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la fixer dans une Ruche, cela épargne bien de la peine; mais auffi l'on eft expofé aux piquures des Abeilles qui fortent avec précipitation, & à bleffer cette tête fi précieufe, ce qui eft de la plus grande conféquence pour la confervation de l'Effaim; d'ailleurs elle ne refte pas toûjours où on l'a mife, & fi elle n'eft pas apperçue par l'Eflaim, il faut avoir l'attention de faire fuivre la Ruche où on l'a mife dans le centre, jufqu'à ce qu'on voie qu'il s'y raffem ble.

Il est effentiel de fe précautionner d'un vafe plein d'eau, & d'un fort arrofoir, pour s'en fervir lorfqu'on apper çoit que les Abeilles s'élèvent trop haut, ou qu'elles paroiffent s'éloigner en fuivant une ligne droite. C'est le meilleur expédient auquel on puiffe avoir recours, pour s'oppofer à leur mauvais deffein on doit encore, dans le même cas, jetter de la pouffiére au devant d'elles, pourvu qu'elle foit dis vifée au poinct de ne pas les tuer en re tombant fur elles; mais lorfqu'elles n'annoncent aucun mauvais deffein, le meilleur eft de s'en tenir à les obferver tranquillement; & les cris & le bruit

des poëles, qu'un ufage ridicule à introduit chez les Payfans, font plus capables de précipiter leur fuite que de l'arrêter du moins devroient-ils, fi tel eft leur deffein, fe mettre alors au devant plûtôt que par derriére.

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Dans les temps froids, ou après plufieurs jours de fuite de mauvais temps, les jeunes Abeilles n'ont fouvent pas la force de fuivre le corps de l'Effaim; elles reftent éparfes fur les haies & les plantes des environs, & ne le rejoignent qu'après avoir pris de nouvelles forces, à mesure que le Soleil les ranime. Un pareil Effaim ne va pas ordinaire, ment fort loin,

Les Effaims vont fouvent fe fixer en des endroits d'où l'on a bien de la peine à les retirer. Pour y obvier, il eft fort à propos de fe précautioner d'une branche d'arbre, de la hauteur de cinq ou fix pieds plus ou moins, qu'on a bien frottée de Méliffe à l'endroit le plus convenable, au moment de la fortie de l'Effaim on la fait porter enfuite vers le gros de l'Effaim, ou au devant de la direction qu'on lui voit prendre: les Abeilles, qui aiment beaucoup l'odeur de cette plante, s'y attachent le

plus fouvent, & auffi-tôt qu'on voit qu'elles commencent à s'y affembler, on fiche cette branche en terre, ou on la pofe contre quelqu'objet pour la foutenir folidement.

On ne doit pas beaucoup craindre les piquures des Abeilles dans le temps qu'elles effaiment uniquement occupées à fuivre leur Reine, il eft rare qu'elles attaquent ceux qui fe trouvent au milieu d'elles.

§. 14.

Ce qu'il faut faire auffi-tôt qu'un Effaim eft fixé: façon de l'introduire dans les nouvelles Ruches, & de partager deux Effaims réunis, ou un Effaim trop fort maniére de le gouverner dans les premiers jours il n'en faut que quatre mauvais de fuite pour le faire périr, l'on n'a pas foin de lui donner de la nourriture.

Uffi-tôt qu'un Effaim eft fixé, pour obvier à ce que quelqu'autre ne vienne s'y unir, ou que l'ardeur du Soleil ne le gêne, & ne l'oblige à s'enfuir de nouveau, il faut fur le

champ le couvrir d'une groffe nappe, ou l'environner de ramée, de façon néanmoins que les Mouches, dont il y en a toûjours quelqu'unes en l'air puiffent facilement s'y réunir.

Si malgré cette précaution, quelque nouvel Effaim vient fe joindre à lui, & que le tout n'en compose pas un trop fort, le plus fûr eft de les mettre enfemble dans une même Ruche, que l'on augmente alors d'une hauffe, s'il eft befoin, plûtôt que de s'obftiner mal à propos à la vouloir féparer. Si au contraire, il y a des Abeilles en quantité fuffifante pour les divifer, il faut tâcher de fe faifir d'une Reine que l'on conferve dans une bouteille de verre. Enfuite on en fait entrer la moi, tié dans une Ruche & la moitié dans l'autre, & on introduit cette Reine dans celle que l'on en foupçonnera dépourvue, ainfi que le tout eft marqué au Paragraphe fuivant: il ne faut pas lutter la Ruche nouvelle avec de l'argille ou de la boufe de vache, parce que l'ardeur du Soleil pourroit par la fuite gêner leurs opérations, & peutêtre même faire jetter un avorton d'Ef faim.

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On a vu quelquefois, dit Mr. de Palteau, deux Effaims réunis ensemble le jour de leur fortie, s'accorder entr'eux au point de ne commettre aucuns actes d'hoftilité, & ne faire aucune exécution fanglante'; mais cela est trèsrare ils fe partagent alors la Ruche, ils confervent refpectivement leur Reine, bâtiffent chacun de leur côté, & pour ainfi dire dos à dos, en tirant une ligne de féparation, qui divife l'ouvrage & les Ouvriéres : ce font deux Familles, qui, quoique féparées d'intérêt, confervent entr'elles une union, une paix & une concorde inaltérable.

20. Il faut prendre fans différer deux hauffes, accommodées comme j'ai dit au commencement du Paragraphe précédent, fi c'eft un premier Effaim qui foit fort en Mouches, ou une feulement, s'il n'est que médiocre: on passe par deffous deux courroies ou cordes, que l'on nouë folidement par dessus en y ménageant un anneau pour y admettre une perche, s'il en eft befoin, & le porter avec facilité fur la table qui lui eft préparée.

On doit avoir attention de frotter foit de Miel fi l'on en a, foit de feuil

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