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III. En substituant un infinitif à une proposition subordonnée, on rend le discours plus rapide :

Le ciel, pour les punir, voulut les exaucer.

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Et pour être approuvés,

(Voltaire.)

De semblables projets veulent être achevés. (Racine.)

Mais cette substitution ne doit jamais se faire aux dépens de la clarté :

Toutes les conventions se passaient avec solennité pour les RENDRE plus inviolables. (J.-J. Rousseau.)

Ici l'expression est vague et la pensée obscure, parce que l'infinitif n'est en rapport avec aucun mot énoncé précédemment. La construction et la clarté exigent: ON FAISAIT toutes les conventions avec solennité POUR LES RENDRE plus inviolables.

Ces vers de Racine présentent aussi un sens louche:

Qu'ai-je fait, pour venir accabler en ces lieux

Un héros sur qui seul j'ai pu tourner les yeux ? (Racine.)

La clarté exige pour qu'on vienne.

IV. Il y a rarement obscurité lorsque l'infinitif se rapporte à un mot exprimé dans la phrase; cependant l'équivoque peut encore résulter du rapport ambigu de l'infinitif avec le sujet ou un des conpléments.

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Dieu nous donne des richesses pour FAIRE des heureux.

Car on ne sait si c'est à Dieu ou à nous que l'infinitif se rapporte. Il faut dire Dieu NOUS donne des richesses pour que NOUS FASSIONS des heureux.

:

V. Mais si le sens est tellement net que le rapport de l'infinitif ne donne lieu à aucune ambiguïté, on doit l'employer préférablement à tout autre mode :

Dieu t'a fait pour l'aimer, et non pour le comprendre.

Pour mieux cacher ton jeu,

(Voltaire.)

N'est-il pas à propos que je te rosse un peu? (Andrieux.)

VI. Le terme auquel l'infinitif se rapporte peut même être sousentendu; mais il faut pour cela que l'esprit puisse le suppléer sans peine :

Tout, sans faire d'apprêts, s'y prépare aisément. (Boileau.)

Pour ÉVITER les surprises, les affaires étaient traitées par écrit dans cetle assemblée. (Bossuet.)

Les moments sont trop chers pour les perdre en paroles. (Racine.) Sans l'en AVOIR rien dit, toutes choses sont préparées pour satisfaire mon amour. (Molière.)

VII. L'infinitif complément d'un autre verbe, est employé avec ou sans préposition:

I PRETEND IMPOSER Son opinion. Il CHERCHE A TROMPER. Il DESESPÈRE DE

REUSSIR.

A un infinitif, complément d'un premier, il faut se garder d'en ajouter un troisième, et à plus forte raison un quatrième : on doit repousser comme barbares des constructions telles que celles-ci :

N'allez pas CROIRE FAIRE SAVOIR JOUER tous les ressorts de l'éloquence.

Vous avez tort de PENSER POUVOIR FAIRE TREMBLER l'Europe aux premiers préparatifs de guerre.

Je ne puis ESPÉRER pouvoir aller rEJOINDRE ma famille avant la fin de l'année prochaine.

INFINITIFS COMPLÉMENTS D'UN AUTRE VERBE.

I. VERBES QUI NE VEULENT PAS DE PRÉPOSITION AVANT LES INFINITIFS EMPLOYÉS COMME COMPLÉMENTS.

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Nous AIMONS MIEUX voir ceux à qui nous faisons du bien que ceux qui nous en font. (La Rochefoucauld.)

Aller.

Nos rois allaient recevoir l'étendard sacré au pied des autels. (Massillon.)
Moi! j'irais à ses pieds mendier un asile! (Racine.)

Compter.

Elle lui demanda fort insolemment ce qu'il COMPTAIT faire de sa maison.

Croire.

(De Balzac.)

L'abus des livres tue la science; CROYANT savoir ce qu'on a lu, on se CROIT dis

pensé de l'apprendre. (J.-J. Rousseau.)

Les hommes CROIENT être libres quand ils ne sont gouvernés que par les lois. (Massillon.)

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Le Fils de Dieu est venu au monde, et il a DAIGNÉ habiter en nous. (Bossuet.)

Devoir.

Les princes et toutes les femmes DOIVENT surtout étre esclaves des bienséances. (Mme de Genlis.)

Quand on se fie à quelqu'un, il faut le faire sans réserve; mais on ne DOIT se fier qu'à très-peu de personnes. (Montesquieu.)

On ne devrait jamais s'affliger par avance;

L'évenement souvent confond la prévoyance. (Regnard.)

Nous devons nous prêter aux faiblesses des autres,
Leur passer leurs défauts comme ils passent les nôtres.

Entendre.

(Le même.

J'ai vu de ces petits enfants qui croyaient parler cinq ou six langues; je les ai ENTENDUS Successivement parler allemand en termes latins, en termes français, en termes italiens. (J.-J. Rousseau.)

Un auteur qui, pressé d'un besoin importun,
Le soir entend crier ses entrailles à jeûn,
Goûte peu d'Hélicon les douces promenades.

Espérer.

(Boileau.)

