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pitre sur Richardson qui paraisse long parce que l'auteur l'a développé, un peu sans doute en vue de son plan général, mais beaucoup surtout pour le plaisir de juger en elle-même l'œuvre du romancier anglais. Peut-être encore la partie consacrée à Béat de Muralt aurait-elle pu être diminuée. Il est presque «< inédit », ce Muralt, et c'est un préjugé défavorable pour un vulgarisateur que d'être retombé dans l'obscurité. En littérature, s'occuper d'inédit, c'est faire des exhumations, et non des résurrections. Plutôt que de nous révéler quelque petit écrivain qui a vécu à petit bruit dans un petit cercle, on fait bien mieux de nous apprendre du nouveau sur un grand écrivain. Aussi un des plus intéressants chapitres de ce livre est-il celui qui est consacré à Voltaire; et pourtant ce n'est qu'un des chapitres préparatoires de cette thèse, qui roule en somme sur Rousseau, sur les influences anglaises qu'il a subies et qu'il a propagées.

Le titre de cette étude ne correspond peut-être pas très exactement au développement de l'idée générale, car, après avoir lu tout ce travail, je me demande en quoi il y a là les origines du cosmopolitisme littéraire, plutôt que dans une étude sur Corneille et sur ses emprunts à Guillem de Castro. Ce n'est pas une simple querelle de mots et d'étiquette que je fais là. En effet, si M. Texte a pu dire excellemment qu'une idée que l'on précise est une idée que l'on féconde, on peut, en renversant les termes, lui répondre que l'on stérilise une idée en lui donnant un nom vague malgré son apparente précision. Nous voyons bien reparaître souvent, au cours de ce travail, le mot « cosmopolitisme »>, ou encore << exotisme », sans que l'on comprenne très nettement en quoi ils conviennent aux emprunts faits ou à faire aux littératures du nord de l'Europe. De plus c'est aller bien vite en besogne que de rêver une cosmopolis littéraire; avant de chercher là la formule de la littérature de l'avenir, il serait plus prudent de prouver d'abord qu'il peut y avoir une littérature européenne. Enfin sommes-nous bien placés en France pour étudier cette littérature européenne, si tant est qu'elle existe? Cela ne convient-il pas mieux à des critiques de Suisse ou de Danemark, comme le remarque M. Bernardini dans sa Littérature scandinave, à propos de M. Brandes? N'est-ce pas dans ces pays à littérature nationale relativement peu riche, et où l'on parle presque naturellement plusieurs langues, qu'on peut se livrer, plus utilement que chez nous, à ces études où le polyglottisme est indispensable, où le fait même d'être citoyen d'un État officiellement ou pratiquement neutre n'est pas indifférent pour l'impartialité du jugement?

Du reste, que cette besogne convienne ou non à des Français, ce n'est pas rajeunir l'esthétique littéraire que d'en changer la terminologie. M. Texte a contribué pour sa part à l'introduction d'un mot nouveau; mais, heureusement pour lui et pour nous, ce mot nouveau cache une chose fort ancienne en matière de critique : l'étude des influences étrangères sur nos écrivains nationaux. Si l'on voulait à toute force changer les formules consacrées, on pourrait aussi bien parler de l'importation ou de l'exportation des idées. Et de même que les échanges économiques ne modifient pas les frontières, ne réconcilient pas les intérêts opposés, de même les échanges intellectuels ne peuvent pas créer un esprit européen, encore moins un esprit cosmopolite, bien qu'ils modifient les génies marqués par le sceau d'un pays et d'une race. Pasteur, dans une formule superbe, a pu dire que si la science n'a pas de patrie, le savant en a une; à plus forte raison peut-on affirmer que la littérature a une patrie, et que le lettré doit en avoir une ce qui n'empêche pas les voyages à l'étranger.

Il me semble donc difficile d'admettre la théorie générale que M. Texte a exposée, malgré le mérite de cette exposition, mérite qui est le gage d'un bel avenir. S'il n'était pas bien téméraire de vouloir enfermer un écrivain dans son œuvre de début, je dirais que M. Texte a prouvé par cette thèse que, s'il pouvait fort bien enseigner la littérature française, il serait peut-être encore

mieux, dans une chaire de littérature étrangère, the right man in the right place.

