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LE GRAND et LE PETIT AIGLE sont CHACUN d'une espèce isolée. (Buffon.)

L'espèce de l'AIGLE COMMUN est moins pure et la race en paraît moins noble que celle du GRAND AIGLE. (Le même.)

Il est encore masculin, quand il est pris figurément : C'est UN AIGLE dont je ne dois pas suivre le vol. (Pélisson.)

Déjà prenait l'essor, pour se sauver dans les montagnes, CET AIGLE dont le vol hardi avait d'abord effrayé nos provinces. (Fléchier.)

Voilà des AIGLES bien DÉSOEUVRES, de s'amuser ainsi à chasser aux mouches. (Piron.) Quand on sait bien les quatre règles, qu'on peut conjuguer le verbe avoir, on est un AIGLE en finances. (Mirabeau.)

Je l'ai entendu répliquant à l'UN des AIGLES du barreau de Paris. (H. de Balzac.) En vain au lion belgique

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L'angle d'une maison n'est qu'un sot dans une autre. (Gresset.)

Il est encore masculin, quand il se dit du pupitre d'une église, d'une sorte de grand papier :

Les Vertus cardinales, assises, soutenaient le lutrin triangulaire; des lyres accompagnaient ses faces; un globe terrestre le couronnait, et UN AIGLE d'airain, surmontant ces belles allégories, semblait, sur ses ailes déployées, emporter nos prières vers les cieux. (Chateaubriand.)

Le GRAND-AIGLE est particulièrement destiné à l'impression des cartes géographiques. (Encyclopédie, DU PETIT-AIGLE.)

Dans le sens d'étendard et en termes d'armoiries et de devises, ce mot est toujours féminin:

Et voyant, pour surcroît de douleur et de haine,
Parmi ses étendards porter l'aigle romaine.

Pourquoi, malgré nos chaînes,

Avons-nous combattu sous les aigles romaines?

Nos consuls devant lui cachaient l'aigle indignée.

(Racine.)

(Voltaire.)

(La Harpe.)

Il porte sur le tout d'azur, à l'AIGLE ÉPLOYÉE d'argent. (Académie.)

Le roi de Prusse fit porter devant son régiment l'AIGLE ROMAINE ÉPLOYÉE en relief au haut d'un bâton doré. (Voltaire.)

Amour.

Ce nom est masculin au singulier, quand il est pris dans le sens d'affection, et qu'il désigne la passion d'un sexe pour l'autre :

Dieu a créé l'homme avec deux amours, l'un pour Dieu, l'AUTRE pour lui-même. (Pascal.)

L'AMOUR DIVIN est la source de toutes les vertus. (Massillon.)

Ils s'aiment tous deux d'un AMOur fraternel que rien ne trouble. (Fénelon.) Venge-toi, punis-moi d'un odieux amour. (Racine,)

I.

4

Mon cher pays, MON PREMIER AMOUR. (Académie.)

Il n'est plus, cet amour qui me fut si fatal. (Casimir Delavigne.)

Il n'y a point de déguisement qui puisse cacher l'AMOUR OÙ IL est pour le feindre où IL n'est pas. (La Rochefoucauld.)

Dans la première acception, les poëtes seuls lui ont attribué le genre féminin:

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Et soudain, renonçant à l'amour maternelle,

Sa main avec horreur la repousse loin d'elle. (Racine.)

Anciennement, quand il se disait du sentiment qui attache l'une à l'autre deux personnes de sexe différent, il était féminin au singulier comme au pluriel :

Amors me fait commencier (1)

Une chanson novele,

Ele me vuet enseignier

A amer la plus bele.

(Chanson du roi de Navarre.)

Mais telles amours sont de neige. (Alain Chartier.)

Au dix-septième et au dix-huitième siècle, les poëtes le faisaient des deux genres, dans cette acception, au singulier comme au pluriel:

(Racine.)

(Voltaire.)

(Regnard.)

(Le même.)

(Corneille.)

(Crébillon.)
(Racine.)

L'amour, le tendre amour flatte en vain mes désirs.
Renferme cette amour et si sainte et si pure.
L'amour du chevalier pourrait être innocente.
Sa femme lui conserve une amour éternelle.
Fuis sans moi, tes amours sont ici superflus.
Oubliez avec moi de malheureux amours.
L'hymen va succéder à vos longues amours.

