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s'appercevoit, lorsqu'on eft prêt de placer cette hauffe, que les gâteaux duffent encore pofer deffus, il faudroit en ce cas, placer quelques petites pierres de hauteur convenable, fous les bords de la hauffe fupérieure, & enduire tout le contour de boufe de vache, qui forme en peu de temps un

maftic folide.

: Ces hauffes ainfi conftruites, & employées en nombre plus ou moins grand, fuivant les circonftances & la fertilité de chaque canton, m'ont paru réunir tous les avantages que peuvent défirer les Amateurs d'Abeilles, ou plûtôt ceux qui aiment leurs propres intérêts. On peut les faire faire par le premier Ouvrier, à la vue du modèle, ou de la defcription que j'en viens de faire; & le prix ne peut excèder vingtcinq ou trente fols, que les Payfans peuvent s'épargner, en les faifant euxmêmes, dans leurs momens de loifir.

J'ai dit que chaque hauffe doit être exactement de la même forme, & de la même grandeur, parce que fans cela, on ne pourroit pas les appliquer convenablement les unes fur les autres. J'ai ajoûté que trois hauffes font une

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Ruche ordinaire; un moindre nombre feroit infuffifant, à moins que l'Effaim ne fût médiocre, & alors deux hauffes fuffifent, jufqu'à ce qu'il les ait remplies par fes travaux, ou qu'on puiffe le marier à quelqu'autre femblable, ou à quelque Ruche affoiblie, foit maladie, foit pour avoir produit un trop grand nombre d'Effaims, de la maniére que je l'expliquerai ci-après; autrement il pourroit arriver, que les Abeilles au-lieu de commencer leur établissement dans la premiére hauffe, le fixeroient dans la feconde, ou même l'abandonneroient, ainfi qu'elles font quelquefois, lorfqu'elles les trouvent trop grandes ou trop petites, relativement au nombre d'habitans de la Colonie.

L'on ne doit ajoûter une nouvelle hauffe, que lorfqu'on s'eft affûré que l'Effaim eft extrêmement fort en Mouches, & qu'il a travaillé & peuplé confidérablement, ( car il en eft de plus laborieux les uns que les autres :) mais hors ces cas il eft certain, je le répète, qu'un plus grand nombre feroit inutile & feroit même un mauvais effet quand ce ne feroit que par la moifif

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furé qui ne manqueroit pas de fe mettre dans la hauffe fupérieure, faute d'être peuplée d'une quantité fuffifante d'Abeilles, pour y entretenir la chaleur néceffaire.

Enfin fi l'on s'appercevoit lorfqu'on enlève une hauffe, que les gâteaux fuffent trop attachés fur la voute inférieure, on pourra prévenir cet inconvénient, en l'enduifant d'une couche légére d'argille détrempée, avant l'introduction de l'Effaim.

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Moyens de connoître quand une Ruche eft prête d'effaimer: précaution à prenpour empêcher un Effaim de s'en

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fuir.

A faifon des Effaims eft ordinaire

ment depuis la mi-Mai, jusques vers la fin de Juin & même au-delà fuivant les climats plus ou moins chauds. Pendant tout ce temps, on doit veiller avec bien de l'attention fur fes Ruches, depuis dix heures du matin jufqu'à trois heures du foir, qui est le temps où ils fortent, parce que les Ef

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faims font le profit le plus fûre, & le plus important des Ruches, & en même temps, celui qui échape le plus aisément par le défaut de vigilance.

Il y a des fignes qui indiquent qu'une Ruche effaimera dans quelques jours: il y en a d'autres qui annoncent plus fûrement & plus prochainement un Effaim. 10 Lorfqu'on voit des faux Bourdons au devant des Ruches, & qui fortent fur les deux ou trois heures après midi, c'eft une marque que cette Ruche effaimera dans peu de jours; la raifon en eft, que les faux Bourdons ayant été tous maffacrés avant l'automne précédent, leur retour annonce une nouvelle Ponte, un nouveau Peuple, un nouvel Effaim: 2o on peut encore en espérer un en bref, lorfqu'en foulevant la Ruche, on voit beaucoup d'Abeilles fur la table, ou que cette Ruche en paroît tellement remplie, qu'une partie fe tient amoncelée en dehors les unes fur les autres; ce que le vulgaire appelle border,

Le figne le moins équivoque, & qui annonce un Effaim pour le jour même, eft lorsque l'on voit que les Mouches d'une Ruche forte reftent oifives, quoi

que le temps femble les inviter au travail; qu'elles ne vont qu'en petit nombre aux champs ce jour-là; qu'elles partent matin, reviennent de meilleure heure, & demeurent chargées de leur butin contre leurs Ruches.

Enfin lorfque le bourdonnement confidérable qu'on y entend, & qui augmente toûjours jufqu'à l'heure de leur départ, ceffe tout d'un coup, & qu'un profond filence fuccède à ce grand tumulte, on peut être affuré que P'Effaim va prendre fon effor.

La Reine fort ordinairement une des premiéres, les autres la fuivent en foule, & bientôt tout l'air eft rempli d'Abeilles, qui, en tournant à droit & à gauche, femblent examiner qu'elle route elle prendra, pour l'accompagner & fe conformer à fes ordres.

Plufieurs ont obfervé qu'en se faififfant adroitement d'elle, au moment qu'on la voit paroître fur le bord de la table, où elle fait ordinairement quel ques tours avant de prendre l'effor on fe faifoit fuivre par l'Effaim, jus qu'à l'endroit où l'on avoit placé une Ruche prête à le recevoir. Je conviens que lorsqu'on réussit à s'en faifir & à

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