Images de page
PDF
ePub

régulier en la forme, rejette le pourvoi. »

24. Institut. Election.-L'Acadé mie Française a procédé aujourd'hui au remplacement de M. Laya, décédé.

Les candidats étaient MM. Firmin Didot, Salvandy, Charles Nodier.

Sur dix-huit membres présens, nombre suffisant aux termes des réglemens, quand l'élection a été remise trois fois,

M. Charles Nodier a obtenu 17 suffrages, M. Salvandy une voix. En conséquence, M. Charles No. dier a été proclamé membre de l'Académie Française.

26. Mácon. Troubles. Origine du compagnonage. · Hier, jour de la Saint-Crépin, fête des cordonniers, des désordres affligeans ont éclaté à Mâcon et à Sens; il s'agissait dans l'une et l'autre ville de la prétention des cordonniers à faire entrer le compas et l'équerre dans les insignes de leur profession. A cette nouvelle, les ouvriers charpentiers, maçons, menuisiers, etc., se sont émus, et des rixes violentes ont eu lieu, à Mâcon, au sortir de la messe, où les insignes en question avaient été exposés dans une châsse, à Sens, à l'entrée d'un bal dont les billets d'invitation en étaient décorés.

Cette querelle, qui éclate de temps en temps en rixes sanglantes, est déjà bien ancienne. Il paraît que les garçons cordonniers sont exclus, ainsi que quelques autres corps d'état, du grand compagnonage, de ce qu'on appelle le devoir, sous le prétexte qu'ils n'ont point été employés à la construction du temple de Salomon, première origine, à ce qu'assurent particulièrement les tailleurs de pierre, de toutes les associations d'ouvriers.

NOVEMBRE.

2. Londres. Omnibus à vapeur. On lit dans les journaux de ce jour: Hier, la voiture à vapeur de sir Charles Dance est partie de Gray's inn-Road pour Birmingham. Afin de rendre l'expérience plus deisive,

elle a traversé au beau milieu du jour le pont de Westminster, Parliament-Street, Whitehall, CharingCross, Pall-mall, est montée par Regent-Street, dans Portland-Place, jusqu'à Regent's Park, et a pris New-Road. Cette distance de cinq milles environ a été parcourue en 35 minutes, quoiqu'en beaucoup d'endroits la voiture ait rencontré la route couverte de granit concassé. Eu outre, les rues de Londres sont, à cette heure-là surtout, encombrées de voitures de toute espèce. Elle a été souvent forcée de ralentir sa marche et d'aller le plus lentement possible; souvent aussi elle a pu manœuvrer avec la plus grande rapidité au milieu de cette foule de voitures qui se croisent en tous sens.

En un mot, on peut considérer l'essai fait dans les rues de Londres comme tout-à-fait concluant en faveur de la voiture à vapeur.

-

6. Reims. Duel d'une femme avec un homme. Henriette R.... de Chênes Bourgerie, près de Sedan, femme d'une constitution robuste, âgée de 66 ans, ayant eu une querelle qui date de 28 années, avec le sieur M... C..., boulanger, lui a donné plusieurs fois rendez-vous pour se battre à l'arme blanche, à la Villette. En effet, la rencontre a eu lieu le 3 de ce mois. Le combat a été repris trois fois à la même place. La femme H. R... s'est retirée blessée. Ce n'est trois jours après qu'on a conçu que l'espoir de la sauver. Elle est maintenant convalescente, et l'intrépide amazone se promet bien, lors de son entière guérison, de renouveler ·ic combat.

[blocks in formation]

n'en faut rien demander à cette pièce. Mais que deviendrait l'opéracomique, si on allait vouloir l'examiner l'histoire à la main? Ce que M. Mélesville entend par une journée de la fronde, ce sont les aventures d'un marchand qui, se trou. vant placé entre le parlement et Mazarin, voudrait bien vendre à tout le monde sans épouser le parti de personne, mais qui se voit mêlé malgré lui dans toutes les intrigues. Ainsi Mathieu conspire avec le marquis de Jassay, émissaire de Mazarin, et tantôt il cache chez lui la duchesse de Longueville à ce double métier tout n'est pas profit; Mathieu y court de fort grands risques, et y ressent de fort grandes peurs. On rit volontiers de ses peurs et de ses risques, et, en fin de compte, il s'en tire sain et sauf. Cet opéra-comique était un vaudeville en 1829, et s'appelait la Maison du Rempart. Il a perdu, sous sa nouvelle forme, une partie de sa vivacité, qualité essenEtielle d'un imbroglio de ce genre, et n'a inspiré à M. Carafa, sauf deux ou trois jolis morceaux, qu'une partition dépourvue d'idées et de caractère.

