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AN. 1054.

c. 13.

donnoit les pieds & les entrailles aux moines infirmes.

Mais le plus grand mal, ajoûte-t'il, c'eft Paddition: au fymbole ; & il s'étend fur cet article, qu'il juge digne d'anathême. Il croit que Pon- peut excufer Pautre addition: Un faint, un Seigneur JESUS-CHRIST, & le refte, que Pon attribuoit aux Latins, & qui femble marquer la fin du Gloria in excelfis. Puis il continuë : Nous devons regarder la bonne intention, & quand la foi n'eft point en péril, încliner plutôt à la paix & à la charité fraternelle. Ceux-ci font auffi nos freres, quoiqu'il leur arrive fouvent de manquer par rufticité ou par ignorance. Et il ne faut pas chercher la même exactitude chez des nations barbares, que chez nous qui fommes nourris dans l'étude. C'eft beaucoup qu'ils confervent la faine doctrine fur la Trinité & PIncarnation.

Toutefois nous n'approuvons pas qu'ils défendent aux prêtres qui ont des femmes légitimes, de toucher aux choses faintes, ni qu'ils quittent en même temps la chair & les laitages au comencement du carême. Quant à la queftion des azymes, je l'ai fuffifamment traitée dans ma lettre à l'évêque de la Venetie ; & cette pratique ne peut fe foûtenir, que par Pancienne coûtume. Pour Pufage des viandes fuffoquées & les mariages des deux frerès avec les deux fœurs ; je ne crois pas que le pape ni les autres évêques le permettent. Ce font des excès commis par les particuliers, comme il s'en commet à notre infçû dans l'empire. Vous trouverez bien des gens à Conftantinople même, qui mangent du fang de porc, & Pon y voit du boudin expofé fur les boutiques. Nous négligeons quantité d'abus qui fe commettent chez nous, tandis que nous recherchons fi curieusement ceux des autres.

Vous

Vous ferez bien d'infifter fur Paddition au fymbole AN. 1054. & le mariage des prêtres; mais on peut méprifer le refte, dont peut-être la plus grande partie eft fauffe. Car nous ne devons pas croire aifément de vaines calomnies. Il faut donc que vous écriviez au pape, quand il y en aura un d'élu: peut-être reconnoîtra-t'il la vérité, & peut-être dira-t'il pour fa défense, que ces reproches font faux. Car comment peut-on croire qu'ils n'honorent pas les reliques, eux qui fe glorifient tant d'avoir celles de faint Pierre & de faint Paul? & comment peuton dire qu'ils n'honorent pas les images, après que le pape Adrien a préfidé au feptiéme concile, & anathématifé les Iconoclaftes ? Vous avez à Conftantinople tant d'images apportées de Rome, parfaitement femblables aux originaux ; & nous voyons ici les pelerins Francs entrer dans nos Eglifes, & rendre toute forte d'honneur aux faintes images.

Je vous conjure donc, me jettant en efprit à vos pieds, de vous relâcher & d'ufer de condefcendance; de peur qu'en voulant redreffer ce qui eft tombé, vous ne rendiez la chûte plus grande. Confiderez que de cette longue divifion entre notre église & ce grand fiége apoftolique, font venus toutes fortes de malheurs : les royaumes font en trouble, les villes & les provinces défolécs, nos armées ne profpérent nulle part. Pour dire mon sentiment; s'ils fe corrigeoient de Paddition au fymbole, je ne demanderois rien de plus, & je laifferois même la question des azymes comme indifférente. Je vous prie de vous rendre à cet avis, de peur qu'en demandant tout, nous ne perdions tout. Et enfuite : Vos lettres aux patriarches d'Alexandrie & de Jerufalem leur ont été envoyées. Je vous ai envoyé la copie

Tome XIII.

E

de la lettre que le défunt pape m'a écrite. Elle eft en AN. 1054. Latin, parce que je n'ai pû trouver perfonne pour la bien traduire en Grec. C'est pourquoi je l'ai fait copier au Franc qui me la apportée, & qui fçait écrire en Latin: vous pourrez la faire traduire fidélement. Je prie le Dieu de paix de vous infpirer la condefcendance.

chel.

XIV.

p. 162. c. 3.

Michel Cerularius repliqua par une feconde lettre à Replique de Mi- Pierre d'Antioche; où après avoir répeté, que les légats Ap. Cotel. to. 2. du pape étoient des impofteurs envoyez par Argyre avec des lettres fauffes, il ajoûte : Ils fe vantoient d'être venus pour nous corriger, & non pour pervertir les leurs. Pour moi j'ai évité de leur parler & de les voir, sçachant qu'ils font incorrigibles dans leur impieté; & jugeant qu'il étoit indigne & contraire à la coûtume établie, de traiter de telles affaires avec des légats du pape, fans vous & les autres patriarches. Mais pouffant plus loin leur audace, ils ont jetté fur l'autel de la grande églife un écrit, portant anathême contre toute l'églife orthodoxe, parce qu'elle ne reconnoît pas que le SaintEsprit procede du Pere & du Fils, & toutes leurs autres

erreurs.

