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revenu pour entretenir des maîtres dans son Collège, les maire et échevins solicitèrent une prébende du chapitre Notre-Dame, et cette prébende valait 250 à 300 1. par chacun an. Ils l'obtinrent en effet. Mais en ayant été dépossédés par arrêt du Parlement du 19 février 1569, ils furent obligés de recourir à un autre moyen.

« Il y avait alors à un demi-quart de lieue de la ville d'Etampes, sur le chemin de Paris, une léprosie fondée pour les ladres de la ville d'Etampes. Cette léprosie, appellée Saint-Lazare, avait des revenus plus que suffisans pour acquitter ses charges. Les maire et échevins, après s'être assurés du consentement des officiers et administrateurs de laditte léprosie présentèrent au Roi une requête tendante à ce qu'il leur fût assigné pour leur Collège une somme de trois cents livres annuelle sur les reliquats des comptes des administrateurs de cette léprosie. Elle leur fut accordée par lettres patentes du 20 aoust 1575, à la charge que cette somme seroit emploiée à la « nouriture et entretenement d'un précepteur, deux régents et deux pauvres enfans que ledit précepteur sera tenu de loger, nourir et << enseigner gratuitement, lesquels, comme boursiers, seront tenus nétoyer ledit Collège par chacun jour, commencer le salut et prierres qui se diront en la grande salle des écolles à l'intention du Roi «<et des bienfaiteurs de ce Collège ». Ces lettres ont été vérifiées en Parlement, le 15 septembre 1576.

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«Les Barnabites, déjà établis dans le Béarn, venaient d'obtenir, en 1622, des lettres patentes pour s'établir et tenir collège non-seulement à Montargis mais encore dans tous lieux où ils seraient appellés, avec permission de bâtir maison, église, collège, pour y vivre selon leur institut. Les maire et échevins prirent occasion de ce nouvel établissement des Barnabites pour leur offrir, et à ceux de leur ordre, le Collège d'Etampes avec les trois cents livres accordées par Henry III sur la léproserie de Saint-Lazare. Ces offres n'eurent aucun effet pendant quelque tems.

<< Pendant cet intervalle, Mr Jacques Petau, alors lieutenant général au baillage d'Etampes, homme zélé non-seulement pour remplir les devoirs de sa charge mais pour le bien public, sentant bien que, pour mettre les Barnabites en état de se charger du Collège, il leur fallait procurer une chapelle pour y faire l'office et des lieux réguliers pour y former leur communauté, légua, par son testament du 1er novembre 1626, au Collège d'Etampes une somme de 8.000 1., dont 3.000 1. seraient pris pour bâtir un -corps de logis au lieu et place vuide qui était (et est encore) entre deux pignons attenant au grand corps de logis, et les 5.000 1. restans [devraient] être employés à acquérir biens et rentes pour nourir et élever deux pauvres enfans boursiers du pays, à qui on serait tenu d'enseigner les humanités, le plein chant et la philosophie, et dont la nominalion, après la mort du testateur, appartiendra à ses plus proches parens, et ensuitte aux maire et échevins de la ville d'Etampes.

« Ce ne fut que le 4 septembre 1629 que, dans une assemblée généralle de tous les différens corps de la ville et habitans, il fut arretté de faire venir les Barnabites, et les maire et échevins furent autorizés à traiter avec eux. Et le 5 septembre 1629, par acte passé devant Delambon, notaire à Etampes, entre les maire et échevins d'Etampes et les RR. PP. dom Candide Postcolonne et dom Anselme Chardon, clers réguliers de la Congrégation de Saint-Paul, comme procureurs délégués par le Révérendissime Père Général dudit ordre, les maire et échevins cédèrent aux Barnabites:

« 1° Tout et tel droit de propriété qu'ils avaient à la maison et Coliège de la ville;

« 2o Les 300 1. de revenu à eux accordé en faveur du Collège par Henry III.

«< 3o Lesdits maire et échevins s'obligèrent de donner et payer auxdits Barnabites, par chacun an,

la somme de 100 1. à prendre sur les deniers communs et patrimoniaux de la ville.

