Images de page
PDF
ePub

637

AN. 1098.

LX.

d'Ives de Char

. 6.43epist. 67.

epift. Co.

LIVRE SOIXANTE-QUATRIE ME. étoit irrité contre lui, & n'en voyoit point d'autre occafion que la lettre qu'il avoit écrite en 1097. à Hugues archevêque de Lyon, au fujet de Pélection de Daïmbert Juftification à Parchevêché de Sens. Il écrivit donc au pape, qu'ayant tres relû cette lettre, loin d'y trouver rien contre Péglife Romaine, il y trouvoit plufieurs chofes pour elle. Čar, dit-il, je n'ai eu autre intention que de remédier aux murmures que j'entens tous les jours, en vous faifant avertir par cet archevêque, à qui vous confiez vos deffeins; de pefer tellement vos décrets avec vos légats, que Péglife n'en fût point furchargée : que celui qui les auroit tranfgreffés fût puni: de forte que les autres corrigeaffent par fon exemple, & que votre réputation fe demeurât entiere. Voilà ce qui juftifie la lettre. Mais Parchevêque y ayant trouvé quelques paroles qui n'éfon gré, principalement touchant la primatie de Lyon, a voulu vous faire entrer dans sa passion, fans avoir égard à mes intentions. Permettez de dire ce qu'on penfe. Je ne crois pas qu'il y ait perfonne au-deçà des monts, qui ait souffert autant d'affronts & d'injustices que moi, pour vous avoir été fidéle, & avoir foutenu vos ordres.

toient

pas à

Mais puifque ces paroles vous ont irrité, ce n'est pas à moi à contester avec vous; & j'aime mieux renoncer, à Pépifcopat, que de foutenir votre indignation juste ou injufte. Si cette fatisfaction vous plaît, recevez-la : fi vous en voulez plus, ajoûtez-y. Je ferai peut-être plus utile à Péglise par mon exemple, étant particulier, que je ne fuis par ma parole, étant évêque. Il y a fept ans paffés que je cultive, felon mon pouvoir, la vigne qui m'a été confiée, fans y trouver de fruit : mettez-moi en liberté la huitiéme année. Si je ne le fais par votre per

mission, il faudra que je le fasse par néceffité, à cause AN. 1099. de Pinimitié du roi qui s'eft renouvellée contre moi pour Pancien fujet; c'est que le roi Philippe avoit repris Bertrade, & à cause de mes diocefains, que ni la crainte de Dieu ni la honte de l'excommunication ne peut obliger à quitter les facriléges qu'ils commettent dans les églifes, & à reconnoître la juftice.

LXI.

d'Orleans.

la cha

Quoiqu'il arrive de moi, je vous conjure par Jean 11. évêque rité de JESUS-CHRIST, fi Parchevêque de Tours ou quelqu'un du clergé d'Orleans vient vous solliciter pour le jeune homme qu'ils ont élû, de ne le pas écouter. Car c'est une perfonne infame & décriée par les villes de France, pour avoir eu des familiarités honteuses avec Parchevêque de Tours, avec fon défunt frere, & avec plufieurs autres malvivans. Quelques compagnons de les débauches ont fait fur lui des chanfons, que les jeunes gens corrompus chantent dans les rues & les places publiques, & qu'il n'a pas eu honte d'entendre & de chanter lui-même. J'en ai envoyé une à Parchevêque de Lyon, pour fervir de preuve. Ne permettez donc pas qu'il foit confacré, tant pour votre honneur, que pour Pintérêt de Péglise. Sçachez auffi que Parchevêque de Tours a couronne le roi à Noel, contre la defense de votre legat, & a obtenu à ce prix, que ce jeune homme fût fait évêque. Cette lettre eft la derniere d'Ives de Chartres au pape Urbain II. & elle femble avoir été écrite au commencement de Pan 1099.

[ocr errors]

Ce jeune homme élû pour l'évêché d'Orleans, étoit Parchidiacre Jean, que Parchevêque de Tours avoit Sup. n. 38. ・ voulu mettre fur ce fiége dès Pan 1096. Sanction, qui Pemporta pour lors, n'en jouit guères que deux ans; & Jean fut élû par Pautorité du roi, le jour des Innocens

[ocr errors]

par

vingt-huitième de Décembre 1098. C'est ce qui paroît,
tant par cette lettre d'Ives de Chartres au pape, que par
celle qu'il en écrivit à Parchevêque de Lyon, à qui il
dit parlant de l'archevêque de Tours: Comme il ne peut
avoir deux évêchés, il veut poffeder celui d'Orleans
une personne apostée, pour y abaisser & y élever ceux
qu'il voudra. Car il ne fe contente pas d'être toléré dans
Péglife qu'il a envahie contre les canons, s'il ne profti-
tue encore l'église de Dieu à qui il lui plaît: en fasci-
nant les yeux des autres par les difcours & par fes pro-
meffes, il dit qu'il n'a que faire de bons eccléfiaftiques
ni de canons, puifqu'il à tout cela dans fa bourse. Enfin
il fait impunément tout ce qu'il lui plaît. Il n'a pas
vaillé à faire dépofer Sanction, pour mettre à fa place
un meilleur sujet ; mais un homme qui lui fût entiere-
ment foumis, tel que celui-ci, qui le regarde comme
un écolier fait fon maître; en forte qu'il n'ofe ni s'affeoir
ni se lever que par fon ordre.

