Elle d'Ercombert, Roi de Kent, & de fainte Sexburge (a). On ne pouvoit rien ajouter à l'éclat FÉVRIER 3. de fa naiffance, puifqu'elle étoit iffue du fang des principaux Rois Saxons. Elle eut le bonheur de ne point s'enorgueillir d'un avantage que le monde eftime tant, parce qu'elle avoit appris dès fon en fance à méprifer les grandeurs humaines. Elle avoit trois freres, Wulfade & Rufin qui reçurent la couronne du martyre, & Kenred qui mourut à Rome en odeur de fainteté. Erménilde, leur vers tueuse mere, n'avoit rien négligé pour cultiver ces jeunes plantes que le Ciel lui avoit confiées; auffi eut-elle la confolation de les voir croître en grace & en fageffe devant Dieu & devant les hommes. Wéréburge fur-tout avoit répondu à fes foins d'une maniere particuliere. Son humilité fon obéiffance & fa douceur avoient quelque chofe d'extraordinaire. Elle affiftoit régulièrement aux Offices de l'Eglife avec fa mere. La priere publique ne fuffifant point à la ferveur de fa dévotion, elle en faifoit dans fa chambre de particu lieres, qui duroient fouvent plufieurs heures de fuite. Elle avoit une fainte avidité pour les exhortations & les difcours de piété. Dans un âge où l'on n'a d'ardeur que pour les amusements & les vanités du fiecle, on remarquoit en elle cette gravité, cette décence & cet efprit de mortification qui caractérisent les ames parfaites. Toute autre joie que celle qui vient du témoignage d'une bonne confcience, lui étoit infipide. Sa componc (b) Wulfere faifoit la résiden- | tes du Paganisme; mais il fe laiffa ce près de Stone, dans le Comté fubjuguer par des vues toutes de Stafford. Peada, fon frere mondaines qui lui firent différer aîné, avoit commencé à planter la | Foi dans le Royaume de Mercie. Wulfere, qui fe fit Chrétien en fe mariant, promit d'extirper les refTome II. l'exécution de fa promeffe. La D — tion étoit fi vive, qu'elle ne ceffoit de déplorer FÉVRIER 3. fes miferes & la malheureufe néceffité où elle étoit de vivre éloignée de fon Dieu. Son amour pour la pureté s'alarmoit à la vue du moindre danger; elle confervoit cette vertu par une vigilance exacte fur tous fes fens, par des jeûnes rigoureux, & par une priere fervente & continuelle. Une rare beauté, jointe à de grandes qualités & à d'éminentes vertus, la fit rechercher en mariage par les plus confidérables partis; mais elle refta inébranlable dans la réfolution qu'elle avoit prise de confacrer à Dieu fa virginité. Le Prince des Saxons Occidentaux ayant employé de riches préfents pour la gagner, elle les refufa ainfi que fa main, en disant qu'elle avoit choifi pour époux le Seigneur Jefus, Rédempteur des hommes. Elle triompha avec encore plus de gloire des deffeins de Werbode, un des plus puiffants Seigneurs de la Cour. Wulfere, qui aimoit beaucoup ce Seigneur à caufe des fervices importants qu'il en avoit reçus, lui promit fa fille en mariage, à condition toutefois qu'elle y confentiroit. Cette promeffe affligea fenfiblement la Reine & les deux Princes Wulfade & Rufin. Ceux-ci, qui venoient d'embraffer la religion chrétienne, prétexterent une partie de chaffe, afin d'aller trouver faint Chad, Evêque de Litchfield, qui habitoit un hermitage, fitué dans une forêt. Ce Saint, après avoir achevé de les inftruire, les baptifa & les renvoya enfuite. Werbode, qui les favoit oppofés à fon mariage, réfolut leur perte. On dit même qu'il fe fit donner un ordre favorable à fon deffein par le Roi, qu'il anima contre fes enfants, en lui peignant fous de noires couleurs la vifite qu'ils avoient rendue à faint Chad, & en fubor hant de faux témoins qui les chargerent de crimes atroces. Ce miniftre perfide pouvoit tout fur l'ef- FÉVRIER 3. prit de Wulfere, & c'étoit lui qui l'avoit engagé à favorifer l'Idolâtrie; mais il ne tarda pas à fubir le châtiment que méritoient fes déteftables intrigues. Les Princes n'eurent pas plutôt été mis à mort, que le Roi en conçut la plus vive douleur. Alarmé par les reproches de fa confcience, il rentra en lui-même, fit pénitence de fon crime, & fe conforma en tout aux confeils de la Reine & de faint Chad. Il détruifit toutes les Idoles, changea leurs Temples en autant d'Eglifes, fonda l'Abbaye de Peterborough, & le Prieuré de Stone, où les deux enfants furent enterrés, & étendit le culte du vrai Dieu par fon zele & par fes exemples. Wéréburge, charmée d'une révolution