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obtenu tout ce qu'il vouloit, il marcha en diligence AN. 1073. à Ratisbonne, où il célebra la Pâque, qui cette année

II.

LIX.

1073. étoit le dernier jour de Mars.
Le Alexandre II. mourut peu
pape

de temps après, Find Alexandre fçavoir, le vingtiéme jour d'Avril 1073. & fut enterré Papebr. conat. à faint Pierre. Il avoit tenu le faint fiége onze ans fix Chr. Caff. u. mois & vingt-deux jours. On raconte deux miracles

6.36.

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qu'il fit vers la fin de fa vie : Pun d'un démoniaque délivré au Mont-Caffin, Pautre d'une femme boiteufe à Aquin, à qui il fit donner de l'eau dont il avoit lavé fes mains après la meffe, & qui fut guérie auffi-tôt après Pavoir ie. Il nous refte quarante-cinq lettres de lui, de la plupart defquelles j'ai parlé : dans les autres je remarque ce qui fuit.

Un mari ne peut embraffer la vie monaftique, fi fa femme n'y confent librement, & ne fait de fon côté profeffion de continence. Celui qui par négligence a omis de recevoir le foudiaconat avant le diaconat & la prêtrife, doit être interdit des fonctions de prêtre, jusques à ce qu'il ait été ordonné foudiacre. Le prêtre attaqué du mal caduc, doit être jaterdit de dire la meffe jufques à ce qu'il foit guéri, fi les accès font fréquens. On voit auffi dans ces lettres plufieurs exemples de pénitences canoniques. Un prêtre ayant tué un autre prêtre, devoit faire vingt-huit ans de pénitence : mais pape la réduit à la moitié, marquant que les trois premieres années il n'entrera point dans Péglise : qu'il eft interdit de fes fonctions pour toute la vie, & qu'il doit entrer dans un monaftere pour y accomplir fa pénitence fous la direction de Pabbé. Un laïque qui a tué un prêtre par lequel il étoit attaqué à main armée, fera dix ans de pénitence, dont il fera fept ans fans en

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trer dans Péglife. Un frere, qui fans le vouloir, avoit été caufe de la mort de fon frere, & un pere, qui avoit de même tué fon fils, contre fon intention, ne laiffent pas d'être condamnez à sept années de pénitence, & privez de la fainte communion pendant les trois premieres. Dans tous ces cas on marque les jeûnes & les autres austéritez que le pénitent doit pratiquer, & on permet à l'évêque de lui en remettre quelque partie.

AN. 1073

cp.33.

ep.37

LX.
Mort de faint

Martyr, R. 12.

La même année 1073. le douzième de Juillet, mourut faint Jean Gualbert fondateur de la congrégation Jean Gualbert. de Vallombreuse, en fon menaftere de Paffignan près Vita n. 69. &c. de Florence, où l'on garde encore ses reliques. Il fe fit Jul. plufieurs miracles à fon tembeau; il fut canonifé dans le fiécle fuivant par le pape Celeftin III. & Péglise honore fa mémoire le jour de fa mort.

LIVRE SOIXANTE-DEUXIE'ME.

E fucceffeur d'Alexandre II. fut Parchidiacre Hil

I.

Gregoire VII.

Ldebrand, qui depuis long-temps avoit la princi- pape:

Bern. ap. Boll. 25.

pale autorité dans Péglise Romaine. Il nâquit en Tof-Vita per. Paul. cane, & fon pere nommé Bonizon étoit, dit-on, un Mai.to.17.p.113. & fac. 6. Bon. charpentier, la mere étoit fœur de l'abbé de Notre- part. 3. p. 407. Dame au Mont Aventih à Rome, fous la conduite duquel il fut mis dès Penfance, pour être inftruit aux lettres & à la pieté. Etant plus grand, il vint en France continuer fes études à Clugni, comme l'on croit, & il eft certain que dès fa jeuneffe il embraffa la profession monaftique. Quelques années après revenant à Rome, il fit quelque féjour à la cour de Pempereur Henri le Noir, qui difoit n'avoir jamais oui perfonne prêcher la

AN. 1073

parole de Dieu avec tant d'affurance. Les meilleurs évêques admiroient les difcours.

