanoines pourront choifir un d'entr'eux
pour Prévôt, & un Doyen, qui feront obligés
de fe préfenter à l'Evêque de Toul, pour en
Iccevoir l'Inveftiture, & que l'Evêque les ren-
voyera à l'Abbaye de S. Manfui, pour y prêter
le ferment de fidélité; parce que l'Eglife Col-
légiale de Rinel eft fondée fur un ancien fonds
appartenant à cette Abbaye,apparemment fur
le fonds du Prieuré de S. Laurent de Rinel,
fondé avant l'an 1154, puifqu'en cette année
le Pape Adrien IV, dans la confirmation des
biens du Monaftere de Saint Manfui-lès-
Toul, marque expreffement, Cellam apud
Caftrum Rinellum fitam, cum omnibus poffeffio-
nibus fuis.

En 1567, l'Eglife du Prieuré de Rinel,

avec tous les édifices, furent brûlés par les
Huguenots, enforte qu'à peine fçait-on où il
étoit fitué; & les Prieurs ont depuis fait faire
l'Office dans l'Eglife Collégiale de Notre-
Dame de Rinel, à l'Autel de Saint Nicolas,
appellé maintenant de St. Laurent. Après
diverfes viciffitudes de commende & de ré-
gularité, le Prieuré de St. Laurent eft rentré
en règle, par la démiffion que M. le Pricur
de Chaulieu en a faite en 1713, en faveur
du R. P. Dom Humbert Barrois, aujourd'hui
Abbé de Moyenmoutier, qui a lui-même
réfigné ledit Prieuré au R. P. Dom Sébastien
Guillemin, qui le poffède aujourd'hui depuis

1731.

Pouillé do

eft compris le Doyenné de Bloife. L'Eglife
Rinel a titre d'Archidiaconé, fous lequel Le P. Benoit;
de ce lieu a pour Patron, Notre-Dame. Le
Chapitre de Rinel eft Collateur de la Cure,

& le Prieur de Saint Laurent au même lieu,

poffède toute la dixme ; le Curé prend les
Novales avec fa portion congruë.

BENOIT E-V A U X.

Toul. T. 1.

Pag. 2.

1145. nov.

Ce lieu eft de l'Intendance de Champagne,
Bailliage de Chaumont, Officialité de Vau-
couleurs. On raconte que S. Bernard guérit à Via S. Bern.
Rinel un jeune homine, nommé Simon, qui Tom. 2. pag.
étoit boiteux, auquel il rendit l'ufage de fes
jambes, & le fit marcher droit. On croit que
c'eft en mémoire de ce miracle qu'on bâtit
au même lieu une Abbaye de l'Ordre de
Cîteaux, nommée Benoite vaux, Benedicta-
vallis, qui eft de la fondation des Seigneurs
de Rinel & de ceux de Joinville.

M. Baugier, dans fes Mémoires fur la
Champagne, T. 2. p. 247, dit que le Mona-
ftere de Benoite -vaux, Ordre de Cîteaux,
eft aujourd'hui entiérement ruiné, & qu'il
ne confifte plus qu'en la perfonne de l'Ab-
beffe & de deux Religieufes, qui se font ré-
fugiées au Faubourg de Saint Jean de Chau-
mont, où elles n'ont pas plus de fept cens
livres de revenu. Elles ont été transférées de-
puis à Rinel, où elles vivent avec édification.

L'Hôpital de Rinel eft très-peu confidé-
rable, & les revenus en font confondus avec
ceux de la Fabrique de l'Eglife Paroiffiale.
Meffieurs de la Maifon de Rennelle poffedent
aujourd'hui la Seigneurie de ce lieu.

RIO COURT.
Voyez Villotte, cy-après.
RISTE, ON RICHE, on RISSE.

он

RISTE eft un Village du Diocèfe de Metz,
fitué entre Morhange au Nord, & Château-
Ouël au Midi. On croit avec beaucoup d'ap-
parence, que c'eft de ce lieu que la Maison
de Rifle, autrefois très-illuftre en Lorraine,
tiroit fon nom & fon origine. Dans des

Editio.

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