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surgés avaient tiré à bout portant sur de braves officiers, et les troupes avaient massacré les rebelles de sang froid. Ces terribles scènes devraient porter avec elles-mêmes leur enseignement: chaque génération a ce reproche de sang et de douleur qu'elle porte comme un stigmate sur son front, et chose triste à dire! nous n'en profitons pas ; les passions changent d'objet, mais elles n'éclatent pas moins affreuses; et voilà pourquoi les âmes honnêtes se rattachent à tout système de calme, de modération et d'humanité.

Le résultat politique de cette terrible émeute, ce fut d'avoir porté un coup résolu à ce vaste réseau d'associations qui publiquement se substituait au pouvoir établi : était-il supportable qu'à côté du gouvernement, il y en eût un autre qui s'intitulât république, en proclamant les principes d'anarchie de la Convention et du Comité de salut public? Pour devenir loi stable, exécutée, le système du gouvernement contre les associations devait trouver cette résistance, car ce n'était qu'à coups de danger et de lutte qu'on pouvait arriver à un principede justice et de force dans le pouvoir.Le parti actif de la Révolution de Juillet succombait dans le combat; les associations ne pouvaient désormais opposer aucune résistance, parce que leur grand réseau était rompu aux centres comme à leur extrémité. A Paris et à Lyon, la bataille était donnée; elle n'avait été qu'essayée à Saint-Etienne, à Grenoble, à Marseille, à Châlons et à Clermont-Ferrand. Restait maintenant à développer législativement les conséquences de la victoire, et il faut rendre cette justice à M. Persil, qu'en cette occasion il montra une modération, une tempé

rance de moyens qui font honneur à son caractère et à son esprit.

Tout le monde s'attendait à des lois de colère. Soit que le conseil s'y refusât, soit que M. Persil vît que ce serait un profit trop immédiatement tiré de circonstances malheureuses, on se borna à présenter à la Chambre un projet de loi contre les détenteurs d'armes et de projectiles de guerre, simple mesure de police que les circonstances expliquaient suffisamment('). En même temps, le conseil arrêta qu'on préparerait un vaste procès politique, embrassant tout le système des associations, procès déféré à la Chambre des pairs, comme cour suprême de justice. On y trouvait cet avantage d'enlever au jury un procès où trop de passions se mêlaient à une appréciation impartiale; puis on mettait aux mains des esprits politiques, calmes et supérieurs, l'examen de ce vaste réseau d'associations qui embrassait non-seulement la France, mais l'Europe entière. On voulait en préparer l'histoire, en faire connaître les incidens, afin de constater tous les périls auxquels la société avait échappé, car l'organisation des Droits de l'homme n'en voulait pas seule

(') L'exposé des motifs de M. Persil était grave, et voici en quels termes il s'exprimait : « De grands malheurs, de grands crimes, viennent d'affliger, de consterner le pays. Le sang français a coulé, en même temps, à Lyon, à SaintEtienne, à Paris, dans d'autres villes encore; et ce sont des mains françaises qui l'ont répandu! La guerre civile dans ce qu'elle a de plus hideux s'est trouvé tout-àcoup organisée. Non-seulement

des factieux ont offert, commencé et soutenu le combat, mais des assassins armés ont parcouru les rues et donné la mort à des citoyens inoffensifs et isolés. En définitive, les pouvoirs réguliers ont triomphé de ces criminelles attaques. Mais après cette victoire le gouvernement a d'impérieux devoirs à remplir. Des révélations faites à la tribune de cette Chambre vous ont appris que les factieux, membres ou non des associations, s'étaient

ment au pouvoir politique, mais encore à la propriété, à la famille, à tout ce qui fonde le bonheur public et privé. Le gouvernement avait un grand intérêt à constater que dans cette lutte il ne s'agissait pas seulement de sa propre existence, mais de la société tout entière profondément ébranlée. Désormais ce n'était donc plus une question d'égoïsme pour le pouvoir, mais de prévoyance et de précaution pour tous. On confiait l'examen de ce procès à la Chambre des pairs, parce qu'il n'y avait pas au monde une réunion d'hommes plus sérieux, plus modérés, plus capables de comprendre la grandeur de la question sociale. C'était une tâche difficile, immense que d'embrasser dans un seul procés tant d'accusés, que de juger des questions si difficiles; néanmoins la Cour des pairs accepta cette mission et le procès des accusés d'avril devait devenir un des épisodes le plus pénible et le plus honorable dans cette longue histoire des services rendus par la Chambre des pairs.

