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des aumônes innombrables pour le repos de fon ame. Il fut enterré magnifiquement à Merfbourg.

Quand la nouvelle en fut venue à Rome, la plûpart des ferviteurs du pape l'exhorterent à fe reconcilier avec le roi Henri, lui repréfentant que ce prince avoit pour lui prefque toute l'Italie, & que s'il y paffoit, le pape n'avoit point de fecours à efperer des Allemans. Le pape craignoit d'ailleurs pour la comteffe Mathilde, dont les troupes avoient été battues en Lombardie le même jour de la mort de Rodolfe; & fes propres vaffaux la regardoient comme une folle, de vouloir foutenir Gregoire.. C'est pourquoi il appréhendoit qu'elle ne fût réduite à s'accommoder avec Henri ou à perdre son état. C'est ainfi que le pape Gregoire s'en explique dans une lettre à Altman évêque de Paffau, & à Guillaume abbé d'Hirfauge, qu'il exhorte à retenir dans on parti Guelfe duc de Baviere: puis il ajoûte: Il faut avertir tous ceux qui aiment la liberté de Péglife en vos quartiers, qu'ils ne fe preffent point d'élire un roi qui n'ait les mœurs & toutes les autres qualités néceffaires. Il leur envoye la formule du ferment que doit faire le nouveau roi, comme vassal de faint Pierre, portant fidélité & obéiffance au pape. Il ajoûte : Pour les prêtres nous fommes d'avis, à cause du trouble des peuples & de la difette de bons ouvriers, que vous les fouffriez quant à préfent, en modérant pour un temps la rigueur des canons. Dans une autre lettre à Pévêque Altman, qui étoit fon légat en Allemagne, il l'exhorte à ramener ceux qui font attachés au roi Henri & les recevoir comme des freres, particulierement l'évêque d'Ofnabruc,, que l'on difoit le vouloir réunir au pape.

En Espagne Sanche premier roi d'arragon écrivit au

pape

AN. 1080.

V I.

reçû en Espagne. 1. ep. 63.64.

v.

pape Gregoire des lettres d'obédience, où il déclaroit qu'il avoit reçu l'office Romain dans fes états : de quoi le pape lui témoigna fa fatisfaction par une lettre du Office Romain vingtiéme de Mars 1074. Il écrivit en même temps Alfonfe roi de Caftille, pour lui perfuader de faire le même, fuppofant que l'office Romain avoit d'abord été introduit en Espagne par les sept évêques que faint Pierre & faint Paul y avoient envoyés prêcher la foi, & qu'il avoit été alteré depuis par les Prifcillianiftes, les Goths Ariens, & enfin par les Sarrafins. Mais Boll. 15. Mat. on ne trouve rien de la miffion de ces fept évêques avant Sup.lib. xxxvii. les martyrologes du neuviéme fiécle; & ce que Gre- n. 12. Greg. 12. goire VII. dit de faltération de l'office Romain en Ef-Sup. lib. XXVI pagne, ne s'accorde pas avec ce que j'ai observé en fon lieu touchant la liturgie attribuée à faint Ifidore. Il femble aussi que ce pape ne faisoit pas d'attention à la maxime de faint Gregoire, de prendre dans les autres églifes comme dans Péglise Romaine, ce que l'on trouvoit de meilleur, même quant à la célébration des meffes. Car c'eft le confeil qu'il donnoit il donnoit à faint Augustin d'Angleterre.

Tillem.t.1.p.200.

ep. 31.inter. 3.

n. 8.

Alfonse déja roi de Leon devint roi de Castille par le decès du roi Sanche fon frere, qui fut tué en 1073. après avoir regné fix ans. Alfonfe VI. du nom en regna trente-fix, pendant lefquels il fit de grandes conquêtes fur les Maures, & releva confiderablement le Chriftianifme en Espagne. Il avoit une vénération particuliere pour Hugues abbé de Clugni, croyant avoir c. 2. Boll. to. xI. été délivré par fes prieres, de la prison où il étoit retenu par le roi Sanche fon frere. C'est pourquoi étant 452. devenu roi de Caftille, il fit venir en Espagne l'abbé Hugues, & lui rendit de grands honneurs. Il fonda deux

Tome XIII.

Ddd

Vita S. Hug.

p. 617.

Bibl. Clun. p

.

AN. 1080.

Berthold. Chr.

1993.

Spicil. to. 6. p.

445.

76.

monafteres de l'ordre de Clugni, & rebâtit dès les fondemens Péglise de l'abbaye, ce qui lui coûta des fommes immenfes. Il augmenta du double le cens annuel que le roi Ferdinand fon pere payoit à ce monaftere, & ordonna par teftament aux rois fes fucceffeurs de le continuer, fous peine de privation du royaume.

