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Rome depuis Brutus ne t'a jamais revûe.
Chez vingt Peuples polis à peine es-tu connue.
Le Sarmate à cheval t'embraffe avec fureur;
Mais le bourgeois à pied, rampant dans l'efclavage,
Te regarde, foupire, & meurt dans la douleur.
L'Anglais pour te garder fignala fon courage;
Mais on prétend qu'à Londre on te vend quelquefois :
Non, je ne le crois point; ce. Peuple fier & fage
Te paya de fon fang, & foûtiendra tes droits.
Aux marais du Batave on dit que tu chancelles ;
Tu peux te r'affûrer: la race des Naffaux,
Qui dreffa fept Aute's e à tes Loix immortelles,
Maintiendra de fes mains fidelles,

Et tes honneurs & tes faisceaux.

Venife te conferve, & Gènes t'a reprise.
Tout à côté du Throne à Stockholm on t'a mife;
Un fi beau voifinage eft fouvent dangereux.
Préfide à tout Etat où la Loi t'autorise,
Et reftes-y, fi tu le peux.

Ne va plus, fous les noms & de Ligue & de Fronde, Protectrice funefte en nouveautés féconde,

Troubler les jours brillans d'un peuple de vainqueurs,
Gouverné par les loix, plus encor par les mœurs:
Il chérit la grandeur fuprême,

Qu'a-t-il befoin de tes faveurs,

Quand fon joug eft fi doux qu'on le prend pour toi-même ?

A 3

e L'union des sept Provinces.

Dans

Dans le vafte Orient ton fort n'eft pas fi beau.
Aux murs de Conftantin tremblante, confternée,
Sous les pieds d'un Vifir tu languis enchaînée,
Entre le fabre & le cordeau.

Chez tous les Lévantins tu perdis ton chapeau.
Que celui du grand TELL f orne en ces lieux ta tête.
Defcen dans mes foyers en tes beaux jours de fète,
Vien m'y faire un deftin nouveau.

Embelli ma retraite où l'Amitié t'appelle,
Sur de fimples gazons vien t'affeoir avec elle.
Elle fuit comme toi les vanités des Cours,
Les cabales du Monde, & fon règne frivole.
O deux Divinités, vous êtes mon recours!
L'une élève mon ame, & l'autre la confole;
Préfidez à mes derniers jours!

f L'Auteur de la liberté Helvétique.

DISCOURS

EN VERS

SUR

L'HOMME.

A 4

DIS

LEs trois Difcours fuivans font de l'année 1734.

Les

quatre derniers font de l'an 1737. L'Auteur les a tous revus en dernier lieu.

Le premier prouve l'égalité des conditions; c'est-à-dire qu'il y a dans chaque profeffion une mesure de biens & de maux, qui les rend toutes égales.

Le fecond, que l'homme eft libre, & qu'ainfi c'est à lui à faire fon bonheur.

Le troifiéme, que le plus grand obstacle au bonheur eft Penvie.

Le quatrième, que pour être heureux il faut être mode

ré en tout.

Le cinquième, que le plaifir vient de DIEU.

Le fixième, que le bonheur parfait ne peut être le partage de l'homme en ce monde, & que l'homme n'a point à fe plaindre de fon état.

Le feptiéme, que la vertu confifte à faire du bien à fes Semblables, & non pas dans de vaines pratiques de mortification.

PRE

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T

DE

LEGALITÉ

DES

CONDITIONS.

U vois, fage Arifton, d'un oeil d'indifférence La grandeur tyrannique & la fière opulence; Tes yeux d'un faux éclat ne font point abufés. Ce Monde eft un grand bal, où des fous déguifés Sous les rifibles noms d'Eminence & d'Alteffe, Penfent enfler leur être & hauffer leur baffeffe. En vain des vanités l'appareil nous furprend. Les mortels font égaux; leur mafque eft différent. Nos cinq fens imparfaits, donnés par la Nature, De nos biens, de nos maux, font la feule mesure. Les Rois en ont-ils fix? & leur ame & leur corps Sont-ils d'une autre espèce? ont-ils d'autres refforts? C'est du même limon que tous ont pris naiffance; Dans la même faibleffe ils traînent leur enfance: Et le riche & le pauvre, & le faible & le fort,

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