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tué dans un concile, que fi les archevêques & les évêques qui l'avoient ordonné ne rendoient bonne raison de cette action, ils feroient dépofés de leur dignité, & Rodolfe du royaume.

AN. 1077

Lib. 1x. ep. 28.

Il paroît encore que le pape ne tenoit pas le droit Lib. Iv. ep. 23de Rodolfe pour inconteftable, par deux lettres écrites peu de temps après qu'il put avoir connoiffance de cette élection; c'est-à-dire, le dernier jour de Mai 1077. La premiere, eft adreffée au cardinal Bernard & à l'abbé Bernard fes légats, à qui il dit : Vous sçavez que nous fommes fortis de Rome pour aller en Allemagne procurer la paix : mais faute de l'efcorte qui nous avoit été promife, nous fommes demeurés en Lombardie en grand péril. C'eft pourquoi nous vous enjoignons d'exhorter fun & l'autre roi Henri & Rodolfe à nous donner sûreté pour paffer en Allemagne : car nous défirons terminer leur différend avec le confeil des clercs & des laïques du royaume, & montrer auquel des deux la couronne appartient le plus juftement. Si donc l'un des deux rois refufe de nous obéir en ce point, réfiftez-lui en toute maniere & jufqu'à la mort, s'il eft befoin; empêchez qu'il ne gouverne le royaume, & l'excommuniez avec tous fes adhérans. Soûtenez au contraire celui qui nous obéira, & le confirmez dans la dignité royale. Il parle de même dans l'autre lettre qui eft adreffée aux Allemands. Il dit que Pun & Pautre roi demande le fecours du faint fiége: il ordonne de rejetter comme membre de l'antechrift celui qui ne lui obéira pas, & de rendre toute forte d'obéiffance à celui qui fe foûmettra aux ordres des légats. En ces deux lettres il releve l'autorité de faint Gregoire, comme s'étant attri bué le pouvoir de dépofer les fouverains : mais il n'en V v

Tome XIII.

epift. 24.

AN. 1077.

XLV.

lemans contre le

pape.
Sax. bell. bift.

p. 140.

allégue que la claufe fufpecte du privilége accordé à l'hôpital d'Autun.

Quand les Allemands du parti de Rodolfe curent Plaintes des Al- connoiffance de ces lettres, ils perdirent l'efpérance qu'ils avoient dans la fermeté du pape, & lui écrivirent une lettre où ils difoient : Vous fçavez, & vos lettres que nous avons en rendent témoignage, que ce n'est ni par notre confeil, ni pour notre intérêt, mais pour les injures faites au faint fiége, que vous avez dépofé notre roi; & vous avez défendu fous de terribles menaces de le reconnoître pour tel. Nous vous avons obéi avec un grand péril, & ce prince a exercé une telle cruauté, que plufieurs après leurs biens y ont encore perdu la vie & laiffé leurs enfans réduits à la pauvreté. Le fruit que nous en avons reçu est, que celui qui a été contrait de se jetter à vos pieds, a été absous fans notre confeil, & a reçu la liberté de nous nuire. Dans la lettre d'abfolution, nous n'avons rien vû qui révoquât la sentence de privation du royaume, & nous ne voyons pas encore à préfent qu'elle puiffe être révoquée. Après donc avoir été plus d'un an fans roi, nous en avons élu un autre : & comme il commençoit à relever nos cfpérances, nous avons été furpris de voir dans vos lettres, que vous nommez deux rois, & adreffez vos légats à tous les deux.

Cette efpece de divifion que vous avez faite du royaume, a divifé auffi les efprits, parce qu'on a vû dans vos lettres, que le nom du prévaricateur est toujours le premier, & que vous lui demandez fauf-conduit, comme s'il lui reftoit de la puiffance. Ce qui nous trouble encore, c'eft que comme vous nous exhortez à demeurer fermes dans notre entreprise, vous donnez aussi de l’es

AN. 1077.

