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AN. 1095.

XXVIII.

mont.

P. 516.

Chr. Vird.

Le pope fe rendit à Clermont au temps marqué, & ils'y trouva, felon Berthold, treize archevêques & deux cens cinq prélats portant croffe, tant évêques qu'abbez: Concile de Cler d'autres en comptent jusques à quatre cens. Entre les archevêques il y en avoit deux d'Italie qui avoient fuivi le pape; fçavoir, Daïbert de Pife, & Ranger de Rege. Il y en avoit trois qui étoient légats dans leurs provinces: Hugues de Lyon, qui la même année avoit fait le voyage de faint Jacques: Amat de Bourdeaux, Bernard de Tolede. Les autres archevêques étoient Renaud de Reims, Aubert de Bourges, qui moururent dans la 24°. même année, Raoul de Tours, Richer de Sens, Dalmace de Narbonne, Gui de Vienne, Berenger de Tarragone, Pierre d'Aix. Les plus connus d'entre les évêques font premierement trois qui accompagnoient le pape, fçavoir, Jean de Porto, Gautier d'Albane, qui venoit de fa légation d'Angleterre, Brunon de Segni. Il y avoit auffi à la fuite du pape plufieurs cardinaux, entre autres Richard abbé de faint Victor de Marfeille, & le chancelier Jean de Gaëte.

Les autres évêques étoient presque tous François, & je remarque entre eux, Lambert d'Arras, Gaucher de Cambrai, Hugues de Sciffons, Hilgot son prédéceffeur, qui pour affurer fon falut, s'étoit fait moine à Clugni: Odon de Bayeux oncle du roi d'Angleterre, Roland de Dol en Bretagne, qui fe prétendoit archevêque, Ives de Chartres & Hugues de Grenoble, Pun & l'autre mis depuis au rang des faints: Adhemar du Pui. J'y trouve auffi deux évêques d'Espagne, Dalmace de Compostelle & Pierre de Pampelune. Entre les abbez on remarque, outre le cardinal Richard, Hugues de Clugni, Baudri de Bourgueil & Geoffroi de Vendôme. Tome XIII Dddd

Ivo. ep. 88.

AN. 1095.

240.

Durand évêque de Clermont, fe donna tant de fatiChr. Vird. p. gue pour bien recevoir le pape, qu'il tomba griévement malade ; & le pape arrivant le trouva à Pextrêmité, le vifita & lui donna Pabfolution. Il mourut la nuit fuivante, & fut enterré par les foins de fes difciples. Hugues évêque de Grenoble, Jarenton abbé de faint Benigne de Dijon, & Ponce abbé de la Chaife-Dieu : car tous trois avoient été moines dans ce monaftere, lorfque Durand en étoit abbé. Le pape fit la cérémonie des funerailles de Durand avec les évêques affemblez pour le concile, & lui donna pour fucceffeur Guillaume de Baïf, du confentement du clergé & du peuple.

XXIX.

cile de Clermont.

506.

1095.

6.31. al. 1.

Le concile de Clermont commença le dix-huitième Canons du con- de Novembre 1095. jour de Poctave de faint Martin. to. x. conc. p. On y fit plufieurs canons, dont nous n'avons que des Berthold. ann. sommaires pour la plûpart ; & de-là vient qu'ils font rapConc. p. 589. portez diversement. On y confirma tous les decrets des conciles, que le pape Urbain avoit tenus à Melfe, à Benevent, à Troye & à Plaifance. On renouvella les défenfes d'ufurper les biens des évêques, ou des clercs à leur mort; & on ordonna qu'ils feroient diftribuez en œuvres pies, felon leur intention, ou réservez au fucceffeur. Défense aux évêques d'inftituer un archidiacre qui ne foit diacre; un archiprêtre ou un doyen, qui ne foit prêtre. Défense d'élire un évêque, qui ne foit au

4.3. al. 2.

Sirm. ad Gof.. ep. 12. Marca ad. can. 7.P. 578.

moins diacre.

Les monasteres étoient en poffeffion de plusieurs églifes, dont les revenus ayant été ufurpez par des liiques, qui les leur avoient enfuite donnez, pour en décharger leur conscience. Le confentement de Pévêque Y étoit nécessaire, parce qu'originairement toutes les églifes étoient à fa difpofition; & en y consentant, il

LIVRE SOIXANTE QUATRIE ME.

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obligeoit les moines à mettre dans chaque église un AN. 1095. clerc capable de la deffervir, & lui donner un entretien fuffifant. Ce clerc titulaire de Péglife fe nommoit la Perfonne; & quelquefois Pévêque le faifoit payer un droit en lui donnant Pinftitution, & exigeoit des moines le même droit à toutes les mutations de perfonne. Ce droit fe nommoit rachat, à l'imitation du rachat des fiefs aux mutations de feigneurs ; & on le nommoit rachat d'autels, Redemptio altarium, parce qu'on diftinguoit Péglise & Pautel. On appelloit église les dîmes & les autres revenus fixes; & autels, les oblations & le cafuel, que les laïques laiffoient ordinairement aux clercs qui desservoient léglife. Le concile de Clermont condamna ce rachat d'autels comme une espece de fimonie ; conservant toutefois aux monafteres les autels ou les dîmes, dont ils étoient en poffeffion depuis trente ans : fauf le cens annuel aux évêques, c'est-à-dire, Pancienne redevance nommée fynodique ou cathédratique. Et parce qu'il y avoit des moines qui s'attribuoient toute Pautorité fur les églifes de leur dépendance; le concile ordonne, que dans les églises paroiffiales dont ils font en poffeffion, ce fera Pévêque qui mettra un curé du confentement de l'abbé; & que le curé rendra compte à l'évêque du gouvernement de la paroiffe, & sera soumis à Pabbé pour le temporel.

