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ner le nom de faint Ignace (3). Saint Chryfof- tome exhortoit fortement les Chrétiens d'Antio FÉVRIER 1. che à vifiter les offements du faint Martyr, & il donnoit une nouvelle force à fes exhortations en montrant les merveilleux avantages que les Fideles retireroient de cette vifite, tant pour le corps que pour l'ame (4). Les Reliques de notre Saint font maintenant à Rome, dans l'Eglife de faint Clément, Pape & Martyr. Elles y fu rent apportées fous le regne d'Héraclius, vers le temps où la ville d'Antioche tomba entre les mains des Sarrafins (5). Il y a quelques parcelles des offements de faint Ignace chez les Chanoines-Reguliers d'Arouaife, près Bapaume, en Artois; chez les Bénédictins de Lieffies, en Haynaut; & dans quelques autres Eglifes (6). La fête de notre Saint eft d'obligation chez les Grecs, qui la célebrent le 20 de Décembre, jour auquel il fut martyrisé.

Pour peu qu'on life attentivement les Épîtres de faint Ignace, on fe fentira comme tranfporté hors de foi-même, en voyant jusqu'à quel degré de perfection il porta la douceur, l'humilité la patience, le détachement du monde, l'amour de Dieu & du prochain, le défir du martyre. Cette lecture deviendra encóre pour nous une fource d'inftructions falutaires. Pourrons-nous en effet ne pas être pénétrés de confufion, lorfque notre lâcheté fera mife en contrafte avec la ferveur des Saints de la primitive Eglife? Mais écoutons

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& not. ad Mart. Rom. ad 17
Decemb.

(6) Henfchénius, Febr. T. 1.

P. 35.

faint Ignace lui-même

& finiffons fa Vie par

FÉVRIER 1. l'analyse de fon Épître aux Philadelphiens. Il la commence par recommander fortement l'union avec l'Évêque, les Prêtres & les Diacres. « Vo» tre Évêque, dit-il, eft folidement établi dans » l'humilité & dans l'amour de Jefus-Christ. La » gravité de fes mœurs eft telle, que fon filence » feul a plus de force pour perfuader, que les » vains difcours des autres. Son ame eft ornée » de toutes fortes de vertus, & poffede la dou

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ceur du Dieu vivant, qui la rend fupérieure » aux mouvements de la paffion & de la co»lere ». Il exhorte enfuite les Philadelphiens à fuir le fchifme & l'héréfie. « Ce font, continue»t-il, des plantes pernicieufes que Jesus-Chrift »ne cultive point, parce qu'elles n'ont pas été » plantées de la main du Pere...... Quiconque » appartient véritablement à Dieu & à Jefus» Chrift, demeure attaché à l'Évêque... Si quel » qu'un se rend partifan du fchifme & de l'erreur, il n'aura point de part à l'héritage de » Dieu..... Ufez d'une feule Euchariftie; car il » n'y a qu'une feule chair de N. S. J. C. & un feul » calice qui nous unit tous en fon fang. Il n'y a » qu'un Autel, comme il n'y a qu'un Évêque avec »le College des Prêtres & des Diacres, qui parta » gent le miniftere avec nous. En agissant ainfi, » vous ferez tout conformément à la volonté de » Dieu. Ce que je dis, mes Freres, ne part que de » l'ardent amour que je yous porte; je cherche » à vous précautionner contre les pieges qu'on » pourroit tendre à votre Foi. Ce n'eft point moi

qui vous parle, mais Jefus-Chrift même, dont »je redoute les jugements plus que jamais, quoi» que je fois chargé de fers pour fon Nom, parce » que je me trouve encore très-imparfait. Mais

que

» j'espere obtenir, par le fecours de vos prieres,
» tout ce qui manque à ma foible vertu, afin
»j'entre en poffeffion de l'héritage que la misé-
» ricorde divine me prépare ».

Saint Ignace, après s'être élevé contre ceux qui adoptoient les cérémonies judaïques, & qui femoient des divifions, continue ainfi : « Lorfque » j'étois parmi vous, je criois à haute voix, » & par le mouvement de l'efprit de Dieu : Attachez-vous à l'Évêque aux Prêtres & aux - Diacres. Vous vous imaginiez alors que je ne » parlois ainfi qu'en vue de quelque divifion qu'il » m'étoit aifé de prévoir. Mais je prends à té» moin celui pour qui je fuis chargé de chaînes, » qu'à cet égard mes connoiffances n'ont eu rien » d'humain. C'eft l'efprit qui vous a dit par ma » bouche: Ne faites rien fans l'Évêque; gardez

vos corps comme le temple de Dieu; aimez » l'unité; fuyez les divifions, & foyez les imi» tateurs de Jefus-Chrift, comme il l'a été lui» même de fon Pere. J'ai fait tout ce que j'ai »pu, comme un homme amateur de l'union & de » la paix; car Dieu n'habite point là où régnent » la divifion & la colere: il pardonne pourtant » à tous ceux qu'un repentir fincere ramene à

leur devoir ». Il finit en conjurant les Philadelphiens d'envoyer quelqu'un de leur Eglife pour féliciter celle d'Antioche fur la paix qui lui avoit été rendue.