« 4° Ils leur cédèrent, en outre, le droit qui avait été adjugé à la ville par jugement du Grand-Conseil sur certaines terres et possessions dépendant de l'hôpital de Saint-Jacques de l'Epée, assis proche la ville de Saint-Quentin, avec la maison et ses dépendances assize au faubourg Evezare de la ville d'Etampes et les revenus en dépendant.

5o Ils leur abandonnèrent aussi la maison et chapelle de Saint-Antoine, située en laditte ville

d'Etampes, vis-à-vis le Collège, pour y faire les fonctions ecclésiastiques et charges de leurs ordres. Et, de leur côté, les Barnabites se sont obligés :

« 1° A faire leur résidence dans la maison du Collège;

« 2o De vacquer à l'instruction de la jeunesse en lettres, piété et bonnes mœurs et, à cet effet, d'entretenir dans le Collège deux régens séculiers ou autres, de suffisance et probité requise, pour y régenter et faire leçons tant en grammaire grecque que latine et autres sciences humaines;

3o De prendre par un de leurs Pères la direction des régens et des écoliers;

« 4° De tenir économie et prendre pensionnaires dans le Collège et autres lieux contigus;

« 5o De rendre et remettre audits maire et échevins le Collège et tout ce qui leur seroit donné relativement à ce, même les dounations qui par la suitte pouraient leur être faittes par les habitans dans le cas où, pour quelques raisons et événemens imprévus, ils ne vacqueroient plus à l'instruction de la jeunesse ; ils s'obligèrent, de plus, de rendre les rentes données par différens particuliers en faveur de l'instruction de la jeunesse.

« Outre les engagemens dont on vient de parler, les Barnabites en ont encore contracté deux autres en conséquence des 8.000 1. qu'ils ont reçûs du Sr Petau. Le premier, de nourir et entretenir deux boursiers au Collège d'Etampes jusqu'à l'âge de vingt-cinq ans : par un arrêt du 14 mai 1651, les deux bourses ont été réduites à une. Le second, de construire un bâtiment et une chapelle dans l'endroit désigné par le testament dudit sieur Petau, auxquels bâtimens serait emploié la somme de trois mille livres. <«< Quelque tems après cette convention, les Barnabites furent troublés dans la jouissance des revenus de l'hôpital St Jacques-de-l'Épée et de celui de Saint-Antoine par les officiers et religieux de l'ordre de Notre-Dame de Mont-Carmel. Et par une transaction, homologuée en Parlement le 26 février 1677, passée entre les grands officiers et commandeurs de l'ordre de Notre-Dame de MontCarmel, d'une part, les maire et échevins de la ville d'Etampes et les Barnabites de ladite ville, d'autre part, il a été convenu que lesdits grands officiers et commandeurs rentreroient dans la possession et jouissance des maison et biens de Saint-Jacques de l'Epée, et lesdits officiers de l'ordre de MontCarmel ont ceddé auxdits Pères Barnabites et leurs successeurs au Collège d'Etampes la maison et la chapelle de Saint-Antoine et les revenus en dépendans.

<«< Au mois de novembre 1633, Louis XIII, par ses lettres patentes, donna l'authenticité à l'établissement des Barnabites au Collège d'Etampes. Il les confirma dans la jouissance de 300 1. sur la maladrerie de Saint-Lazare et de tout ce que les Rois ses prédécesseurs avaient donné, dans la jouissance de 100 1. sur les deniers patrimoniaux de la ville d'Etampes et dans celle des revenus de la commanderie de SaintJacques-de-l'Epée, et il les confirma dans la jouissance de l'hôpital de Saint-Antoine et de ses dépendances. Mais, par un arrêt du Conseil d'Etat privé du Roy, les biens dépendans de la maladrerie de Saint-Lazare et quart du revenu de l'hôpital de Saint-Jacques-de-l'Epée furent réunis à l'Hôtel-Dieu d'Etampes, à la charge de payer au Collège les 300 1. de rente, au moien de quoi il n'est resté au Collège que les trois quarts de revenu dudit hôpital de Saint-Jacques de l'Epée.

« De l'exposé cy-dessus il résulte que les Barnabites ont reçû pour l'entretien du Collège d'Etampes les biens cy-après, savoir:

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BIENS QUI DÉPENDAIENT DE LA CENSIVe de SAINT-JACQUES-DE-L'EPÉE.

