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AN. 1062.

LVI.

d'Angleterre.

Sup. liv. LIX.

n. 14.

de

Saint Edouard qui regnoit en Angleterre depuis vingt ans, étoit fils du roi Ethelred & d'Emme, four S. Edouard roi de Richard duc de Normandie. L'an 1013. peu Vita ap. Boll. 5. temps après fa naissance, le roi fon pere Penvoya avec Ja to 1.230: fa mere en Normandie, pour éviter la violence des Danois; & il y demeura pendant le regne de Canut le Grand, & de fes deux fils Harold & Canut II. Après leur mort, il fut rappellé en 1042. par Godoüin comte de Cant qui avoit époufé la fille de Canut I. & qui donna fa fœur à Edouard, mais il garda toute Pautorité. Car Edouard étoit un homme très-fimple, & qui avoit plus de pieté que de capacité pour le gouvernement : mais on vit une protection particuliere de Dieu fur lui, en ce que l'Angleterre fut tranquille pendant plus de vingt-trois ans qu'il regna, tant il étoit refpecté des fiens & craint des étrangers.

Dès la premiere année de fon régne, il se laissa tellement prevenir par Godoüin contre la reine fa mere qu'il lui ôta tous fes biens, Penferma dans un monaftere, & Pobligea de fe purger par le fer chaud du mauvais commerce, dont on Paccufoit avec l'évêque de Vincheftre. La reine Emme foûtint l'épreuve, & marcha nuds pieds fur neuf coutres de charuë ardens, fans se brûler. Le roi lui demanda pardon, reçut la discipline de la main des deux accufez, c'est-à-dire, de Pévêque & de fa mere, & leur rendit ce qu'il leur avoit ôté. Il redigea les loix qu'avoit publiées le roi Edgar fon ayeul, & que la domination des Danois avoit abolies. Elles comprenoient en substance ce que les rois plus anciens avoient ordonné, & contenoient plufieurs T. ix. conc. p. réglemens fur les matiéres eccléfiaftiques. Ces loix du roi Edouard furent fameufes & refpectées dans toute la fuite des temps.

1010.

Ce

Ce faint roi voulant reconnoître la

peres,

grace que Dieu

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lui avoit faite de Pavoir rétabli fur le trône de fes Charta. I. Edufit vœu d'aller à Rome en en pélerinage, & prépara ardi to. ix. conc. les frais du voyage & les offrandes qu'il devoit faire 1189. aux faints apôtres. Mais les feigneurs Anglois se souvenant des troubles paffez, & craignant que fon abfence n'en causât de nouveaux, vû principalement qu'il n'avoit point d'enfans, le prierent inflamment d'abandonner ce deffein, offrant de fatisfaire à Dieu pour fon væu, par des meffes, des prieres & des aumônes. Comme le roi ne fe rendoit point, on convint enfin d'envoyer de part & d'autre deux députez à Rome, fçavoir, Elrede évêque de Vorchestre & depuis archevêque de Cantorberi, & Herman évêque de Schireburne, avec deux abbez. Ces quatre députez devoient exposer au pape le vœu du roi & Poppofition des feigneurs ; & le roi promit de s'en tenir à la décifion du pape.

C'étoit Leon IX. & quand les députez arriverent à Rome, ils trouverent qu'il tenoit un concile avec deux cens cinquante évêques, devant lefquels ils expoferent le fujet de leur voyage; & le pape de lavis du concile, écrivit au roi Edouard une lettre, portant en substance; Puifqu'il eft certain que Dieu eft proche de tous ceux qui Pinvoquent fincérement en quelque lieu que ce foit, & que PAngleterre feroit en péril par votre abfence; nous vous abfolvons par l'autorité de Dieu & du concile, du péché que vous craignez d'encourir à cause de votre vœu ; & nous vous ordonnons pour pénitence, de donner aux pauvres ce que vous aviez préparé pour la dépenfe de ce voyage, & de fonder un monaftere en Phonneur de faint Pierre, foit que vous en bâtiffiez un nouveau, foit que vous en répariez un ancien. Nous

Tome XIII.

P

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LVII.

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confirmons dès-à-préfent toutes les donations & les priviléges que vous lui accorderez, & nous voulons qu'il ne foit foûmis à aucune puiffance laïque que la royale.