procuré des armes et des munitions de guerre. Nous vous proposons donc de remplir la lacune qui existe dans la loi, à ce sujet. Par le projet que nous vous apportons, il serait défendu d'avoir chez

soi des armes et des munitions de guerre, à moins d'une autorisation spéciale ou d'une destination légitime. >>

(Chambre des députés, séance du 15 avril.)

FIN DU SEPTIÈME VOLUME.

TABLE

DES CHAPITRES DU TOME SEPTIÈME.

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Puis-

Le ministère après la dictature de l'état de siége. - Ouverture de la session.
Attentat du Pont-Royal. — Discours de la couronne. Esprit de la Cham-
bre des députés. — Elémens de la majorité. - Les premiers conservateurs.
Banc de la jeune doctrine. — Rapprochement avec M. Dupin.
sance du tiers parti. Il est maître des bureaux et de l'adresse.-Minorité et
Financiers. Administratifs.
faute du compte-rendu. — Projets de lois.
— Propositions individuelles. Caractère des votes du tiers parti. — Peti-
Votes
tesse de ses résolutions en matière religieuse, morale et politique.
d'indu'gence pour M. Laffitte ; d'injustice pour M. de Montbel. - Néces-
sité d'une discipline dans la majorité. —Destitution de M. Baude et de M. Du-
bois. - Accusation du tiers parti contre les doctrinaires.

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Attitude du parti républicain.

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cobins. Les mutuellistes. - Les démocrates élégans.
La société des Droits de l'homme.

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Les fils des vieux ja-

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Ses manifestes. Ses organes à Paris et
dans les provinces. Les légitimistes. - Leur situation politique depuis l'ar-
- Protestations. Brochures.
restation de madame la duchesse de Berri.
M. de Kergorlay. - M. de Châteaubriand. — Dévoûment chevaleresque pour
Madame. Heurtement de partis. — Les duels. — Histoire de la captivité de
Blaye. Le général Bugeaud. · Inquiétude sur la santé de Madame,
Première déclaration. - Négociations difficiles.

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et de l'Espagne.

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Les ci-

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Caractère diplomatique du duc de Broglie. — Choix des ambassadeurs. —Ses
rapports avec les cours. - Véritable portée de la question d'Orient.
vilisations égyptienne et turque. — Intrigues du pacha. — Le divan. - Appel
des Russes par le sultan. M. de Varennes à Constantinople.
Mission du comte Mourawieff près du sultan et à Alexandrie. — Politique
de la France. -Mission de l'amiral Roussin. -Son attitude à Constantinople.
- Traité proposé au pacha.-M. Mimaut à Alexandrie. - Refus de Mehe-.
met-Ali. La flotte et l'armée russes. - Mouvement de la diplomatie.
Lord Ponsonby.-M. d'Ottenfels, internonce d'Autriche. - L'amiral Roussin.
- Satisfaction au pacha. -Evacuation des Russes. - Traité d'Unkiar-Skelessi.
Clauses secrètes. Développement de la question grecque. Royauté du
prince Othon.
- L'emprunt et les garanties. — Affaiblissement de la question
belge et de la conférence de Londres. Mission de M. Dedel à Londres.
Blocus et traité définitif. — La flotte française et l'amiral de Mackau. Por-
tugal. - Dom Miguel. - Les emprunts. La cause de dom Pedro.. Es-
pagne. Situation de la reine Christine et du parti de l'infant don Carlos.
- Protestation — Ministère de M. Zea Bermudez. - Tendance modérée.

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