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huit heures, signifie : Quelle est CETTE HEURE qui sonne? CETTE HEURE est huit heures, LA HUITIÈME HEURE. Si l'on disait simplement: Quelle heure est-IL? IL est huit heures, on énoncerait sa pensée d'une manière moins nette et moins précise.

VII. Ce, complément direct, s'ellipse élégamment avant le pronom relatif quoi, précédé d'une préposition:

Vous ne savez donc pas à quoi sert la folie? (Fontenelle.)

Mais avant tout autre pronom relatif, l'ellipse est vicieuse :

Eh bien! de mes desseins Rome encore incertaine
Attend que deviendra le destin de la reine.

L'exactitude exige: CE QUE deviendra, etc.

(Racine.)

VIII. Ce est quelquefois employé par pléonasme du sujet du verbe être, pour donner à l'expression plus de netteté et de précision :

Le plaisir des bons cœurs, c'est la reconnaissance.

Le secret de réussir,

C'est d'être adroit, non d'être utile. (Florian.)

(La Harpe.)

IX. Il serait difficile d'établir des règles fixes sur l'emploi de ce avant le verbe être; le plus souvent, c'est le goût seul qui décide quand il faut ou non l'exprimer :

Après la bienfaisance,

Le plus grand des plaisirs, c'est la reconnaissance.

Le plus grand ouvrier de la nature EST le temps. (Buffon.)

(De Belloy.)

Le vrai moyen d'être trompé, c'EST de se croire plus fin que les autres.

Dès qu'il faut obéir, le parti le plus sage
Est de savoir se faire un heureux esclavage.

(La Rochefoucauld.)

(Crébillon.)

Le premier moyen de diminuer l'indigence du peuple EST d'affaiblir l'opulence extrême des riches. (Bernardin de Saint-Pierre.)

X. Il est cependant d'usage de placer ce en tête du second membre de la phrase, quand le premier membre peut, par son étendue, rendre vague ou obscur le rapport entre l'attribut et le sujet :

La fureur de la plupart des Français, c'est d'avoir de l'esprit; et la fureur de ceux qui veulent avoir de l'esprit, C'EST de faire des livres. (Montesquieu.) Le plus beau présent qui ait été fait aux hommes après la sagesse, c'EST l'amitié. (La Roche.) Celui qui dit qu'il connaît Dieu et ne garde pas ses commandements, C'Est un menteur. (Bossuet.)

XI. Lorsque le verbe est placé entre deux infinitifs, l'emploi du pronom ce est de rigueur avant le second:

La vie est un dépôt confié par le ciel ;

Oser en disposer, c'est étre criminel. (Gresset.)

VOYAGER à pied, c'est Voyager comme Thalès, Platon, Pythagore.

Épargner les plaisirs, c'est les multiplier.

(J.-J. Rousseau.) (Fontenelle.)

RÉDUIRE l'homme à son corps, c'est le RÉDUIRE à ses sens. (Aimé Martin.)

On dit cependant: SOUFFLER N'EST pas JOUER.

XII. Il est encore d'usage d'employer le pronom ce dans le second membre de la phrase, lorsque, dans le premier, il est suivi d'un pronom relatif :

CE QUI importe à l'homme, c'EST de remplir ses devoirs sur la terre.

Ce que je sais le mieux, c'est mon commencement.

(J.-J. Rousseau.)
(Racine.)

CE QU'ON souffre avec le moins de patience, ce sont les perfidies, les trahisons, les noirceurs. (T. Corneille.)

CE QUI donne le plus d'éloignement pour les dévots de profession, c'est cette apreté de mœurs qui les rend insensibles à l'humanité. (J.-J. Rousseau.)

Les constructions suivantes n'ont ni la même netteté ni la même précision :

CE QUI m'étonne le plus est de VOIR que tout le monde n'est pas étonné de sa faiblesse. (Pascal.)

Après les bonnes leçons, ce qu'il y a de plus instructif sont les ridicules.

(Duclos.)

