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qui se proclame libérale par excellence, a compris cependant, messieurs, qu'au jour du succès qu'elle espère, et qu'elle n'atteindra pas, on lui demanderait de réaliser ces promesses de liberté illimitée dont elle est si prodigue; et comme son règne, qui serait, elle le sait bien ellemême, le triomphe d'une faible minorité, ne pourrait se soutenir quel que temps que par une nouvelle terreur, elle légitime par avance tous les excès auxquels elle se livrerait, et elle déclare, page 8 da Perit Catéchisme républicain, après avoir flétri le despotisme, qu'il y en a cependant un de légitime, c'est celui de la liberté contre la tyrannie.

Les prévenus ont été défendus avec habileté par Me Dupont. Plusieurs d'entre eux ont prononcé des discours écrits.

Après une heure et demie de délibération, le jury a déclaré les prévenus Petit-Jean et Hullin non coupables sur les chefs relatifs au pamphlet, et les prévenus Guyot, Guernon et Martinault, non coupables du délit d'association illicite. Quant aux autres prévenus, les sieurs Petit-Jean, Hullin, Milon et Beaudeloup, déclarés coupables, comme chefs d'une société politique non autorisée, ils ont été condamnés, par la cour, chacun en 200 fr. d'amende et aux frais. La cour, par le même arrêt, a prononcé la dissolution de la société des Droits de l'Homme.

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le général Subervic occupent des places réservées dans l'enceinte semi-circulaire.

M. Catherinet, greffier, lit l'arrêt de renvoi, d'où résultent les faits suivans :

Le 13 octobre 1832, M. Cabet publia un volume in-8° intitulé: Révolution de 1830 et situation présente, expliquées et éclairées par les révolutions de 1789, 92, 99, 1804, et par la restauration. Le ministère public trouva dans l'ensemble de cet. écrit les cinq délits suivans résultant de 23 passages incriminés :

1o Attaque contre la dignité royale, contre les droits que le roi tient du vœu de la nation française, etc., son autorité constitutionnelle, l'inviolabilité de sa personne, les droits et l'autorité des Chambres;

2o Offenses envers la personne du roi ;

30 Excitation à la haine et au mépris du gouvernement;

Diffamation et injures envers les cours, tribunaux, corps constitués, autorités et administrations publiques;

50 Outrages faits publiquement à des fonctionnaires publics, à raison de leurs fonctions.

L'ouvrage toutefois ne fut point saisi. L'auteur fut poursuivi directement et immédiatement devant la cour d'assises, en vertu d'un réquisitoire de M. le procureur-général en date du 19 octobre; et, par une ordonnance du président, M. Cabet fut assigné pour le 31 du même mois. Le jour dit, M° Joannès, avoué du prévenu, se présenta, fit connaître son absence pour cause d'intérêt public; et, dans l'audience remise au 16 novembre, M. Cabet fut condamné par défaut, sur les réquisitions des M. Persil, à cinq ans de prison, 10,000 fr. d'amende, la privation des droits civiques pendant cinq ans, l'affiche de l'arrêt, etc. M. Cabet fit opposition en date du 21, et sur ces entrefaites, la session législative ayant été ouverte, l'honorable député ne put plus être poursuivi qu'avec l'autorisation de la Chambre.

Ann. hist. pour 1833. Appendice.

15

La cause fut ajournée jusqu'à cette autorisation (voyez l'Histoire,p. 136.)

M. Boucly, avocat-général, présente quelques considérations sur l'ensemble de l'écrit qui tend à passer en revue les actes du gouvernement, et à tâcher de le montrer aussi odieux, aussi méprisable dans ses deux années de vie qu'il a été illegitime et impur à la naissance, ce qui résulte pour l'accusation des titres sculs des chapitres suivans: « Abus de confiance. Trahison envers la révolution. Système de dissimulation, de tromperies, de mensonges et de calomnies. -Nom breuses violations de la Charte et des lois.Etat de siége » ; et comme il dévoile, par un chapitre intitulé « Le roi gouverne seul », que LouisPhilippe est personnellement l'auteur du système odieux qui, selon ce député, pèse sur la France, il s'ensuit, selon lui, que Louis-Philippe doit seul en être responsable. Enfin le ministère public dénonce M. Cabet comme ayant avancé que les usurpateurs de la révolution de juillet ne regardaient le peuple que comme un barbare qui devait être muselé, et auquel on ne doit concéder qu'un droit, celui de se battre pour river ses fers; qu'une aristocratie liardeuse avait succédé à l'aristocratie des parchemins; que les oppresseurs du peuple, et le roi en tête, regorgeaient de tout, tandis que le peuple mourait de faim ; que LouisPhilippe avait pour devise: diviser pour regner, et que la guerre civile lui était nécessaire; que sa police avait seule provoqué les troubles des 5 et 6 juin; que lui-même, se promenant en vainqueur sur les boulevarts, avait donné l'ordre de continuer les mitraillades ; qu'il riait au fond de son palais au bruit du canon qui immolait le peuple; que l'auteur de l'état de siége, en vertu d'une ordonnance contresignée Barthe et Montalivet, est bien plus coupable que celui qui lança les funestes ordonnances; et que, de dépit de s'être vu arracher par la cour de cassation ses tribunaux militaires, le pouvoir a voulu se venger lui-même;

