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HESSE.

C'est aussi par la promulgation d'une nouvelle constitution que l'année s'est ouverte pour la Hesse électorale. Les États s'en étaient occupés pendant plus de six semaines, et cependant ils n'avaient modifié que quelques points peu essentiels du projet du gouvernement. La constitution définitivement sanctionnée avait ceci de remarquable, que les États, composés de 52 membres, dont quelques-uns étaient représentants par droit de naissance, et la plupart élus, se rassemblaient en une seule Chambre, différant en cela des constitutions de la Bavière, du Hanovre, de Bade et de la Saxe. Les meinbres des colleges électoraux, seraient désignés dans des assemblées primaires. Quant aux droits généraux du pays, la constitution consacrait en principe l'abolition des corvées et du monopole, l'abolition de la censure, si ce n'est dans les cas prévus par les lois de la Confédération, la liberté des opinions, l'établissement d'une garde bourgeoise, et l'admissibilité de tous les citoyens aux emplois publics.

Telles étaient les dispositions fondamentales de cette nouvelle Charte consentie, qui fut solennellement promulguée le 8 janvier à Cassel, par l'Électeur, en présence des princes de sa famille, des dignitaires de sa cour, des chefs de l'armée, et de l'assemblée des États. Il fut proposé et agréé par l'Électeur, 'qu'une statue lui serait élevée en commémoration de ce grand jour. Mais son administration n'en devint pas plus populaire, et quelque temps après S. A. se vit obligée, sur les vives représentations qui lui avaient été adressées, de renouveler complétement son ministère.

Un autre grief des Hessois, que S. A. ne paraissait pas également disposée à faire disparaître, c'était sa persévérance à vouloir résider dans son château de Wilhemshohe. Cette ab-. sence prolongée de Cassel laissait les affaires publiques en souffrance; car aucun motif ne semblait assez grave pour déterminer l'Électeur à revenir dans sa capitale il se fit

même représenter par une commission, le 12 avril, à l'ouverture de la première assemblée des États convoquée d'après la nouvelle constitution. Aussi, est-ce sur cet objet qu'ils s'étendirent plus spécialement dans leur adresse en réponse au discours du trône; adresse qu'il faut méditer avec soin (voy. l'Appendice), si l'on veut prendre une idée juste de l'esprit public dans les Etats secondaires de l'Allemague, de leurs besoins politiques et commerciaux, et enfin de leurs dispositions à l'égard de la Confédération germanique.

L'Electeur refusa péremptoirement de revenir habiter Cassel, quelles que fussent les raisons que la députation des États en ployat pour l'y décider. Cette résolution fit la plus' pénible impression dans toute la Hesse, où, jointe à d'autres causes, telles que la stagnation du commerce et la disette des grains, elle entretint un mécontentement dangereux pour la paix publique. De nombreuses pétitions engagèrent les États à renouveler leur démarche : ils y cédèrent, et vers la fin d'août ils envoyèrent une seconde députation à S. A. Cette fois, après avoir demandé aux députés les motifs de leur mission par écrit, elle répondit que si elle ne pouvait dans le moment présent se prêter au désir des États, elle avait cependant résolu d'écarter d'une manière convenable les inconvénients qui pourraient naître de son absence prolongée de la ville de Cassel. Peu de temps après, le prince électoral Frédéric-Guillaume fut nommé co-régent de Hesse, et chargé exclusivement de l'exercice de tous les droits de la souveraineté pendant l'éloignement de l'Électeur. Ici, comme en Saxe, l'année précédente, ce fut donc une demi-déchéance du souverain.

Le co-régent eut peu de chose à faire pour se rendre populaire; il imprima par sa présence une marche plus rapide aux travaux de l'assemblée. Déjà elle avait adopté une loi sur la garde nationale et le traité négocié avec la Prusse pour l'établissement d'un système commun de douanes. Mais la loi sur la garde nationale n'obtint pas de tous points la sauction

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du prince, et elle dut être renvoyée à l'assemblée avec plusieurs modifications. D'autres lois importantes, la nouvelle constitution communale, la nouvelle loi de recrutement, et la loi de la presse, ne tardèrent pas à être soumises aux États.

Bientôt ils portèrent plus haut leur attention, et la Diète germanique elle-même, ses rapports avec la Hesse et les autres États, ses délibérations devinrent, sur la motion du député Jordan, l'objet d'une discussion qui montra combien les esprits en Allemagne étaient convaincus de la nécessité d'établir solidement son unité, sa nationalité et son indépendance, pour lui donner le poids qu'elle devait avoir dans la balance de l'Europe. A la suite de cette discussion, l'assemblée adopta le 31 octobre la proposition qu'avait faite M. Jordan, de prier le gou

vernement,

1° De communiquer à l'assemblée les protocoles séparés de la Diète, afin qu'elle soit mise en état de juger la manière dont a procédé jusqu'à présent le ministre de Hesse à la Diète;

2o De s'entendre en même temps, par les voies diplomatiques, avec les autres États constitutionnels de l'Allemagne, pour que l'action de la Diète soit dirigée en toutes choses par les principe constitutionnels, et nommément pour que tous les protocoles en soient rendus publics au moyen de la presse.

