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sur le rôle d'Alcide, docilité qui surprend autant que celle de Voltaire. Thévenard se meurt. Sa jambe s'est ouverte de nouveau et menace de la gangrène. On dit que mademoiselle Sallé va rentrer. Un caprice nous l'aôtée, un caprice nous la rend. Cela est dans les règles des filles de l'Opéra.

Le Complaisant est à sa neuvième représentation (1) sans que personne ait encore osé s'en déclarer l'auteur. Quelques-uns le donnent à M. Fériol-de-Pontde-Veyle ; d'autres au marquis de Surgères et à l'abbé de Maccarthy; mais les connaisseurs tiennent toujours pour Destouches. Les Comédiens même en conviennent et par la raison, disent-ils, que Destouches, qui est naturellement avare, fait toujours dans ses pièces quelqu'acte de générosité à contre-temps, et comme un homme qui n'entend point ces sortes de procédés. Ils citent là-dessus Eraste qui donne cinquante mille écus trop aisément et sans que l'on sache bien pourquoi. Nous ne connaissons point Destouches pour vilain; mais il faut le croire tel sur le rapport des Comédiens, car ces messieurs sont aussi clairvoyans sur les défauts des auteurs que les valets le sont sur ceux de leurs maîtres.

--Les Italiens ont un chanteur nouveau que l'on dit garçon boucher. Il à la voix très jolie; mais il joint à un triste maintien, un ventre plus propre à étaler dans un étal que sur un théatre. Ces pauvres Italiens n'annoncent aucune nouveauté qui puisse balancer le succès des Français, et les empêcher de tomber dans une insolence qui ne manque jamais d'augmenter avec la

recette.

(1) La première avait eu lieu le 29 décembre 1732. La pièce est en effer de Pont-de-Veyle.

B. - V.

4

L'abbé de Grécourt a écrit une lettre en prose rimée à l'abbé Pernetti sur son livre du Repos de Cyrus: cette lettre doit paraître dans le Mercure prochain. Il ne dépendrait que de moi de le prévenir; mais, outre qu'elle est trop longue pour trouver place ici, il faut avoir lu le Repos de Cyrus pour y comprendre quelque

chose.

En voici un lambeau qui peut faire juger du reste.

Et c'est ainsi que par son seul génie

Le cher abbé , sans sortir de chez soi,
Forma son prince et montra l'harmonie
Qui doit unir le sujet et le roi;
Remit les arts, rétablit le commerce,
Rendit heureux les différens états,
Et sous le nom de royaume de Perse
Donna des lois à tous les potentats.
Il n'a point craint la carrière trop ample,
Le parallèle aisément le conduit:
Et pouvait-il s'égarer sur l'exemple
Que pas-à-pas adroitement il suit?
Araspe n'est qu'un nom imaginaire.'
A sa sagesse, à ses autres vertus,
De ce royaume on reconnait le père,
Comme on connaît quel est le vrai Cyrus.
Si notre roi prend plaisir à la chasse,
S'il a l'oreille alerte au son du cor
Il est louable au sentiment d'Horace,
Car il n'est pas conjugis immemor.

(La suite au prochain numéro.)

DE

L'INOCULATION,

PAR MIRABEAU (1).

1779.

(FIN)

[Dans la dernière partie que nous donnons aujourd'hui de ce traité, Mirabeau complète le tableau des avantages physiques qui recommandaient l'opération de l'inoculation, et réfute les objections morales que la superstition avait mises en avant contre cette découverte. L'éditeur des Mémoires de Mirabeau a très justement apprécié ce morceau, quand il a dit que c'était « une œuvre considérable de pa« tience laborieuse et d'amour paternel. »

Mirabeau, dans sa Correspondance de Vincennes, parle plus d'une fois de cette Dissertation.

« Je te crois très convaincue, » écrit-il à Sophie, « de la « nécessité de l'inoculation; mais si tu as le moindre doute, dis-le moi, je te promets de le lever, et si tu veux, je te

(1) Voir précédemment, tome IV, 2o série, pages 398 et suiv.

« ferai une petite dissertation qui contiendra les preuves in«< contestables de l'utilité de cette méthode, les réponses «< aux objections, et les principales choses à observer dans « le traitement. » (Lettres originales de Mirabeau, écrites du donjon de Vincennes, tome II, page 413; Paris, Garnery, 1792.)

« Je n'ai point choisi la méthode suttonienne pour l'inocu«lation. Je me suis abstenu, au contraire, de décider. Je t'ai « laissé le choix entre deux procédés différens. » ( Page 260 du tome III du même recueil.) '

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«...... Il ne peut pas mourir d'inoculés, quand le choix du sujet sera bon, et que les précautions seront suffisantes. « Je n'entrerai dans aucun détail, le Mémoire que je vous << envoie contient tout, et je vous le dis avec confiance, << parce que dans le fait il n'est que le précis de tout ce qui a « été écrit de plus concluant et de plus sage sur cette importante matière, et qu'ainsi je ne suis que rédacteur. Je «< crois que cet écrit ne vous laissera aucun doute. » ( Lettres inédites de Mirabeau à Vitry; Paris, Lenormant, 1806; pages 5-6.)]

DE L'INOCULATION.

Avantages de l'inoculation. Dangers de la petite vérole naturelle.

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Certains avantages de l'inoculation se présentent au premier aspect; d'autres ne peuvent être reconnus que par l'examen et la comparaison des faits.

On voit d'abord qu'on est le maître de choisir l'âge, le lieu, la saison, le moment, la disposition de corps et d'esprit, le médecin et le chirurgien auxquels on a plus de confiance. On prévient par la préparation les accidens étrangers, l'épidémie, la complication de maux, qui probablement font tout le danger de la petite vérole. La fermentation commence par les parties externes; les plaies artificielles facilitent l'éruption en offrant au virus une issue facile.

Quelle comparaison peut-on faire entre une maladie préméditée, et celle qui se contracte au hasard, en voyage, à l'armée, dans des circonstances critiques, surtout pour les femmes; dans un temps d'épidémie qui multiplie les accidens, qui transporte le siége de l'inflammation dans les parties internes d'un corps déjà peut-être épuisé de veilles et de fatigues? Quelle différence entre un mal auquel on s'attend, et celui qui surprend, qui consterne, que la seule frayeur peut rendre mortel; ou qui, se produisant par des symptômes équivoques, peut induire en erreur le médecin le plus habile, et faire aggraver le mal par celui de qui l'on espère le remède? Voilà ce que dictent le bon sens et le raisonnement le plus simple. L'expérience est encore plus décisive, elle prouve que la matière de l'inoculation, fût-elle prise d'une petite vérole compliquée, confluente, mortelle même, ne laisse pas de communiquer presque toujours une petite vérole simple, discrète, exempte de fièvre, de suppuration, toujours plus bénigne que la naturelle, si souvent funeste; une petite vérole enfin qui ne laisse point de cicatrices.

Mais pour apprécier plus exactement les avantages de l'inoculation, il faut connaître la mesure du danger de la petite vérole ordinaire, et le comparer à celui de

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