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est le troisième du monde : ce qu'il dit à cause du AN. 1053 triarche de Conftantinople, qui s'étant attribué le second rang, rejettoit le patriarche d'Antioche au quatriéme. Le pape approuve la promotion de Pierre, pourvû qu'elle foit canonique ; & déclare catholique fa profession de foi; puis il met la fienne selon Pancienne coutume, mais il n'y compte que sept conciles généraux, apparemment parce que le huitiéme n'avoit décidé aucun point de doctrine.

II.

Lettre à Michel Cerularius.

Ap. Baron. an. 1054.

Vers le même temps Humbert cardinal évêque de fainte Rufine, étant à Trani dans la Poüille, vit une lettre écrite par Michel Cerularius patriarche de Conftantinople, & par Leon évêque d'Acride métropolitain de Bulgarie, adreffée à Jean évêque de Trani. Cette lettre commençoit ainfi : La charité nous a engagez à vous écrire, & par vous à tous les évêques & les prêtres des Francs, aux moines, aux peuples & au pape même, & à vous parler desazymes & du sabbat, que vous observez communiquant avec les Juifs. Enfuite. Michel & Leon prétendent montrer, que JESUS-CHRIST après avoir célébré Pancienne Paque avec les azymes, inftitua la nouvelle avec du pain levé, qu'ils foutiennent être le feul vrai pain. En fecond lieu ils reprochent aux Latins d'obferver le fabbat en carême, parce qu'ils jeûnoient le famedi; au lieu que les Grecs ne jeûnoient ni le famedi, ni le dimanche. Le troifiéme reproche eft de manger des animaux fuffoquez & par conféquent du fang. Le quatrième de ne point chanter Alleluia en carême. Michel & Leon finiffent cette lettre en exhortant l'évêque de Trani à désabuser les autres fur ces points, comme il Pétoit déja luimême : & promettant, s'il le fait, de lui envoyer un

écrit contenant des véritez plus importantes.

Le cardinal Humbert ayant lû cette lettre écrite en grec, la traduifit en latin & la porta au pape, qui y répondit par une lettre très-longue. Elle commence par un grand lieu commun fur la paix, & une véhémente déclamation contre ceux qui font violée; puis le pape s'adressant au patriarche de Conftantinople & à l'évêque d'Acride, leur parle ainfi : On dit que

a

AN. 1053.

par une entreprise nouvelle & une audace incroyable Leo.epift. 5. c. 5. vous avez condamné ouvertement léglise Latine, fans Pavoir entenduë, principalement parce qu'elle célébre Peuchariftie avec des azymes. L'églife Romaine commencera donc après environ mille vingt ans, depuis la paffion de notre Seigneur, à apprendre comment elle doit en faire la mémoire, comme s'il ne lui fervoit de rien d'avoir été inftruite par faint Pierre même. On comptoit que JESUS-CHRIST étoit mort à trente-trois ans, ainfi les mille vingt ans marquent Pan 1053. de Pincarnation.

C. TO.

C. 12.

La lettre continuë en relevant les héréfies & les c.8. erreurs des Grecs, & particulierement des évêques de Conftantinople, & foutenant que perfonne n'a droit de juger le fiége de Rome. L'auteur de la lettre ajoûte que l'empereur Conftantin ne trouvant pas raifonnable que celui à qui Dieu a donné lempire du ciel fût fujet à Pempire de la terre, accorda à faint Silveftre & à fes fucceffeurs non-feulement la puiffance & la dignité impériale, mais les ornemens & les officiers convenables. Et enfuite : Mais de peur que vous ne foupçon- . 13niez encore la domination terrestre du faint fiege de s'appuyer fur des fables, nous rapporterons quelque chose du privilége de Constantin, pour établir la vé

AN.

rité & confondre le menfonge. Il met enfuite la meil1053. leure partie de cette fameufe donation, qui eft aujourto. 1. conc. p. d'hui reconnuë fauffe pour tous les fçavans, mais qui n'étoit pas alors révoqué en doute.

1530.

c. 23.