Aucun clerc ne pourra avoir deux prébendes en deux villes différentes, parce qu'il ne peut avoir deux titres; & chacun fera ordonné pour le titre pour lequel il a été ordonné d'abord; c'eft-à-dire, que celui qui eft par exemple foudiacre d'une certaine églife, en fera ordonné diacre & prêtre. Le concile défend auffi d'avoir deux dignitez dans une même églife. Il défend de recevoir

Dddd ij

Can. 7. al.

C. 12.

13.

14. 15.

de la main d'un laïque aucune dignité ecclésiastique, 'AN. 1095. ni de lui en faire hommage lige ; & à aucun prince d'en donner Pinvestiture. Defense aux laïques d'avoir des chapelains qui ne leur foient donnez par l'évêque pour la conduite de leurs ames.

17.

18.

5. 26.

27.

28.

Le jeûne du samedi faint fera poussé jusques vers la nuit. Le jeûne du printemps fera toujours la premiere femaine de carême, & celui de Pété dans la femaine de la Pentecôte. Perfonne ne communiera, fans prendre féparément le corps & le fang, finon par nécessité & Marca ad c. 28. avec précaution. C'eft que quelques-uns, comme les moines de Clugni, imitoient les Grecs, donnant PeuSup. lib. x.n.6 chariftie dans une cueillere, où le corps de notre Sei

Sup. lib. LXIII.

n. 59.

c. 1. al. 9.

gneur étoit trempé dans fon précieux fang; & nous avons vû que l'églife Latine rejettoit cet ufage, comme contraire à Pinftitution du facrement. Ce canon toutefois le permet en cas de néceflité, comme s'il falloit communier un malade ou un enfant, qui ne pût avaler du pain fec. Au refte on voit que Pufage ordinaire étoit encore de communier fous les deux efpeces.

On confirma en ce concile la tréve de Dieu pour tous Malmesb.c. 14 généralement, depuis le commencement de l'Avent jufqu'à Poctave de l'Epiphanie, & depuis la Septuagefime jufques à Poctave de la Pentecôte: le refte de Pannée pendant les quatre jours de la femaine, jeudi, vendredi, famedi & dimanche. En tout temps pour les moines & les clercs, & tous les jours pendant trois ans, pour les payfans & les marchands; à cause de la disette de vivres, dont la plupart des provinces de Gaule étoient affligées. Les croix plantées fur les chemins étoient des afyles comme les églifes.

6.29.30.

Berthold.

Philippe roi de France fut encore excommunié danş

AN. 1095.

ce concile pour fon mariage illegitime avec Bertrade, nonobftant les follicitations de plufieurs perfonnes confidérables, & les grands préfens que Pon offroit au pape pour l'en détourner ; & quoique le concile fe tint dans Ivo. ep. 211. le royaume de Philippe : mais cette excommunication ne fit aucun préjudice à l'autorité royale. Car nous ne voyons point que depuis il ait été moins obéi que devant, ni que Pon ait pensé à mettre un autre roi à sa place.

Guibert Gefia D. 11. c. 3.

XXX. Primatie de

Sup. lib. LXIL, n. 57.

conc. p. 517.

On régla dans ce même concile plufieurs affaires particulieres. Premierement le pape Urbain confirma la pri- Lyon confirmée. matie de Lyon, suivant la bulle de Gregoire VII. donnée en faveur de l'archevêque Gebuin. Hugues fon fucceffeur, plus autorifé par fa qualité de légat, fe plaignit que cette bulle n'etoit pas exécutée, quoique Paffaire eût déja été agitée en plufieurs conciles provinciaux. On lut dans le concile de Clermont les privilé- Decr. Urb. to. L ges du faint fiége, qui établiffoient cette primatie. Comme Richer archevêque de Sens refufoit de s'y foûmettre, on lui accorda plufieurs délais ; & enfin le fixiéme jour du concile étant paffé, fans qu'il eût propofé fes défenses, il fut jugé, de l'avis de tout le concile, que Parchevêque de Sens devoit à celui de Lyon foûmission & obéiffance comme à fon primat, fuivant Pautorité Marea de prim des catalogues & les décrets du faint fiége. Par ces catalogues on entendoit Pancienne notice des provinces de Gaule, inferée dans la collection d'Ifidore,

Les fuffragans de la métropole de Sens, qui étoient préfens, déclarerent qu'ils obéiroient au décret du concile, qui prononça de même touchant l'église de Roüen. Pour celle de Tours, il n'en étoit point queftion, parce que Parchevêque Raoul s'étoit déja foûmis. Le huitiéme

n. 59.60.

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