fi peu attendue, ne craignit plus de découvrir à fon pere l'ardent défir qu'elle avoit d'embraffer l'état monaftique. Le Roi refufa d'abord fon confentement; mais il fut enfin obligé de céder aux inftances réitérées de fa fille. Il fe mit donc au-deffus des mouvements de la nature, & fit généreusement à Dieu le facrifice qu'il exigeoit de fa tendreffe. Il conduifit lui-même fa fille à Ely, étant accompagné de toute fa Cour. Sainte Audry, Abbeffe du Monaftere, vint proceffionnellement avec tou tes fes Religieufes, pour recevoir la Princeffe à la porte. Wéréburge demanda à genoux la grace d'être reçue dans la Communanté en qualité de pénitente, ce qui lui fut accordé. L'humilité & la patience avec lefquelles elle foutint les épreuves ordinaires, prouverent évidemment que fa vocation venoit de Dieu. Elle n'eut plus de volonté, ou plutôt elle n'agit plus que par l'impref fion de celle de fa Supérieure. Son pere affifta à la cérémonie de fa Profeffion avec plufieurs au FÉVRIER 3. tres Princes (b). Notre Sainte devint l'exemple de fes Sœurs par fon exactitude à obferver la Regle, par fon amour pour la priere, la contemplation & la pénitence. Elle quitta enfuite le Monaftere d'Ely, à la follicitation du Roi Ethelred, fon oncle, qui la chargea de rétablir la difcipline monaftique chez toutes les Religieufes de fon Royaume; ce Prince lui fournit encore des fonds. fuffifants pour bâtir trois Monafteres (c). Wéréburge ne négligeoit rien de tout ce qui pouvoit contribuer à la fanctification des ames confiées à fes foins. Sa conduite étoit une leçon continuelle de toutes les vertus. Indépendamment (b) Quelques Auteurs (ap. (c) Gelui de Trentham, dans de Wedon, dans le Comté de Northampton. Ethelred fonda autfi la Collégiale de S. JeanBaptifte, dans les fauxbourgs de Weft-Chester, & donna à faint Egwin un emplacement pour bâtir la célebre Abbaye d'Évesham. Ce Prince, après avoir régné 39 ans, fe fit Religieux dans le Monaftere de Bardney, dont il fut enfuite Abbé. Ce Monaftere étoit bâti fur le Witham, près de Lincoln. Ethelred remit la Couronne à Kenred, fon neveu, qui n'en avoit d'abord été exclus qu'à caufe de fon bas âge. Kenred régna avec autant de prudence que de piété. Il s'appliqua furtout à corriger les abus, & à étendre la connoissance du vrai Dieu. Il abdiqua, après cinq ans de regne, en faveur de Coëlred, fon coufin-germain, fit un pélerinage à Rome, y embrassa l'état monaftique en 708, & vécut très-faintement jufqu'à fa mort. de l'Office canonial, elle récitoit chaque jour le Pieautier à genoux. Après Matines, elle reftoit à FÉVRIER 3. P'Eglife, & y prioit jufqu'au lever de l'aurore, fe tenant ou à genoux, ou le vifage, profterné contre terre. Sa dévotion étoit fi tendre, qu'on lui voyoit fouvent les yeux baignés de larmes. Elle trouvoit un plaifir incroyable à lire les Vies des Peres du défert, & s'excitoit de plus en plus à imiter leur zele pour la perfection évangélique. De là, cet amour de la mortification qu'on remarquoit en elle. Sa nourriture n'avoit rien que de très-commun; encore ne faifoit-elle qu'un feul repas chaque jour. Dieu lui ayant fait connoître le moment de fa mort, elle le prédit à fes Sœurs. Elle entreprit enfuite la vifite de fes Monafteres. pour y donner fes derniers ordres, & mourut à Trentham, le 3 de Février, vers la fin du septieme fiecle. On l'enterra à Hanbury, comme elle, l'avoit défiré. En 708, fon corps fut levé de terre, en préfence du Roi Coëlred, de fes Miniftres & de plufieurs Evêques. Comme on l'avoit trouvé entier & fans aucune marque de corruption, on le mit dans une châffe fort riche, le 21 de Juin. Il resta deux cents ans en cet état; mais il tomba en pouffiere durant les incurfions des Danois. En 875, la châffe de notre Sainte fut portée à Weft-Chefter, & déposée dans une magnifique Eglife, qui devint enfuite Cathédrale (d). Nous lifons dans (d) Cette Eglise fut bâtie par | Comteffe Elflede imita la piété Ethelred, qui avoit épousé de fon mari, en fondant pluElflede, fille du Roi Alfred, fieurs Eglifes. Elle fit auffi en& que fon beau-pere créa pre-vironner Chefter de bonnes mumier Comte de Mercie, après railles, & le fortifia d'un ChâT'extinction de la Royauté dans teau, pour le mettre à l'abri ce pays. Il la fit deffervir par des infultes des Gallois, Deve des Chanoines féculiers. La'nue veuve, elle rebâtit les |