Mais j'espère aisément dissiper cet orage.

(Corneille.)

Il espère revivre en sa postérité.

(Racine.)

Faire.

C'est l'insuffisance de notre être qui FAIT naître l'amitié; et c'est l'insuffisance de l'amitié même qui la FAIT périr. (Vauvenargues.)

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La clémence est la plus belle marque

Qui fasse à l'univers connaître un vrai monarque. (Corneille.)

Falloir.

Il n'est pas d'un homme sage de nous juger simplement par nos actions de dehors; il FAUT sonder jusqu'au dedans, et voir par quel ressort se donne le mollvement. (Montaigne.)

Il FAUT toujours louer devant un envieux ceux qui le font pálir. (Montesquieu.}

En toute chose il faut considérer la fin. (La Fontaine.)

Il est certains esprits qu'il faut prendre de biais,
Et que, heurtant de front, on ne gagne jamais.

(Regnard.)

S'imaginer.

Je rendais grâces au ciel de me voir hors de ce mauvais pas, et je M'IMAGINAIS n'avoir plus rien à craindre, puisque la dame s'était vengée. (Lesage.)

Laisser.

(Corneille.)

Ne LAISSEZ pus croître l'herbe sur le chemin de l'amitié. (Me Geoffrin.)
Faites votre devoir, et laissez faire aux dieux.
Toujours par quelque endroit fourbes se laissent prendre.

Oser.

(La Fontaine.)

Il souffrait rarement qu'on lui parlát, et jamais qu'on l'osât contredire.

Le feu qui semble éteint souvent dort sous la cendre;
Qui l'ose réveiller peut s'en laisser surprendre.

Bientôt ils oseront, les yeux sur les étoiles,
S'abandonner aux mers sur la foi de leurs voiles.

(Voltaire.)

(Corneille.)

(L. Racine.)

Penser.

Je ne PENSE pas le voir aujourd'hui.

Pensez-vous par des pleurs prouver votre tendresse?

Il pense voir en pleurs dissiper cet orage.

Le plus sage est celui qui ne pense point l'être.

Pouvoir.

(Racine.)

(Le même.)

(Boileau.)

On ne PEUT pas toujours obliger, mais on PEUT toujours dire des choses qui plaisent. (Voltaire.)

Pour que le bonheur puisse entrer dans notre âme, il faut commencer par nettoyer la place, et en avoir chassé les maux imaginaires. (Fontenelle.)

Un pas hors du devoir nous peut mener bien loin.

Prétendre.

Il PRÉTEND avoir raison contre tout le monde. (Académie.)

Je prétends vous traiter comme mon propre fils.

Ce ne sont point les pompeuses offrandes

Qui peuvent payer Dieu de ses dons immortels;
C'est par une humble foi, c'est par un amour tendre,

Que l'homme peut prétendre

Honorer ses autels.

(Corneille.)

(Racine.)

(J.-B. Rousseau.)

Savoir.

Les suites quelconques des actions des hommes ne SAUROIENT ni les rendre cou

pables, ni les rendre innocentes. (Charron.)

Qui ne sait se borner ne sut jamais écrire.

(Boileau.)

Rien n'est plus dangereux que l'autorité en des mains qui ne savent pas en faire usage. (J.-J. Rousseau.)

Il est des passions que l'on a beau combattre,
On ne saurait jamais tout à fait les abattre.

Sembler.

(Regnard.)

Les bons et les mauvais succès SEMBLENT s'être partagé la durée des temps et des siècles. (Massillon.)

Son front, chargé d'ennuis, semble dire aux humains
Que le repos du cœur est loin des souverains.

Sentir.

Je sens, de jour en jour, dépérir mon génie.

(Voltaire.)

(Boileau.)

Elle appuyait sa tête sur mes mains, comme si elle EÛT SENTI sa tête chanceler sur ses épaules. (J. Janin.)

Valoir mieux.

Il vaut mieux s'exposer à l'ingratitude que de manquer aux misérables.

(La Bruyère.)

Il VAUT MIEUX déplaire à son ami que lui dissimuler ce qu'on a sur le cœur. (Marmontel.)

Venir.

L'envie poursuit l'homme de génie jusqu'au bord de la tombe; là, elle s'arrête et la justice des siècles VIENT s'asseoir à sa place. (Diderot.)

Il fit crever les yeux à Bernard, roi d'Italie, son neveu, qui ÉTAIT VENU implorer su clémence. (Montesquieu.)

De cette même main qui verse les malheurs,
Le ciel, quand il lui plaît, vient essuyer les pleurs.

Voir.

(Regnard.)

On ne ferre point les chevaux à l'île de Bourbon; je les ai vus courir comme des chèvres dans les rochers dont cette île est couverte. (Bernardin de Saint-Pierre.) Celui qui a tâché de vivre de manière à n'avoir pas besoin de songer à la mort, la voir venir sans effroi. (J.-J. Rousseau.)

Vouloir.

Il faut toujours agir avec franchise, si on VEUT être sincèrement vertueux.

(J.-J. Rousseau.)

Plus les hommes en pouvoir ont de torts, moins on doit leur en parler, si on

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