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premier, et que, dans les autres, elle ne peut être attribuée qu'au second. On devra encore écrire :

On a trouvé une PARTIE de pain MANGÉE, PAIN DESTINÉ aux pauvres.

et On a distribué une partie du

Marius donna dans la suite à Sylla un corps de troupes SÉPARÉ. (Villemain.) Le soleil se leva dépouillé de ses rayons, et semblable à une meule de FER ROUGI. (Chateaubriand.)

Il entra suivi de plusieurs hommes pliant sous le poids de sacoches de cuir PLEINES d'argent. (F. Soulié.)

XI. Mais si les deux noms sont immédiatement suivis de deux adjectifs, le premier adjectif s'accorde avec le substantif qui figure comme complément, et le second avec le substantif énoncé le pre

mier :

Un ÉCHEVEAU de soie noire MÊLÉ.

Un VASE de terre cuite BRISÉ.

Elle était suivie d'un paysan en VESTE de drap brun TROUÉE aux coudes.

(Mérimée.) Dans une des premières éditions des Lettres sur le Rhin, de M. Victor Hugo, on a imprimé :

Une ARMOIRE de bois PEINTE en gris avec filets d'or, et ORNÉE à son sommet de quelques-uns de ces anges pareils à des amours, etc.

Le sens et la grammaire exigent de bois peint, etc.

XII. Si le nom énoncé le premier est un collectif, l'adjectif s'accorde, selon le sens, ou avec le collectif ou avec le substantif qui en est le complément :

Une MASSE de maisons DÉSAGRÉABLE à la vue.
Une masse de MAISONS CONSTRUITES en briques.
Une TROUPE de soldats FORMÉE à grands frais.
Une troupe de SOLDATS FORMÉS à la guerre.

Nu.

I. Nu est invariable toutes les fois qu'il précède un nom employe sans article:

Il était NU-TÊTE et NU-JAMBES, les pieds chaussés de petites sandales. (Voltaire.) Diogène marchait NU-PIEDS et couchait dans un tonneau. (Ségur.) Premier peuple de la terre, songez que vous avez dans votre royaume environ deux millions de personnes qui marchent en sabots six mois de l'année, et qui sont NU-PIEDS les autres six mois. (Voltaire.)

Si nul d'eux n'avait su marcher NU-PIEDS, qui sait si Genève n'aurait pas été prise. (J.-J. Rousseau.)

Une morale nue apporte de l'ennui;

Le conte fait passer le précepte avec lui.

(La Fontaine.)

II. Mais si l'adjectif nu, placé avant le substantif, est accompagné d'un déterminatif, il prend le genre et le nombre du substantif : LA NUE propriété d'un bien.

Toute NUE, la vérité risque de déplaire. (Académie.)

III. Nu, placé après le substantif, suit toujours la règle générale de concordance :

Accoutumez vos enfants à demeurer, été et hiver, jour et nuit, toujours TÊTE NUE. (J.-J. Rousseau.) Saint Louis suivait PIEDS NUS l'étendard de la sainte croix. (Fléchier.)

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I. Demi, placé avant le substantif, est invariable; et comme dans ce cas il forme avec celui-ci une expression substantive, on les lie toujours par le trait-d'union:

Je n'aime ni les DEMI-VENGEANCES ni les DEMI-FRIPONS. (Voltaire.)
On ne gouverne pas une nation par des DEMI-MESURES. (Montaigne.)

Un homme issu d'un sang fécond en demi-dieux.

(Boileau.)

II. Demi, placé après le substantif, en prend le genre, et reste toujours au singulier :

Hier, à dix HEURES et DEMIE, le roi déclara qu'il épousait la princesse de Pologne. (Voltaire.)

Opimius paya la tête de Caïus Gracchus dix-sept livres et DEMIE d'or. (Vertot.)

III. Demie, employé substantivement, prend comme tous les noms une s au pluriel: Cette montre sonne les DEMIES. La DEMIE est sonnée.

Feu.

Feu s'accorde avec le nom qu'il modifie, quand il le précède immédiatement, et reste invariable, quand il en est séparé par l'article ou par un adjectif déterminatif :

La bienveillance dont l'honorait la FEUE REINE.

J'ai ouï dire à FEU ma SŒUR que sa fille et moi naquîmes la même année.

(Montesquieu.)

Vous étiez, Madame, aussi bien que FEU madame la princesse de Conti, à la tête de ceux qui se flattaient de cette espérance. (Voltaire.)

Inclus, joint.

I. Ci-inclus, ci-joint, sont invariables, lorsqu'ils sont en rapport avec un substantif employé sans article ou sans adjectif déterminatif, et varient quand le substantif auquel ils se rapportent est déterminé :

Vous trouverez CI-INCLUS copie du contrat,—et CI-INCLUSE LA copie, UNE copie du contrat, (Académie.)

Vous trouverez CI-JOINT copie,—et CI-JOINTE LA copie du traité.

Vous trouverez CI-JOINT OU CI-INCLUS copie de ma lettre. (Domergue.)

Vous trouverez CI-JOINTE la copie de la lettre de remerciment que Monsieur n'a écrite. (J.-J. Rousseau.)

Vous trouverez CI-INCLUSE une traite payable à présentation.

Si vous ne trouvez pas CI-JOINT ampliation des pièces dont vous avez besoin, ne vous en étonnez point, vous recevrez le tout par le prochain ordinaire.

II. Mais ci-joint, ci-inclus, sont toujours invariables au commencement d'une phrase: CI-INCLUS copie, CI-JOINT la copie.

Franc.

I. Franc, dans cette locution : franc de port, est invariable et ne forme qu'une expression adverbiale, lorsqu'il précède le substantif: Vous recevrez FRANC DE PORT les lettres que je vous envoie.

