Images de page
PDF
ePub

système d'éducation primaire; dans ce but il avait présenté la loi dont j'ai déjà parlé. Cette loi fût demeurée imparfaite si elle n'avait été suivie d'instructions ministérielles, et M. Guizot les rédigea luimême avec une haute supériorité (1). Il démontrait d'abord l'importance de l'éducation de l'enfance pour le peuple et tout ce que les fonctions d'instituteur avaient d'humble et de grand: enseigner les masses, les moraliser, c'était presque une mission divine; quelle plus belle tâche que d'élever le cœur et l'esprit des enfans, de leur apprendre la religion et les lois éternelles de la morale! Aujourd'hui que les idées sont revenues à des principes plus réguliers, à des proportions plus droites, plus justes, des maximes si vraies n'étonnent plus; mais qu'on se reporte au temps et je crois qu'on trouvera là un courage de réorganisation qui semblait avoir abandonné les meilleurs esprits réprimer l'émeute de la place publique, tout le monde comprenait cela, mais arrêter les fausses tendances, les principes de démoralisation qui corrompaient le peuple, c'était un courage particulier, car le danger était moins compris et la pensée de répression moins généralement partagée.

Restait l'administration des finances et de la marine sous M. Humann et l'amiral de Rigny; avec les dehors

() M. Guizot adressa aux instituteurs, une longue lettre dans laquelle on lisait le passage sui

vant :

"...

.. Quant à l'éducation morale, c'est en vous surtout, monsieur, que je me fie. Rien ne peut suppléer en vous la volonté de bien

faire. Vous n'ignorez pas que c'est là sans aucun doute la plus importante et la plus difficile partie de votre mission, vous n'ignorez pas qu'en vous confiant un enfant, chaque famille vous demande de lui rendre un honnête homme, et le pays un bon citoyen. Vous le sa

les plus simples M. Humann était un homme de capacité spéciale et d'ordre régulier; ses amitiés étaient sincères, ses alliances de bonne nature; uni d'abord au parti de M. de Broglie et de M. Guizot comme par instinct d'ordre moral, il ne les aurait point abandonnées. S'il aimait l'administration des finances comme une chose qui venait naturellement à lui, il y préférait sa valeur personnelle, et dans une crise d'amour propre et de situation politique il s'en fût très facilement séparé en cela il avait un peu le défaut de M. de Broglie de se dépiter et de se décourager aussitôt; soit le sentiment de son importance, soit dégoût subit des affaires, M. de Broglie secouait souvent un portefeuille comme un fardeau. Chez M. Humann ce même découragement se produisait avec une sorte de franchise, j'ai presque dit de ténacité alsacienne; il s'entêtait sur une idée, sur un homme, et s'il trouvait résistance, il accourait sa démission à la main, esprit sous ce rapport fort incommode.

Il y avait beaucoup plus de souplesse dans le caractère de M. de Rigny, nature bonne, facile, à ce point qu'il avait accepté d'abord un ministère sous la présidence de M. le prince de Polignac en 1829; M. de Rigny quiavait reçu au reste toutes ses impressions du baron Louis, son oncle, sans posséder de vastes idées politiques avait néanmoins sur les affaires d'Orient, une

vez, les vertus ne suivent pas toujours les lumières, et les leçons que reçoit l'enfant pourraient lui devenir funestes si elles ne s'adressaient qu'à son intelligence.

Que l'instituteur ne craigne donc pas d'entreprendre sur les droits des familles en donnant les premiers soins à la culture intérieure de l'âme de ses élèves. »

certaine éducation classique qui le rendait parfaitement propre à quelques-unes des questions considérables du cabinet, et c'est à ce point de vue qu'il pouvait être utile à ses collègues dans toutes sortes de combinaisons. Une prière, un ordre du roi suffisait excellent officier supérieur de marine, avec les formes et les convenances de M. de Mackau, il pouvait également diriger les affaires étrangères, surtout au moment où allait dominer la question d'Orient qu'il connaissait par théorie et pratique. C'était en effet la politique extérieure qui préoccupait le cabinet, en face de difficultés capitales; l'histoire ne peut séparer la situation des hommes d'État des graves intérêts de l'Europe.