FÉVRIER 1.

FÉVRIER 1.

LE MÊME JOUR.
SAINT PIONE,
PRÊTRE ET MARTYR
à Smyrne.

CE Saint Prêtre de l'Eglife de Smyrne, avoit
hérité de l'efprit de faint Polycarpe, & étoit un
homme vraiment apoftolique. Il convertit un grand
nombre d'Idolâtres, en faifant fervir à la gloire
de Jefus-Chrift la profonde connoiffance qu'il
avoit des vérités de la Religion, & le talent de
la parole qu'il poffédoit dans un degré fupérieur.
Ses exemples avoient auffi une efficacité merveil-
leufe. La pâleur de fon vifage, qui annonçoit
l'austérité de fa vie, faifoit fur les coeurs l'impref-
fion la plus vive & la plus puiffante. Il fut arrêté le
23 Février 250, lorfqu'il célébroit la fête de faint
Polycarpe, avec Afclepiade & une femme Chré-
tienne, nommée Sabine. Une vifion qu'il avoit
eue la veille, l'avoit averti d'avance de ce qui
devoit lui arriver. Il venoit de prendre du pain
(a) & de l'eau après la priere folemnelle,
que Polémon, Prêtre des Idoles, fe faifit de lui
& de fes compagnons. Polémon fit d'inutiles ef-
forts pour les porter tous à facrifier; ils répondirent
généreufement qu'ils n'adoroient qu'un feul Dieu;
qu'ils étoient membres de l'Eglife Catholique, &
qu'ils fouffriroient plutôt mille morts, que de con-
fentir à ce que l'on exigeoit d'eux. Comme on de-
mandoit à Ásclépiade quel Dieu il adoroit : « Je-

lorf

(a) Ce pain est appellé saint | qui a donné lieu de croire que dans les Actes de S. Pione; ce c'étoit l'Euchariftie.

fus-Chrift, répondit-il. Mais, reprit Polémon, eft-ce un Dieu différent de celui dont vous avez FÉVRIER 1. » parlé ? Non, dit Afclepiade, c'est le même que

celui que nous avons confeffé ». Par-là il rendoit témoignage à la confubftantialité du Verbe, qui depuis fut définie contre les Ariens dans le Concile de Nicée. On menaça enfuite les foldats de Jefus-Chrift de les faire brûler vifs. Sabine s'étant mife à rire, les Païens irrités lui dirent : « Quoi, » vous riez ! Eh bien, on va vous expofer dans » un lieu de proftitution. Dieu, répondit Sabi»ne, faura prendre ma défense ». Rien n'ayant éte capable d'ébranler la conftance des Martyrs, on les conduifit en prifon. Ils refterent par choix dans un cachot obfcur & retiré, afin qu'étant feuls, ils euffent plus de liberté pour s'entretenir avec Dieu par la priere. On les en tira quelque temps après pour les traîner au Temple, & les forcer de facrifier aux Idoles. Déjà on avoit mis une couronne fur la tête de Pione; mais il la jetta par terre, & réfifta de tout fon pouvoir aux violences dont on ufoit, pour le faire participer du moins extérieurement aux cérémonies facrileges du Paganifme. C'étoit ainfi que ces généreux foldats de Jefus-Chrift réparoient, autant qu'il étoit en eux le fcandale caufé par Eudémon leur Evêque, qui avoit lâchement apoftafié; Pione fur-tout déconcerta la fureur des Juges par la fermeté de ses réponses aux différents interrogatoires qu'il fubit. Elles faifoient bien voir qu'il avoit une ame intrépide, détachée du monde, & que rien ne pourroit jamais féparer de l'amour de Jefus-Chrift. Le Proconful Quintilien étant arrivé á Smyrne fur ces entrefaites, on lui amena le Saint. Il ordonna qu'on l'étendît fur le chevalet, & qu'on lui déchirât le corps avec les ongles de

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