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Mais c'est surtout aux futurs lecteurs de ce livre que s'adresse ce compte rendu; et, en somme, toute analyse bibliographique doit aboutir à cette conclusion est-ce un livre à acheter, un livre à lire et à faire lire, oui ou non? La réponse n'est pas douteuse on ne pourra plus maintenant parler de J.-J. Rousseau sans avoir dépouillé cette œuvre considérable; chemin faisant on y apprendra bien des choses sur d'autres écrivains d'Angleterre, de Suisse, voire de France.

MAURICE SOURIAU.

EUGÈNE GILBERT. Le Roman en France pendant le XIXe siècle. Paris, E. Plon, Nourrit et Cie, 1896, in-12, 4 ff. non chiffrés et 459 p.

Le roman a tenu dans toutes les littératures de ce siècle, et particulièrement en France, une place considérable. Il ne faut donc pas s'étonner si d'ores et déjà quelques critiques s'essayent à classer ses innombrables transformations, à déterminer les influences d'où il a procédé et celles qu'il a fait naître, à établir enfin le « départ », comme on dit volontiers aujourd'hui, de ce qu'il y a de viable et de ce qu'il y a de caduc dans cet incessant effort. Après MM. Brunetière, Lemaître, Doumic, G. Pélissier, Paul Morillot et d'autres encore dont on trouvera la liste sommaire en tête de son livre, M. Eugène Gilbert, secrétaire et rédacteur de la Revue générale de Louvain, a entrepris de résumer et de caractériser les diverses phases du roman français moderne. La tàche est immense et pour la circonscrire en un volume in-12 de 450 pages, l'auteur a dû grouper sous diverses rubriques les œuvres entre lesquelles il découvrait une corrélation plus ou moins sensible. Aux initiateurs incontestés, Chateaubriand et Mme de Staël, il associe Charles Nodier, Xavier de Maistre et un «< isolé », Stendhal, qui a pourtant depuis fait souche et dont il ne serait pas impossible de retrouver les ascendants. Ensuite viennent trois parties consacrées, suivant la répartition traditionnelle, au romantisme, au réalisme et au naturalisme, mais divisées elles-mêmes en une foule de chapitres spéciaux. Débordé par le torrent dont il a cherché à retracer le cours et à signaler les affluents, M. Gilbert a dû nécessairement recourir, sauf pour les chefs de file, à une énumération plus ou moins brève et trop souvent mème à une simple mention répétée par l'index final; encore ce dénombrement offre-t-il plus d'une lacune. Ainsi, je ne vois mentionnée nulle part l'exquise nouvelle de Gérard de Nerval, Sylvie, dont les délicats n'avaient pas attendu, pour en faire un de leurs régals préférés, qu'un éditeur avisé en donnât une réimpression elle-même parfaite. Si Henry de La Madelène est cité à propos de La fin du marquisat d'Aurel, libre à M. Gilbert de ne point accorder la même faveur à Germain Barbe-Bleue, comme je l'eusse fait à sa place; mais, ce qui est plus grave, Jules de La Madelène, l'auteur de Brigitte, du Marquis des Saffras, etc., n'est pas plus nommé qu'Asselineau et Babou, dont la Double vie et les Payens innocents auraient mérité au moins une ligne dans le chapitre consacré aux «< nouvelliers ». Ces omissions sont, je le sais, inévitables dans un livre de cette nature et, à certains égards d'ailleurs, significatives. Parmi les œuvres d'imagination écloses entre 1840 et 1870, Madame Bovary tient, et très légitimement, le premier rang, mais ce succès auquel la postérité a contribué plus encore que les contemporains, a précipité dans un oubli dont ils ne sortiront plus, j'en ai peur, des livres assurément inférieurs à celui-ci, et qui avaient bien leur mérite; j'étonnerais sans doute beaucoup M. Gilbert si je lui affir

mais qu'Arnould Frémy, Mary Lafon, Édouard Plouvier auraient eu le droit de figurer aux lieu et place de plus favorisés; mais M. Gilbert n'a lu, j'en suis sûr, ni les Maitresses parisiennes du premier, ni les Mœurs et Coutumes de la vieille France du second, ni les Contes pour les jours de pluie du troisième et, sans tirer vanité de cette mince supériorité sur lui, j'en conclus, parce que je les ai lus, qu'il appartient à une autre génération que la mienne. Bien qu'il se défende de chercher à deviner quel avenir est réservé au roman, M. Gilbert reproduit dans sa conclusion les principaux passages d'une étude de M. Antoine Albalat sur le même sujet et il estime à son tour que «<le maitre futur sera celui qui atteindra le Beau en touchant les fibres les plus humaines et les plus nobles de notre cœur ». Souhaitons-le avec lui et espérons que quelque cataclysme politique ou social, toujours latent et imminent, ne vienne pas troubler ces consolants pronostics.