il a fait commettre par ses agens les assassinats au pont d'Arcole.

M. l'avocat-général termine son réquisitoire en résumant en ces termes les griefs de l'accusation contre M. Cabet, résultant des imputations suivantes renfermées dans le livre:

« La royauté du 7 août est instituée par une charte usurpatrice et illégale. Elle se maintient par les moyens les plus honteux; elle a trahi la révolution de juillet, et la livrera, si besoin est, aux puissances étrangères. Mais la royauté doit être responsable, et la nation a su punir Louis XVI. »

M. Marie a présenté la défense de M. Cabet, qui a ensuite la un discours.

Après les répliques respectives de M. l'avocat-général et du défenseur, les jurés sont entrés à quatre heures et demie en délibération.

La déclaration du jury a été, sur toutes les questions, que M. Cabet n'était point coupable.

Des applaudissemens ayant éclaté dans une partie de l'auditoire, M. le président a donné l'ordre de saisir tous ceux que l'on pourrait convaincre d'avoir manqué de respect envers la cour.

15. Institut. Election.— L'Académie des sciences a fait aujourd'hui un nouveau scrutin de ballottage entre MM. Isidore Geoffroy-SaintHilaire et Valenciennes. Sur 58 votans, le premier a obtenu 30 suffrages, et le second 22. Il y a eu 6 billets blancs.

19. Théatre-Français. 1re représentation de CAÏUS GRACCHUS OU LE SÉNAT ET LE PEUPLE, tragédie en cinq actes et en vers de M. Theodore Dartois.-Vingt ou vingt-cinq ans plus tôt cette tragédie aurait pu obtenir un assez beau succès, et son auteur prétendre à être de l'Académie; mais s'il est une source tragique à jamais tarie, c'est assurément l'histoire romaine. Ainsi donc, encore un sujet mal choisi. A ce premier inconvénient ajoutez qu'on ne sait trop ici à qui s'intéresser, pour qu

prendre parti, entre le sénat et le peuple, entre Caïus Gracchus et le consul Opimius; que l'un et l'autre ne font pour ainsi dire que lufter å coups de harangues pendant cinq actes remplis de vaines paroles, de déclamations, de tirades à n'en pas finir, et vous comprendrez que cette tragédie n'ait pu avoir qu'une fort courte existence, bien que le troisième acte soit digne d'être vu et applaudi.

19. Théâtre de l'Opéra-Comique. rereprésentation de LES GONDOLIERS, opéra-comique en deux actes ; paroles de MM. Champeaux et Bréant, musique de M. Blangini. — Il s'agit d'unir la fille d'un gondolier à un autre gondolier qui n'a rien et qu'elle aime, en dépit d'un troisième gondolier qui a quelque fortune et qu'elle n'aime pas, tout protégé qu'il est par son père. Pourquoi tous ces gens-là sont gondoliers, plutôt que Jaboureurs, bergers, vignerons, c'est cé qu'on ne saurait expliquer que par cette raison: ainsi l'ont voulu les auteurs. Or il arrive, par une suite de circonstances dont nous faisons grâce au lecteur, que le père endosse une robe d'ermite et marie lui-même les deux amans déguisés. Sans aucun donte, la partition de M. Blangini méritait un meilleur livret : elle ne manque ni de grâce ni d'esprit; une ouverture agréablement instrumentée, un duo passionné, un chœur, un air chanté par un ancien cuirassier devenu ermite, quelques couplets délicatement touchés ont été distingués et applaudis; mais en général, cette œuvre d'un charmant compositeur de nocturnes et de romances laisse à désirer plus de force, d'invention et d'originalité.