CHAPITRE VII.

DÉVELOPPEMENT DES QUESTIONS DIPLOMATIQUES,

PORTUGAL,

PIÉMONT, ORIent.

ESPAGNE, SUISSE, PIEMONT

[ocr errors]

(JUILLET 1833 A MAI 1834.)

[ocr errors]

[ocr errors]

Portugal. Les miguelistes et les pédristes. Le commodore Napier. Prise de Lisbonne. Défense de Porto. Reconnaissance de dona Maria par la France et l'Angleterre. La jeune reine à Londres. Restauration anglaise. Espagne. Les deux partis. - Situation de M. de Zea. - Mort de Ferdinand VII. Prise d'armes des carlistes. Jnsurrection des provinces. - Dépêche de M. de Rayneval. — Conseil des ministres. Reconnaissance d'Isabelle II et de la régence. Y aura-t-il une intervention? - La diplomatie à Paris et à Madrid. Système de M. de Zea. Nécessité de s'appuyer sur le parti des liberales et des Cortès. — Les volontaires royalistes. Retraite de M. de Zea. Ministère de M. Martinez de la Rosa. Armée d'observation des Pyrénées. Suisse. Notes impératives des puissances. Mesures contre les réfugiés. Expédition des Polonais contre la Savoie. - L'Orient après le traité d'Unkiar-Skelessi. — Note de la France à Saint-Pétersbourg.

[ocr errors]

[merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]

Situation prise par les cabinets de Londres et

Armemens. Influence autrichienne.

[ocr errors]

de Paris. Rappel des escadres. — Déplacement momentané de la difficulté. — Arbitrage de M. de Metternich.

Dans cette immensité d'événemens que la Révolution de 1830 avait fait naître, la diplomatie n'avait pas l'espérance d'un temps prochain de repos; sur quelque point de l'Europe qu'elle portât les yeux, il y avait inquiétude de l'avenir, tourmente pour le présent, ou bien il allait surgir quelques-unes de ces questions pratiques toute d'actualité qui appellent une

solution immédiate. Il est donc encore une fois besoin de résumer les faits et de suivre une à une ces difficultés qui menaçaient la paix du monde.

Au midi de l'Europe la lutte continuait entre les élémens de la vieille société et les forces confuses du nouvel ordre social. A chaque époque cette même situation se reproduit; les choses de ce monde tournent dans le même cercle! j'ai cherché à définir le véritable caractère de cette guerre de la Péninsule où se trouvaient une fois encore en présence la Révolution française et l'antique droit public de l'Europe. La Révolution soutenait cette armée d'Anglais, de Belges, de Français, bande de condottieri débordée sur le royaume de Portugal au nom de dom Pedro et de la jeune reine dona Maria da Gloria. Le parti de la Restauration appuyait de ses vœux et de ses forces, d'autres volontaires, qui sous la conduite du comte de Bourmont et du général Clouet allaient prêter secours à dom Miguel, alors en rapport avec la duchesse de Berri et tout le parti légitimiste en France. Presque toujours ainsi se prépare un champ de bataille entre des opinions et des doctrines hostiles; les Anglais mettaient un grand intérêt au triomphe de dom Pedro ou de la jeune reine sa fille, parce que sous une régence ils espéraient plus facilement dominer ce royaume un de leurs grands magasins d'entrepôt; et comme le parti patriote en France est généralement ce qu'il y a de moins national, il secondait la cause anglaise de dom Pedro qui venait d'obtenir un éclatant succès; l'amiral Napier dispersa la flotte de dom Miguel, et à la suite de cette victoire les Anglais pénétrèrent dans le Tage; Lisbonne subit le drapeau de dona Maria, non

VII.

19

« PrécédentContinuer »