II. Placé après le substantif, il est adjectif et s'accorde :

Ces lettres sont FRANCHES de port.

Il était si pauvre alors que je lui envoyais toujours FRANC de port les lettres ou les paquets qu'on me chargeait de lui faire parvenir.

Que d'argent vous auriez, si toutes les lettres qu'on vous a écrites vous étaien! parvenues FRANCHES de port.

Possible.

Possible se rapporte tantôt à un nom exprimé, tantôt à un infinitif sous-entendu; dans le premier cas, il s'accorde avec le nom, dans le second, il reste invariable :

On peut réduire en trois classes tous les monstres possibles. (Buffon.)

C'est-à-dire, qui sont possibles.

Un conquérant, afin de perpétuer son nom, extermine le plus d'hommes possible.

C'est-à-dire, qu'en exterminer est possible.

(Fontenelle.)

Faisons respecter notre malheur; car de toutes les calamités POSSIBLES, la plus insoutenable est le malheur méprisé. (De Ségur.)

S'il est impossible que tous les hommes soient heureux, tâchons qu'il y ait le moins de malheureux POSSIBLE.

Proche.

Proche, employé avec des noms de choses, est pris dans des circonstances tout à fait identiques comme adjectif et comme préposition; voici deux phrases que nous empruntons au Dictionnaire de l'Académie :

Les maisons PROCHES de la rivière sont sujettes aux inondations.

Les maisons qui sont PROCHE de la ville.

On peut donc, lorsque proche est précédé du verbe étre, l'employer indifféremment dans le sens de voisin ou de près, et par conséquent le faire accorder ou l'écrire invariable.

Mais, précédé d'un autre verbe, il est toujours invariable:

Les maisons que l'on CONSTRUIT PROCHE du mur d'enceinte. (Académie.)

Le Val-de-Grâce et l'Observatoire sont PROCHES OU PROCHE du Luxembourg. Nos soldats sont maintenant plus PROCHES de l'ennemi que de leurs propres foyers. (Voltaire.)

Une difficulté d'importance a fort embarrassé Tycho-Brahé et Kepler touchant les éclipses centrales de la lune qui se font PROCHE de l'équateur.

(Bernardin de Saint-Pierre.)

Adjectifs pris adverbialement.

1. Tout adjectif employé accidentellement pour modifier un verbe, est adverbe, et conséquemment invariable (1). On doit donc écrire :

Ces livres coûtent CHER (chèrement).

Ces femmes chantent JUSTE (avec justesse).
Tranchez la difficulté NET (avec netteté).

II. Les mots qui remplissent ici le rôle d'adverbes redeviennent adjectifs et par conséquent variables dans les phrases suivantes où, au lieu de modifier un verbe, ils qualifient un nom :

Ces livres sont beaux et CHERS.

Ces mesures sont exactes et JUSTES.

Donnez de cette difficulté une solution NETTE.

(1) C'est un principe qui a été de tout temps observé : Je cuide mener nostre faict et gouverner le plus BEAU que je puis et le plus doulcement. (A. de la Salle.)

Ainsi on écrira invariables les adjectifs suivants qui figurent comme modificatifs du verbe, c'est-à-dire comme adverbes:

Je ne saurais plus écrire depuis que mes lettres ne vont point à vous. Me voilà demeurée TOUT COURT. (Mme de Sévigné.)

Que d'autres à ma place auraient pu rester court! (C. Delavigne.) Quand on vous fait une offense, il faut élever votre âme SI HAUT que l'offense ne parvienne pas jusqu'à elle. (Descartes.)

Mère écrevisse qui reproche à sa fille de ne pas aller DROIT, et la fille qui lui reproche que sa mère va TORTU, n'a point paru une fable agréable. (Voltaire.)

En Laponie, une peau d'hermine coûte quatre ou cinq sous. La chair de cet animal sent très-MAUVAIS. (Regnard.)

Et variables comme qualificatifs, les adjectifs qui suivent :

Nous ressemblons à ce tyran de Sicile qui appliquait les passants sur son lit de fer: il allongeait de force les jambes de ceux qui les avaient plus COURTES que son lit. (Bernardin de Saint-Pierre.)

La chair du lion est d'un goût désagréable et fort; cependant les nègres et les Indiens ne la trouvent pas MAUVAISE et en mangent souvent. (Buffon.)

Les gerboises et les kanguroos se tiennent DROITS sur leurs pattes de derrière. (Aimé Martin.)

Les exemples qui suivent présentent une double application de ces principes :

Les Polonais ne trouvent pas l'IUILE BONNE, si elle ne sent bien FORT. (Regnard.) Accoutumez les hommes à raisonner JUSTE, afin qu'ils puissent se montrer JUSTES en toute occasion.

Les vers suivants de M. de Lamartine renferment deux adjectifs pris adverbialement qui devraient tous deux être invariables :

Les barreaux des portes

Qui gémissent si haut et qui roulent si fortes,

Ils sont faits contre l'homme et non contre l'enfant :
Moi, je passe à travers.

(Toussaint Louverture.}

III. Quand deux adjectifs sont placés de suite et que le premier modifie le second, alors il est adverbe et conséquemment invariable:

Légère et court vêtue, elle allait à grands pas.

(La Fontaine.)

Les soies de l'éléphant sont très-CLAIR semées sur le corps, mais assez nombreuses aux cils des paupières. (Buffon.)

D'un regard étonné, j'ai vu sur les remparts
Ces géants court vêtus, automates de Mars.

(Voltaire.)

Les femmes y apparaissent LÉGER vêtues, dans un lointain vaporeux qui les fait paraître charmantes. (J. Janin.)

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