Les résolutions prises par la Diète au sujet de la limitation de la liberté de la presse, donnèrent lieu le 4 décembre à une nouvelle proposition de la part du même député, pour demander au gouvernement de prompts éclaircissements sur les motifs qui l'avaient porté à autoriser le ministre de la Hesse électorale à la Diète à voter ces résolutions, et enfin de rappeler au gouvernement la proposition précédente. Quelques jours se passèrent avant que le ministre des affaires étrangères fit connaître sa réponse, qui était un refus de communiquer les protocoles. Mais ces délibérations des États de la Hesse électorale, rapprochées de celles des Chambres de Bavière et de Bade, n'en disaient pas moins que de nouvelles idées germaient en Allemagne, et que les assemblées repré

sentatives tendaient à prendre un essor que la Diète germanique, dans son organisation actuelle, ne pouvait voir sans inquiétude.

Quant aux lois organiques de la constitution sur lesquelles les États de la Hesse avaient à délibérer, c'est à l'Annuaire de 1832 qu'il appartient d'en montrer les résultats.

Il ne s'est passé cette année dans le duché de Hesse-Darmstadt aucun événement digne d'une mention particulière.

DUCHÉ DE BRUNSWICK.

Le duc Charles de Brunswick, qui s'était mis en révolte contre la Diète germanique, et avait ensuite été forcé par ses propres sujets à fuir de ses États, fut formellement détrôné dans le cours de cette année. Le 2 décembre 1830, la Diète avait autorisé son frère puîné, le duc Guillaume, à prendre provisoirement les rênes du gouvernement, et renvoyé aux princes alliés de la maison de Brunswick le soin d'arranger définitivement les affaires du duché. Cette tâche n'était pas facile. Des faits trop évidents avaient convaincu le roi de Hanovre de l'impossibilité de laisser le gouvernement dans les mains du duc Charles, et son frère ne pouvait s'empêcher de partager la même opinion. Ils désiraient cependant s'épargner la triste obligation de proclamer ouvertement l'incapacité de leur parent; mais toutes les tentatives essayées dans ce but furent inutiles. Il fallut donc déclarer que le gouvernement du duché de Brunswick était vacant, et le conférer au duc Guillaume, comme le plus proche dans l'ordre de succession. En conséquence, S. A. fixa le 25 avril pour recevoir le serment de fidélité de ses sujets. Heureux des changements qui s'étaient opérés, ils le prêtèrent avec empressement.

HANOVRE.

Le Hanovre, qui avait d'abord paru à l'épreuve de l'esprit révolutionnaire, eut aussi son insurrection au commencement de cette année. Depuis quelques semaines une certaine efferves

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cence se faisait remarquer dans les populations du Hartz. Elles étaient mécontentes du système d'impôts établi dans le Hanovre, des vexations des employés du gouvernement, et surtout des percepteurs du fisc. Cependant les soulèvements partiels qui avaient eu lieu avaient été bientôt étouf fés à l'aide des troupes cantonnées dans le pays. Mais le 7 janvier un mouvement plus sérieux éclata à Osterode, à la suite duquel les habitants se formèrent en garde nationale. Son objet était de protéger les personnes et les propriétés, tandis qu'on exposerait les griefs publics au gouverneur général, le duc de Cambridge. Aussitôt le commandant militaire du district entra dans la ville avec des troupes. Deux jurisconsultes qui s'étaient mis à la tête de la sédition furent arrêtés, et tout fut terminé,

Le même esprit de rébellion se montra à Gættingue, si d'ailleurs l'insurrection partielle d'Osterode n'était pas l'effet d'un même complot. Le 8, une foule de citoyens et d'étudiants s'assembla en armes, conduite par deux docteurs en droit. Ils marchèrent sur l'hôtel-de-ville, renvoyèrent les autorités, et forcèrent un commissaire de police qui s'était rendu odieux au peuple à résigner ses fonctions. Ils publièrent en outre une proclamation pour annoncer qu'ils s'étaient organisés en garde nationale afin de maintenir l'ordre, et que leur but était d'obtenir du roi la convocation d'une assemblée de représentants véritablement élus par les citoyens, ainsi que l'établissement d'une constitution libre.

Le 9, les insurgés nommèrent un gouvernement provisoire dont les membres publièrent une autre proclamation, exprimant l'espoir que chaque commune du royaume formerait aussi une garde nationale qui se mettrait en rapport avec celle de Gættingue. Mais l'événement ne répondit point à cette attente, et l'insurrection de Goettingue fut réduite à ses propres forces,

A la première nouvelle de ces faits, le gouvernement, à son tour, publia me proclamation pour engager tous les bons

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