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étoit celui de faint Auguftin, & écrions-nous en FÉVRIER 2. fuité avec lui : « Je vous ai connu trop tard, j'ai » commencé trop tard à vous aimer, ô beauté » plus ancienne que le monde » ! Mais ne nous y trompons pas; notre facrifice ne peut être agréé du Seigneur, s'il eft imparfait. Ce feroit l'infulter que de lui offrir en union avec Jefus-Chrift un cœur partagé entre fon amour & celui des créatures, ou un cœur infecté de quelque fouillure volontaire. Purifions donc le nôtre de tout ce qui pourroit bleffer les yeux de fon infinie Majefté; examinons s'il n'y a point quelque réserve secrette pour le monde & pour fes faux biens; faifons fuccéder à cet examen le repentir de nos infidélités paffées, & une ferme réfolution de ne plus vivre que pour Dieu, de nous confacrer entiérement à fon fervice, & de rapporter uniquement à fa gloire l'usage de nos fens & de toutes les facultés de notre ame. Si nous fommes dans de pareilles difpofitions, le facrifice que nous ferons de nous-mêmes au Seigneur ne pourra manquer d'être accepté, & d'attirer fur nous les plus abondantes bénédictions. Il eft encore une chofe que nous ne devons pas perdre de vue; c'eft que Jefus-Chrift voulut être préfenté au Temple par les mains de fa fainte Mere. Prions auffi Marie de fe charger du foin de préfenter à Dieu notre offrande. Elle eft le canal des graces; quoi de plus propre à exciter en nous une entiere confiance en fa puiffante médiation!

La cérémonie de ce jour fut terminée par un troifieme Mystere, par la rencontre qui se fit dans le Temple du vieillard Siméon & de la prophé teffe Anne avec Jefus & fes parents (a). Siméon

(a) C'est pour cela que les cette fête, Hypante, c'est-à-dire, Grecs appelloient anciennement Rencontre.

ayant pris dans fes bras le divin Enfant, l'objet de fes défirs les plus ardents, fe livra aux tranf- FÉVRIER 1a ports de la plus vive reconnoiffance, & bénit Dieu de lui avoir accordé la confolation de voir le Meffie attendu depuis fi long-temps. Il prédit enfuite à Marie qu'elle feroit tranfpercée d'un glaive de douleur aux pieds de la Croix fur laquelle fon Fils expireroit, & qu'en même temps qu'il feroit une cause de falut & de résurrection pour ceux qui croiroient en lui; il feroit une caule de ruine & de réprobation pour ceux qui refuferoient de le reconnoître, ou qui, l'ayant une fois reconnu, ne vivroient pas d'une maniere conforme à fes maximes. Marie écouta en filence cette terrible prédiction; & au lieu de s'abandonner au trouble & à la crainte, elle fe foumit aux ordres du Ciel avec autant de réfignation que d'humilité. Anne, qui furvint dans le même inftant, louoit auffi le Seigneur, & parloit de Jefus à tous ceux qui attendoient la Rédemption. Cette prohéteffe étoit une fainte veuve, qui, depuis la mort de fon mati, demeuroit fans ceffe dans le Temple, fervant Dieu nuit & jour dans les jeûnes & la priere. De tous les Juifs, il n'y eut que Siméon & Anne qui connurent Jefus-Chrift. Ceci ne nous étonnera point, fi nous nous rappellons que ce divin Sau veur ne se manifefte qu'à ceux qui le cherchent avec de vifs fentiments de ferveur, d'humilité, de fimplicité & d'amour. Les avons-nous ces fentiments fans lefquels on ne peut trouver J. C. Qu'il eft à craindre que le témoignage de notre confcience ne nous foit contraire! Il eft dit encore de Siméon qu'après avoir eu le bonheur de voir J. C. il ne conferva plus aucune attache pour le monde & les créatures vifibles. Cette difpofition eft-elle bien commune parmi ceux qui fe préten

dent difciples du même Jesus-Chrift? Que l'on FÉVRIER 2. en juge par le foin qu'ils prennent de fe procurer toutes leurs aises, & par la crainte qu'ils ont de quitter une vie, dont prefque tous les inftants font marqués par de nouvelles infidélités. Les entendon foupirer après le jour où l'ame des juftes, dégagée des liens du corps, & affranchie de la fervitude du péché, ira s'abymer éternellement dans le fein de Dieu, pour l'aimer fans partage comme fans interruption?

Sur la Benediction des Cierges & fur la Proceffion qui fe font en ce jour.

La Proceffion que l'on fait en ce jour avec des cierges allumés, eft fort ancienne dans l'Eglife (b). Le concours de peuple raffemblé par cette cérémonie, eft, felon S. Bernard, le fymbole de notre union & de notre charité, & rend nos prieres beaucoup plus agréables au Seigneur. On bénit les cierges que l'on porte à la Proceffion, parce que l'Eglife a coutume de fanctifier par la priere & la bénédiction tout ce qui doit être employé au fervice divin. On porte des cierges allumés, pour représenter le feu de l'amour facré qui doit embrâfer nos cœurs, & en bannir tout mélange de feu étranger, tel que feroit celui des diverfes paffions que produit la concupifcence. Par-là nous honorons encore Jesus-Christ, qui eft défigné dans l'Ecriture fous le titre de lumière (8), & qui eft venu fur la terre pour diffiper nos ténebres fpirituelles. Nous nous rappellons auffi l'obligation où nous fommes de préparer fes voies