ne Pa

fait,

Le meilleur étoit de brûler cet écrit impie, mais on pas parce qu'il avoit été mis fur l'autel publiquement. Nous n'avons pas crû non plus devoir tirer vengeance de ceux qui nous infultoient de la forte, pour ne pas donner aux Romains occafion de scandale; d'autant plus que celui qui paroiffoit le chef de la légation fe difoit chancelier de PEglife Romaine, & coufin du roi & du pape. Cependant nous avons anathématisé cet écrit impie dans la grande fale du confeil par ordre de l'empereur, après avoir exhorté fortement ces légats à venir devant nous renoncer à leurs erreurs. Mais

ils ont menacé de fe tuer eux-mêmes fi on continuoit de les preffer. Nous vous écrivons ceci, afin que vous fçachiez ce qui s'est paffé, & que fi on vous en écrit de Rome, vous répondiez avec la circonspection qui Vous convient. Je vous envoye ces lettres pour les autres patriarches entierement conformes à celle-ci, parce que je n'ai trouvé perfonne pour les envoyer fûrement. Vous les leur ferez tenir; & vous y joindrez les vôtres pour les encourager à foutenir la foi orthodoxe, & les inftruire de ce qu'ils ont à répondre en cas qu'on leur parle de ce qui s'eft paffé à Rome.

AN. 1054.

La même année 1054. l'empereur Conftantin Mo- XV.

Mort de Conf

imperatrice.

Michel. Ffel.

1. M. S.
Cedr. p. 790.

Zonar. l. XVII.

28.

nomaque mourut de la goutte, qui Pavoit afflige pen-tantin Monomadant prefque tout fon regne. Il étoit naturellement que. Theodora guai & jovial, & depuis qu'il fut devenu empereur, il ne fongea qu'au repos & au plaifir; en forte que fa nonchalance affoiblit notablement Pempire. Il aima Scle- 72 rene femme d'une grande famille, jufqu'à la faire pa- c. 27. roître à côté de lui avec Pimperatrice Zoé, lui au milicu. Zoé, à qui il devoit lempire, mourut avant lui âgée de foixante & douze ans ; & nonobftant fes défauts & fes crimes, il voulut la faire reconnoître pour fainte. Après la mort il prit une concubine barbare de la nation des Alains, à laquelle il donna le titre de Sebaste, c'est-à-dire, Augufte, n'ofant la déclarer impératrice. Cependant il faifoit bâtir un monaftere magnifique en Phonneur de saint George, au lieu nommé Mangane: mais pour fournir à cette dépense, il chargea le peuple d'impofitions odieuses. Ayant appris qu'à la grande églife de Conftantinople on n'offroit le faint facrifice qu'aux principales fêtes, aux Dimanches & aux famedis faute de revenus ; il donna de quoi le célé

brer tous les jours, & fit à cette église de grands préAN. 1054. fens de vafes précieux & d'autres ornemens. Enfin il mourut le trentiéme de Novembre 1054. indiction huitiéme, après avoir regné douze ans & près de fix mois; & fut enterré à fon monaftere de Mangane. Theodora fœur de Zoé fut reconnue feule imperatri

Cedr. p. 775.

bonne.

XVI.

To. ix. conc. p. 1072.

ce,

& regna un an & neuf mois. Du temps de Conftantin, deux chefs des Patzinaques, efpece de Scythes, fe convertirent avec plufieurs de la nation, pour avoir du fecours contre leur prince qui les maltraitoit ; en forte que ces converfions femblent un peu intéreffées.

En France la même année 1054. indiction feptiéme Concile de Nar- le vingt-cinquième d'Aouft, on tint à Narbonne un concile de dix Evêques, fçavoir, Guifroi archevêque de Narbonne préfident, Bernard de Beziers, Gontier d'Agde, Roftaing de Lodéve, Arnauld de Magalone, Frotier de Nîmes, Guifroi de Carcaffonne, Berenger de Gironne, Guifroi de Barcelone, & Guillaume d'Albi. L'archevêque procura la tenuë de ce concile par la protection du comte Pierre Raimond & du vicomte Berenger: il y affifta grand nombre d'abbez & de clercs, de nobles & d'autres laïques : le principal but étoit de confirmer la tréve de Dieu, & on y fit vingt-neuf caSup. liv. LIX. n. nons. On renouvelle donc la défenfe aux Chrétiens, de fe faire aucun mal depuis le mercredi au foir jusques au lundi matin ; & d'ailleurs depuis le premier dimanche de lavent jusqu'à Poctave de l'épiphanie, depuis le dimanche de la quinquagefime jufqu'à Poctave de pâques : & pendant les autres jours de fêtes & de jeûnes qui font fpecifiez : le tout fous peine d'anathême & d'exil perpetuel. Quiconque voudra bâtir une forteresse vers le temps de la tréve, fera obligé de commencer

28.

12. 41. C. 2.

c. 3.

C. 4. 5.

c. 7.

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