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sous le rapport commercial, les suites les plus désastreu, ses. La banque, privée des dépôts du gouvernement, réduisit ses émissions, restreignit ses escomptes; les transactions de la vente et de l'achat furent dès-lors entravées, paralysées; une stagnation générale du commerce commença à se faire sentir; la propriété subit une dépréciation notable, et il fut facile de prévoir que de toutes parts des banqueroutes et des faillites ne tarderaient pas à éclater.

C'est dans ces fàcheuses circonstances que s'ouvrit le 3 décembre la session du congrès des Etats-Unis. Dans son message (voyez l'Appendice), le président continuait à tracer de la prospérité intérieure du pays le tableau le plus avantageux, et quant aux affaires extérieures, il se félicitait de pouvoir apprendre au congrès qu'elles étaient sur un

Etats-Unis, s'est élevé, indépendamment des escomptes proprement dits, à 255,174,647 dollars, ou 1 milliard 360 millions de fr.; savoir: Lettres de change achetées par la banque sur les divers points de l'Union.

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Lettres de change dont la banque a touché le montant pour le compte d'autrui. . .

67,516,673 d.

42,096,062

Traites de la banque centrale et des succursales les unes

sur les autres.

32,796,087

Traites de la banque et des succursales sur les banques

locales, et réciproquement. .

12,361,337

Billets de banque des Etats-Unis reçus sur des points

où ce n'était point obligatoire . . .

39,449,527

Billets de banques locales acceptés par la banque hors

du lieu de leur cours..

21,636,557

Transferts de fonds pour le gouvernement.

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Transferts des balances..

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255,174,647d.

Et la banque n'a perçu à titre de prime, pour une aussi grande masse de transferts, que 217,249 dollars, c'est-à-dire un onzième pour cent de la somme desdits transferts.

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pied qui promettait le maintien des rapports amicaux de 'Union américaine avec toutes les nations. Toutefois la question de la délimitation des frontières du nord entre les Etats-Unis et l'Angleterre, était toujours indécise, et le président avait à regretter que le traité conclu avec la France le 4 juillet 1831 n'eût pas encore été exécuté.

Passant à la situation financière du pays, le président déclarait qu'elle était des plus favorables. Les recettes de l'année monteraient à plus de 32 millions de dollars; on croyait que les douanes produiraient au-delà de 28 millions, et les terres du domaine environ 3 millions. Toutes les dépenses, y compris 2,572,240 dollars pour la dette, ne dépasseraient pas 25 millions. Un excédant considérable resterait dans le trésor après qu'il aurait été satisfait à toutes les allocations. Toute la dette des Etats-Unis, fondée on non fondée, se trouverait réduite, à la fin de l'année, à 4,760,082 dollars, et le président annonçait que les revenus de 1834, joints à l'excédant de 1833, suffiraient pour la racheter entière

ment.

Le message entrait ensuite dans des explications étendues sur les motifs qui avaient déterminé le président à retirer à la banque les fonds du gouvernement. Outre ces motifs, déjà développés dans le manifeste dont nous avons parlé plus haut, il accusait encore la banque de travailler de tous ses moyens, en resserrant ses opérations avec beaucoup plus de rigueur que les circonstances ne l'exigeaient, en même temps qu'elle amassait des dépôts en espèces jusqu'alors sans exemple, à créer une panique générale; de répandre des alarmes vaines par l'intermédiaire d'une presse salariée, de chercher à exploiter la détresse des uns et les craintes des autres, dans l'espoir qu'elle se ferait rendre de force les fonds du gouvernement, et, comme une conséquence nécessaire, d'arracher au congrès le renouvellement de sa charte.

Cette affaire de la banque était la question la plus importante qui dût s'agiter devant le congrès : elle faisait pré

sager des débats longs, animés, et déjà, au milieu des embarras financiers qu'avait produits l'ébranlement du crédit, elle était devenue le sujet des plus violentes controverses dans les journaux. Les législatures particulières des états, comme la presse, comme les citoyens en général, se prononçaient avec une égale énergie dans des sens opposés. Ainsi l'Union américaine, partagée en deux camps ennemis où la haine démocratique du système des banques (bankingsystem) se trouvait face à face avec l'aristocratie fondée sur de hautes positions commerciales, avait encore une fois une crise sérieuse à traverser.

ÉTATS-UNIS MEXICAINS.

Les quelques mois pendant lesquels le président Pedraza eut à gouverner le Mexique, suivant la convention intervenue au mois de décembre dernier à Puebla, entre SantaAna et Bustamente, se passèrent sans troubles. Ces trois personnages avaient fait leur entrée à Mexico au commencement de janvier, avec leurs forces réunies; Pedraza avait pris le pouvoir, un nouveau ministère avait été nommé, aucun acte de vengeance ne s'en était suivi, et les choses marchèrent sans encombre, si elles marchèrent, jusqu'au mois d'avril, époque où le résultat des élections pour la présidence et la vice-présidence devait être proclamé.

