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l'impératrice; puis il fut déclaré empereur le premier jour de Janvier indiction fixiéme, Pan du monde 6576. de JESUS-CHRIST 1068. Cette action du patriarche Xiphilin, montre ce que l'on doit croire des louanges générales de vertu que lui donne Phistorien Jean Scylitzes curopalate.

AN. 1071.

XLI.

ne pris par les

Turcs.

Curop. p. 834.

Romain Diogene fit la guerre aux infidéles avec quelque avantage les deux premieres années de fon Romain Diogerégne. Mais en 6578. indiction huitiéme qui eft Pan 1070. les Turcs poufferent leurs conquêtes en Natolie, & prirent entre autres Chones, autrefois Coloffes en Phrygie, où ils profanerent Péglise fameuse de saint Michel, la remplirent de fang & de carnage, & en firent une écurie. L'année fuivante 1071. Diogene après p.841. avoir réfufé la paix que le fultan Olub-Arfelan lui offroit, fut pris dans un combat où fon armée fut mise en déroute. Le fultan se Pétant fait amener, se leva & le foula aux pieds felon la coutume. Puis Payant fait rélever, il Pembraffa, le traita très-humainement & le retint huit jours, le faisant manger avec lui. Il lui demanda un jour : Si tu m'avois pris, comment m'auroistu traité? Diogene lui répondit franchement: Je t'aurois fait mourir fous les coups. Le fultan répondit: Et moi je n'imiterai pas ta dureté. Car j'apprens que votre Christ vous a commandé la paix & Poubli des injures. En effet, il fit avec Diogene un traité honnête & le

renvoya.

Mais la nouvelle de fa défaite étant venue à Conftantinople, le céfar Jean Ducas frere du défunt empereur, & les sénateurs de fon parti firent raser Pimpératrice Eudocie, & Penvoyerent en éxil dans un monaftere qu'elle avoit fondé : déclarerent feul empereur

p. 843.

Michel Ducas fon fils aîné, & écrivirent par tout, que AN. 1071. Romain Diogene ne fût plus reconnu pour empereur. Il fut pris à fon retour, & quoique trois archevêques cuffent été envoyez pour promettre qu'on ne lui feroit point de mal, on lui arracha les yeux fi cruellement, que fa tête enfla: les vers s'y mirent, & il mourut en peu de jours, bénissant Dieu, & souffrant ses maux avec une grande patience. Le jeune Michel furnommé Parapinace régna fix ans & demi.

Aft.

Vita per Brun.

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Ce fut à lui que le pape Alexandre envoya pour lépar fa vertu & par Tom. 2. p. 153. gat Pierre évêque d'Anagnia célebre fa doctrine, qui demeura un an à Conftantinople, c'est-à-dire, tout le refte du pontificat d'Alexandre. Pierre nâquit à Salerne de la famille des princes, & embraffa dès fon enfance la vie monaftique. Le cardinal Hildebrand étant venu légat à Salerne, le demanda à fon abbé, & Pemmena à Rome, où le pape Alexandre Pemploya aux affaires eccléfiaftiques, & le fit ensuite évêque d'Anagnia malgré fa résistance. Il gouverna cette églife quarante-trois ans, & mourut le troisième d'Août, jour auquel Péglise honore fa mémoire, en exécution de la bulle de canonifation donnée par le pape Pafcal II. le quatre de Juin 1109.

Martyr. R. 3.

Aug.

Pafc. ep. 11.

XLII.

Damien.

to. s. p. 426.

Henri archevêque de Ravenne excommunié par le Fin de S. Pierre même pape, n'avoit pas laiffé d'exercer fes fonctions; Vita c. 9. ap. & fon peuple lui demeurant attaché, avoit auffi encouru Boll. 23. Febr. Pexcommunication. Saint Pierre Damien en avoit écrit au pape, le priant d'exécuter la réfolution qu'il avoit prife d'abfoudre ce prélat, & lui représentant qu'il n'étoit pas raisonnable de laiffer périr pour la faute d'un feul une fi grande multitude de perfonnes rachetées par le fang de JESUS-CHRIST. Toutefois Parchevêque mou

Item. fac. 3. Be

ned. n. 48. p. 464. L. 1. epift. 14.

rut

rut le premier jour de Janvier 1070. fans avoir été abfous; & quelque temps après le pape Alexandre envoya Pierre Damien à Ravenne, avec pouvoir de lever Pexcommunication dont le peuple étoit encore chargé, jugeant que perfonne n'étoit plus propre à cette fonction que Pierre, tant pour l'autorité qu'il avoit par luimême, que parce qu'il étoit enfant de cette églife. Bien qu'il fût accablé de vieillesse, il accepta volontiers cette commiffion; il fut reçu à Ravenne avec grande joye, & tous ayant humblement accepté la pénitence que leur faute méritoit, il leur donna fabfolution.