(b) Le Pape Gélafe I, faint Ildéfonfe, faint Éloi, Serm. 2. faint Sophrone de Jérufalem, faint Cyrille d'Alexandrie, &c.

en parlent dans les difcours
qu'ils ont faits fur cette fête.
(8) Joan, I. 9. Luc. II. 3.

par de bonnes œuvres, qui doivent nous rendre la lumiere du monde (9). Enfin cette cérémonie FÉVR:ER 20 a été inftituée pour honorer la Purificaion de la Sainte Vierge, & pour remercier Jesus-Chrift de ce qu'il a bien voulu fe revêtir de notre chair, & fe préfenter à Dieu fon Pere pour notre rédemption. Le moyen de nous la rendre utile, eft d'entrer dans les fentiments de piété & d'amour que nous aurions éprouvés, fi comme Siméon & Anne, nous euffions été les témoins oculaires des Myfteres qui s'operent en ce jour (c).

(9) Matth. V. 6.

l'Eglife, on ne peut douter qu'it (c) La coutume d'allumer des ne foit de la plus haute antiquité. cierges dans l'Eglife pendant la Les Canons Apoftoliques parcélébration des divins Mysteres, lent de l'huile destinée à l'enla lecture de l'Evangile, & l'ad- | tretien des lampes qui brûloient ministration des Sacrements, dans l'Eglife (can. 3). Plufieurs date des premiers fiecles du Chrétiens allumoient auffi des Chriftianifme. Elle fut introduite lampes devant les corps des par le défir de rendre aux chofes Saints; ce dernier fait eft attesté faintes l'honneur & le refpect par Prudence (Hym. 2.) & par qui leur font dus. C'étoit auffi S. Paulin (Nat. III. v. 98). pour cela que chez les Juifs on N'est-il pas juste en effet que allumoit des lampes devant le les créatures corporelles que Seigneur dans le Tabernacle & Dieu a créées pour notre usage, dans le Temple (Exod. XXVIII. fervent auffi à fon honneur & 20). Anciennement on recevoit à fa gloire? Elles contribuent les Grands avec des flambeaux d'ailleurs à exciter la dévotion allumés, comme nous l'appre- dans nos ames; car elles font nons du deuxieme livre des Ma-à nos yeux ce que les paroles chabées, c. 4. v. 22. où nous voyons que le Roi Antiochus fut reçu de la forte à Jérufalem. Les illuminations font auffi le fymbole de la joie. De là vient qu'on en faifoit autrefois à l'arrivée des Empereurs Romains, & dans les événements où l'on vouloit exprimer l'allégreffe publique. Ceci fe pratique encore aujourd'hui. Mais pour revenir à l'ufage des lumieres dans

font à nos oreilles; l'impreffion
qu'elles font fur nos organes re
mue les affections de nos cœurs.
(Voyez le Traité des devoirs
d'un Pafteur, par feu M. Butler,
Évêque de Durham). Nous
avotons que la piété eft quel
que chofe d'intérieur & de fpi-
rituel, & qu'elle confifte dans
la ferveur de l'ame; mais on doit
avouer en même-temps que les
fignes fenfibles contribuent beaus

FÉVRIER 2.

Sur la pratique obfervée dans l'Eglife de relever les femmes après leurs couches.

Le Seigneur, dans l'ancienne Loi, avoit dé clarées impures certaines actions, qui, quoique innocentes en elles-mêmes avoient cependant un rapport éloigné au péché. De ce nombre étoit l'accouchement. Dieu faifoit entendre par-là que l'origine de l'homme étoit impure, qu'il étoit conçu & né dans le péché. Les rits judaïques ayant été abrogés par la promulgation de l'Evangile, on ne doit plus craindre les impuretés légales, & il y auroit une fuperftition criminelle à recourir aux cérémonies usitées dans la Synagogue, fous prétexte de fe purifier. Les meres chrétiennes ne vont donc point à l'Eglife avec l'intention que fe propofoient les femmes Juives en allant au Temple, c'eft-à-dire, pour être purifiées de quelque ta che contractée par leur accouchement; mais elles y vont pour s'acquitter d'un devoir commun à tous les hommes, pour payer au Seigneur un jufte tribut de louanges & d'actions de graces.

Voici comment le Pape Innocent III s'exprime fur ce fujet : « Si les femmes défirent entrer dans » l'Eglife immédiatement après leurs couches, elles »ne péchent pas en y entrant, & on ne doit

pas les en empêcher; mais fi par refpect elles

coup à la foutenir & à l'animer.Ce ' s'élever jusqu'à Dieu. Condam
feroit donc être bien téméraire ner l'Eglife en ceci, ne feroite
que de condamner certaines cé ce pas condamner en quelque
rémonies que l'Eglife a inftituées forte Jefus Chrift lui-même,
pour de très bonnes raisons, qui fe fervit de fignes fenfibles
c'est-à-dire, pour donner de la dans l'inftitution des Sacrements,
décence & de la majesté au culte | ainfi que dans plufieurs des gué-
extérieur, & pour aider notre rifons miraculeufes qu'il opéra
fuibleffe, qui a besoin de quel- parmi les Juifs è
que chofe de fenfible, afin de

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