Santa-Ana, ainsi qu'on l'avait prévu, obtint la majorité pour le premier de ces deux postes; le second échut à don Valentin Gomez Farias, que l'on représentait comme l'un des hommes les plus instruits et des patriotes les plus sincères du pays.

Dans la cérémonie de son installation, Santa-Ana assura au congrès que le but unique, le devoir le plus saint de sa vie, avait d'abord été de donner aux Mexicains la jouissance pleine et entière des droits qui constituent le bonheur public, et ensuite de briser le triple joug de l'ignorance, de la tyrannie et du vice. Il promettait que son administration serait Ann. hist. pour 1833.

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douce, que le pouvoir ne serait pas dans ses mains un ins trument de vengeance et d'oppression; car son caractère le portait à la tolérance. Le moment de fonder le repos de la république était venu, et il ne cesserait de rechercher ce résultat, que l'humanité et la philosophie attendaient comme un fruit de la dernière révolution. Il déclarait que l'armée réclamait une prompte réorganisation, conforme aux besoins du pays, et qui la récompensât selon ses services. Enfin, l'instruction, «< cet élément vital de la prospérité des nations», recevrait les premiers soins de son gouvernement.

Ces nominations assurant le triomphe du libéralisme démocratique, il fut alors question de diverses réformes qu'il appelait comme des conséquences naturelles. Le congrès général sorti des dernières élections se montrait d'ailleurs disposé à les accueillir favorablement. On parla donc d'abolir les dîmes et les priviléges du clergé, d'empêcher à l'avenir les corporations ecclésiastiques d'augmenter par des héritages leurs immenses propriétés, d'établir la liberté des cultes, de délivrer la liberté de la presse de toutes restrictions, de propager les lumières, d'alléger le fardeau qu'imposait à l'état une armée plus coûteuse qu'utile, et qui, avec ses habitudes d'insubordination, se trouvait fort bien d'être payée pour parader sur les places publiques ou troubler périodiquement la république par ses révoltes. Mais le parti espagnol et aristocratique n'avait pas cessé d'agir, de comploter, de répandre de l'argent, et la tranquillité qui avait duré tout juste assez de temps pour donner aux vaincus le loisir de se reconnaître, aux mécontens de se rallier, fut interrompue par un nouveau cri d'insurrection.

Ce cri (c'est le mot du pays, grito) éclata dans l'état de Valladolid vers la fin de mai. Un colonel, du nom d'Escalada, proclama Santa-Ana chef suprême, en criant: Vive la religion ! Il fallait un dictateur, disait-il. Un autre officier appuya ce cri avec quelques troupes à Cuernavaca, place importante de l'état de Mexico. Quelques mili

taires soutinrent le même plan à Queretaro, et bientôt un chef moins obscur, le général Duran, se leva aussi en sa faveur. Les insurgés firent un appel à l'armée pour qu'elle eût à se prononcer contre le gouvernement, et de là le nom de pronunciados qui leur fut donné. Une proclamation qu'ils destinèrent à être proposée aux soldats dans les différentes villes de la république portait : « Cette garnison promet de maintenir à tout prix la sainte religion de Jésus-Christ, et les droits et les priviléges de l'armée qui sont menacés par des autorités intruses. En conséquence, la garnison proclame l'illustre vainqueur des Espagnols, le général Antonio Lopez de Santa-Ana, protecteur et chef suprême de la

cause nationale. »

Le président, sous peine d'avilir son caractère en démentant ses paroles, ses actions, sa vie passée, ne pouvait prêter les mains à cette insurrection, qui avait pour objet, en apparence, de le faire à peu près roi du Mexique. Il demanda solennellement au congrès la permission de marcher contre les pronunciados, et le congrès la lui accorda, en le louant de cette vertu, qui le poussait à prendre les armes pour aller combattre ses plus chers amis. Il partit donc le 2 juin de Mexico, suivi de toute la cavalerie qui se trouvait dans cette ville, et emmenant avec lui, comme commandant en second, un ancien coryphée du parti d'Alaman, un allié de Duran, le général Arista. Au bout de quelques jours de marche, celui-ci proposa à Santa-Ana de se prononcer pour les insurgés, de se laisser nommer dictateur, d'établir un gouvernement central à la place de la fédération, et de maintenir les priviléges. Santa-Ana ayant refusé, Arista passa avec toute la division du côté de Duran, et ces deux généraux retinrent le président prisonnier. On rapporte que, menacé de mort, s'il n'envoyait l'ordre signé de lui aux commandans de Mexico, de Puebla, de Vera-Cruz de livrer ces places, il répondit : « Fusillez-moi! je ne trahirai point mon pays. »

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