ܪ ter le nom de saint Ignace ( 3 ). Saint Chryfof- & Pour peu qu'on lise attentivement les Épîtres de faint Ignace, on se sentira comme transporté hors de soi-même , en voyant jusqu'à quel degré de perfection il porta la douceur , l'humilité ; la patience, le détachement du monde, l'amour de Dieu & du prochain, le désir du martyre. Cette lecture deviendra encore pour nous une source d'instructions falutaires. Pourrons-nous en effet ne pas être pénétrés de confusion, lorsque notre lâcheté sera mise en contraste avec la ferveur des Saints de la primitive Eglise ? Mais écoutons (3) Evagr. Hift. Eccl. 1. 1., & not. ad Mart. Rom. ad 17 Decemb. P. 35. faint Ignace lui-même , & finiffons fa Vie par & FÉVRIER 1. l'analyle de son Épître aux Philadelphiens. Il la commence par recommander fortement l'union Dieu..... Usez d'une seule Euchariftie; car il » n'y a qu'une seule chair de N.S.J. C. & un seul » calice qui nous, unit tous en son sang. Il n'y a » qu’un Autel, comme il n'y a qu'un Évêque avec » le College des Prêtres & des Diacres, qui parta» gent le ministere avec nous. En agissant ainsi, » vous ferez tout conformément à la volonté de » Dieu. Ce que je dis, mes Freres, ne part que de » l'ardent amour que je vous porte ; je cherche » à vous précautionner contre les pieges qu'on » pourroit tendre à votre Foi. Ce n'est point moi » qui vous parle , mais Jesus-Christ même, dont » je redoute les jugements plus que jamais , quoi, » que je fois chargé de fers pour son Nom , parce » que je me trouve encore très-imparfait. Mais 4. j'espere obtenir , par le secours de vos prieres, que FÉVRIER s. » l'entre en possession de l'héritage que la misé» ricorde divine me prépare ». Saint Ignace, après s'être élevé contre ceux qui adoptoient les cérémonies judaiques , & qui femoient des divisions, continúe ainsi : « Lorsque » j'étois parmi vous , je criois à haute voix, »; & par le mouvement de l'esprit de Dieu : At» tachez-vous à l'Évêque , aux Prêtres & aux « Diacres. Vous vous imaginiez alors que je ne » parlois ainsi qu'en vue de quelque division qu'il » m'étoit aisé de prévoir. Mais je prends à té» moin celui pour qui je suis chargé de chaînes , » qu'à cet égard mes connoissances n'ont eu rien » d'humain. C'est l'esprit qui vous a dit par ma » bouche : Ne faites rien fans l'Évêque ; gardez » vos corps comme le temple de Dieu ; aimez » l'unité ; fuyez les divisions, & foyez les imi» tateurs de Jesus-Christ, comme il l'a été lui» même de fon Pere. J'ai fait tout ce que j'ai o pu, comme un homme amateur de l'union & de » la paix; car. Dieu n'habite point là où régnent la division & la colere : il pardonne pourtant » à tous ceux qu'un repentir fincere ramene å » leur devoir ». Il finit en conjurant les Philadelphiens d'envoyer quelqu'un de leur Eglise pour féliciter celle d'Antioche sur la paix qui lui avoit été rendue. FÉVRIER 1, LE MÊ ME JOU R. Ι Ν Τ à Smyrne. E Saint Prêtre de l'Eglise de Smyrne, avoit hérité de l'esprit de faint Polycarpe , & étoit un homme vraiment apoftolique. Il convertit un grand nombre d'Idolâtres, en faisant servir à la gloire de Jesus-Christ la profonde connoissance qu'il avoit des vérités de la Religion , & le talent de la parole qu'il possédoit dans un degré supérieur. Ses exemples avoient aussi une efficacité merveilleuse. La pâleur de son visage , qui annonçoit l'austérité de sa vie , faisoit sur les caurs l'impresfion la plus vive & la plus puissante. Il fut arrêté le 23 Février 250, lorsqu'il célébroit la fête de faint Polycarpe, avec Asclepiade & une femme Chrétienne, nommée Sabine . Une vision qu'il avoit eue la veille, l'avoit averti d'avance de ce qui devoit lui arriver. Il venoit de prendre du pain (a) & de l'eau après la priere folemnelle, lorfque Polémon, Prêtre des Idoles, se saisit de lui & de ses compagnons. Polémon fit d'inutiles efforts, pour les porter tous à facrifier ; ils répondirent généreusement qu'ils n'adoroient qu'un seul Dieu; qu'ils étoient membres de l'Eglise Catholique , & qu'ils souffriroient plutôt mille morts, que de consentir à ce que l'on exigeoir d'eux. Comme on demandoit à Asclépiade quel Dieu il adorait : « Je . (a) Ce pain est appellé faine qui a donné lieu de croire que dans les actes de S. Pione; ce c'étoit l'Eucharistie. » fus-Christ, répondit-il. Mais, reprit Polémon, est-ce un Dieu différent de celui dont vous avez FÉVRIER 1. y parlé ? Non, dit Asclepiade , c'est le même que » celui que nous avons confessé ». Par-là il rendoit témoignage à la consubstantialité du Verbę , qui depuis fut définie contre les Ariens dans le Concile de Nicée. On menaça ensuite les soldats de Jesus-Christ de les faire brûler vifs. Sabine s'étant mise à rire, les Païens irrités lui dirent : « Quoi, » vous riez ! Eh bien, on va vous expofer dans » un lieu de prostitution. Dieu , répondit Sabi» ne, saura prendre ma défense ». Rien n'ayant éte capable d'ébranler la conftance des Martyrs, on les conduisit en prison. Ils resterent par choix dans un cachot obscur & retiré, afin qu'étant seuls, ils eussent plus de liberté pour s'entretenir avec Dieu par la priere. On les en tira quelque temps après pour les traîner au Temple ,' & les forcer de sacrifier aux Idoles. Déjà on avoit mis une couronne sur la tête de Pione; mais il la jetta par terre, & réfifta de tout son pouvoir aux violences dont on usoit , pour le faire participer du moins extérieurement aux cérémonies facrileges du Paganisme. C'étoit ainsi que ces généreux foldats de Jesus-Christ réparoient , autant qu'il étoit en eux, le scandale cause le scandale causé par Eudémon leur Evêque, qui avoit lâchement apostasié; Pione, fur-tout déconcerta la fureur des Juges par la fermeté de ses réponses aux différents interrogatoires qu'il subit. Elles faisoient bien voir qu'il avoit une ame intrépide , détachée du monde, & que rien ne pourroit jamais séparer de l'amour de Jesus-Chrift. Le Proconsul Quintilien étant arrivé á Smyrne fur ces entrefaites amena le Saint. Il ordonna qu’on l'étendît fur le chevalet, & qu'on lui déchirât le corps avec les ongles de 9 on lui |