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CHAPITRE II.

CONFÉDÉRATION GERMANIQUE. Insurrection à Francfort. Occupation du territoire francfortois par des troupes autrichiennes et prussiennes.

La diète germanique établit une commission d'enquête sur les derniers événemens.

AUTRICHE. Entrevue de l'empereur d'Autriche, du roi de Prusse et de l'empereur de Russie. Conjectures sur cette entrevue. - Traité d'extradition réciproque conclu entre les trois souverains relativement aux Mesures adoptées Polonais. Projet d'une confédération italienne.' Modification de la légisdans les possessions de l'Autriche en Italie. lation criminelle. Diète de Hongrie, Troubles à Erlau.- Etat des partis.

Résultats.

Rixes entre les

PRUSSE. Mesures diverses. → Conclusion de traités de douanes avec la plupart des états de l'Allemagne.— Conditions de ces traités. BAVIERE. Fête de Hambach. Troubles sur ce point et à Neustadt. Procès des docteurs Wirth, Siebenpfeiffer et autres. habitans et les soldats. WURTEMBERG. Ouverture des Chambres.-Motion sur les décrets de la diète germanique. Rescrit royal à ce sujet. Adresse de la Chambre des députés en réponse à ce rescrit.—Dissolution de cette Chambre. — MaMotion pour la nifeste du roi. Ouverture d'une nouvelle session. liberté de la presse.— Discussion du budget. — Suppression de la gazette du Necker, par ordre de la diète germaniqué.—Clôture de la session. - Adresse Grand-Duché dE BADE. Ouverture de la session des Chambres. de la Chambre des députés. — Réponse du grand-duc. — Débats sur la liberté de la presse. Débats sur les décrets de la diète germanique. La Chambre des députés rejette l'émancipation des Israélites — Discussion du budget. Adresse de la Chambre des députés au grand-duc. - Cló ture de la session.

DUCHÉ DE NASSAU. Session des Chambres. Traité de commerce avec la France.

HESSE-DARMSTADT. Motions relatives à la liberté de la presse.-Débats sur la législation générale. Examen des ordonnances rendues d'après les Dissolution de la Chambre des dédécrets de la diète germanique.

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Manifeste du grand-duc à ce sujet. Mariage du grand-duc

héréditaire avec une princesse de Bavière.

Hesse-ÉlectoraLE. Ouverture de l'assemblée des états.

mettre le ministre de l'intérieur en accusation.

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semblée.

Manifeste du prince régent. Ouverture d'une nouvelle assemblée. Mise en accusation du ministre de l'intérieur. Loi sur l'émancipation des Israélites. — Clôture de la session. Procès du ministre de l'intérieur.

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SAXE ROYALE. Ouverture des Chambres. Résultat de la session. - Traité de douanes avec la Prusse.-Etablissement d'une cour pour la garantie de la constitution. Mariage du prince co-régent avec une princesse

de Bavière.

DUCHÉ DE BRUNSWICK. Ouverture des états. Refus d'une proposition tendant à établir la publicité des débats législatifs.

HANOVRE. Clôture de la session.

Promulgation de la nouvelle constitu

tion. Ouverture des Chambres.

ETATS DIVERS. Promulgation d'une constitution, dans la principauté de Hohenzollern Sigmaringen. — Adhésion du duché de Saxe-Weymar å l'association de douanes prussiennes.

CONFÉDÉRATION GERMANIQUE

Depuis les graves résolutions de juin et juillet 1832, la diète germanique semblait s'absorber dans une espèce de quiétisme politique comme s'il était déjà décidé que d'autres mains acheveraient son ouvrage. Néanmoins le ressentiment de ces résolutions couvait au fond des cœurs, et de son action combinée avec les dispositions révolutionnaires d'une partie de l'Allemagne, avec la crainte que l'avenir inspirait aux libéraux surtout dans un moment où les Chambres de HesseCassel et de Wurtemberg venaient d'être brusquement dissoutes (voy. plus loin), naquit une insurrection qui éclata le 3 avril, au siége même de la diète, à Francfort.

Dans l'après-midi de ce jour, un des bourgmestres de cette ville reçut une communication anonyme qui faisait entrevoir la possibilité d'une tentative de désordre pendant la soirée. Quelques mesures de précaution furent prises en conséquence. Le soir venu, on envoya secrètement des renforts et des constables aux deux corps de garde les plus importans, et l'on eut soin que le bataillon de la ligne se tînt prêt dans la caserne. La communication ayant fait connaître que les agitateurs avaient intention de sonner le tocsin pour appeler des secours du dehors, un poste avait été placé près de la cathédrale.

Jusqu'à neuf heures et demie tout resta tranquille; mais à cette heure, des gens armés attaquèrent le corps de garde principal sur la place, tuèrent la sentinelle et le sergent qui commandait le poste, s'emparèrent des armes et délivrèrent les prisonniers pour délits politiques renfermés dans cet endroit. Au même instant, le corps de garde des constables était assailli par une autre troupe d'insurgés, la garde en partie tuée et désarmée, et les détenus se voyaient pareillement mis en liberté. Une troisième troupe marcha vers la cathédrale, désarma aussi la garde de police sur ce point et sonna le tocsin. Les insurgés portaient des fusils, des pistolets, des poignards, et ils s'efforçaient d'attirer dans leurs rangs les citoyens qu'ils rencontraient, en les provoquant à défendre les libertés de l'Allemagne.