MAURICE TOURNEUX.

PÉRIODIQUES

Allgemeine Zeitung Beilage, no 138.

J. Sarrazin, Rabelais und die gro

teske Satire. - N° 218: Das Französische in Lothringen. — N° 262 Journal des Goncourt.

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ming).

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Atti della reale Accademia delle scienze di Torino, XXX, 15. M. Losaccio, Il sentimento della noia nel Leopardi e nel Pascal.

Berichte des Freien Deutschen Hochstiftes zu Frankfurt am Main, XI, 3-4.-F. Kuh, Bericht über den französischen Feriencurs in Frankfurt am Main. Bulletin du Bibliophile. Septembre-octobre: Maurice Tourneux, MarieAntoinette devant l'histoire (suite). A. Claudin, Les libraires, relieurs et imprimeurs de Toulouse (suite). L'abbé A. Tougard, Un auteur bénédictin inconnu. Léon G. Pellissier, L'imprimerie à Milan. Le vicomte de Grouchy, Documents officiels sur quelques libraires, imprimeurs et relieurs parisiens aux XVIIe et XVIIIe siècles. Georges Vicaire, Revue critique des publications nouvelles. Novembre-décembre: Maurice Tourneux, Marie-Antoinette devant T'histoire (fin). A. Claudin, Un typographe rouennais oublié. Le vicomte de Grouchy, La presse sous le premier Empire. Georges Vicaire, Revue cri

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tique des publications nouvelles.

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Le Correspondant. - 25 juillet: L. de Lanzac de Laborie, Mœurs et physionomies du XVIIIe siècle. Les œuvres et les hommes, courrier du théâtre, de la littérature et des arts. 25 août : Les œuvres et les hommes, courrier du théâtre, de la littérature et des arts. 25 septembre: E. Lecanuet, La jeunesse

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de Montalembert: la défection de Lamennais, avec des lettres inédites. G. d'Hugues, Joseph de Maistre et ses nouveaux historiens. Les Puvres et les hommes, courrier du théâtre, de la littérature et des arts. 10 octobre: Denys Cochin, Pasteur. G. d'Hugues, Trois moralistes contemporains. 25 octobre: E. Lecanuet, La jeunesse de Montalembert : les dernières relations de Montalembert et de Lamennais, avec des lettres inédites (fin). - Edmond Biré, Balzac au théatre. Les œuvres et les hommes, courrier de la littérature, des arts et du théâtre. 10 novembre Joseph Laurentie, Le portefeuille d'un journaliste: les correspondants de M. Laurentie. — E. de Maujars-Lussienne, Le premier siècle de l'Institut de France. 25 novembre: Arthur Desjardins, Proudhon, sa vie, ses œuvres, sa doctrine: I. La jeunesse de Proudhon. MarieThérèse Ollivier, Valentine de Lamartine, d'après des lettres inédites. I. — L. de Lanzac de Laborie, La correspondance de la duchesse de Broglie. Joseph Laurentie, Le portefeuille d'un journaliste : les correspondants de M. Laurentie (fin). G. d'Hugues, Les amis de Montaigne. Les œuvres et les hommes, courrier de la littérature, des arts et du théâtre. Deutsche Litteraturzeitung, no 41. Filon, Mérimée et ses amis (Cornicelius).

Deutsche Zeitschrift für auslandisches Unterrichtswesen. I, 1. A. Ehrhard, Die Ecole normale supérieure in Paris.

Die Gegenwart, no 27: G. Karpeles, Ein Gespräch von Heine und Alexandre Dumas père. - N° 47: Heinrich Mann, Barbey d'Aurevilly, I - N° 48: H. Mann, Bar bey d'Aurevilly, II.

Die Nation, no 49: Widmann, Bouilly's Leonore und der Text zu Beetho ven's Fidelio No 51 H. Morf, Molières Ende No 52 Ronsohoff, Michel de Montaigne.

