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LES

FOURBERIES DE SCAPIN

Comédie

1671

1

PERSONNAGES

ARGANTE, père d'Octave et de Zerbinette.
GÉRONTE, père de Léandre et de Hyacinte.

OCTAVE, fils d'Argante et amant de Hyacinte.
LÉANDRE, fils de Géronte et amant de Zerbinette.

ZERBINETTE, crue Egyptienne et reconnue fille d'Argante et amante de Léandre.

HYACINTE, fille de Géronte et amante d'Octave.

SCAPIN, valet de Léandre, et fourbe.

SYLVESTRE, valet d'Octave.

NÉRINE, nourrice de Hyacinte.

CARLE, fourbe.

DEUX PORTEURS.

La scène est à Naples.

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Ah! fâcheuses nouvelles pour un cœur amoureux! Dures extrémités où je me vois réduit! Tu viens, Sylvestre, d'apprendre au port que mon père revient?

Oui.

SYLVESTRE.

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Et qu'il revient dans la résolution de me marier?

SYLVESTRE.

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OCTAVE.

Et que cette fille est mandée de Tarente ici pour cela?

SYLVESTRE.

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A qui mon père les a mandées par une lettre ?

Par une lettre.

SYLVESTRE.

OCTAVE.

Et cet oncle, dis-tu, sait toutes nos affaires?

Toutes nos affaires.

SYLVESTRE.

OCTAVE.

Ah! parle, si tu veux, et ne te fais point de la sorte arracher les mots de la bouche.

SYLVESTRE.

Qu'ai-je à parler davantage? Vous n'oubliez aucune circonstance, et vous dites les choses tout justement comme elles sont.

OCTAVE.

Conseille-moi, du moins, et me dis ce que je dois faire dans ces cruelles conjonctures.

SYLVESTRE.

Ma foi, je m'y trouve autant embarrassé que vous, et j'aurais bon besoin que l'on me conseillât moi-même.

OCTAVE.

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Lorsque mon père apprendra les choses, je vais voir fondre sur moi un orage soudain d'impétueuses réprimandes. SYLVESTRE.

Les réprimandes ne sont rien, et plùt au Ciel que j'en fusse quitte à ce prix ! Mais j'ai bien la mine, pour moi, de payer plus cher vos folies, et je vois se former de loin un nuage de coups de bâton qui crèvera sur mes épaules.

OCTAVE.

O Ciel! par où sortir de l'embarras où je me trouve ?

SYLVESTRE.

C'est à quoi vous deviez songer avant que de vous y jeter. OCTAVE.

Ah! tu me fais mourir par tes leçons hors de saison.

SYLVESTRE.

Vous me faités bien plus mourir par vos actions étourdies.

OCTAVE.

Que dois-je faire? Quelle résolution prendre? A quel remède recourir?

SCÈNE II.

SCAPIN, OCTAVE, SYLVESTRE.

SCAPIN.

Qu'est-ce, Seigneur Octave ? qu'avez-vous? qu'y a-t-il ? quel désordre est-ce là? Je vous vois tout troublé.

OCTAVE.

Ah! mon pauvre Scapin, je suis perdu, je suis désespéré, je suis le plus infortuné de tous les hommes.

Comment?

SCAPIN.

OCTAVE.

N'as-tu rien appris de ce qui me regarde?

Non.

SCAPIN.

OCTAVE.

Mon père arrive avec le seigneur Géronte, et ils me veulent marier.

SCAPIN.

Eh bien qu'y a-t-il là de si funeste?

OCTAVE.

Hélas! tu ne sais pas la cause de mon inquiétude.

SCAPIN.

Non; mais il ne tiendra qu'à vous que je la sache bientôt ; et je suis homme consolatif, homme à m'intéresser aux affaires des jeunes gens.

OCTAVE.

Ah! Scapin, si tu pouvais trouver quelque invention, forger quelque machine, pour me tirer de la peine où je suis, je croirais t'être redevable de plus que de la vie.

SCAPIN.

A vous dire la vérité, il y a peu de choses qui me soient impossibles, quand je m'en veux mêler. J'ai sans doute reçu du Ciel un génie assez beau pour toutes les fabriques de ces gentillesses d'esprit, de ces galanteries ingénieuses, à qui le vulgaire ignorant donne le nom de fourberies; et je puis dire sans vanité qu'on n'a guère vu d'homme qui fût plus habile ouvrier de ressorts et d'intrigues, qui ait acquis plus de gloire que moi dans ce noble métier. Mais, ma foi, le

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