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n. 43.

Sup. lib. xIx.

le

pape Zacharie ne dépofa point le roi Childeric, mais AN. 1076. il fut feulement confulté par les François, qui vouloient le dépofer; & ce prince n'étoit ni excommunié, ni criminel, mais feulement méprifé pour fon incapacité. Le Sup. lib. xxxvI. privilége de faint Gregoire eft celui de l'hôpital d'Autun, où quelques-uns croyent que cette claufe de privation des dignités temporelles a été ajoûtée; d'autres la regardent comme une malédiction & une menace. Quant à l'empereur Theodofe, faint Ambroise ne prétendit jamais lui rien ôter de la puissance temporelle. Le refte de ce qu'avance Gregoire VII. prouveroit trop s'il étoit vrai; car fi ceux qui ont droit de juger le fpirituel, avoient droit à plus forte raison de juger le temporel, il ne faudroit plus d'autres juges, ni d'autres princes que les évêques ; & fi les puiffances temporelles n'étoient établies que par l'orgueil humain, la religion devroit les détruire: mais l'écriture nous apprend, que toute puiffance vient de Dieu, même celle des princes infidéles.

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Rom. XIII. I..

XXXIII

lemands.

2.65.

Vers le même temps le pape écrivit une autre grande Lettres aux Al- lettre à tous les évêques, les feigneurs & les fidèles du Vita Greg. c. 8. royaume Teutonique, où fuppofant le droit, il entreprend de juftifier cette excommunication, par l'expofition des faits & de la conduite qu'il a tenue à l'égard du roi. Lors, dit-il, que nous étions encore dans l'ordre de diacre, ayant été informés des actions honteufes du roi, & défirant fa correction, nous l'avons fouvent averti par nos lettres & par fes envoyés, de mener une vie digne de fa naiffance & de fa dignité : mais étant arrivés au pontificat, nous avons compris que Dieu nous demanderoit compte de fon ame d'autant plus de févérité, que nous avions plus d'au

avec

torité

torité pour le reprendre. C'eft pourquoi voyant fon iniquité croître avec l'âge, nous avons redoublé nos exhortations & nos inftances. Il nous a fouvent envoyé des lettres foûmises, s'excufant fur fa jeuneffe & fur les mauvais confeils de fes miniftres, & promettant de fuivre nos avis: mais il les a méprifés en effet, se plongeant de plus en plus dans les crimes. Alors nous avons invité à pénitence quelques-uns de fes confidens, par le confeil defquels il avoit vendu des évêchez & des abbayes à des perfonnes indignes; & voyant qu'après les délais que nous leur avions donnés, ils demeuroient opiniâtres dans leur malice, nous les avons excommuniés, comme il étoit jufte, & averti le roi de les éloigner de fa maifon & de fes confeils.

voyant

AN. 1076.

Cependant les Saxons fe fortifiant, & le roi fe abandonné de la plus grande partie de fon royaume, nous écrivit encore une lettre très-foumife, nous priant de réparer les maux qu'il avoit faits à l'églife, & nous promettant pour cet effet toute forte d'obeiffance & de fecours. Et depuis il confirma ces promeffes à nos légats Humbert évêque de Prenefte & Gerauld évêque d'Oftie, qui le reçurent à pénitence, & entre les mains defquels il fit ferment par les étoles qu'ils portoient. Mais quand il eut remporté la victoire contre les Saxons, les actions de graces qu'il en rendit à Dieu furent d'oublier toutes les promeffes, de recevoir en fa familiarité les excommuniés, & remettre les églifes dans la premiere confufion. Touchés d'une vive douleur nous lui avons encore écrit, pour l'exhorter à se reconnoître, & lui avons envoyé trois hommes pieux de fes fujets, pour l'avertir en fecret de faire pénitence de tant de crimes, pour lefquels il méritoit, non-feulement

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d'être excommunié, mais d'être privé de la dignité royaAN. 1076. le felon les loix divines & humaines. Enfin nous lui avons déclaré que s'il n'eloignoit de lui les excommuniés, nous ne pouvions donner autre jugement, finon qu'il demeurât felon fon choix excommunié avec eux.

iv. ep.3.

Vita n. 69,

Mais ce prince s'irritant contre la correction, n'a point ceffé qu'il n'ait obligé prefque tous les évêques d'Italie, & en Allemagne tous ceux qu'il a pû, à renoncer à l'obéiffance du faint fiége. Voyant donc fon impieté montée au comble, nous l'avons excommunie par jugement fynodal, pour avoir communiqué avec des excommuniés, pour n'avoir pas voulu faire pénitence de ses crimes, & pour avoir déchiré l'églife par un fchifme. Le pape exhorte enfuite les Allemands à demeurer fermes dans le bon parti. Dans une autre lettre dattée du troifiéme de Septembre 1076. il les exhorte à élire un autre roi, fi Henri ne fe convertit pas, pourvû qu'ils le faffent de l'autorité du faint fiége, & avec le confentement de l'impératrice Agnès, mere du

roi Henri.