En exécution de cette bulle & de l'ordre que le réclus Vulfin prétendit en avoir reçu de faint Pierre par révélation, le roi Edouard réfolut de rétablir Pancien monaftere de faint Pierre, près de Londres, fondé dès le commencement de la converfion des Anglois, mais alors prefque détruit. On le nommoit Oüestminster à caufe de fa fituation; c'eft-à-dire, monaftere d'Occident. Pour cette œuvre le roi mit à part la dîme de tout ce qu'il avoit en or, en argent, en bétail & de tous fes autres biens; & ayant fait abattre l'ancienne église, il en fit bâtir une nouvelle.

le

Cependant le pape Leon IX. étant mort, le roi Edouard envoya au pape Nicolas II. Aldrede archevêque d'Yorc & deux évêques élûs pour être ordonnez par pape. Ils étoient chargez d'une lettre, par laquelle le roi demandoit qu'il confirmât la fondation de ce monaftere, & confirmoit de fon côté les revenus que le faint fiége avoit en Angleterre, & en envoyoit ce qui étoit échû avec des préfens de fa part. Le pape Nicolas, de Pavis d'un concile où les députez du roi furent oüis, confirma labsolution qu'il avoit obtenuë & la fondation du monaftere, le déclarant le déclarant exempt toute jurisdiction épifcopale, & en donnant au roi la protection, comme de toutes les églises d'Angleterre. Ce fut donc au retour de ce voyage que Parchevêque Aldrede amena les légats du pape.

de

Eglifes du Nord, Cependant Harold roi de Norvege y exerçoit une Adam. lib. I. cruelle tyrannie. Il abatit plusieurs églises, & fit mou

6. 18. P. 43,

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rir plufieurs Chrétiens par les fupplices. Il étoit même AN. 1062. adonné aux maléfices, que le faint roi Olaf son frere avoit travaillé à exterminer du pays avec tant de zéle, n. 13. qu'il lui en avoit coûté la vie. Harold, loin d'être touché des miracles qui fe faifoient à fon tombeau, en enlevoit les offrandes & les diftribuoit à fes foldats.. Adalbert archevêque de Brême affligé de ces défordres, envoya des députez à Harold avec des lettres, où il lui en faifoit des reproches, Pavertiffant particuliérement qu'il ne devoit pas tourner au profit des laïques les oblations, ni faire venir des évêques d'Angleterre & de France, au mépris de fa jurifdiction, puifque c'étoit à lui de les ordonner comme légat du faint fiége.

116.

Harold irrité de ces remontrances, renvoya avec mépris les députez d'Adalbert, difant, qu'il ne reconnoiffoit en Norvege ni archevêque ni autre perfonne puiffante que lui-même. L'archevêque Adalbert s'en Alex. epift. 2. plaignit au pape Alexandre. II. qui écrivit au roi Ha- tom. ix. conc. p. rold en ces termes: Comme vous êtes encore peu inftruit dans la foi & la difcipline canonique,nous devrions, nous qui avons la charge de toute l'églife, vous donner de fréquens avertiffemens; mais la longueur du chemin nous empêchant de le faire par nous-mêmes, fçachez que nous en avons donné la commiffion à Adalbert archevêque de Brême notre légat. Or il s'eft plaint à nous par fes lettres, que les évêques de votre province ne font point facrez, ou fe font facrer pour de l'argent en Angleterre ou en France. C'eft pourquoi nous vous admoneftons vous & vos évêques de lui rendre la même obéiffance que vous devez au faint fiége. L'archevêque· Adam. c. 13. Adalbert avoit aufli irrité Suein ou Suenon roi de Da

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C. 20.

Epift. 4.

LVIII.

Saint Gothef

Sclaves.

nemarc, en lui faisant de terribles reproches, de ce qu'il avoit épousé sa parente : il Pavoit même menacé d'excommunication; & enfin le roi touché des lettres du pape, répudia fa parente, mais il prit plufieurs autres femmes & plufieurs concubines. L'archevêque fongea depuis à rentrer dans les bonnes graces de ce prince, efperant qu'il lui faciliteroit Pexécution de fes deffeins. Il vint donc à Slefvic, où s'étant fait aimer par fes libéralitez, il gagna le roi même par des préfens & par des feftins, difputant de magnificence avec lui. Ils fe donnerent, fuivant la coûtume des barbares, des repas tour à tour pendant huit jours, où l'on traita plusieurs affaires ecclefiaftiques; & on prit des mefures pour la paix des Chrétiens & la converfion des payens. L'archevêque revint chez lui plein de joye, & perfuada à l'empereur de faire venir en Saxe le roi de Danemarc, & traiter avec lui une alliance perpétuelle, à la faveur de laquelle l'églife de Brême reçut de grands avantages & la miffion chez les peuples du Nord prit de grands accroiffemens. Cette réconciliation arriya du vivant de Pempereur Henri III. & on voit par une lettre du pape Alexandre II. à ce roi Suenon, que les rois de Suede payoient un cens annuel au faint fiége,

La religion Chrétienne profperoit auffi chez les Sclacale prince des ves au-delà de PElbe. Gothescalc gendre du roi de DaBoll. 7. Jun. to. nemarc, s'étoit rendu puiffant comme un roi, & c'é20.p.40.exAda- toit un prince très-religieux & grand ami de ParcheAdam. lib. 11. vêque Adalbert. Il étoit fils d'Uton un des princes des

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f. 48.

Sclaves, dont les freres étoient payens & lui mauvais Chrétien: auffi fut-il tué pour fa cruauté, par un Saxon transfuge. Son fils Gothescalc étoit dans le monaftere de Lumbourg, où il faisoit ses études : mais

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