[ocr errors]

7. Théâtre de la Porte Saint-Martin. 1re représentation de: MARIE TUDOR, drame en trois journées et en quatre parties, par M. Victor Hugo. On trouve dans diverses préfaces de M. Hugo des théories sur l'art dramatique avec lesquelles ses pièces ne s'accordent guère. L'art, suivant M. Hugo, feuillette la nature, interroge les chroniques, #s'étudie à reproduire la réalité des faits, surtout celle des mœurs et des caractères. Mais comment arrive-t-il donc que ce soient précisément toutes ces choses-là que la critique ait vainement cherchées jusqu'ici dans ses drames et encore I aujourd'hui dans Marie Tudor? L'histoire de cette reine sanguinaire et bigote, telle que le poète vient de nous la faire, sera celle, quant au fond, d'Elisabeth et du comte d'Essex, de Roxane et de Bajazet, de Christine de Suède et de Monal

deschi; mais non l'histoire de la véritable Marie Tudor. M. Victor Hugo a voulu baser son drame, comme il a dit lui-même, sur ce formidable triangle qu'on retrouve si souvent dans l'histoire: une reine, un favori, et un bourreau. Alors, pourquoi aller justement prendre une reine qui n'est pas un des trois points de ce triangle? Ce choix malheureux fait sentir tout de suite à combien d'erreurs le poète se condamnait, et tous les obstacles contre lesquels il devait se briser. Le roman imaginé par M. Hugo n'offre, en effet, nulle trace de la réalité des mœurs, des faits et des caractères; il n'y a rien là du règne de Marie Tudor. Mais ce roman, s'il est vraisemblable, intéressant, passionné, remarquable par le style, pourra encore captiver l'attention et l'estime du public: sous tous ces rapports, nous devons encore avouer que le nouveau drame n'est nullement satisfaisant et qu'il ne présente presque aucune de ces choses grandes et hardies qui ont fait passer les exagérations et les bizarreries de Lucrèce Borgia. Une seule situation de Marie Tudor est vraiment belle et dramatique: c'est au dernier acte, quand,par un conflit de circonstances assez pénible à débrouiller d'ailleurs, la reine et une jeune fille sont toutes deux dans l'incertitude sur le sort de leur amant; car l'échafaud est dressé, la hache est prête, et l'amant de la reine ou l'amant de la jeune fille aura la tête tranchée. Eperdue, inenaçante, la reine donne l'ordre de suspendre l'exécution; il est trop tard. Trois coups de canon annoncent, comme dans Adélaïde Duguesclin, que la bache est tombée. Un homme paraît, c'est l'amant de la jeune fille que la reine avait voulu faire périr à la place du sien.

[blocks in formation]

russes qui composent l'orchestre uninote. Chaque musicien, avec sa voix ou l'instrument qui lui est confié, ne fait jamais que la même note, en sorte qu'excepté le cas où les sons se succèdent comme dans une octave, et en supposant tous les temps égaux, ordinairement la préoccupation principale de ces musiciens doit être de compter les mesures et les temps, pour lancer juste au moment venu, et pendant la durée nécessaire, la note qu'ils sont chargés de donner avec la voix ou l'in

strument.

Les instrumens dont se servent les vingt-deux musiciens russes sont des cors dont la forme ressemble à celle des trompes avec lesquelles les bergers suisses rappellent les bestiaux. Ces cors ont depuis cinq pouces jusqu'à huit pieds de long pour parcourir depuis les sons aigus jusqu'aux plus graves. D'après le système adopté pour ce nouveau genre d'exécution musicale, chaque cor ne doit rendre qu'un son. Toutefois on a cru remarquer que les plus petits de ces instrumens en donnent plusieurs, et paraissent même armés de clefs pour changer de ton. Quoi qu'il en soit, et en admettant même que cet orchestre ne soit pas rigoureusement uni-note, on a été étonné de la précision souvent gracieuse avec laquelle certaines difficultés ont été rendues, dans l'ouverture du Calife de Bagdad, et dans la mélodie russe. Des variations de Kosloff, exécutées d'après le même système avec des roseaux, ont varié les effets de la partie instrumentale de ce concert. Quant à ce mode d'exécution appliqué à la voix humaine, sans rien perdre de sa singu. larité, il devient évidemment moins difficile, puisque l'on peut, avec cet organe, préparer les sons par des porte-voix, ce qui ne peut se pratiquer avec des tubes qui ne rendent qu'un son.

12. Cour d'Assises. Délits de la presse. Les trois journaux la Tribune, le Renovateur, la Quo

tidienne figuraient ce matin devant la cour d'assises, en la personne de MM. Lionne, de Lostange et Dieudé, gérans respectifs de ces journaux, pour délits d'offenses envers la personne du roi et d'attaques contre son inviolabilité.