Il m'a été présenté, avec les lettres du roi & du chapitre, pour lordonner prêtre, & ensuite le sacrer évêque ; mais je n'ai encore ni rejetté ni approuvé son élection; & je ne l'approuverai jamais, fi je n'y suis contraint par un ordre du pape ou de vous. Car je fçai que cette ordination feroit non-feulement honteufe, mais pernicieuse à Péglife, fi on confioit le falut des autres à un homme qui n'a pas encore pensé au fien. Mandezmoi donc par ce porteur, ce que vous voulez que je réponde à ceux d'Orleans, qui fe flattent que vous confirmerez cette élection. Or quoi que vous fassiez, j'ai acquitté ma confcience. Je trouverois à Orleans bien des témoins de ce que j'avance, s'ils ne craignoient Pexil ou la prison; & afin que vous ne croyez pas que

AN. 1099.

epift. 66.

je Paye inventé, je vous envoye une des chansons que AN. 1099. Pon en chante publiquement.

epift. 68.

Sçachez encore que Pabbé de Bourgeuil étoit venu à la cour à Noel avec grande confiance, pour recevoir Pévêché que la prétendue reine lui avoit promis; mais parce que Pon trouva que les amis de Parchidiacre avoient plus de facs d'argent & mieux remplis, il a été admis, & l'abbé exclu. Et comme Pabbé fe plaignoit que le roi s'étoit mocqué de lui, le roi répondit : Attendez que je faffe mon profit de celui-ci : ensuite faites-le dépofer, & alors je ferai ce que vous voulez.

&

Ives écrivit encore à Parchevêque de Lyon en ces termes: Vous m'invitez moi & tous ceux qui voudront attaquer Pélection de Jean, archidiacre d'Orleans, à comparoître devant vous au premier jour de Mars, parce que vous ne pouvez être accufateur & juge. Mais vous fçavez que cela ne s'entend que des péches fecrets, que ceux qui font manifeftes n'ont pas befoin d'accufation; fur quoi il rapporte plufieurs autorités. Venant enfuite à Paccufation de fimonie, il dit : Nous avons chez nous des négocians, créanciers de la prétendue reine, qui, à ce qu'ils nous ont dit, attendent une partie de l'argent que les parens de Jean ont promis: mais cette princeffe dit que Pon differe le payement par précaution, afin de le faire plus sûrement après le facre: toutefois on redemandera bien-tôt cet argent, file facre eft differé quelque temps. Nonobftant ces remon trances d'Ives de Chartres, Jean fut facré évêque d'Or leans, & tint ce fiége plus de vingt ans. Il s'acquitta même assez bien de fon devoir, comme on peut juger par les lettres qu'Ives lui écrivoit de temps en temps pour diverses affaires ecclésiastiques.

Le

AN. 1099.

LXII.

Berthold. ann.. 1099.

vor. n. 40.

Le pape Urbain tint à Rome le concile dans le temps marqué, c'est-à-dire, la troifiéme semaine après Pâques, qui cette année 1099. étoit le dixiéme d'Avril. Concile de RoIl s'y trouva cent cinquante évêques, entre autres An-To. x. p. 615. felme archevêque de Cantorberi, Daïmbert de Sens,, qui reconnut alors la primatie de Lyon: Leger de Bourges, Amat de Bourdeaux, Byfance de Trani, Gautier évêque d'Albane, Odon d'Oftie, Gontard de Fondi, Leutald de Senlis, Lambert d'Arras, Humbaud d'Auxerre, Norgaud d'Autun, Ismeon de Die, Geofroi de Maguelone. Chacun étoit affis à fon rang felon la coû- Edmer. 2. Notume: mais il y eut de la difficulté pour placer Anfelme, parce que perfonne ne fe fouvenoit d'avoir vû dans un concile de Rome un archevêque de Cantorberi. Le que pape lui fit donc mettre un fiége dans le cercle formoit la féance; ce qui marquoit une grande diftinction. Nous avons dix-huit canons de ce concile, dont les onze premiers font les mêmes, mot pour mot, que les douze premiers du concile de Plaisance, tenu en 1095. touchant les ordinations des fimoniaques & des fchifmatiques, que le pape avoit déja fait confirmer dans le concile de Clermont & dans les fuivans. En celui-ci on défendit encore aux abbez & aux autres fupérieurs des églises, de recevoir de la main des laïques, des dîmes ou d'autres droits eccléfiaftiques, fans le confentement de Pévêque. On defendit tout ce qui fent la fimonie, Can. 15. 16.0.17. même d'exiger à Pordination des évêques, des chappes,

to. x. p. 503. Sup. n. 22.

des tapis, ou d'autres petits prefens. On ordonna que c. 12. 17. 18. tous les fidéles jeûneroient tous les vendredis pour leurs Chr. Mallear. pechez, principalement pour ceux dont ils auroient

oublié de fe confeffer.

Le concile fe tenoit dans Péglise de faint Pierre, & Edmer Tome XIII.

Mmmm

« PrécédentContinuer »