C'est ce qui paroît par une lettre de ce prince à Pabbé Hugues, où il témoigne une eflime & une affection finguliere pour le moine Robert, que cet abbé lui avoit envoyé ; & qu'il le prie de lui laiffer pour être auprès de lui à la vie & à la mort. Il ajoûte à la fin de la lettre : Quant à l'office Romain que nous avons reçu par votre ordre, fçachez que notre pays en eft extrêmement défolé : c'eft pourquoi je vous prie de faire en forte, que le pape nous envoye le cardinal Girauld, afin qu'il corrige ce qui a befoin de l'être. La reine Conftance femme d'Alfonfe, qui étoit née dans les Gaules, l'avoit Pelag. Over.p. auffi follicité de recevoir l'office Romain; & pour cet Roderic. I. vI. c. effet il avoit envoyé des ambassadeurs au pape Gregoire VII. qui envoya en Efpagne le cardinal Richard, premierement en 1078. & une feconde fois lorsqu'il le fit abbé de faint Victor de Marseille, comme il paroît par fes lettres du quinziéme d'Octobre 1079. Le moine 1. ep. 6. 7. Robert s'opposa au légat Richard, & fut caufe que le roi ne le traita pas comme il convenoit à sa dignité : c'eft pourquoi le pape s'en plaignit à Pabbé Hugues, difant que ce moine avoit ramené à leur ancienne erreur cent mille perfonnes, qui avoient commencé de revenir au chemin de la vérité; c'est-à-dire, de recevoir l'office Romain. Le pape ordonne à l'abbé de Clugni de rappeller ce moine & le mettre en pénitence, & d'écrire au roi qu'il avoit attiré par cette conduite

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v. ep. 21.

VIII. ep. 2.

l'indignation de faint Pierre; & que s'il ne se corrigeoit, le pape l'excommunieroit & exciteroit contre lui tout ce qu'il y avoit en Espagne de fidéles de ce faint Apôtre; & s'il ne nous obéit, ajoûte le pape, nous ne craindrions pas la peine d'aller en Espagne, & lui susciter des affaires fâcheufes, comme à un ennemi de la religion Chrétienne. Cette lettre eft du vingt-feptiéme de Juin 1080. & le pape charge l'abbé Hugues d'envoyer au roi Alfonse celle qu'il lui écrivoit en même temps, où il l'exhorte à fuivre les confeils de fon légat Richard, & à rompre le mariage illicite qu'il avoit contracté avec une parente de fa femme. Il paroît que ce prince céda aux remontrances du pape; car il fit tenir à Burgos un concile par le légat Richard, & fit recevoir l'office Romain par tout fon royaume. Le pape lui en témoigna fa joye par une autre lettre, où il fexhorte à ne pas fouffrir que les Juifs exercent aucune puiffance fur les Chré

tiens.

Vratiflas roi de Bohême avoit demandé au pape Gregoire la permiffion de faire célébrer Poffice divin en langue Sclavonne; mais le pape la refufa abfolument. Car, dit-il, après y avoir bien penfé, il paroît que Dieu a voulu que l'écriture fût obfcure en quelques endroits, de peur que fi elle étoit claire à tout le monde, elle ne devînt méprisable, & n'induisît en erreur, étant mal entendue par les perfonnes médiocres; & il ne fert de rien pour excufer cette pratique, que quelques faints perfonnages ont fouffert patiemment ce que le peuple demande par fimplicité, puifque la primitive église a diffimulé plufieurs chofes qui ont été corrigées enfuite après un foigneux examen, quand la religion a été plus affermie & plus étendue. C'eft pourquoi nous défen

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dons par l'autorité de faint Pierre, ce que vos fujets AN. 1080. demandent imprudemment, & nous vous ordonnons

Sup. lib. LIII. n. 6.8.26.

VIII.

Jebonne, &c.

6.X.P.391.

c. 4.

de réfifter de toutes vos forces à cette vaine témérité. Apparemment Gregoire VII. ne fçavoit pas ce qui s'étoit paffé fous Jean VIII. deux cens ans auparavant; & que ce pape, après avoir fait la même défense touchant la langue Sclavonne, la leva en connoiffance de cause. Nous avons vû d'ailleurs, que dans la plus faine antiquité & les fiécles les plus éclairés, on fifoit l'écriture & on célébroit les divins offices dans la langue la plus ufitée en chaque pays. On peut donc marquer fous Gregoire VII. le commencement de ces fortes de défenfes. Cependant les Sclavons font à Rome publiquement l'office en leur langué dans leur église de faint Jerôme.

Guillaume roi d'Angleterre fit tenir un concile à Concile de Lil- Lillebonne en Normandie fan 1080. où préfida Guillaume archevêque de Rouen avec les évêques & les abbez: le roi y affifta avec les comtes & les autres feigneurs du pays, & on pays, & on y fit treize canons. Le premier eft pour maintenir la tréve de Dieu par Pautorité des évêques & des feigneurs. Défenses aux laïques de rien prendre des revenus des églifes, ni d'exiger des prêtres des fervices qui les détournent de leur miniftere. Défenses aux évêques & à leurs miniftres, de rien exiger des prêtres, outre les redevances qui leur font dûës, ni de les condamner à Pamende à caufe de leurs femmes, C'étoit un prétexte pour tolérer leur concubinage. Si on donne à des moines une églife, ce fera fans préjudice de la subsistance du prêtre & du service de Péglise, & les moines auront droit de présenter à Pévêque un prê, 6.7. 10.11.13. tre capable. Il s'agit ici des cures. En ce concile on ex

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