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d'autant moins de différence, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur, 1o que la groffeur des uns & des autres doit être d'autant plus imperceptible dans cet état, qu'ils n'ont alors fubi aucunes des, métamorphofes par où ils doivent paffer.

A l'égard du troifiéme rang d'ovaires qu'il prétend qu'il faudroit dans une Reine-mere, pour produire de trois espèces d'oeufs différens, cette objection ne me paroît mériter atten tion qu'autant qu'il feroit démontré que ces deux ovaires contiennent chacun une feule espèce d'oeufs; ce qui n'eft pas.

Au refte ces expériences ne font pas d'une grande utilité pour les Habitans des Campagnes, auxquels il s'agit particuliérement d'infpirer le défir de cultiver les Abeilles 10 parce qu'il n'est pas question de multiplier à fa fantaifie les Effaims au-delà de ce que chaque Ruche en doit produire naturellement; mais que l'effentiel eft de les conferver fuffifamment garnies de Mouches, & de n'avoir que de bons Effaims: 20 parce qu'il ne leur paroîtra pas fort facile d'examiner fi

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fouvent l'intérieur d'une Ruche, qui ne fouffre pas impunément de pareilles vifites: 30 enfin, parce qu'en partageant, dans le mois de Mai, les gâteaux de fes Ruches dans plufieurs hauffes, comme a fait Mr. Schirach, c'est vouloir forcer la Nature; c'eft s'expofer même à empêcher une partie du Couvain d'éclore, par le défaut de chaleur naturelle, que le petit nombre d'Ouvriéres dans chaque, n'est pas capable de leur donner, furtout dans les Provinces plus froides.

Telles font les réflexions que ces expériences m'ont occafionnées: elles ont fufpendu à mon égard tout leur merveilleux avec leur utilité, & en attendant qu'elles foient conftatées plus autentiquement, je reprends l'Hiftoire de la Reine, telle que les Mémoires où j'ai puifé la préfentent.

§. 11.

Temps que le Couvain met à éclore & d devenir Mouche; fon accroiffement & fes différentes métamorphofes : foins qu'en prennent les Abeilles; fa nourriture différente felon fon dge: maniére de diftinguer les jeunes Mouches d'a vec les anciennes.

E Couvain éclot quelquefois plûtôt, & quelquefois plûtard, feIon le temps & la faifon plus ou moins favorables: il eft certain que la Mere commence & continue fa Ponte, à mefure que les gâteaux fe forment; mais il eft important que l'on fçache, par rapport à l'ufage des Ruches que je propofe, qu'à mefure que la Ruche fe garnit de gâteaux Les premiers Alvéoles font remplis de Miel auffitôt que les jeunes Mouches en font forties; enforte que bien-tôt toute la partie fupérieure n'eft exactement remplie que de lui feul. Celle du milieu l'eft en partie de Miel & de Couvain, & tout le bas n'eft ordinairement que du Couvain. Il faut encore obferver

que celui qui eft formé en automne fe conferve jufqu'au printemps fuivant parce que la chaleur de la Ruche n'eft pas affez forte pour le conduire à fa perfection, quoiqu'elle furpaffe celle de nos étés les plus chauds, ainfi qu'on l'a reconnu par l'introduction d'un thermomètre.

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Il est donc à propos que les Ruches reçoivent dans ces commencemens, l'impreffion des rayons du Soleil dans les temps chauds il ne faut à l'œuf que deux ou trois jours pour éclore: au bout de ce terme, il en fort un petit Ver blanchâtre, un peu long & fans pattes, ayant la tête affez femblable à celle d'un Ver à foie. Après fa naiffance il fe détache du fond de l'Alvéole, pour en occuper la capacité, & fe nourrit d'une forte de gelée ou bouillie qu'il trouve au fond.

Cette provifion ne feroit pas fuffifante pour conduire ce Ver à fa derniére perfection, qu'il n'acquiert qu'a près plufieurs métamorphofes, fi les Abeilles n'avoient foin de vifiter plu fieurs fois le jour les Alvéoles qui renferment les Embryons: elles y entrent la tête la premiére, & y reftent quel

que temps. On ne peut pas voir, à la vérité, ce qu'elles y font; mais on doit fuppofer qu'elles renouvellent la bouillie dont le Ver fe nourrit.

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La qualité & la quantité de la nourriture font proportionnées à l'âge des Vers: lorfqu'ils font jeunes, c'est une bouillie blanchâtre, infipide comme la colle de farine dans un âge plus avancé, c'est une gelée jaunâtre, quelquefois de couleur verte, qui a un goût de fucre ou de miel; enfin, lorsqu'ils ont acquis leur accroiffement, elle a un goût de fucre mêlé d'acide, & il eft d'observation que chaque Ver n'a que la quantité de nourriture qui lui eft néceffaire, excepté ceux qui doivent .fe changer en Reines, dans les Alvéoles defquelles leur rang exige appar remment qu'il refte toûjours du fuperflu.

Quoique le Ver, après être forti de fon œuf, paroiffe fans action, il ne ceffe pas pour cela de prendre de la nourriture, & même en telle quantité qu'en moins de cinq à fix jours (felon les faifons) il prend fon accroiffement, parce qu'il convertit en fa fubfiftance toute la nourriture qu'il prend fans

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