pérance au parti contraire. car les confidens du roi Henri, bien qu'excommuniés avec lui, font reçus favorablement quand ils vont à Rome; & nous paffons pour ridicules, quand nous voulons éviter ceux avec qui vous communiquez. Au contraire, on nous impute leurs fautes, & on attribue à notre négligence de n'envoyer pas plus fouvent à Rome, quoique ce foit eux qui nous en empêchent contre leur ferment. Nous croyons que votre intention eft bonne, & que vous agissez par des vûes fubtiles : mais comme nous fommes trop groffiers pour les pénétrer, nous nous contentons de vous expofer les effets fenfibles de ce ménagement des deux partis : fçavoir, les guerres civiles, les homicides innombrables, les pillages, les incendies, la diffipation des biens ecclefiaftiques & du domaine des rois, en forte qu'à l'avenir ils ne pourront vivre que de rapines: enfin l'abolition des loix divines & humaines. Ces maux ne feroient point, ou feroient moindre, fi vous ne vous étiez détourné ni à droit ni à gauche de votre réfolution. Votre zéle vous a engagé dans une route difficile, où il eft pénible d'avancer & honteux de reculer. Si vous ne croyez pas prudent de résister en face aux ennemis de Péglife, au moins ne détruisez pas ce que vous avez déja fait. Car s'il faut compter pour rien ce qui a été défini dans un concile de Rome, & depuis confirmé par un légat, nous ne fçavons plus ce que nous devons tenir pour autentique. C'eft l'excès de notre douleur qui nous fait parler ainfi : car nous trouvant expofés à la gueule des loups pour avoir obéi au pafteur, s'il nous faut prendre garde même du pafteur, nous fommes les plus malheureux de tous les hommes.

AN. 1077.

XLVI.

évêque

de Die, légat en

IV. ep. 22.

Cependant Gerard élû évêque de Cambrai, alla à Rome, & avoua franchement au pape, qu'après l'éHugues que lection du clergé & du peuple, il avoit reçu du roi Henri France. le don de l'évêché, assurant qu'il ignoroit & le décret par lequel le pape avoit défendu de recevoir des inveftitures & l'excommunication du roi Henri. Il se foùmit entierement au jugement du pape, qui fut touché de compaffion, fçachant d'ailleurs que l'élection de Gerard étoit canonique, & que fa vie précédente étoit louable. C'est pourquoi il écrivit à Hugues évêque de Die, qu'il croyoit devoir confentir à fa promotion. Toutefois, ajoûte-t'il, afin que d'autres n'en prennent pas avantage, nous voulons qu'il fe purge par ferment devant vous & deyant Parchevêque de Reims, avec les autres évêques de la province, de n'avoir eu aucune connoiffance ni de Pexcommunication du roi, ni de notre décret contre les inveftitures.

C'est pourquoi nous vous enjoignons d'affembler un concile en ces quartiers-là, avec le confentement du roi de France, s'il fe peut : mais s'il ne veut pas y confentir, vous affemblerez le concile à Langres, de concert avec l'évêque, en qui nous avons une grande confiance, & qui nous a promis de nous aider en tout, nous & nos légats. Le comte Thibaut nous a fait aufsi la même promeffe, que fi le roi ne vouloit pas recevoir nos légats, il les recevroit avec une grande affection; & leur donneroit toute forte de commodité & de fecours, pour célébrer un concile & régler les affaires Chr. Virdun. p. eccléfiaftiques. Ce comte étoit fans doute Thibaut III. comte de Champagne; & quant à l'évêque de Langres, c'étoit Rainard furnommé Hugues, frere de Milon comte de Tonnerre & de Bar, Cet évêque avoit un

$99. Gall. Chr.

bel efprit, beaucoup de fcience & d'éloquence, car il avoit particulierement étudié la rhétorique ; & il étoit de bon confeil.

:

Le pape continuë: Voyez donc avec Pévêque de Langres où il fera plus à propos de tenir le concile : appellez-y l'archevêque de Reims & le plus que vous pourrez d'archevêques & d'évêques de France; & y terminez premierement la cause de l'évêque de Cambrai, puis les affaires des évêques de Châlons, de Chartres, du Pui, & de Clermont, & du monaftere de faint Denis: en forte que nous n'en foyons plus fatiguez. Nous voulons auffi que vous faffiez assister au concile notre vénérable frere Hugues abbé de Clugni, étant affurez de fa vertu & de son intégrité. Au reste, vous aurez soin de dénoncer expreffément dans ce concile qu'aucun métropolitain, ni aucun évêque n'impose les mains à celui qui aura reçu le don de Pévêché d'une perfonne laïque; & qu'aucune perfonne puiffante, ni autre, ne s'ingére à faire de pareils dons, fous peine d'encourir les cenfures portées par le pape Adrien dans le huitiéme concile. Vous ferez confirmer ce décret par tout le concile; & fi quelqu'un reçoit enfuite Pinveftiture, vous lui ordonnerez de nous en venir rendre raifon. Cette lettre eft du douzième de Mai 1077,

AN. 1077.

Gall. Chr. t. 2.

Quant aux évêques qui y font nommez, celui de Châlons étoit Roger III. fils de Herman de Turinge comte de Hainaut. Dès le premier concile que le pape Gregoire VII. tint à Rome en 1074. il lavoit cité pour p.504. Lib. 1. cp. venir répondre à la plainte que fon église avoit déja plufieurs fois réïterée contre lui; & Pavoit menacé de dépofition: toutefois il tint ce fiége jufques en Pan 1093. qu'il mourut. L'évêque de Chartres étoit Robert, qui

56.

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