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AN. 1085.

voulut pas recevoir celui que l'empereur y avoit mis. Meginhard fut fait évêque de Virsbourg à la place d'Adalberon. En ce même concile on confirma la tréve de Ab Up. Dieu.

212.

XXV.

Mort de Gre goire VII.

22.

Peu de temps après moururent les principaux fchif- Berthold.an.1085matiques de Lombardie, fçavoir, Eberard évêque de Farme, qui avoit été pris Pannée précédente, & qui avoit fuccedé en ce fiége à Pantipape Cadaloüs: Gan- Ital. fæc, t. 2. p. dulfe évêque de Rege, & Tedald archevêque de Mi- 212. lan, qui occupoit ce fiége depuis dix ans, étant toujours oppofé au pape Gregoire. Il eut pour fucceffeur Anfelme III. catholique & foûmis au pape légitime. Cependant le pape Gregoire étoit à Salerne, où il tomba malade, & connut que fa fin étoit proche. Les évêques & les cardinaux, qui étoient auprès de lui, le Vita per Paul. c prierent de fe nommer un fucceffeur qui pût soûtenir le bon parti contre Pantipape Guibert : fur quoi il leur nomma trois fujets à choifir, Didier cardinal & abbé du Mont-Caffin, qui lui fucceda en effet, Otton évêque d'Oftie, qui fut auffi pape fous le nom d'Urbain II. & Hugues archevêque de Lyon. Mais comme Otton étoit en fa légation d'Allemagne & Hugues en fa province; le pape Gregoire confeilla d'élire plutôt Pabbé Didier qui étoit proche. Il étoit venu voir le pape dans fa maladie à deffein de laffifter à la mort: mais le pape lui prédit qu'il n'y feroit pas : & en effet, il fut obligé de quitter pour donner ordre au secours d'un château du monaftere attaqué par les Normands.

Cependant on demanda au pape s'il vouloit ufer de quelque indulgence envers ceux qu'il avoit excommuniez. Il répondit: Excepté le prétendu roi Henri, Pantipape Guibert & les principales perfonnes qui les foû- 1085.

v. Sigebert, an.

τι

AN. 1085.

VIII. ep. 8.

Vita Greg. c. 13.

tiennent par leurs confeils & leurs fecours, j'absous & je bénis tous ceux qui croyent que j'en ai le pouvoir. Ses dernieres paroles furent : J'ai aimé la justice & haï Piniquité, c'eft pourquoi je meurs en éxil. Il mourut ainfi le vingt-cinquiéme de Mai 1085. & fut enterré à Salerne dans Péglise de faint Matthieu, dont le corps y avoit été trouvé environ cinq ans auparavant, & le pape en avoit felicité Parchevêque Alfane par une lettre du dix-huitiéme de Septembre 1080. Mais on ne dit point comment ce corps avoit été apporté à Salerne, ni comment on fçavoit que ce fût celui de faint Matthieu.

Gregoire VII. avoit tenu le faint fiége près de douze ans. Plufieurs auteurs du temps difent, qu'il fe fit grand nombre de miracles à fon tombeau. On rapporte entre visa Anf. n. 26. autres, qu'Ubalde évêque de Mantouë, affligé depuis long-temps de maladie de rate, & ulceré par tout le corps, principalement aux jambes, après avoir beaucoup depenfé inutilement en medecins, ayant appliqué la mitre de Gregoire à Pendroit où il fentoit plus de douleur, recouvra une parfaite fanté. Gregoire avoit envoyé en mourant cette mitre à faint Anfelme de Luques fon ami & fon imitateur, qui en fit encore d'autres miracles. La vie du pape Gregoire fut écrite environ quarante-cinq ans après la mort par Paul chanoine régulier de Berneried en Baviere: qui releve principalement les faits qu'il eftime miraculeux & propres à montrer la fainteté de Gregoire. Le pape Anastase IV. Papebr. 25.Mai: le fit peindre à Rome dans une églife entre les faints environ foixante ans après fa mort. En 1577. Marc Antoine Colomne archevêque de Salerne, trouva fes reliques entieres avec les ornemens pontificaux, & lui fit

p. 104. & conat. P. 208.

Martyr. R. 25. Mai.

une épitaphe. En 1584. fon nom fut inferé au martyrologe Romain corrigé par les ordres du pape Gregoire XIII. Enfin le pape Paul V. par un bref de Pan 1609. permit à Parchevêque & au chapitre de Salerne de Phonorer comme faint par un office public.

Nous voyons ce ce que les fchifmatiques publioient de ce pape par les écrits de Bennon archiprêtre cardinal du parti de Pantipape Guibert. Ce font deux lettres adreffées à Péglife Romaine, qui marquent tant de paffion, qu'il eft difficile d'y difcerner la vérité du menfonge. Dans la premiere, Bennon fait d'abord le dénombrement des membres de l'églife Romaine, qui avoient quitté Hildebrand: entre lefquels il nomme dix cardinaux, le primicier des chantres & plufieurs autres officiers, avec les compagnies dont ils étoient chefs. Dans la feconde lettre, il compte treize cardinaux. Venant enfuite aux reproches contre Hildebrand, il accuse son élection d'irrégularité, en ce qu'elle fut faite le jour même de la mort du pape Alexandre fon prédéceffeur: quoique les canons, dit-il, défendent d'élire le nouveau pape plutôt que trois jours après la fepulture du défunt. Il a, dit-il, éloigné les cardinaux de fon confeil & de fa familiarité, quoique les canons ordonnent, que le pape foit toujours accompagné de trois cardinaux prêtres & de deux diacres, pour être témoins de fa conduite.