Mais, hélas! il n'est point d'éternelles amours. (Boileau.)

Et telle était la liberté qu'ils se donnaient qu'on lit dans une même scène de Bérénice, la septième du cinquième acte :

Je crois, depuis cinq ans jusqu'à ce dernier jour,
Vous avoir assuré d'un véritable amour. (Racine.)

... L'amour la plus tendre et la plus malheureuse. (Le même.)

Les poëtes modernes ont usé de la même licence :

Je vais loin des cités, rêveur et solitaire,
De vos amours furtifs épier le mystère.

Oui, voilà les rives de France.

Là furent mes premiers amours.

(A. Soumet.)

(Béranger.)

Quelque imposantes que soient ces autorités, nous devons dire

(1) On a écrit au singulier amor, amors, amort, amur, amurs, puis amour.

que, dans le sens de passion d'une personne pour une autre, on doit, en vers comme en prose, employer le féminin pluriel, parce qu'il a comme expression une douceur et une harmonie qui convient beaucoup mieux à l'idée qu'il exprime :

Il n'y a point de belles prisons ni de LAIDES AMOURS. (Académie.)
Adrien déshonora son règne par des amours monstrueuses. (Bossuet.)

(La Harpe.)

Le printemps lui rendra sa pompe et ses atours,
Et ne me rendra pas mes premières amours.
Je vais chantant zéphyr, les nymphes, les bocages,
Et les fleurs du printemps, et leurs riches couleurs,
Et mes belles amours, plus belles que les fleurs.

(A. Chénier.)

Quand il se dit figurément de l'objet qu'on aime, il est féminin au pluriel s'il désigne une personne, et masculin s'il est en rapport avec un nom de chose :

Cette Esther, l'innocence et la sagesse même,
Que je croyais du ciel les plus chères amours,
Dans cette source impure aurait puisé ses jours?
Les solides vertus furent ses seuls amours.
Que de la vérité les vers soient les esclaves,
De ses chastes faveurs faisons nos seuls amours.

O ma chère Sion! si tu n'es pas toujours

Et nos premiers regrets et nos derniers amours.

(Racine.) (Voltaire.)

(C. Delavigne.)

(Delille.)

Mais, dans quelque acception que ce mot soit pris, s'il est employé aux deux nombres dans une même phrase, l'harmonie exige qu'il figure à un seul et même genre, le masculin:

L'AMOUR IMMODÉRÉ de la vérité n'est pas moins DANGEREUX que Tous les autres AMOURS. (La Rochefoucauld.)

Je connais deux sortes d'AMOURS très-DISTINCTs, très-RÉELs, quoique très-vIFS l'UN et l'autre, et Tous deux DIFFÉRENTS de la tendre amitié. (J.-J. Rousseau.)

UN PREMIER AMOUR qui nous enflamme dans notre jeunesse, un DERNIER AMOUR que nous éprouvons dans l'automne de notre vie, sont deux AMOURS bien DIFFÉRENTS. (Ségur.)

Mais lorsque ce substantif désigne ces espèces de petits génies qui, selon la mythologie des Grecs, servaient de cortège à la beauté, il est, et il a toujours été masculin au singulier comme au pluriel : Tous ces PETITS AMOURS sont bien GROUPÉS.

J'ay veu l'Amour pourtraict en divers lieux :
L'ung le painct vieil, cruel et furieux;
L'autre plus doux, enfant, aveugle et nud.
Chascun le tient pour tel qu'il l'a congneu.

(La Borderie, l'Amye de court.)

Et vous, petits amours, et vous, jeunes zéphirs,
Qui pour armes n'avez que de tendres soupirs.

(Corneille.)

Automne.

Le genre de ce substantif a été pendant longtemps subordonné à la place qu'occupait l'adjectif qui le modifiait.

On faisait automne du genre masculin, quand il était précédé d'un adjectif qualificatif : UN BEL automne. (Académie.)

Et toi, riant Automne, accorde à nos désirs

Ce qu'on attend de toi, des biens et des plaisirs.

(Saint-Lambert.)

On le faisait du genre féminin, quand l'adjectif le suivait immédiatement : UNE AUTOMNE FROIDE et PLUVIEUSE. (Académie.)

Je me représente cette AUTOMNE délicieuse, et puis j'en regarde la fin avec une horreur qui me fait suer les grosses gouttes. (MTMe de Sévigné.)

