Images de page
PDF
ePub

nait les arguments ». Il devait aussi parler du margrave d'Ansbach, du parlement de Grenoble, de d'Alembert et de l'Académie, sans oublier la nouvelle d'un « fourgon arrêté aux portes à Paris, où il y avait quatre nouveaux volumes de Voltaire ».

Ces notes éparses prouvent que le manuscrit de la Bibliothèque nationale ne renferme pas en entier la correspondance littéraire adressée par Villoison à Charles-Auguste et que cette correspondance se poursuivit après le mois de décembre 1775. Jusqu'à quelle date se continua-t-elle? Il m'est impossible de le dire; mais on peut admettre comme vraisemblable qu'elle ne dut pas durer très longtemps; les occupations de Villoison, plus tard le départ de Knebel de Weimar, l'intérêt pris par Charles-Auguste aux événements politiques, finirent par amener un relâchement forcé entre les rapports de l'helléniste français et la cour ducale; mais ses relations avec l'ancien gouverneur du prince Constantin et avec le duc régnant ne furent jamais complètement interrompues '; il existe une lettre de Villoison à Knebel, de la fin de 1780, l'année même où celui-ci quitta Weimar, et nous verrons qu'il lui en écrivit d'autres encore plus tard.

En 1778, Villoison donna une édition du Daphnis et Chloé de Longus, accompagnée d'un commentaire si long, que son éditeur crut devoir l'abréger ; mais le succès de cette publication ne répondit pas entièrement à son attente. L'année précédente, il s'était marié ; il épousa Me Caroline de Neukart, originaire de Pithiviers, union charmante, mais qui lui donna un bonheur dont il ne jouit pas longtemps. Son affection pour cette femme aimable était contrebalancée par sa passion pour le grec; celle-ci finit par l'emporter, et, au bout de dix-huit mois de mariage, il résolut d'aller à Venise consulter les manuscrits précieux réunis dans la riche bibliothèque de cette ville. Villoison obtint sans peine pour son voyage l'assentiment du roi, qui voulut même en faire les frais, et il partit au mois de septembre de l'année 1778.

Il resta de longs mois dans la capitale de la Vénétie et, bien avant de la quitter, il y publia le résultat de ses doctes recherches en deux volumes. Le premier, dédié à Phelypeaux, comte de Maurepas, renferme la prétendue Ionia de l'impératrice Eudoxie;

1. Lettre de Wieland du mois de mai 1781. Ausgewählte Briefe, t. III, p. 339. 2. H. Düntzer, op. laud., t. I, p. 96, note.

3. Etienne Quatremère, art. sur Villoison dans la Nouvelle biographie générale.

4. Dacier, Notice historique sur la vie et les ouvrages de M. de Villoison, Paris, 1806, 8°, p. 10.

5. Correspondance d'Oberlin. Bibl. nat. Mss. all. 192, fol. 109.

6. Dacier, op. laud., p. 11.

le second, les Diatribes, de nombreux fragments de grammairiens, de scoliastes et d'autres écrivains grecs.

Mais Villoison ne consacra pas le temps qu'il passa à Venise exclusivement à collationner les manuscrits grecs de SaintMarc; il réserva une partie de ses loisirs pour étudier la langué et la littérature italiennes1; dans la lettre à Knebel', dont j'ai parlé plus haut, il annonçait à son correspondant qu'il avait déjà lu, avec le plus grand profit, plus de soixante auteurs italiens; on comprend qu'il fût ainsi vite arrivé à posséder à fond la langue et la littérature de la Péninsule. Après trois ans et demi passés à Venise, Villoison reprit le chemin de sa patrie; mais il résolut, en revenant, de traverser l'Allemagne et d'aller rendre visite à son ami Knebel et à cette cour de Weimar, devenue si célèbre et où il avait autrefois souhaité de résider.

(A suivre.)

CHARLES JORET.

1. Anecdota græca, e regia Parisiensi et e Veneta S. Marci Bibliothecis deprompta. Venetiis, 1781, 4°.

2. 13 décembre 1780. H. Düntzer, op. laud., p. 96, note.

[graphic]
[ocr errors]

⚫tions

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors][merged small][merged small]

antiquité Les nes, au xv° siècle, os de haut lignage soins, et aussi de gs de la société cet e coutume a fourni

Saint-Maur, à Roger

citons ici que pour tte habitude tout un

l'auteur anonyme des chapitre. « Or, dit-il, dame et les commeres chouses, et se tiennent.

allaient grand train la aient des bernes et ris en croire l'Hippolyte du 'aymoit que les entretiens nce qui avoit commencé à 1 voisinage, luy disant que » Le cadre choisi par nos d'invraisemblable. Le cousin couchée s'est caché, avec le

[blocks in formation]

LA BOURGEOISIE AU XVIIE SIÈCLE

D'APRÈS « LES CAQUETS DE L'ACCOUCHÉE » (1622-1623)

Un très singulier ouvrage de la première moitié du xvII° siècle est la collection de huit Cahiers, parus en 1622, et réunis, l'année suivante, sous le titre de Recueil général des Caquets de l'Accouchée, ou Discours facecieux où se voit les mœurs, actions et façons de faire de ce siècle, le tout discouru par Dames, Damoiselles, Bourgeoises et autres, et mis en ordre en VIII apres-disnez qu'elles ont faict leurs assemblées, par un Secretayre qui a tout ouy et escrit. Ce titre a assurément «< quelque chose de rare », tout comme ceux de Trissotin, mais ce n'est point sa longueur, commune du reste aux productions de cette époque bienheureuse. L'on semble avoir, en effet, au xvII° siècle, l'entier loisir d'étaler complaisamment sa pensée, et les écrivains en usent pour exposer tout leur plan, et, comme ici, plus que leur plan, dans leurs titres et sous-titres. Nous avons tellement perdu cette habitude que, pour nos œuvres, nous cherchons une étiquette brève et rutilante s'il se peut, et que, pour les leurs, nous abrégeons et résumons. Cette réunion de brochures, Le Caquet de l'Accouchée, La seconde Apres-dinée du Caquet de l'Accouchée, La troisième Apres-dinée du Caquet de l'Accouchée, La dernière et certaine journée du Caquet de l'Accouchée, Le Passe-Partout du Caquet des Caquets de la Nouvelle Accouchée, La Responce aux Trois Caquets de l'Accouchée, Les dernières Parolles ou le dernier Adieu de l'Accouchée, Le Relèvement de l'accouchée, œuvres vraisemblablement écrites par plusieurs auteurs essayant d'épuiser la veine première et, en aèdes antiques, continuant et parachevant cette autre Iliade, tout cela est devenu, pour nos esprits pressés et amoureux du tire-l'œil, simplement les Caquets de l'Accouchée. Peu d'ailleurs importe, et ce qui nous intéresse beaucoup plus que des détails bibliographiques, c'est que, dans cet en-tête général d'une œuvre de hasard dont nous ignorons les auteurs, dans cet étrange fouillis qui présage le burlesque, il y a une intention nette et fort affichée de satire morale. Cette intention est affirmée dans la préface qui précède le recueil, Au Lecteur curieux. L'écrivain «< colloqué en un rang qui le sépare du vulgaire », et que l'on croit avoir appartenu à la magistrature parisienne, nous déclare, en effet, que « son ouvrage n'a

« PrécédentContinuer »