Etant revenu à Rome, le zéle avec lequel il pouffoit fes parens à la pérfection, lui attira leur haine, & pour y céder, il réfolut de repaffer en Allemagne & en France; mais faint Pierre lui apparut trois fois en fonge avant qu'il fût forti d'Italie, & Pobligea à retourner. Le pape Leon IX. qui monta vers ce temps-là fur le faint fiége ayoit une haute eftime d'Hildebrand, & fuivoit en tout fes confeils. Il Pordonna foudiacre & lui donna à gouverner le monaftere de faint Paul, qui étoit tombé en décadence ; jusques-là que les beftiaux entroient dans Péglife une des patriarcales, & & que le peu de moines qui y reftoient, le faifoient fervir par des femmes dans le réfectoire. Hildebrand fit revenir les biens de ce mo→ naftere pillez par les feigneurs de Campanie, & y rétablit une communauté nombreuse, gardant Pobfervance Sup, lib. Lx. n. réguliere. Enfuite il fut envoyé légat en France, où il prefida, comme j'ai dit en 1055. aux conciles de Lyon & de Tours: puis Nicolas IĮ. le fit archidiacre de Péglise Romaine. Enfin le jour de la fepulture d'Alexandre II. qui étoit le lundi vingt-deuxième d'Avril indiction onziéme Pan 1073. les cardinaux & le refte du clergé de Péglise Romaine étant affemblez à faint Pierre aux lieris, avec les évêques, Parchidiacre Hildebrand fut élû pape du confentement des abbez, des moines & du peuple, qui le témoigna par de fréquentes acclamations, comme porte le décret d'élection rapporté dans fa vie, & à la Baron, an. 1073. tête de fes lettres. Il prit le nom de Gregoire VII, pour Pabebr. conat. honorer la mémoire de Gregoire VI. qui l'avoit élevé dans fa jeunesse. Il ne fut facré que le trentiéme de Juin, & tint le faint fiége onze ans dix mois & vingt-fix jours,

18.

Dès le lendemain de fon élection, il en donna part AN. 1973. à Didier abbé du Mont-Caffin, en ces termes : Le pape Alexandre eft mort, & fa mort eft retombée fur moi, & m'a mis dans un trouble extrême. Car en cette occa

par

I I.

Premieres let

tres de Greg.VIL epift. 1.

fion le peuple Romain eft demeuré fi paifible, contre fa coûtume, & s'eft tellement remis à notre conduite, que c'étoit un effet manifefte de la miféricorde de Dieu. Nous avons donc ordonné déliberation, qu'après un jeûne de trois jours, après des proceffions, des prieres & des aumônes, nous déciderions ce qui nous paroîtroit le meilleur touchant l'élection du pape. Mais comme on enterroit le pape Alexandre dans Péglise du Sauveur, il s'est élevé tout d'un coup un grand tumulte du peuple ; & ils se font jettez fur moi comme des insensez: en forte que je puis dire avec le prophete: Je fuis venu P.63. en haute mer & abîmé dans la tempête. Mais comme je fuis au lit fi fatigué, que je ne puis dicter long-temps, je ne vous parlerai pas davantage de mes peines; feulement je vous conjure de me procurer les prieres de vos freres, afin qu'elles me confervent dans le péril qu'elles devoient me faire éviter. Ne manquez pas de venir au plutôt nous trouver, puifque vous fçavez combien léglife Romaine a befoin de vous, & la confiance qu'elle a en votre prudence. Saluez de notre part Pimpératrice Chr. Caff. lib.. Agnès & le vénérable Rainald évêque de Côme, &c. 32. Petr. Dales priez de montrer à préfent Paffection qu'ils nous portent. L'impératrice Agnès paffa fix mois au MontCaffin, où elle fit de magnifiques offrandes ; & lévêque Rainald étoit dans fon intime confiance.

Gregoire écrivit de même fur fon élection à Guibert archevêque de Ravenne: ajoûtant, que fans lui laisser la liberté de parler ni de déliberer, on ľavoit enlevé

C.

mien Opufc. LVL

s

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violemment pour le mettre fur le faint fiége. Il demande AN. 1073. à Guibert la continuation de fon affection pour léglise Romaine & pour lui en particulier. Car, dit-il, comme je vous aime d'une charité fincere, j'en exige de vous une pareille avec tous fes effets. Faites que nous ayons fouvent des nouvelles Pun de Pautre pour notre confolation mutuelle. On verra dans la fuite comme Guibert répondit mal à ces avances du pape, qui témoigne encore dans une autre lettre Peftime qu'il avoit pour lui. Le lendemain de Pélection, Gregoire envoya des députez au roi Henri, qui étoit en Baviere: car il célebra la Pâque à Ratisbonne : & à Aufbourg la Pentecôte, qui fut le dixiéme de Mai. Par ces députez Gregoire donnoit avis à Pempereur de fon élection; & le prioit inftamment de n'y pas confentir: lui déclarant, que s'il demeuroit pape, il étoit résolu de ne point laiffer impunis les crimes manifeftes, dont ce prince étoit chargé.

epift. 10.

Acta. ap. Boll. p.148. Lamb. ann. 1073.

Lamb. an. 1083.

Les évêques Allemans & Lombards, qui fçavoient combien Hildebrand étoit zelé pour la difcipline, commencerent à craindre qu'il ne recherchât leurs fautes avec trop de severité; c'eft pourquoi, par déliberation commune, ils confeillerent au roi de caffer cette élection, qui avoit été faite fans fon ordre : Paffurant, que s'il ne prévenoit de bonne heure Pentreprise d'HildeAnalet. to. 1.brand, perfonne n'en fouffriroit plus que lui. Le principal auteur de ce confeil étoit Gregoire évêque de Verceil chancelier du roi en Italie, comme il paroît par une lettre que Guillaume abbé de faint Arnoul de Mets écrivit au pape, pour le féliciter fur son élection. Aussitôt le roi envoya le comte Eberard, pour demander aux feigneurs Romains, pourquoi, contre la coûtume,

p. 247.

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