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Toutefois, si un adverbe ou un verbe était placé entre automne et l'adjectif, il redevenait alors masculin : un AUTOMNE fort SEC. (Académie.) L'AUTOMNE a été universellement BEAU et SEC. (Linguet.)

Ces distinctions ne sont plus faites aujourd'hui, et automne est généralement employé comme nom masculin:

Couronné d'épis, tenant en main sa faucille, l'AUTOMNE JOYEUX descend sur nos campagnes jaunissantes. (Deleuze.)

Dirai-je à quels désastres

De l'automne orageux nous exposent les astres?

(Delille.)

Toutefois, on le fait encore quelquefois féminin, en vers et dans le style poétique :

Quand l'automne, abrégeant les jours qu'elle dévore... (V. Hugo.)

Tel un pampre jauni voit la féconde automne
Livrer ses fruits dorés au char des vendangeurs;
Vous tomberez aussi, courtes fleurs de la vie!

La nuit du trépas t'environne:
Plus pâle que la pâle automne,

Tu t'inclines vers le tombeau.

(Lamartine.)

(Millevoye.)

Plus souvent je rentrais à la campagne pour passer LA MÉLANCOLIQUE AUTOMNE dans la maison solitaire de mon père et de ma mère, dans la paix, dans le silence, dans la sainteté des douces impressions du foyer. (Lamartine.)

Chose.

Ce nom employé au singulier, dans l'expression substantive quelque chose, est masculin ou féminin.

Il est masculin quand il répond à l'aliquid des Latins et qu'il signifie une chose, ou cela, ce:

Je vous constitue pendant le souper au gouvernement' des bouteilles; et s'il se casse QUELQUE CHOSE, je LE rabattrai sur vos gages. (Molière.)

Je prenais souvent plaisir à blâmer publiquement QUELQUE CHOSE qu'il avait FAIT. (Fénelon.) De sa patte droite l'ours saisit dans l'eau le poisson qu'il voit passer. Si, après avoir assouvi sa faim, il lui reste QUELQUE CHOSE de son repas, il LE cache.

(Chateaubriand.)

Si l'on perd QUELQUE CHOSE à ne pas prendre toujours les plus robustes ouvriers, on LE regagne bien par l'affection que cette préférence inspire à ceux qu'on choisit. (J.-J. Rousseau.)

Retenez de moi ce salutaire avis :
Pour savoir quelque chose, il faut l'avoir appris.

(Andrieux.)

Ce quelque chose, qu'on dirait l'âme de la création, s'entretenait avec son âme.

La construction suivante est donc vicieuse :

Quand on aura de vous quelque chose à prétendre,
Accordez-la civilement;

Et, pour obliger doublement,

Ne la faites jamais attendre.

(Ballanche.)

(Mme Deshoulières. ) (1)

La grammaire exige accordes-LE, et NE LE faites.

L'adjectif qui modifie quelque chose se met toujours au masculin, qu'il soit construit sans préposition ou précédé de la préposition de :

S'il y a QUELQUE CHOSE de NOUVEAU, je vous demande en grâce de me LE dire.

(Voltaire.) Si Eschyle et Sophocle n'ont pas eu cette idée, ils ont dû concevoir QUELQUE CHOSE D'APPROCHANT. (La Harpe.)

Mais si quelque chose est suivi d'un verbe au subjonctif et signifie quelle que soit la chose, il est du genre féminin:

QUELQUE CHOSE qu'il m'ait DITE, je n'ai pu le croire. (Marmontel.)

Ces actions qui comblèrent Pompée de gloire firent que dans la suite, QUELQUE CHOSE qu'il eût FAITE au préjudice des lois, le sénat se déclara toujours pour lui.

Couple.

(Montesquieu.)

Ce substantif est masculin. 1° Quand il se dit de deux personnes unies par le mariage ou par un vif sentiment d'affection: UN COUPLE d'époux; UN COUPLE d'amants; voilà UN BEAU COUPLE. (Académie.)

(1) On trouve dans une pièce de Joachim du Bellay quelque chose modifié par an adjectif féminin et suivi d'un pronom masculin:

Il te faut quelquefois, soit en vers, soit en prose,
Ecrire finement quelque petite chose.

Je ne veux toutefois qu'on le fasse imprimer,
Car ce qui est commun se fait désestimer.

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