XII. Si le verbe étre est précédé d'une négation, on ne répète pas ordinairement le pronom :

CE QUI paraît aux uns étendue d'esprit N'EST aux yeux des autres que MÉMOIRE et légèreté. (Vauvenargues.)

Celui, celle; ceux, celles.

I. Celui, celle (1), ne s'accordent qu'en genre avec les noms dont

(1) Ce pronom a eu des formes très-nombreuses; voici les principales : Cis, cist, cest. Ilec, icil, iceulx.

Icelluy, celluy, iceux.
Cil, cilz.
Cestuy, celluy,

Quelques-unes de ces formes lui étaient communes avec le pronom ce.
Chascun est huy assez expert

ils rappellent l'idée; le nombre auquel on les emploie est toujours subordonné à l'idée qu'ils expriment :

L'empire des Perses et CELUI de Syrie ne furent jamais si forts que CELUI des Parthes. (Montesquieu.)

L'influence du luxe se répand sur toutes les classes, même sur CELLE du laboureur. (Marmontel.)

On répétait avec admiration LE NOM des Solon et des Lycurgue avec CEUX des Miltiade et des Léonidas. (Thomas.)

Les défauts de Henri IV étaient CEUX d'un homme aimable, et ses vertus, CELLES d'un grand homme. (Voltaire.)

Il y a deux sortes de respects: CELUI qu'on doit au mérite, et CELUI qu'on rend aux places, à la naissance. (Duclos.)

Comme on le voit par les exemples qui précèdent, celui, celle, peuvent avoir pour complément un substantif ou une proposition incidente; dans le premier cas, on peut ellipser le pronom avant le complément :

Si la fin de Socrate est D'UN sage, la mort de Jésus est D'UN Dieu.

C'est-à-dire CELLE d'un sage, CELLE d'un Dieu.

Voyez si mes regards sont d'un juge sévère.

C'est-à-dire CEUX d'un juge, etc.

(J.-J. Rousseau.)

(Racine.)

Dans le second cas, le pronom doit toujours être exprimé :

Les vraies louanges ne sont pas CELLES QUI s'offrent à nous, mais CELLES QUE nous arrachons. (Fontenelle.)

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Le language hébrieu seul estoit alors à touz hommes commun et en ICELLUY hont esté escrittes loix et histoires. (F. Bonivard.)

Va le quérir, le mettons en son sac en lieu de CESTUY-cy, et le refermons comme il estoit. (Bonav. des Périers.)

(Eustache Deschamps.)

Chaude eau craint cilz qui a été ars. Crassus n'estimoit CELLUY digne d'estre nomé citoïen romain, qui ne pouvoit souldoïer ordinairement une légion de soldatz. (F. Bonivard.)

Les paouvres par faute de biens forains, les riches par superabondance d'ICEULA. (Le même.)

- Iceluy, icelle, iceux, icelles, sont les seules formes qui soient usitées aujour d'hui en style de pratique ; du temps de Racine, elles étaient encore en usage au palais, comme le prouvent ces vers des Plaideurs :

Témoin trois procureurs, dont icelui Citron

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La satire de Boileau sur l'homme est une de CELLES où il y a le plus de mouvement et de variété. (La Harpe.)

II. Les pronoms celui, celle, ceux, celles, peuvent-ils être immédiatement suivis d'un qualificatif, adjectif, ou participe, ou bien exigent-ils pour complément une proposition incidente? De ces deux formes, enfin, laquelle doit-on préférer?

Les grandeurs naturelles sont CELLES QUI SONT INDÉPENDANTES de la volonté des hommes. (Fontenelle.)

Le goût de la philosophie n'était pas alors CELUI DOMINANT. (Voltaire.)

La première construction, plus conforme à l'usage ancien et général, nous paraît mériter la préférence qu'on lui accorde aujourd'hui; elle a incontestablement quelque chose de plus précis; mais la seconde ne saurait être formellement condamnée, attendu que plusieurs de nos grands écrivains s'en sont servis, et la plupart de nos orateurs politiques les plus distingués en ont fait usage:

On confondait, sous l'action de la loi aquilienne, la blessure faite à une bête et CELLE FAITE à un esclave. (Montesquicu.)