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ceux-ci sont allés en Egypte, ceuxlà en Angleterre, d'autres enfin à Constantinople, toujours en quête de la femme-libre, et dans le but de propager la doctrine. Voici quelques détails que nous fournit une lettre de ce jour, sur la manière dont ces derniers ont été reçus dans la capitale de l'empire ottoman :

« Les saint-simoniens étaient partis de Marseille et arrivés à Constantinople sans en avoir donné avis à notre ambassadeur. Néanmoins, dès le lendemain de leur apparition, l'amiral Roussin s'occupa de traiter de leur séjour. Mais les saints-simoniens, qui n'avaient qu'une pensée fixe, commencèrent par le rendre, impossible. Rassemles rues les plus populeuses, sur les blés en groupe, ils se portaient dans places les plus fréquentées, chantant des cantiques, prêchant leur doctrine, et surtout commentant leur évangile en saluant toutes les femmes, en se prosternant devant elles, en proclamant, jusque devant le sérail du grand-seigneur, qu'ils venaient chercher la femme libre, la femme Messie qu'ils savaient être en Orient.

« Il n'est pas besoin de vous dire l'effervescence qui se manifestait à chaque instant davantage sur leur passage. Bientôt ils ne furent plus en sûreté, et le danger d'une émeute devint imminent. Le séraskier, sur l'ordre du grand-seigneur personnellement insulté, fut obligé d'arrêter les dangereux apôtres, et de les enfermer dans la chancellerie turque, où d'abord ils se trouvèrent à l'abri contre tout accident fâcheux.

» Mais bientôt les menaces du peuple éclatèrent de nouveau avec tant de violence, qu'il devint nécessaire, pour l'apaiser et sauver la vie aux saint - simoniens, de les faire disparaître. On les fit ainsi s'em. barquer pour les Dardanelles.

28. Levès. Troubles religieux. Le curé de la commune de Levès, près Chartres, s'était, affilié depuis quelque temps à l'église catholique

française. Il avait abjuré l'obéissance envers son évêque, et s'était fait le correspondant de M. l'abbé Chatel. L'évêque l'avait interdit. Cet état de choses devenait préjudiciable à ceux des habitans restés fidèles à la religion catholique, et qui étaient obligés de recourir au clergé de Chartres pour remplir leurs devoirs religieux.

On voulut donc rendre à la commune de Levès un curé catholique, et restituer à l'église la destination qui lui est attribuée par les lois. L'évêque envoya, dans ce but, un ecclésiastique à Levès. Une portion des habitans se mit en état de résistance ouverte contre cette décision.

Le 28 au matin, le préfet d'Eureet-Loir et M. le général commandant le département se transportèrent dans la commune de Levès avec que!• ques cavaliers pour protéger l'installation du curé. Ils essayèrent d'abord tous les moyens de persuasion. Mais un attroupement considérable s'étant formé devant l'église, et des barricades même y ayant été élevées, il fallut renoncer (toutefois après la destruction des barricades) à user des moyens énergiques à l'aide desquels on aurait pu disperser cette foule. On ne voulut pas risquer des accidens trop graves, et cette conduite de la part des autorités est d'autant plus généreuse, que les attroupemens formés sur plusieurs points, et dans lesquels se trouvaient un grand nombre de femmes, leur lançaient une grêle de pierres. Le général a été blessé à la jambe.

Tandis que les choses se passaient ainsi à Levès, quatre cents perturbateurs s'étaient détachés, par derrière, pour se porter à Chartres sur l'évêché, où ils ont pénétré par surprise, et qu'il ont dévasté. Le gé néral, rentrant à peine dans la ville, se rendit immédiatement sur le lieu du désordre. Cinq à six mutins furent arrêtés.

MAI.

2. Paris. Séance publique` annuelle des cinq Academies. Le concours des auteurs n'était

pas très nombreux à cette séance.
M. Naudet, président, a prononcé
le discours d'introduction. L'orateur
a d'abord félicité l'Institut d'avoir,
par le rétablissement de l'Académic
des sciences morales et politiques,
recouvré quelques uns de ses an-
ciens membres. Il a dit ensuite
quelques mots sur les savans que
l'Institut a perdus depuis une année:
Thurot, Serullas, Chézy, Abel
Rémusat, Saint - Martin, et entin
l'homme irréparable, M. Cavier.
M. Naudet, en quelques phrases
concises et touchantes, a payé un
juste tribut d'éloges à leur memoire.
Ce pieux devoir rempli, il s'est
élevé à des considérations sur le
mouvement littéraire de notre épo-
que, dans lesquelles l'école roman-
tique n'a pas été ménagée.