Un bien appellé la cense de Saint-Jacques-del'Epée, situé à Saint-Quentin en Vermandois, consistant en terres, bois et censive, vendu 3.6001...

150

50

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180 livres.

Est due moitié par les ci-devant Célestins de Marcoussis et moitié par les héritiers des Sr et dame de Bonneveau d'Etampes.

Cet objet a été vendu par les Barnabites au Sr Gallois, receveur des tailles à Saint-Quentin, moyennant 4 800 1., dont un quart est revenu à l'Hôtel-Dieu d'Etampes et les trois autres quarts montant à 3.600 1., qui revenoient au Collège, ont été emploiés à reconstruire à neuf une maison scise à Paris, rue Galande, que les Barnabites possèdent encore et qui est louée 500 1. à un cloutier. Le privilège sur cette maison est suffisamment établi par des actes authentiques qui sont compris sous la cotte 22 de l'inventaire des Barnabites fait par l'administration du District le [1er octobre] 1790.

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<< Outre ce revenu connu, il a été donné par différents particuliers plusieurs biens et rentes, que les Révérends Pères ont déclaré monter à 150 1. par une requête présentée par eux la septième année de leur établissement, parties desquelles rentes, qui n'existent plus, sont énoncées en un compte rendu par feu Claude Fleureau, administrateur de l'hôpital de Saint-Antoine, pour les années 1621 et 1622, formant la première pièce de la cotte 23 de l'inventaire des Barnabites.

<<< De tous ces biens il subsiste encore en nature:

1° La maison du Collège, qui est en mauvais état;

2o La maison et église Saint-Antoine, qui a été fort augmentée par les Barnabites des libéralités du S Petau et autres habitans d'Etampes, et les matériaux de l'ancienne;

4° (sic) Les trois cens livres sur l'Hôtel-Dieu, cy.....

.....

....

5o Les cent livres de rente sur les deniers patrimoniaux de la Ville, cy...
6o Les dix-huit livres quinze sols de rente sur le domaine, cy..
7° Les cinquante livres de rente sur le moulin de Grenet situé à Saclas, cy.
8° Les trois quarts de la censive de Saint-Jacques-de-l'Epée à Etampes, cy...
9o Les six quartiers de pré derrière Saint-Lazare, cy...........
10° La ferme scise à Obterre, cy........

Total du revenu restant en nature cy.....

300 livres. 100

18 1. 15 s. 50 1.

10 1. 7 s. 3 d.

60 1. 150 1.

689 1. 2 s. 3 d.

<< Plus, le Collège a à répetter contre les R. P. Barnabites les créances ci-après : 1o Les 4.000 1. provenant de la fondation de M. Petau, dont on ignore l'emploi... 4.000 livres. 2o Les 1.000 1. provenant du legs de M. Petau et payées à MM. de Sainte-Geneviève de Paris pour droit d'indemnité sur la maison rue Galande.....

3o Les 600 1. provenant du remboursement des 30 1. de rente due sur la maison de la rue Saint-Mard..

4o Les 3.600 1. provenant de la vente des trois quarts du fief de Saint-Jacques-del'Epée à Saint-Quentin.....

Total des créances que la Ville a à exercer sur les biens des Barnabites....

.....

« Sur lesquels biens et revenus les RR. PP. Barnabites doivent et payent les charges ci-après :

A Monsieur Bonnet, maître de pension, qu'ils ont étably dans le Collège, pour ses honoraires, 360 1., cy...

A Monsieur Geoffroy, pour le revenu de la bourse,....

Au chapitre Notre-Dame, pour cens et rentes dues pour la maison du Collège....
Au chapitre Sainte-Croix, pour même cause...

Les réparations devroient naturellement entrer dans ce calcul, mais les bâtimens du Collège sont en si mauvais état qu'on est tenté de croire que depuis longtemps on ne s'en est pas occuppé. Ainsi le présent article sera tiré pour mémoire.

Total des charges...