Les Athéniens ont trois espèces de monnaies; CELLES EN ARGENT sont les plus communes. (Barthélemy.)

J'ai joint à ma dernière lettre CELLE ÉCRITE par le prince. (Racine.)

Toutefois nous préférons et nous conseillons à tous l'emploi de la première forme; car si la seconde peut être admise quand elle figure seule dans une proposition, elle serait choquante si elle était employée dans une série de propositions coordonnées : qu'on essaye de la substituer à celle dont Buffon s'est servi dans la phrase suivante, et l'on en aura la preuve :

La meilleure de toutes les éducations est CELLE QUI EST LA PLUS ORDINAIRE, CELLE PAR LAQUELLE ON NE FORCE pas la nature, CELLE QUI EST LA MOINS sévère, celle QUI EST LA PLUS PROPORTIONNÉE, je ne dis pas aux forces, mais à la faiblesse de l'enfant.

Ne serait-ce pas, en effet, la travestir que de la changer en celle-ci :

La meilleure de toutes les éducations est CELLE LA PLUS ordinaire, celle ne FORÇANT pas la nature, CELLE LA Moins sévère, celle la plus proPORTIONNÉE, etc.

III. Celui, ceux, s'emploient souvent sans aucun rapport avec un terme précédent; alors ils ne se disent que des personnes et sont toujours déterminés par une proposition incidente ou par un des adverbes ci, là.

CELUI qui rend un service doit l'oublier; CELUI qui le reçoit, s'en souvenir.

(Barthélemy.)

(Corneille.)

Celles de ma naissance ont horreur des bassesses. Leur sang tout généreux hait les molles adresses. Il y a un goût dans la simple amitié où ne peuvent atteindre CEUX QUI sont nés médiocres. (La Bruyère.)

Celui-ci, celui-là.

I. Celui-ci, celle-ci, servent à distinguer l'objet le plus proche ou celui dont on a parlé en dernier lieu; celui-là, celle-là, l'objet le plus éloigné ou celui dont on a parlé d'abord :

Corneille nous assujettit à ses caractères et à ses idées, Racine se conforme aux nôtres. CELUI-LÀ (Corneille) peint les hommes comme ils devraient être; CELUI-CI (Racine) les peint tels qu'ils sont. (La Bruyère.)

L'accessoire, chez Cicéron, c'était la vertu; chez Caton, c'était la gloire : Cicéron se voyait toujours le premier; Caton s'oubliait toujours: CELUI-CI voulait sauver la république pour elle-même; CELUI-LA pour s'en vanter. (Montesquieu.)

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II. Il s'emploient quelquefois sans aucun rapport avec un terme exprimé :

CELUI-CI meurt dans les prospérités et dans les richesses, CELUI-Là dans la misère et dans l'amertume de son âme; et les uns et les autres dormiront ensemble dans la même poussière. (Fléchier.)

III. S'ils sont en relation avec un seul terme, celui-ci se rapporte à ce qui suit, et celui-là rappelle ce qui précède :

Il n'y a pas aujourd'hui de mot plus magique que CELUI-CI, L'ARGENT.
Vous parlez de GENS DÉSINTÉRESSÉS; CEUX-LÀ sont rares.

Les mœurs d'un peuple font le principe actif de sa conduite; les lois n'en sont que le frein: CELLES-ci n'ont donc pas sur lui le même empire que les mœurs. (Duclos.)

IV. Celui-là, employé pour celui, donne plus d'énergie à l'expression; mais on ne doit pas le séparer des différents termes de la proposition où il figure:

Celui-là est bien heureux qui ramène ses désirs à sa fortune, et qui sait se plaire à ce qu'il a. (Montaigne.)

CELUI-LÀ est riche, qui reçoit plus qu'il ne consume; CELUI-LÀ est pauvre, dont la dépense excède la recette. (La Bruyère.)

CELUI-LA est bien misérable, qui trouble sa vie par la crainte de la mort, et sa mort par la crainte de sa vie. (Charron.)

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