Peut-être M. Raoul-Rochette, en venant nous entretenir de la grande Mosaïque découverte à Pompéi, aurait-il dû supprimer quelques détails de son récit. Cette Mosaique est sans doute fort curieuse. Elle représente une bataille des Perses contre les Grecs; la hauteur est de cinq mètres environ sur deux et demi de largeur, la perfection du travail telle qu'aucune ne peut lui être comparée. C'est à peu près tout ce qu'il y avait à dire sur une pareille matière devant le public des grandes séances.

M. Daunou, interprète de l'Acdémie des sciences morales et pol tiques, a prononcé ensuite sur les attributions de cette Académie un discours qui a paru vague et påle. M. Geoffroy Saint-Hilaire, en trai tant de l'influence des circonstances extérieures sur les étres organisés, n'a point été assez heureux pour intéresser vivement ses auditeurs la faute en est sans doute au sujet,

Une ode de M. Lebrun sur Olym pie a réveillé l'attention publique. Des sentimens généreux, de bels pensées, des traits de haute poësie. et le charme attaché au souve des lieux d'où les arts sont ven pour embellir notre civilisation ont obtenu à plusieurs reprises justes applaudissemens.

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7. Théatre Français. Tre représentation de: LA CONSPIRATION DE = CELLAMARE, drame en trois actes et en prose de MM. d'Epagny et SaintEstebenne. Cette conspiration est exécutée ici de la manière la plus fausse et la plus incomplète. Le duc et la duchesse du Maine restent continuellement dans la coulisse, et c'est mademoiselle Delaunay, la femme de chambre, qui est le chef du complot. Sous le nom de Lignac, les auteurs ont fait du cardinal de Polignac un personnage parfaitement ridicule: Dubois luimême n'est plus qu'un agent de police ignoble et rusé; et quant au régent, qui se montre à peine, de même que Cellamare, il se trouve peint sous les couleurs les plus nulles. On a donc eu raison de dire que cette pièce n'était pas; car une pièce vit d'action, d'in térêt, de style, de mœurs, enfin de ce qui est l'histoire ou la société, et toutes ces choses manquent à celle-ci. Mademoiselle Delaunay a dit quelque part dans ses Mémoires en parlant de cette conspiration: « Je me dispenserai d'en expliquer le plan et les idées, parce que je n'y ai jamais rien compris ; et peutêtre M. de Cellamare et les autres n'y comprenaient-ils rien euxmêmes. Tel est aussi notre jugement sur la pièce nouvelle, à laquelle nous croyons que ses auteurs n'ont pas non plus compris grand' chose.

10. Blaye. Procès-verbal d'accouchement de la duchesse de Berry. L'an mil huit cent trente-trois, le dix mai, à trois heures et demie du matin;

Nous soussignés, Thomas-Robert Bugeaud, membre de la Chambre des députés, maréchal-de-camp, com. mandant supérieur de Blaye;

Antoine Dubois, professeur honoraire à la faculté de médecine de Paris;

Charles-Francois Marchand-Dubreuil, sous-préfet de l'arrondissement de Blaye;

Daniel-Théotime Pastoureau, président du tribunal de première instance de Blaye ;

Pierre Nadaud, procureur du roi près le même tribunal;

Guill ume Bellon, président du tribunal de commerce, adjoint au maire de Blaye;

Charles Bordes, commandant de la garde nationale de Blaye ;

Elie Descrambes, curé de Blaye; Pierre-Camille Delord, comman dan de la place de Blaye;

Claude-Olivier Dufresne, commissaire civil du gouvernement, à la citadelle;

Témoins appelés à la requête du général Bugeaud, à l'effet d'assister à l'accouchement de S. A. R. Marie-Caroline, princesse des DeuxSiciles, duchesse de Berry;

(MM. Merlet, maire de Blaye, et Regnier, juge de paix, témoins également désignés, se trouvant momentanément à la campagne, n'ont pas pu être prévenus à temps.)

Nous nous sommes transportés dans la citadelle de Blaye, et dans la maison habitée par S. A. R. ; nous avons été introduits dans un salon

qui précède une chambre dans laquelle la princesse se trouvait cou

chée.

M. le docteur Dubois, M. le général Bugeaud, et M. Delord, commandant de la place, étaient dans le salon dès les premières douleurs ; ils ont déclaré aux autres témoins que Mme la duchesse de Berry venait d'accoucher à trois heures vingt minutes, après de très-courtes doureurs ; qu'ils l'avaient vue accouchant, et recevant les soins de MM. les docteurs Deneux et Menière; M. Dubois étant resté dans

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