Pendant le voyage de S. M. dans l'ouest de la France, Louis-Philippe, répondant à la harangue du président du tribunal de commerce de Bernay, qui lui avait dit « que c'était en fai

sant connaitre la vérité aux rois « qu'on pouvait aujourd'hui affermir « et consolider les trônes », avait répliqué « que si la vérité était a due aux rois, elle n'était pas

moins due aux peuples; qu'eux « aussi avaient leurs flatteurs, qui « savent aussi bien tronquer la vérité « par la flatterie, que la comprimer « par l'insulte et l'obscurcir par la « calomnie.» (V. l'Histoire, p. 301.)

Le journal la Tribune, reproduisant ce discours du roi dans son numéro du 30 août dernier, l'avait accompagné d'un article dans lequel il plaçait dans la bouche du président du tribunal ce que, selon lai, ce magistrat cût pu à son tour lai répondre.

Dans cette prétendue réponse, dont l'intégralité est du reste incriminée, on trouvait les passages suivans, sur lesquels M. Perrot de Chezelles, l'un des substituts du procureur-général, a plus particulièrement insisté :

« Mais, Sire, sauf le respect que je vous dois, vous déclamez un peu.

« Vous prétendez que les nations ont leur flatteurs. C'est un mot renouvelé de M. de Peyronnet, qui l'avait renouvelé de bien d'autres....

« Le premier bavard et le premier malhonnête homme pourront au hasard accuser la morale et la foi d'un citoyen dévoué au peuple. Vous couviendrez, Sire, qu'il n'y a pas là de quoi encourager la flatterie aux nations.

« Vous, au contraire, si vous avez un Soubise, qui, en tout temps, soit disposé à se prosterner devant vos idées, vous en laites un maréchal de France; si vous avez un mignon

10

[ocr errors]

qui flatte jusqu'au petit chien de votre sœur, vous l'élevez au rang de ministre, et vous le conservez dans votre secrétaire à titre d'intendant. La flatterie envers vous est d'autant plus utile qu'elle est chanceuse envers les peuples.............Vous êtes, vous, roi des Français, rèconnu par l'Europe, Dieu sait à quelle condition! Vous avez une nombreuse famille que vous voulez placer; l'une en Belgique, l'autre en Portugal, en attendant que la révolution fasse vaquer des trones en Europe. Vous 1 rêvez à votre dynastie, excellent père de famille, et vous vous inquiétez peu des souffrances du pays....

Mais vous, fils d'Egalité, qu'avez-vous donc donné à la France?.... « On attendait de vous un peu de gloire.... pas trop ; car les d'Orléans n'ont jamais eu de tels précédens. Eh bien depuis trois ans, qu'avez vous fait du drapeau tricolore? Quel est son rôle en Italie, qu'a-t-il terminé en Belgique ?....

«Est-ce à vous qu'est due l'activité, l'intelligence d'une population qui a, depuis quatorze cents ans, montré l'admirable instinct du tra vail et du courage? Ainsi donc, les biens dont nous jouissons, c'est nous, c'est la nation tout entière qui les crée. Vous n'y êtes, vous, que pour le mal qu'elle ressent; et vous demandez qu'on vous remercie de ce que le soleil est chaud, la moisson riche et la consommation abondante!!!....

« De quoi venez-vous donc vous targuer, roi prétendu citoyen?...

« Pardon, fils d'Orléans! je parle un peu c'est la contagion qui me gagne. La nation connaitra aussi ce que je vous ai dit, et elle en profitera plus que vous. C'est sa destinée' qui lui donne l'heureux avantage de voir toujours la royauté aveugle, se précipitant bientôt à tous les excès.

« Continuez, Sire, à suivre la voie dans laquelle vous êtes. Le silence du pays est le meilleur présage de ce qui vous est réservé. Le régent fut un roué, votre père un

faux patriotė; vous avez les vertus et les vices de ces deux hommes, également effacés et affaiblis....... Voyez vous-même l'avenir qui vous attend. »

Malgré la saisie de ce numéro, opérée le même jour, et annoncée le même soir par le journal ministérici, la Quotidienne et le Rénovateur ayant reproduit cet article le len demain, 19 septembre, ces deux journaux furent également saisis et enveloppés dans la communie poursuite.

Après trois quarts d'heure de délibération, le jury déclare M. Lionne, gérant de la Tribune, coupable du délit d'attaque contre l'inviolabilité de la personne du roi.

Le Rénovateur et la Quotidienne sont déclarés non coupables.

M. le président prononce l'acquittement de ces deux journaux.

M. le substitut réclame, à l'égard de M. Lionne, l'application de l'article 10 de la loi du 9 juin 1819, combiné avec l'art. 365 du Code d'instruction criminelle, qui veut qu'un cas de conviction de plusieurs crimes ou délits, la peine la plus forte soit seule appliquée. Hsoutient que dans l'état actuel de la législation en matière de récidive, la condamnation à l'amende pourrait être dans l'espèce élevée à 40,000 francs, ce qui laisserait encore à la cour une latitude de 19,000 francs.