Il y en eut en effet plufieurs qui abandonnerent le roi, & plusieurs de ceux qu'il avoit fait souscrire à la condamnation du pape, envoyerent des députés au pape pour lui demander pénitence. Il les reçut à bras ouverts, & leur envoya des lettres de confolation. Il y eut même des évêques qui vinrent à Rome nuds pieds, & y attendirent patiemment jufqu'à ce que le pape les Lambert. p. 237. reçût en grace. Uton archevêque de Tréves, étant revenu de Rome, ne vouloit communiquer ni avec Sigefroi archevêque de Mayence, ni avec le nouvel archevêque de Cologne Hidulfe, ni avec plufieurs autres qui étoient les plus affidus auprès du roi, & dont

il fuivoit les confeils. Uton s'en éloignoit, parce que ele pape les avoit excommuniés; & difoit que toutefois il avoit obtenu du pape à grande peine de pouvoir parler au roi feul, fans communiquer avec lui en aucune autre maniere. A fon exemple plufieurs autres fe retirerent de la cour, fans avoir égard aux ordres réiterés du roi, qui les rappelloit. Ceux du parti du roi irrités contre eux jusqu'à la fureur, n'épargnoient ni les injures, ni les menaces. Ils foutenoient que la fentence du pape étoit injuste & nulle, puisqu'il les avoit condamnés, fans les avoir cités canoniquement au concile, ni examinés, ni convaincus : que l'archevêque de Tréves & ceux de fon parti avoient depuis long-temps confpiré contre l'état, & n'employoient le prétexte de la religion & de l'autorité du pape, que pour ruiner celle du roi : Qu'il devoit fonger à maintenir sa dignité, & à tirer de bon heure contre fes ennemis l'épée, que fuivant l'apôtre il avoit reçûe pour la punition des méchans. Il n'étoit pas difficile d'exciter le roi, qui n'étoit de lui-même que trop violent: mais voyant que les feigneurs l'abandonnoient peu à peu, fous prétexte de religion, & que les menaces fans force étoient inutiles, il s'accommodoit au temps, & tâchoit de ramener les feigneurs par la douceur. Toutefois il ne pouvoit renoncer à la haine implacable qu'il avoit conçue contre les Saxons, & cherchoit toujours à les réduire en fervitude.

AN. 1076.

p. 238.

XXXIV. Eglife d'Afri

Il restoit encore en Afrique des églises sous la domination des Mufulmans, comme on voit par quelques que. lettres de Gregoire VII. Dès la premiere année de fon Lib. 1. ep. 22.. pontificat, il ecrivit au clergé & au peuple de Carthage, pour les reprendre de ce que quelques uns d'entre eux

1. ep. 23.

avoient accufé leur archevêque Cyriaque devant les SarAN. 1076. rafins: enforte qu'il avoit été traité comme un voleur, & frappé de verges à nud. La lettre eft du quinziéme de Septembre 1073. Il écrivit en même temps à l'archevêque, louant fa fermeté, de ce qu'étant présenté à l'audience du roi, il a mieux aime fouffrir plufieurs tourmens, que de violer les canons, en faifant des ordinations par l'ordre de ce prince infidéle. Il le confole & prie Dieu de regarder enfin l'église d'Afrique affligée depuis fi long-temps.

III. ep. 19.

11, ep. 20,

Il lui écrivit encore trois ans après, c'est-à-dire, au mois de Juin 1076. déplorant la mifere de l'églife d'Afrique, où il ne fe trouvoit pas trois évêques pour en ordonner un quatrième. C'eft pourquoi, ajoûte-t-il, nous vous confeillons à vous & à celui à qui nous venons d'imposer les mains, de choisir une perfonne digne, de nous l'envoyer, afin qu'après l'avoir ordonné, nous vous le renvoyions, & que vous puiffiez faire des ordinations felon les canons. Celui à qui le pape venoit d'impofer les mains, étoit un prêtre nommé Servant, que le pape avoit ordonné archevêque d'Hippone, ou plutôt d'Hippa dans la Mauritanie de Sitifi, qu'il ne faut pas confondre avec Hippone de Numidie, que faint Auguftin a rendue fi célébre. Le pape avoit ordonné Servant à la priere du clergé & du peuple d'Hippone, qui l'avoit élû, & fur la recommandation d'Anzir roi de Mauritanie, qui bien que Musulman le lui avoit demandé, lui envoyant des présens, avec quelques Chrétiens qui avoient été captifs chez lui. Le pape lui en fit fes remerciemens par une lettre très-honnête, où il dit : qu'ils croyent & honorent un seul Dieu, quoiqu'en différente maniere, & lui fou

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