<«< Ainsi la somme de 1.321 1. 17 s., à quoi on a vu que montoient les revenus du Collège, cy...

payant celle de ...

il reste aux Barnabites, pour être seulement les inspecteurs du Collège,..

1.000

600

3.600

9.200 livres.

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«Je dis que les Barnabites ont été seulement les inspecteurs du Collège, et cela est vrai, car presque toujours ils ont, pour ainsi dire, loué à un maître de pension le droit d'en occuper les bâtimens et d'y faire son état. Aucun d'eux n'a pris la direction des écoliers et n'a jamais résidé dans le Collège. Tout ce qu'on pourait ajouter, c'est qu'ils ont seulement conservé un droit de surveillance et d'inspection, dont ils ont usé quand ils ont voulu.

<< Les boursiers même ne résident presque jamais dans le Collège. Ils consomment le revenu de leur bourse dans les Collèges de la Capitalle ou ailleurs.

<< La maison des Barnabites d'Etampes n'est composée depuis plus de trente ans que de trois religieux fort âgés, plus capables d'édifier par leurs mœurs que de satisfaire aux engagemens que leurs prédécesseurs ont contractés avec la Ville.

« Aujourd'hui qu'un nouvel ordre de choses s'opère, que l'Assemblée Nationale, en s'occuppant de régénérer la France, porte ses regards attentifs sur toutes les classes de citoiens, il est intéressant de lui mettre devant les yeux les objets locaux qui peuvent échapper à sa surveillance.

«Si, par son décret du 19 décembre 1789, elle a déclaré les biens du Clergé être à la disposition de la Nation, elle [a], par un autre décret des 23 et 28 octobre 1790, excepté nommément les biens des Collèges. Incessamment les Barnabites vont quitter leur domicile, pour jouir du traitement qui leur est attribué par les décrets de l'Assemblée Nationale. Alors leurs biens particuliers seront vendus, mais ceux qui leur ont été donnés en faveur du Collège doivent rester à la Ville, aux termes de l'acte du 5 septembre 1629. C'est à quoi les habitans, les officiers municipaux et corps administratifs doivent veiller.

L'étendue de la ville d'Etampes, le nombre d'enfans qu'elle fournit, son éloignement de 12 lieues de Paris, de 22 de Sens, de 12 de Chartres et de Montargis, et de 20 d'Orléans, qui sont les villes où il y a collèges, sont les preuves de l'avantage qui résulte pour cette ville du rétablissement de son Collège. Eh! combien d'enfans ne font pas leurs études et restent dans l'ignorance par la seule raison qu'il n'est pas possible de les faire à Etampes et parce que leurs pères ne se trouvent pas en état de payer des pensions dans les villes circonvoisines.

<< Des motifs aussi pressans m'ont engagé à m'occuper de cet exposé, trop heureux si les objets qui y sont contenus peuvent opérer le bien que je désire à tous mes concitoiens.

<< A Etampes, le 15 décembre 1790.

« VÉNARD. >>

Il est regrettable que le mémoire de M. Bonnet, «< principal du Collège d'Etampes », mémoire << relatif au Collège, à son établissement et à son état actuel », ne figure pas au dossier déposé aux Archives départementales.

Mais nous savons que le corps municipal d'Etampes s'occupa fort activement de l'affaire du Collège, et particulièrement dans la séance qui fut tenue le jeudi 17 mars 1791, à laquelle assistaient MM. Petit, maire, Meunier-Pineau, Banouard-Penot, Lavallery, Simonneau et Péchard, officiers municipaux, ainsi que le Procureur de la Commune. Voici quelles étaient les conclusions du rapport présenté par l'un des membres; elles furent adoptées par l'Assemblée, qui vota l'impression du rapport et son envoi au Département et au District.

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. . . . . Par son mémoire, M. Vénard, après avoir observé que les biens du Collège, et nous pouvons ajouter des établissements d'études ou de retraite, et de tous établissements destinés à l'enseignement public, sont exceptés de l'énumération des Biens Nationaux, ajoute : les biens particuliers (des Barnabites) seront vendus; mais ceux qui leur ont été donnés en faveur du Collège doivent rester à la Ville.

<< Nous ne croyons pas, Messieurs, qu'il puisse y avoir de distinction de biens particuliers aux

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