M. Marrast, défenseur de la Fri bune, répond que les peines de la récidive sont inapplicables, l'article incriminé ayant été publié antérieu rement à la condamnation de la Tribune au maximum de la peine.

Après une demi-heure de délibé➡ ration, la cour, vu les articles 9 de la loi du 10 juin 1819, 58 du Code pénal, 1er de la loi du 17 mai 1817, er de la loi du 29 novembre 1830 vu la déclaration du jury, va larrêt du 29 septembre, qui, par suite de la condamnation prononcée par la Chambre des députés, prononce con tre Lionne la peine de cinq ans de prison et de 20,000 fr. d'amende ; et faisant application desdits articles à Lionne, la condamné à une an⚫

née de prison, qu'il subira après les cinq années auxquelles il est déjà condamné, et à 24,000 fr. d'amende, qui se confondront jusqu'à concurrence de 20,000 francs, avec l'amende précédemment encouruc.

Theatre-Français. 17 représentation de Bertrand et RATON, OU J'ART DE CONSPIRER, Comédie en cinq actes et en prose, par M. Scribe. -M. Scribe est le Molière de notre époque, ce qui ne veut pas dire que M. Scribe soit un Molière, mais bien que la comédie repose tout entière sur ce fécond et spirituel écrivain, et par là on pourra juger ce que c'était que la comédie du temps où il a vécu des nuances plutôt que des couleurs, des observations à fleur de peau, des mœurs et des caractères vus à la loupe, des personnages dessinés à travers des carrés de réduction, des figures de silhouette, des intrigues en miniature; quelque chose d'élégant, de coquet, de compassé, qui plaît et charme avec une douce facilité. Tel M. Scribe est au Gymnase, dans ses petits drames, si bien faits, si bien taillés pour la dimension et les acteurs de cette salle, tel, ou peut s'en faut, vous le retrouvez au Théâtre Français; et il est impossible en écoutant la grande comédie de M. Scribe, la comédie en cinq actes, de ne pas y reconnaitre à chaque instant l'ongle du lion, c'est-à-dire du vaudevilliste. Bertrand et Raton, malgré le succès de vogue que cette pièce a justement obtenu, ne détruira pas cette opinion. Cette pensée, mise en fable par La Fontaine, que celui qui tire les marrons du feu n'est pas celui qui les mange, que celui qui fait naître les événemens n'est pas celui qui en profite; cette pensée, ou plutôt ce lieu commun qui s'applique à toutes les positions sociales, M. Scribe a voulu la traduire en cinq grands actes, en prenant une révolution politique pour fond de son drame. L'adresse est le trait distinctif du talent de M. Scribe, et jamais il n'en a fourni une preuve plus frappante qu'en donnant sa co

médie dans un temps où le public était, par une expérience récente, merveilleusement disposé à reconnaître les Raton et les Bertrand politiques, pourvu qu'on les posàt devant lui avec quelque habileté. C'est donc une comédie à allusions que nous avons ici. La scène, il est vrai, se passe en Danemarck, et par le fond des événemens, ou plutôt par les noms, l'intrigue semble vouloir rappeler la révolution qui précipita Struensée du ministère. Mais dans tout cela il ne s'agit réellement que

de personnages et de caractères français, que d'intrigues françaises, que de mœurs françaises, si ce mot de mœurs n'est pas trop fort pour la comédie de M. Scribe. Son Bertrand est un grand seigneur que tout le monde aurait pu nommer, à son affectation de finesse diplomatique, à sa prétention aux bons mots et aux épigrammes; son Raton n'est pas si reconnaissable, parce qu'il est moins vrai; car on ne voit pas que les riches industriels aient été dans la révolution de juillet les Ratons qui tirent les marrons du feu. Cette révolution a certainement mis la bourgeoisie commerçante au pinacle. M. Scribe a été mieux inspiré dans la création du colonel Roller, soldat d'antichambre, ambitieux, toujours mécontent, intriguant qui n'a gagné ses grades que par des complots et des trahisons : c'est l'un des fils que Bertrand de Rantzau fait jouer pour arriver à son but. Ce même Bertrand de Rantzau est aussi pettement caractérisé : vieux courtisan, impénétrable, blanchi dans les ruses diplomatiques, il voit tomber tous les ministres et tous les gouvernemens, sans que lui tombe jamais, sans que jamais il se compromette avec les puissances. Il ne conspire pas, par la raison que ceux qui font des conspirations sont rarement ceux qui en profitent; mais il tire parti, avec une prodigieuse adresse, de tous les hommes disposés à conspirer; il les mène les uns par les autres dans une foule de scènes ingénieuses, amusantes, étincelantes de mots piquans, et où éclate un art

« PrécédentContinuer »