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Die neueren Sprachen. III, 2 R. Kron, Die Methode Gouin, II. Gundlach Kühtmanns Textausg. franz. Schriftsteller; Kühtmanns Bibliothèque francaise. Glode Klint, Fransk-Svensk Ordbok. III, 3 Hengesbach, Der französische Unterricht am preussischen Gymnasium nach der neuen Lehrmethode. R. Kron, Die Methode Gouin. M. Tissot, De l'enseignement secondaire en France. L. P. Eykman, Gouins System in Holland. Gundlach Ulbrich, Lebungsbuch zum Uebersetzen aus dem Deutschen ins Französische; Bahlsen und Hengesbach, Schulbibliothek franz. Prosaschriften. Lohmann L'invasion, par Halévy, traduit par Tournier; De l'Allemagne, par Mme de Staël. hrsg. von Franz. III, 4: R. Kron, Die Methode Gouin, III - M. Tissot, De l'enseignement secondaire en France. - J. D. Escolaux, A travers mes manuscrits (Lohmann). III, 5 R. Kron, Die Methode Gouin, IV. Kühn, Französisches Lesebuch für Anfänger (A. Gundlach). Goerlich, Materialien für freie französische Arbeiten (A. Beyer). — Fleischhauer, Praktische französische Grammatik (J. Sarrazin). Kressner, Rustebuef, ein französischer Dichter des XIII Jahrhunderts (F. Sarrazin). — Köcher, Zum französischen Unterricht am Gymnasium. Finsk Tidskrift. Avril 1895 A. von Kraemer, Anatole France. Ola Hansson, Barbey d'Aurevilly. Franco-Gallia. - XII, 9 A. Sorel, Die Persischen Briefe Montesquieus. Faguet, Voltaire (Frank). Eidam, Mustersätze zur französischen Grammatik; Becker und Bahlsen, Ergänzungsheft zu Ulbrichs Elementarbuch und Schulgrammatik der französischen Sprache (Gundlach). XII, 10 Besprechungen und Anzeigen. Frankreich an der Zeitwende, Fin de siècle. Stier, Lehrbuch der französischen Sprache. Feist, Lehr-und Lesebuch der französischen Sprache. Koschwitz, Französische Volksstimmungen während des Krieges 1870-1874. Frankfurter Zeitung. - N° 260: H. Morf, Der Verfasser von Paul und Virginie. Gids. — Juin : A. G. Van Hamel, Gaston Paris en zijne leerlingen. Illustrierte Zeitung. N° 2737 E. Körner, Barthélemy Saint-Hilaire, Alexandre Dumas.

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Juin :

Journal des Débats politiques et littéraires. · 23 juillet (soir): Édouard Rod, Revue littéraire : l'œuvre posthume de James Darmesteter. - F. R., Une visite aux Rochers. 25 juillet (soir): Émile Faguet, Le prochain moyen âge. 26 juillet (soir) : André Heurteau, Royer-Collard. 28 juillet (soir) : Jules

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Lemaître, la Semaine dramatique. Paul Diénay, les Citations et la mode. 31 juillet René Doumic, la Séance du concours général. Doumic, le Monument de Florian. 4 août (soir): Jules dramatique. Paul Diénay, les Caisses de M. Zola. 5 août (soir): André Michel, le Journal d'Eugène Delacroix (2° article). - 7 août M. M., André Chénier orateur et journaliste. 8 août (soir): Édouard Rod, Rêverie à l'île Rousseau. J. Bourdeau, Naturalisme et mysticisme. 18 août (soir): Henri Chantavoine, Chamfort, étude sur sa vie, son caractère et ses écrits. 11 août (soir) : Jules Lemaitre, la Semaine dramatique. 12 août Paul Bonnefon, les Amis de Montaigne : Pierre Charron (1er article). 13 août (soir): H. FiérensGevaert, L'émotion au théâtre. - Augustin Filon, le Parler vaudois. 16 août : Paul Bonnefon, les Amis de Montaigne Pierre Charron (fin). (Soir): Guy Tomel, la Poussière de Victor Hugo. Émile Faguet, la Jeunesse de Joseph de Maistre. 18 août (soir): Jules Lemaitre, la Semaine dramatique. (soir): Henry Houssaye, Sur la jeunesse de Napoléon. sur le baron de Staël. — (Soir) : Jules Lemaitre, la Semaine dramatique. Paul Diénay, L'interview. 27 août (soir): Augustin Filon, Balzac et les Anglais.

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