A la nouvelle de ces événemens, le bataillon de la ligne se rendit au pas de charge, au corps de garde des constables, et repoussa les perturbateurs avec tant de rapidité, que bientôt l'autorité eut maîtrisé le mouvement. Les détenus avaient en partie refusé la liberté qu'on leur offrait, ou étaient revenus séparément. Les autres furent arrêtés dans la nuit même ou le lendemain. On battit la générale et tous les moyens furent aussitôt préparés pour prévenir le retour du désordre. La police se mit à l'œuvre. On ferma immédiatement les portes de la ville, autant pour couper la retraite aux individus compromis dans cette échauffourée et dont plusieurs avaient déjà réussi à s'échapper, que pour empêcher leurs amis du dehors d'arriver à leur secours; car une troupe de paysans armés, ayant tambour et drapeau, avait paru aux environs de la ville, et, trouvant ses approches garnies de soldats, s'était retirée après avoir commis quelques dégâts. Cependant la tranquillité était rétablie dans la ville, mais les combattans avaient montré une grande exaspération, et, de part et d'autre, on comptait un assez grand nombre de morts ou de blessés. Ce complot parut avoir été tramé à l'extérieur et avait sans doute des ramifications dans divers états de l'Allemagne. Beaucoup d'étudians des universités y avaient pris part.

Ils s'étaient rassemblés dans la ville avec d'autant plus de facilité que la circonstance de la foire doublait à cette époque la population de Francfort. Quant au but des conspirateurs, autant qu'on peut le préciser avant que les débats judiciaires aient dissipé toute incertitude, il semblerait avoir été de faire de Francfort le foyer d'une révolution qui aurait embrassé toute l'Allemagne; de s'emparer des archives de la diète, du trésor fédéral, et enfin de proclamer la république germanique.

Le projet de cette insurrection, comme on l'a vu, était connu des autorités de Francfort et sans doute aussi des membres de la diète, puisqu'avant son explosion, des troupes autrichiennes de la garnison de Mayence étaient prêtes à se mettre en marche. Le 4 avril, elles avaient poussé leurs premiers postes jusqu'aux limites du territoire francfortois, et l'on put prévoir dès lors qu'il s'agissait de l'occupation militaire de cette ville libre. Lesénat de Francfort, en ordonnant les mesures les plus propres à prévenir le retour des scènes de la veille, essaya vainement de soustraire la ville au désagrément de cette occupation. Les séances de la diète se succédaient rapidement, malgré l'absence des ministres de Prusse et d'Autriche, et ne se croyant pas en sûreté sous la protection de la force armée francfortoise, elle insista sur la nécessité d'appeler une division de troupes fédérales, pour lui servir de sauvegarde. Ce fut un premier sujet de contestation avec les magistrats de la ville qui regardèrent cette prétention comme une usurpation de l'indépendance et de la souveraineté de leur état. Toutefois les remontrances qu'ils purent faire n'eurent aucun succès, la diète jugeant que l'entreprise du 3 avril avait été principalement dirigée contre la Confédération germanique elle-même. Quelques jours après, un corps de troupes autrichiennes et prussiennes, composé de cavalerie, d'infanterie et d'artillerie (environ 2,500 hommes ), occupa le territoire francfortois, aux environs de la ville.

Cette première atteinte portée à l'indépendance de la république de Francfort fut suivie d'un nouveau conflit, à l'occasion de l'enquête relative aux derniers événemens, qui fit fléchir encore l'autorité du gouvernement francfortois devant celle de la diète. Dans la séance du 20 juin, elle résolut d'établir une commission centrale chargée de s'enquérir de l'étendue et de l'ensemble du complot qui avait été tramé contre la Confédération germanique et l'ordre public en Allemagne, et particulièrement de ce qui avait rapport à l'attentat du 3 avril. Les gouvernemens d'Autriche, de Prusse, de Bavière, de Wurtemberg et du grand-duché de Hesse, furent désignés comme ceux qui devaient nommer chacun un membre de cette commission centrale. Elle fut déclarée constituée dans les premiers jours d'août et procéda aussitôt à l'exécution de son mandat; mais l'année s'écoula sans qu'elle fit connaître aucun résultat de ses recherches, de sorte que l'attention qu'excitaient les affaires d'Allemagne s'éloigna tout-à-fait de la diète de Francfort, pour se tourner vers un théâtre plus élevé, où nous allons aussi transporter le lecteur.

AUTRICHE.

L'Autriche a eu cette année un congrès de têtes souveraines enveloppé d'un profond mystère, quant à son but précis, et qui, par cette raison même, a piqué la curiosité de toute l'Europe, sans que les nombreuses conjectures auxquelles il a donné lieu aient pu la satisfaire.

Le roi de Prusse, qui s'était rendu à Toeplitz en Bohême, se rencontra, le 14 août, avec l'empereur d'Autriche au château de Thérésienstadt. La présence de M. de Metternich et de M. Ancillon à Toeplitz, ainsi que les allées et venues> de plusieurs diplomates étrangers, rendirent plus probable l'opinion que des négociations importantes se rattachaient à cette entrevue annoncée long-temps à l'avance avec une certaine ostentation. Cependant le roi de Prusse revint le même jour à Toeplitz et ne tarda pas à retourner dans ses états.

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