Retournant à Rome, la premiere journée, il logeat à Fayence au monaftere de Notre-Dame hors de la porte, où la fièvre le prit. Elle fe fortifia de jour en jour, & vers la minuit du huitième, il fit réciter autour de fon lit par les moines qui Paccompagnoient, les nocturnes & les matines de la chaire faint Pierre qui fe rencontroit ce jour-là. Peu de temps après qu'ils eurent achevé, il rendit Pefprit, le vingt-deuxiéme de Février 1072. Il fut enterré avec un grand concours de peuple dans l'église du même monaftere, qui depuis a paffé à Pordre de Cîteaux; & il eft honoré comme faint dans Péglife de Fayence.

AN. 1072.

Il pratiquoit le premier Pausterité qu'il recomman- Vita n. 40. doit aux autres, & ne s'en relâcha point dans fa vieilleffe. Quand il revenoit à fon défert, il s'enfermoit dans fa cellule comme en une prison, & jeûnoit tous les jours hors les fêtes, vivant de pain de fon, & d'eau gardée du jour précédent. Son corps étoit ferré de tous côtez de plufieurs liens de fer, & il ne laiffoit pas de fe donner fouvent la difcipline. En chapitre après avoir fait Pexhortation, il fe levoit de fon fiége, difoit fes

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coulpes, & fe faifoit donner la difcipline des deux côtez AN. 1072. fuivant la coûtume. Jean fon difciple, qui a écrit fa vie, dit, qu'il la vû pendant quarante jours n'avoir pris aucune nourriture qui eût paffé par le feu, mais feulement des fruits & des herbes crues, fans boire. Il dit avoir oüi dire aux autres, qu'il avoit une autre fois passé quarante jours fans autre nourriture qu'un peu de légumes trempées. Toutefois quand il fe fentoit trop affoibli, il ufoit de quelque relâchement pour se rétablir, & confeilloit aux autres de faire de même. Au commencement des deux carêmes, devant Pâques & devant Noël, il paffoit trois jours fans prendre aucune nourriture. Il couchoit fur une nate de jonc, & ne s'appuyoit jamais pendant Poffice divin. Il travailloit des mains & faifoit de petits préfens de cuillieres de bois de fa façon.

Carm. 183.184.1

185.

XLIII.

Ecrits de faint Pierre Damien.

Il nous refte de lui grand nombre d'écrits; fçavoir, cent cinquante-huit lettres diftribuées en huit livres, felon la qualité des perfonnes à qui elles font adreffées. Soixante & quinze fermons, cinq vies de Saints, sçavoir, de faint Odilon de Clugni, de faint Maur évêque de Cefene, de faint Romuald, de faint Rodolphe d'Eugubio & de faint Dominique le cuirassé en un même difcours; de fainte Lucile & de fainte Flore vierges & Baron. in Mar- martyres dont on ne fçait rien de certain. Nous avons auffi foixante opufcules de Pierre Damien, qui font les plus confidérables de fes écrits; & enfin quelques prieres, quelques hymnes & d'autres poëfies. Ces écrits en général refpirent un grand zéle pour la perfection des mœurs & la pureté de la difcipline; & montrent une temps. Mais il y a peu V. Opufe. 33. de jufteffe dans les raifonnemens : les preuves les plus

tyr. 29. Jul.

Tellem. to. 4.

p. 14.

V. Opufc. 32.

44. 60.

34.35.42.

érudition fort étendue

pour

le

ordinaires font des fens allégoriques de Pécriture, fouvent forcez; ou des apparitions des morts & d'autres histoires plus merveilleufes que vrai-semblables. Son ftile a de la force, quoique long & embarassé.

Outre les opufcules dont j'ai parlé, voici ceux qui me paroiffent les plus remarquables. Le traité des heures canoniales adreffé à un feigneur laïque, à qui il prefcrit de les dire tous les jours, comme étant un devoir de tous les Chrétiens. Il compte fept heures pour le jour : matines ou laudes, car c'est la même, prime, tierce, sexte, none, vêpres, & complies; & pour la nuit les vigiles ou nocturnes aufquels il marque que le peuple n'affistoit point. Ou felon une autre divifion, quatre heures pour la nuit, fçavoir, vêpres, complies, les nocturnes & les matines; & les quatre autres pour jour. Il marque la différence de Poffice des moines & de celui des clercs, telle que nous la voyons; & Pintroduction nouvelle du fymbole de faint Athanafe à prime. Il recommande au feigneur à qui il écrit de ne jamais manquer à ce devoir, même en marchant à cheval, ou en quelque occupation que ce foit : ce qui marque bien qu'il comptoit, que Pon devoit dire les prieres à leurs heures. Il ajoûte : Si vous ne sçavez pas lire, vous pourrez accomplir votre defir par la feule oraifon dominicale, entendant fans doute qu'on la repéte un grand nombre de fois. Il exhorte à dire auffi tous les jours les heures de la Vierge.

Quelques ermites doutoient, fi difant l'office feuls ils devoient demander la bénédiction pour les leçons, & dire avant les oraifons Dominus vobifcum. Car, difoient-ils, à qui adreffons-nous ces paroles? Eft-ce aux pierres ou aux planches de notre cellule ? Les autres

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