Il a excommunié Pempereur contre la volonté des cardinaux, fans observer l'ordre judiciaire, & fans que ce prince eût été accufé canoniquement dans aucun concile : & aucun cardinal n'a foufcrit cette excommunication. Quand il se leva de fa chaire pour la prononcer, la chaire qui étoit neuve & d'un bois très-fort,

AN. 1085.

XXVI.

Ecrits du cardi

nal Bennon.
IX. ep. 34.
Fafcic.rer.expe

tend. fol. 39.

AN. 1085. dre de Dieu,

י

fe fendit tout d'un coup en plufieurs morceaux par for-
le fchifme
pour montrer
que cette excom-
munication devoit produire. Bennon ajoûte enfuite :
Le lundi de Pâques officiant à faint Pierre, il monta
fur Pambon après lévangile, & dit publiquement; que
le roi Henri mourroit dans la fête de faint Pierre, ou
feroit chaffé du royaume, en forte qu'il ne pourroit
affembler fix chevaliers, & ajoûta: Ne me tenez plus
pour pape fi cette prédiction eft fans effet. Le temps
étant paffé, fans le roi fût mort,
que
ni que
fes forces
fuffent diminuées, il perfuada au peuple ignorant qu'il
avoit parlé de la mort de lame & non de celle du corps.
Bennon conclut fa premiere lettre par cette hiftoire.

Un jour venant d'Albane à Rome, il parle toujours
d'Hildebrand, il oublia d'apporter un livre de necro-
mancie, fans lequel il ne marchoit guères. S'en étant
fouvenu par le chemin, à Pentrée de la porte de La-
tran, il appella promptement deux de fes domestiques
fidéles miniftres de fes crimes, leur commanda de lui
apporter inceffamment ce livre, & leur défendit fous
de terribles menaces de Pouvrir en chemin, ni d'avoir
aucune curiofité
pour les fecrets qu'il contenoit. La
défense ne fit qu'irriter leur curiofité, ils ouvrirent le
livre en revenant & en lurent quelques pages. Auffi-
tôt parurent des démons, dont la multitude & les figures
horribles effrayerent tellement les deux jeunes hommes,
qu'ils en étoient hors d'eux-mêmes. Les démons les
preffoient, en disant : Pourquoi nous avez-vous appel-
lez, pourquoi nous avez-vous donné la peine de venir?
Dites promptement ce que vous voulez que nous faf-
fions; autrement nous nous jetterons fur vous, fi vous
nous retenez davantage. L'un des deux leur dit: Ab-

battez

battez promptement ces murailles : leur montrant de hautes murailles de Rome, que les démons abbattirent en un moment. Les jeunes hommes firent le figne de la croix, fi tremblans & fi hors d'haleine, qu'à peine purent-ils arriver à Rome. Le lecteur fenfé jugera quelle créance mérite un auteur qui rapporte férieufement de tels contes.

AN. 1985.

La feconde lettre de Bennon commence par une répetition des mêmes plaintes contre Pexcommunication du roi Henri. Sur quoi il allégue ces paroles de faint Augustin dans le fermon de la pénitence: L'apôtre nous Serm. 351. olim fait affez voir, que ce n'eft pas légerement, mais juri- kom. 50. n. 10. diquement, qu'on doit ôter les méchans de la communion de Péglife: afin que fi on ne peut les ôter par● un jugement, on les tolere plutôt : de peur que celui qui évite mal-à-propos les méchans, ne forte lui-même de Péglife, & n'aille en enfer devant ceux qu'il veut fuir. Il reproche à Hildebrand d'avoir excepté de l'excommunication ceux qui communiqueroient aux excommuniez au troifiéme degré ; & foûtient que le baptême conferé par les excommuniez eft nul, ce qui eft.

une héréfie..

Il dit enfuite qu'Hildebrand avoit appris la magie

de Theophilacte, qui fut le pape Benoît ÎX. & de Par- Sup. lib. xìxì chiprêtre Jean, qui fut Gregoire VI. & que ceux-ci.31. avoient été disciples de Gerbert autrement Silveftre H. qui avoit infecté Rome de fes maléfices. Il marque toute la fuite des papes depuis Silveftre, fçavoir, Jean Sup. lib. xvss. XVIII. qui fut, dit-on, empoisonné par les fiens" le cinquième mois: Jean XIX. qui dura à peine un an, Sergius IV. qui tint le fiége trois ans. Benoît VIII. laïque frere d'Alberic de Tufculum, qui mourut

Tome XIII

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2. 11.

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