par tous

pou

Il reproche aux Grecs Pufage d'ordonner des eunuques même pour l'épiscopat, ce qui a donné occasion, ajoûte-t-il, à ce que Pon dit publiquement, qu'une femme a été placée fur le fiége de Conftantinople, mais ce crime feroit fi abominable que nous ne le vons croire. Ce reproche montre bien que l'on n'avoit pas encore inventé la fable de la papesse Jeanne; car on la place entre Leon IV. & Benoît III. environ c. 27. deux cens ans avant Leon IX. Il reproche au patriarche Michel son ingratitude contre léglise Romaine sa mere, qui a ordonné en quelques conciles que Pévêque de Conftantinople feroit honoré comme évêque de la ville impériale; fans préjudice toutefois des pa. 29. triarches d'Alexandrie & d'Antioche. Cependant, continuë-t-il, on dit que vous avez fermé chez vous toutes les églises des Latins; & que vous avez ôté les monafteres aux moines & aux abbez, jufques à ce qu'ils vivent felon vos maximes. Combien Peglife Romaine eft-elle plus modérée ? puisqu'au dedans & au dehors de Rome il y a plufieurs monafteres & plufieurs églifes des Grecs, fans qu'on les empêche de suivre les traditions de leurs peres. Au contraire on les y exhorte, parce que nous fçavons que la différence des coutumes felon les lieux & les temps, ne nuit point au falut, pourvû que Pon foit uni par la foi & la charité. Il dit enfin, qu'ayant vû leur écrit contre les azymes adreffé aux évêques de la Poüille, il envoye quelques paffages des peres pour réfuter leurs calom

AN. 1053.

nies, en attendant qu'il y réponde plus amplement. L'Empereur Conftantin Monomaque voulant s'attirer le fecours des Allemands & des Italiens contre les Leo. ep. 6.7. Normands, & fçachant le crédit qu'avoit le pape fur Pempereur Henri; écrivit une lettre au pape, où il témoignoit un grand défir de rétablir Punion altérée depuis long-temps entre Péglife Grecque & la Latine ; & obligea le patriarche Michel Cerularius d'écrire au pape à même fin. Ces lettres furent envoyées par un officier de la garde-robe de l'empereur, qui les rendit à Argyre duc d'Italie, & celui-ci les fit tenir au pape vers la fin Mich. ep. ad P. de Pan 1953.

a

An.

III. Lettres aux évê

Cependant le pape reçut des lettres de trois évêques des cinq qui reftoient en Afrique fous la domination ques d'Afrique. des Mufulmans. Ces trois fe plaignoient des entreprifes de l'évêque de Gommi, & demandoient quel métropolitain ils devoient reconnoître. C'est que Carthage ayant cessé d'être la capitale, étoit tombée en ruine depuis long-temps. Le pape leur écrivit deux lettres; la premiere à Thomas, que Pon croit avoir été Pévê- Leo. ep. 3. que de Carthage, & à qui d'abord il témoigne la compaffion qu'il a de l'églife d'Afrique réduite à fi peu d'évêques, au lieu de deux cens cinquante que l'on voit dans les anciens conciles. Enfuite il déclare que Pévêque de Carthage est le métropolitain de toute l'Afrique; fans le confentement duquel Pévêque de Gommi n'a aucun droit de confacrer ou de dépofer des évêques ou de convoquer le concile provincial, mais feulement de régler fon diocèse particulier. Au reste, ajoute-t-il, fçachez que fans Pordre du pape on ne peut tenir de concile général, ni prononcer de jugement définitif contre un évêque, ce que vous trouverez dans les ca

nons, c'est-à-dire, dans les fauffes décrétales. Cette

AN. 1053. lettre eft datée du dix-feptiéme de Décembre, la cinquiéme année du pontificat de Leon, indiction feptiéme, qui eft Pan 1053. La feconde lettre adreffée aux deux autres évêques nommez Pierre & Jean contient la même décifion, & ajoûte Pétablissement des métropoles, comme il est rapporté dans les fausses décrétales qui y font citées.

IV. Légation à Con

ftantinople.

fac. 6.

Bened. n. 9. ibid. Mabil.

من

En même temps le pape deftinoit trois légats, pour Vita Leon. Ix. envoyer à Conftantinople, Humbert, Pierre & Frideric. Humbert avoit été premierement moine à Moyenmoustier au diocèfe de Toul, d'où il fut amené à Rome par Brunon son évêque lorsqu'il devint pape, & il le fit cardinal & évêque de Blanche-felve ou fainte Rufine. Pierre étoit archevêque d'Amalfi. Frideric étoit frere de Godefroi duc de Lorraine & de Tofcane, & parent du pape & de l'empereur Henri : il étoit alors diacre & chancelier de Péglise Romaine; & fut depuis pape fous le nom d'Etienne IX. Ces légats furent chargez de deux lettres, Pune à Pempereur Conftantin Monomaque, Pautre au patriarche Michel Cerularius, pour réponse à celles que le pape avoit reçûës d'eux.

Leo. ep. 7.

Dans la lettre à Pempereur le pape le louë d'avoir fait le premier des propofitions de paix & de concorde après une fi longue & fi pernicieufe divifion. Enfuite il rapporte ainfi ce qui s'étoit paffé entre lui & les Normands: Voyant une nation étrangère & fans difcipline s'élever par tout contre les églifes de Dieu, avec une fureur incroyable & une impiété plus que payenne; tuer les Chrétiens & faire fouffrir à quelques-uns des tourmens horribles, fans épargner les enfans, les femmes ni les vieillards, fans faire aucune différence en

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